Le Passeur de lagunes

Note: 3.25/5
(3.25/5 pour 4 avis)

Festival Polar de Cognac 2023 : Prix Polar du meilleur one shot Dans une Venise dystopique, la quête d'un adolescent pour retrouver son père disparu.


Auteurs italiens Gangsters Les prix du Festival Polar de Cognac Réfugiés et Immigration clandestine Utopies, Dystopies Venise

Venise, dans un futur proche. Paolo est un adolescent qui vit seul avec son père pêcheur sur l’île de la Giudecca. Avec trois copains, dont son meilleur ami Ahmad, il vient d’entrer dans un trafic de drogue de synthèse, la Rose. Un jour, son père disparaît sans laisser de trace. Alors qu’il décide de partir à sa recherche, la bande se fait voler une grande partie de sa première livraison de drogue. Ils vont devoir s’expliquer avec l’organisation mafieuse qui les emploie. Ahmad, qui est leur intermédiaire, demande à Paolo de l’aider. Bientôt, Paolo va comprendre que la disparition de la drogue et celle de son père sont peut-être liées… Un récit initiatique qui montre l’envers du décor d’une lagune méconnue, loin de la Venise des touristes. Les aquarelles magnifiques du vénitien Piero Macola subliment les lumières et les ombres des paysages de cette mer intérieure, et dévoilent toute sa beauté cachée.

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 13 Septembre 2023
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Le Passeur de lagunes © Futuropolis 2023
Les notes
Note: 3.25/5
(3.25/5 pour 4 avis)
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23/10/2023 | Blue boy
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L'avatar du posteur bamiléké

Je suis étonné que ce récit ait obtenu un prix dans le genre du polar. En effet j'ai trouvé l'intrigue assez insignifiante et ennuyeuse. Les démarches du fils pour retrouver son père sont quelques peu poussives et laborieuses. C'est même ce côté du récit le moins crédible avec une organisation omnipotente qui fait sa loi sur la ville de Venise avec un boss secondé par deux affreux incapables d'empêcher un gamin de seize ans d'agir sous leur nez. Cette lenteur dans le développement du récit conduit à un album à la pagination trop importante à mon goût. Le récit essaye de rebondir sur des problèmes d'immigration, de racisme et de traite d'êtres humains. Mais c'est assez superficiel et les auteurs en restent aux bons sentiments et à la sensiblerie. L'intérêt de la série réside surtout à mes yeux dans l'ambiance quasi dystopique de la lagune crée par le graphisme de Piero Macola. C'est la découverte progressive de ce labyrinthe de canaux et d'îles qui sert de fil conducteur à la progression du récit. Les auteurs ont su créer une ambiance aux antipodes de la Venise touristique et historique. C'est un envers du décor qui sied bien à l'idée métaphorique d'une Europe vieillissante et inutilement cloisonnée sur elle-même. Une bonne lecture d'ambiance dans une histoire assez banale.

03/07/2024 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
L'avatar du posteur Ro

L'histoire se passe à Venise dans un futur proche où les problèmes d'immigration ont été tels que les frontières se sont fermées et la lagune se retrouve close, avec obligation de présenter un permis pour en entrer ou en sortir. Le petit milieu vénitien se retrouve donc à vivre en semi-autarcie et le trafic de migrants y côtoie le trafic de drogues. Le héros est un jeune homme à qui son père a appris à connaître et naviguer sur la lagune. Mais justement, celui-ci a disparu depuis plusieurs jours et le fils part à sa recherche. Je commence à pas mal connaître Venise et sa lagune et j'ai apprécié à quel point celle-ci est bien rendue. La lagune est un personnage à part entière du récit, prenant le pas sur la ville de Venise elle-même qui n'est qu'aperçue ici ou là. Le graphisme en aquarelle très délavée fonctionne très bien pour représenter ce décor permanent d'eau, de grisaille et de brume. Il est vrai qu'aussi bien en terme de graphisme que d'atmosphère générale du récit, on pense beaucoup à Gipi avec cet album. Le ton est réaliste, un brin désabusé, avec un jeune héros qui se cherche et peine à trouver sa place. L'influence de la mafia sur la ville lui pèse et il n'a pas envie de devenir à son tour un passeur de migrants destinés à devenir esclaves sans papiers. J'ai été transporté par l'ambiance qui se dégage de ces décors de lagune et de la vie locale. Cet aspect là du récit est bien fait et touchant. L'intrigue pour sa part est moins captivante, trainant un peu en longueur et ne prenant jamais vraiment son envol. C'est certes beau et bien construit, mais pas passionnant non plus.

