Emkla
Emkla est un conte amoral et sombre, un récit d’aventure haletant qui explore les relations entre humains et nature, et questionne les traditions et idéologies qui nous enferment et nous soumettent plus qu’elles nous éclairent et nous libèrent.
Atrabile École européenne supérieure de l'image Ecole supérieure d'arts et design de Saint-Etienne La BD au féminin Les petits éditeurs indépendants
La jeune femme, à l’ombre des arbres et à l’écart du village, semble pensive; elle ressasse, habitée par une envie de partir, de découvrir le monde, au-delà de la forêt et des montages environnantes. C’est la peur qui empêche les villageois d’explorer la forêt et de s’immiscer dans le monde sauvage, la peur d’Emkla, entité vengeresse dont les lois régissent, entre autres choses, les rapports entre humains et non-humains. Alors, quand la loi n’est pas respectée, c’est mille fléaux qui s’abattent sur le petit village. Plutôt que vivre comme une insurgée dans ce village devenu cauchemar, la jeune femme décide de tout quitter et de partir loin, par-delà les grandes roches, à la recherche de la vérité. On connaît le talent versatile de Peggy Adam, qui, de livre en livre, aime à jongler avec les thèmes et les approches graphiques; dans Emkla, comme mue par une envie de se réinventer, elle livre sans doute ses plus belles pages, tout en aquarelle, pour mieux nous décrire la cruelle beauté de la nature, et l’éphémère folie de l’être humain.
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Date de parution | 18 Août 2023 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Pour qu'une BD me satisfasse, j'ai besoin de comprendre son scénario du début à la fin et que la conclusion tienne la route. Ce n'est malheureusement pas le cas avec Emkla. J'ai apprécié la première moitié qui m'a beaucoup intrigué. On est plongé dans un petit village coupé du monde qui vit reclus sous une chape de superstitions et une peur héréditaire de la forêt et de la faune qui l'entourent. Difficile de comprendre d'où vient cette peur mais on constate comment elle s'est incarnée sous la forme d'un culte à une entité mystérieuse, le fameux Emkla, et un lot d'interdictions données à toute la population de se rendre dans les bois, ou en tout cas jamais seuls et sans être conscients du danger. L'angoisse et l'oppression que subissent la population et la jeune héroïne sont très bien rendues. Et quand surviennent les catastrophes naturelles, on constate la précarité de cette vie et à quel point la famine et la mort peuvent survenir facilement, reflétant sans aucun doute la dureté de la vie des populations des campagnes médiévales ou antiques et comment la superstition a pu s'y installer comme une loi immuable. Mais on suit cela aux côtés d'une héroïne qu'on s'en très vite intelligente et prête à faire changer les choses, ou au moins à agir pour se sauver elle-même contrairement à la plupart des autres villageois qui sont si résignés. C'est une héroïne plaisante à suivre malgré les galères qui lui tombent dessus et on a envie de comprendre avec elle le mystère qui impacte si cruellement son village. Et puis vient la seconde partie, quand elle prend pour de bon son envol... A chaque instant, j'ai cru que le mystère allait se résoudre, qu'on allait avoir des pièces du puzzle pour comprendre ce qu'il se passe, comprendre le comportement des animaux que ce soit celle de la louve si bizarrement affectueuse en début d'histoire et des autres animaux aussi agressifs et mortels. Mais plus ça avance, plus le mystère s'épaissit... et à part l'impression que l'autrice cherchait à aboutir à une conclusion en forme de tragédie morbide semi-poétique, j'ai constaté sur la fin que je n'avais finalement pas compris grand chose à toute cette histoire et que tout cela m'apparaissait soit trop gratuit, soit trop symbolique et métaphysique pour me satisfaire. Je suis passé à côté du message de l'autrice et de son intention et ça m'a plus frustré qu'autre chose. Ca m'agace quand je ne comprends pas une histoire ou quand j'ai l'impression qu'il n'y a finalement rien de concret à y comprendre.
