Emkla

Note: 3.33/5
(3.33/5 pour 3 avis)

Emkla est un conte amoral et sombre, un récit d’aventure haletant qui explore les relations entre humains et nature, et questionne les traditions et idéologies qui nous enferment et nous soumettent plus qu’elles nous éclairent et nous libèrent.


Atrabile École européenne supérieure de l'image Ecole supérieure d'arts et design de Saint-Etienne La BD au féminin Les petits éditeurs indépendants

La jeune femme, à l’ombre des arbres et à l’écart du village, semble pensive; elle ressasse, habitée par une envie de partir, de découvrir le monde, au-delà de la forêt et des montages environnantes. C’est la peur qui empêche les villageois d’explorer la forêt et de s’immiscer dans le monde sauvage, la peur d’Emkla, entité vengeresse dont les lois régissent, entre autres choses, les rapports entre humains et non-humains. Alors, quand la loi n’est pas respectée, c’est mille fléaux qui s’abattent sur le petit village. Plutôt que vivre comme une insurgée dans ce village devenu cauchemar, la jeune femme décide de tout quitter et de partir loin, par-delà les grandes roches, à la recherche de la vérité. On connaît le talent versatile de Peggy Adam, qui, de livre en livre, aime à jongler avec les thèmes et les approches graphiques; dans Emkla, comme mue par une envie de se réinventer, elle livre sans doute ses plus belles pages, tout en aquarelle, pour mieux nous décrire la cruelle beauté de la nature, et l’éphémère folie de l’être humain.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 18 Août 2023
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Emkla © Atrabile 2023
Les notes
Note: 3.33/5
(3.33/5 pour 3 avis)
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Par grogro
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
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C'est vrai que cette histoire est un peu longue à démarrer. C'est vrai aussi qu'il y a quelque chose d'assez monotone, qu'il ne s'y passe pas grand chose finalement. C'est vrai enfin que sans vouloir spoiler, il s'agit d'une métaphore sur le passage vers l'au-delà, et qu'une fois l'action lancée, on le sent un peu venir quand même. Mais ce serait laisser de côté les qualités indéniables de cette BD magnifique d'une densité de plomb. J'énumère : D'abord il y a le dessin de Peggy Adam qui prend ici un relief et une expressivité que je ne lui prêtais pas jusqu'alors, en tout cas pas avec cette efficacité. Cette énergie, cette force incroyable qui s'incruste dans votre rétine dès le premier survol, est due en grande partie au choix de la palette de couleurs. En effet, du début à la fin, le récit est nimbé de nuances ocres, jaunes et bleues du plus bel effet. Il y a une pâte, une ambiance incroyable. La manière dont elle représente les scènes de nature sont particulièrement réussies. En particulier, je pense à la pleine page de l'incendie qui m'a littéralement scotché. Les ciels d'hiver également, les scènes de nuit, les paysages enneigés. C'est sublissime ! Ensuite, il y a ce huis clos extrêmement lourd et angoissant qui occupe une bonne partie du récit. Il s'en dégage quelque chose de terrifiant. La menace rode autour de ce fragile refuge. La faim taraude les estomacs, tabous et convictions religieuses s'effacent petit à petit pour laisser place à un état de survie. A ce niveau, cette BD est une pure réussite. L'autrice flirte avec le fantastique d'entrée de jeu. Il est là qui rode pour finalement accaparer totalement l'histoire de son empreinte macabre et funeste. Très fort ! Enfin, il y a les thèmes évoqués, tels que l'écologie, les croyances aveugles qui conduisent les Hommes dans l'impasse et l'autodestruction. Et puis la mort bien sûr, ainsi que le lien que l'humain entretien avec la nature à laquelle il est intrinsèquement lié. Tout cela est bien construit en un écheveau touffu qui trouve sa pleine cohérence au fil de l'histoire. J'ai retrouvé des ingrédients qui figuraient dans La saga de Grimr de l'ami Jérémie Moreau avec laquelle Emkla pourrait composer un formidable et légendaire diptyque. Il y a comme ça des BD qui, bien qu'affublées de quelques défauts, n'en demeurent pas moins marquantes. Emkla est de celles-là, assurément. C'est ça le charme, or le charme n'est-il pas plus important que la perfection plastique ? N'est-ce pas ce qui confère, après tout, toute sa singularité à une œuvre comme à un visage ?

23/11/2023 (modifier)