20/03/2024 (modifier)
Par grogro
Note: 3/5
L'avatar du posteur grogro

Le passeur de lagunes, malgré ce petit 3/5 qui peut apparaitre un peu comme une sanction, est une bonne BD... Pour qui ne connaitrait pas le travail de Gipi ! En effet, le scénar, l'ambiance, les personnages, et même le dessin, évoque fortement le compatriote de Piero Macola. On retrouve des jeunes adultes embarqués dans des coups fourrés et qui se retrouvent confrontés à la mafia, des situations tragiques, ainsi que l'univers des marges. Le passeur de lagunes a pour cadre Venise, mais pas la Venise des touristes, plutôt celles des lagunes sordides qui la cernent. Les personnages secondaires sont souvent des paumés, des individus en marge, que ce soit par choix ou par contrainte. C'est le gros point fort de cette BD : on a le sentiment de découvrir le côté coulisse de cette cité mythique. Le dessin offre quelques très belles scènes de paysages désolés, dessin qui reste par ailleurs très maîtrisé. J'ai aimé le titre, bien choisi, qui renvoie aussi bien, sans vouloir spoiler, aux migrants (donc aux passeurs) qu'à la mort (le passeur Charon). Il y a juste cette impression de déjà vu/déjà fait qui a un peu gâché ma lecture. D'où ma note. Malgré tout, je le répète, Le passeur de lagunes reste un très bon titre, au trait habile et au scénario huilé. L'ambiance est très bonne, assez tendue. Enfin, les personnages sont bons, mêmes si on pourra regretter que certains d'entres eux ne soient pas plus travaillés (la femme de la maison sur pilotis, par exemple).

06/12/2023 (modifier)
Par Blue boy
Note: 4/5
L'avatar du posteur Blue boy

Loin de la carte postale habituelle, c’est sous un jour inattendu que les auteurs évoquent la cité des Doges. Si l’histoire se situe bien à notre époque, c’est dans une temporalité légèrement différente, un peu floue, dans un futur si proche qu’il résonne parfaitement avec le présent. Cela n’a donc pas grand-chose à voir avec de la science-fiction. Venise se révèle être tombée sous la domination d’un groupe mafieux, simplement nommé « L’Organisation », qui contrôle la ville et sa lagune d’une main de fer, tout en continuant à exploiter la manne financière du tourisme. Et c’est dans la lagune et ses îles que va se dérouler la majeure partie de l’histoire. De Venise en elle-même, on ne verra que les images furtives d’une cité à l’écart des sites touristiques, une Venise bien moins glamour et romantique que celle que l’on peut avoir en tête. Il faut dire que le sujet traité n’est pas forcément très vendeur et ne prête guère à l’insouciance suggérée par le sirotage d’un Spritz sur une terrasse de la place Saint-Marc. L’album, qui par son titre ne fait pas trop mystère de la thématique abordée, raconte l’histoire de Paolo, un ado élevé par son père, officiellement pêcheur dans la lagune. Dans l’appartement très modeste d’un quartier populaire, Paolo commence à paniquer. Le paternel n’étant pas rentré comme d’habitude à l’heure prévue, il va partir à sa recherche dans les bas-fonds de la Sérénissime et bien sûr, dans les îles de la lagune, où tente de survivre une population à l’écart des radars de la fameuse Organisation : migrants venus de pays en guerre, réfugiés politiques ou économiques, zadistes qui tentent de construire « un autre monde » en opposition au système en place. Un monde finalement assez semblable au nôtre… Mais Paolo sera également amené à rencontrer des individus peu recommandables : les mafieux (ceux avec qui son pote Ahmad, migrant syrien arrivé en Italie dix ans plus tôt, fait du trafic de drogue…) et les autres qui ne veulent pas payer (parce qu’ils savent bien qu’Ahmad est un clandestin). Mais Paolo est une forte tête avec une conscience de classe et ne supporte pas l’injustice. Paolo est un cœur pur. Il ferme les yeux sur le petit business d’Ahmad, mais aspire à autre chose. Hélas, les tentacules de l’Organisation vont finir par le cerner. Le récit va virer à la série noire et se transformer en course-poursuite dans les tréfonds de la lagune. Le scénario de Christophe Dabitch est parfaitement maîtrisé, et le dessin de Piero Macola se montre à la hauteur. Le livre s’ouvre sur des vues impressionnistes de la lagune dans une aquarelle fort logiquement détrempée, dans des tonalités de gris-bleu pâle, estompant les contours des éléments du paysage. Quant aux personnages, ils restent dans l’esquisse, Macola ayant mis l’accent sur les expressions et les attitudes, très réalistes, qui rappellent beaucoup le travail de Gipi. Si l’atmosphère générale et l’imprécision du trait peuvent paraître au premier abord peu engageants, ils ne font que restituer la monotonie du quotidien dans cette lagune qui tranche avec Venise. Mais au fil des pages, ce monde flottant, vaporeux et un rien sinistre va révéler ses trésors d'ombres et de lumières, que les ambiances nocturnes mettent encore davantage en valeur. « Le Passeur de lagunes », résultat d’une première collaboration, est une vraie réussite. D’une profondeur remarquable, ce récit parle de la perte de l’innocence et nous donne à voir que même dans les pires circonstances, il existe toujours une porte de sortie, à condition de ne pas se perdre dans une lagune devenue métaphore et surtout… de ne jamais se retourner…

23/10/2023 (modifier)