C'est vrai que cette histoire est un peu longue à démarrer. C'est vrai aussi qu'il y a quelque chose d'assez monotone, qu'il ne s'y passe pas grand chose finalement. C'est vrai enfin que sans vouloir spoiler, il s'agit d'une métaphore sur le passage vers l'au-delà, et qu'une fois l'action lancée, on le sent un peu venir quand même. Mais ce serait laisser de côté les qualités indéniables de cette BD magnifique d'une densité de plomb. J'énumère : D'abord il y a le dessin de Peggy Adam qui prend ici un relief et une expressivité que je ne lui prêtais pas jusqu'alors, en tout cas pas avec cette efficacité. Cette énergie, cette force incroyable qui s'incruste dans votre rétine dès le premier survol, est due en grande partie au choix de la palette de couleurs. En effet, du début à la fin, le récit est nimbé de nuances ocres, jaunes et bleues du plus bel effet. Il y a une pâte, une ambiance incroyable. La manière dont elle représente les scènes de nature sont particulièrement réussies. En particulier, je pense à la pleine page de l'incendie qui m'a littéralement scotché. Les ciels d'hiver également, les scènes de nuit, les paysages enneigés. C'est sublissime ! Ensuite, il y a ce huis clos extrêmement lourd et angoissant qui occupe une bonne partie du récit. Il s'en dégage quelque chose de terrifiant. La menace rode autour de ce fragile refuge. La faim taraude les estomacs, tabous et convictions religieuses s'effacent petit à petit pour laisser place à un état de survie. A ce niveau, cette BD est une pure réussite. L'autrice flirte avec le fantastique d'entrée de jeu. Il est là qui rode pour finalement accaparer totalement l'histoire de son empreinte macabre et funeste. Très fort ! Enfin, il y a les thèmes évoqués, tels que l'écologie, les croyances aveugles qui conduisent les Hommes dans l'impasse et l'autodestruction. Et puis la mort bien sûr, ainsi que le lien que l'humain entretien avec la nature à laquelle il est intrinsèquement lié. Tout cela est bien construit en un écheveau touffu qui trouve sa pleine cohérence au fil de l'histoire. J'ai retrouvé des ingrédients qui figuraient dans La saga de Grimr de l'ami Jérémie Moreau avec laquelle Emkla pourrait composer un formidable et légendaire diptyque. Il y a comme ça des BD qui, bien qu'affublées de quelques défauts, n'en demeurent pas moins marquantes. Emkla est de celles-là, assurément. C'est ça le charme, or le charme n'est-il pas plus important que la perfection plastique ? N'est-ce pas ce qui confère, après tout, toute sa singularité à une œuvre comme à un visage ?
Ça démarre comme dans le village de Night Shyamalan... Interdiction de quitter le village sous peine d'activer la colère de l'EMKLA (Esprit qui se manifeste fréquemment au travers d'une nuée d'oiseaux). Cette entité "punitive" semble régir l’équilibre entre les hommes et la nature/les animaux. Notre héroïne n'en a que faire, marre de cette société patriarcale et de ces règles, elle veut découvrir "le monde". Les problématiques environnementales se retrouvent au coeur de nombreuses BD actuelles (e.g. Rain). Et notre fameux village ne va pas y échapper: Forte chaleur, manque d'eau et donc de récolte (e.g. nourritures), comportement animal et humain en conséquence déréglés! Le village va en devenir cauchemardesque et du coup invivable. Notre Héroïne franchira donc le pas et partira sur les traces de sa mère.....vers la lumière.......Eh bien non! Ne vous fiez pas au beau dessin arrondi, ce livre est sombre, très sombre et ne s'adresse point à un public enfantin. Ca n'ira que de mal en pis! Si vous êtes un pessimiste de nature, ce livre est fait pour vous!
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