Le Voyage de Shuna (Shuna no Tabi)

Note: 3.33/5
(3.33/5 pour 6 avis)

Will Eisner Award 2023 : Best U.S. Edition of International Material - Asia Une des rares œuvres écrites originales de Hayao Miyazaki, publiée pour la première fois en français par les éditions Sarbacane, 40 ans après sa sortie. Le Voyage de Shuna est une œuvre fondatrice, sortie en parallèle de Nausicaä de la vallée du vent, qui expose tous les thèmes que l'on retrouvera dans le cinéma de Miyazaki.


Environnement et écologie Esclavage Folklore asiatique Les petits éditeurs indépendants Shonen Tokuma Shoten Will Eisner Awards

Shuna, prince d’une contrée pauvre, regarde, impuissant, ses sujets souffrir de la faim et se tuer à la tâche. Comment faire pousser les céréales que leur terre, stérile, leur refuse ? Un beau jour, un voyageur évoque une graine dorée miraculeuse, qui fait onduler les plaines en longues vagues fertiles. Elle proviendrait d’un pays lointain, à l’Ouest, peuplé d’esprits hostiles à l’homme – dont nul n’est jamais revenu. En dépit des soupirs des anciens et des larmes de son père, Shuna se lance sur son fidèle yakkuru, plein Ouest ! Le jeune prince au cœur d'or ramènera-t-il la précieuse céréale pour sauver son peuple ?

Scénario
Dessin
Couleurs
Traduction
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 01 Novembre 2023
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Le Voyage de Shuna © Sarbacane 2023
Les notes
Note: 3.33/5
(3.33/5 pour 6 avis)
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05/11/2023 | Josq
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L'avatar du posteur Noirdésir

Miyazaki – avec quelques complices des studios Ghibli (comme Takahata) a produit pas mal de très beaux dessins animés, que j’ai vus, à différents âges, généralement avec grand plaisir. J’avais découvert son travail « sans animation » avec Nausicaä de la vallée du vent, qu’on m’avait offert à sa sortie (sans doute l’une des rares séries manga que je possède !) – qu’il faudrait d’ailleurs que je relise pour pouvoir l’aviser, mais qui m’a laissé un bon souvenir. J’étais en tout cas curieux de lire cet album, visiblement conçu à la même période que « Nausicaä ». Et je dois dire que je suis sorti quelque peu déçu de cette lecture. Déçu par rapport à mes attentes certainement (comparaison avec Nausicaä ou mes souvenir de dessins animés). Mais je pense qu’intrinsèquement ce « Voyage de Shuna » n’est pas à la hauteur de ce qui ailleurs a fait la force de Miyazaki. L’histoire se laisse lire, on y retrouve des thématiques chères au créateur japonais : le respect de certaines traditions, la défense d’une nature menacée par l’homme, etc. Mais lorsque j’ai eu fini cet album, j’ai eu l’impression d’avoir lu des ébauches, sorties d’un fond de tiroir et assemblées pour bâtir tant bien que mal un récit – qui manque de coffre, mais aussi de liant (une narration en off le plus souvent accompagne une histoire pas hyper originale).

03/05/2024 (modifier)
L'avatar du posteur Mac Arthur

Une note de 3/5 pour ma part car si l’histoire est plaisante (quoique très classique et prévisible), si le dessin est agréable, si la colorisation est vraiment belle, je trouve que ce manga n’a pas grand intérêt en lui-même. Plus exactement, j’ai l’impression d’avoir lu un travail préparatoire soigné en prévision de la réalisation d’une œuvre plus ‘complète’. Peu de dialogues et une profusion de grandes cases contemplatives. Cela permet à Myiazaki de préciser l’aspect visuel des personnages et des décors les plus importants. Les scènes d’actions se résument souvent à une seule case et un long descriptif de la scène. Un peu comme si Myiazaki se réservait le droit de développer ces scènes par la suite, dans un projet futur. Des rebondissements prévisibles et des enchainements très rapides. Là encore, je vois trop souvent une structure narrative solide mais encore à l’état d’ébauche, avec de nombreux passages qu’il aurait fallu développer. Alors oui, c’est beau, très contemplatif malgré les nombreuses (mais peu développées) péripéties guerrières… mais il me manque quelque chose. Là, je vois l‘anime que cela aurait pu donner, j’imagine ce qu’auraient pu donner certaines scènes plus dynamiques et peu développées (voire carrément éludées) dans ce manga… mais je trouve qu’en lui-même, cet album a plus valeur de curiosité qu’autre chose. Ce n’est pas désagréable à lire pour autant, mais c’est trop léger pour que j’aille jusqu’à un franchement bien.

19/02/2024 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
L'avatar du posteur Gaston

Une curiosité pour les fans d'Hayao Miyazaki, un grand réalisateur quoique contrairement à d'autres je ne trouve pas que tout ce qu'il a fait est génial. Pour moi, le meilleur de sa filmographie va de « Kiki la petite sorcière » au « Voyage de Chihiro » avec en prime « Le Château dans le ciel ». Le reste pour moi va du sympa au franchement pas terrible même si l'animation est toujours excellente. Cette bande dessinée devait être à la base un film d'animation et cela se voit parce qu'on dirait surtout un storyboard. Certes, comme c'est du Miyazaki le dessin est très bon et les couleurs sont superbes, mais la narration est un peu lourde, tout est pratiquement expliqué par texte uniquement et dans le récit il y a des ellipses ou des transitions qui auraient fonctionné dans un film, mais qui marchent moins pour une BD. Le récit est sympathique à lire malgré tout, mais sans plus. On sent la patte de Miyazaki dans cet univers et il va faire bien mieux par la suite avec des éléments qu'on retrouve dans cet one-shot. On dirait presque un brouillon de ce qu'il a fait ensuite avec son propre studio d'animation. En gros, c'est divertissant, mais ce n'est pas vraiment un indispensable sauf si on veut tout collectionner de Miyazaki.

12/02/2024 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
L'avatar du posteur Ro

Pour les amateurs de Miyazaki, cet album est une jolie curiosité. Réalisé en 1983, peu de temps après Nausicaä de la vallée du vent et avant la création du studio Ghibli, elle porte de nombreux germes des futurs films de l'auteur tout en étant une création originale dans le domaine des publications japonaises. Elle ne s'apparente en effet pas aux manga classiques mais se rapproche des livres illustrés par son choix d'absence de bulles, descriptions et dialogues étant tout entier inclus dans la courte narration qui accompagne chaque case. Celles-ci sont en outre joliment peintes à l'aquarelle. C'est un bel album. Son contenu s'inspire d'une légende tibétaine mais y inclut nombre d'éléments issus de l'imaginaire de Miyazaki dont plusieurs qu'il réutilisera presque telles quelles dans d'autres œuvres. Le cadre, les paysages et les costumes font fortement penser à Nausicaa. Le héros rappelle immédiatement celui de Princesse Mononoke, chevauchant le même Yakkuru. Et d'autres éléments visuels rappellent ici et là Laputa, Ponyo et autres. Et on retrouve bien évidemment tout l'esprit de Miyazaki et sa thématique récurrente du rapport conflictuel de la civilisation humaine à la nature. L'histoire est bien mais pas passionnante. C'est clairement une fable un peu épique, sur une structure simple, mais qui n'a pas les envolées lyriques et le développement de l'intrigue que peuvent présenter les œuvres suivantes de Miyazaki. Ça se lit bien mais ça s'oublie un peu vite. C'est donc avant tout pour l'intérêt historique de découvrir une des anciennes œuvres d'un auteur qui maîtrisait déjà son art mais restait encore au stade de l'accumulation des futures idées qu'il allait réutiliser dans ses films plus aboutis.

05/02/2024 (modifier)
Par Spooky
Note: 4/5
L'avatar du posteur Spooky

Divine surprise. Je savais que Miyazaki avait, au début de sa carrière artistique, réalisé quelques mangas, dont certains lui ont servi en quelque sorte de brouillon ou de laboratoire d'essai pour ses films d'animation. C'est le cas de ce "Voyage de Shuna", réalisé et publié pour l'essentiel à une époque où l'auteur était dans une période compliquée après un premier film qui n'a pas attiré les foules. Il se lance donc dans ce projet parmi d'autres, s'inspirant d'un récit classique appartenant au folklore tibétain. De fait, si certains éléments sont communs avec Le Prince qui fut changé en chien, l'auteur s'en écarte nettement au fil du développement du récit, y inscrivant certaines des thématiques qui émailleront son œuvre future, comme l'écologie et les méfaits de l'esclavage. Ses personnages, très peu nombreux dans ce huis clos à ciel ouvert, préfigurent certains de ceux qu'il développera par la suite. Il y a déjà cette figure féminine à la fois protectrice et volontaire, entre autres... La construction et la mise en scène de ce manga diffèrent de nombre d'œuvres graphiques venues du Pays du Soleil Levant. Les cases sont plutôt grandes, et il n'y a pas à proprement parler de dialogues, ceux-ci étant insérés dans le décor, pas dans des phylactères. Les récitatifs sont mêmes relativement rares, les images parlant souvent d'elles-mêmes. ce côté un peu contemplatif se retrouve d'ailleurs dans quelques illustrations pleine page. Superbes. Toutes absolument sublimes. Le travail en aquarelles de Miyazaki montre un style déjà presque mature, qui frappera celles et ceux qui ont vu et apprécié Nausicaä de la Vallée du Vent et Princesse Mononoke, produits à la même période. Un must pour tous les aficionados de Miyazaki, et une belle fable, même pour celles et ceux qui ne seraient pas

11/11/2023 (modifier)
Par Josq
Note: 4/5
L'avatar du posteur Josq

Un manga original écrit par Miyazaki et jamais publié en France, c'est un vrai cadeau pour tous les cinéphiles, les bédéphiles et les amateurs des films Ghibli en général ! N'ayant jamais lu Nausicaä de la vallée du vent, c'est la première fois que je mets le nez dans un manga de Miyazaki. Et malgré quelques réserves, j'en ressors enchanté ! On retrouve tout ce qui fait l'essence de l'art de Miyazaki, avec des prémices évidents de Princesse Mononoké et une influence directe de Nausicaä, écrit en parallèle. La dimension écologique est une banalité à souligner, tant on la retrouve dans toutes les œuvres de l'auteur, mais elle est une nouvelle (en fait, une première) fois très bien mise en œuvre ici. On retrouve bien sûr d'autres thèmes chers à Miyazaki, mais ici, l'autre grand sujet du récit, c'est aussi l'esclavage, qu'on retrouve moins souvent chez lui, apportant une petite originalité au récit. L'histoire en question est bonne, mais le grand problème ici, c'est sa narration. On a parfois l'impression que c'est un dessin animé qui a été adapté en manga, et c'est probablement un peu le cas, puisque le projet initial de Miyazaki était de faire de cette histoire un film d'animation. Il ne s'est rabattu sur le choix du manga que dans un second temps. D'où probablement, le fait qu'on a parfois l'impression qu'on passe d'une scène à l'autre de manière trop abrupte. Les dialogues sont d'ailleurs très rares, souvent intégrés directement à la narration, sans phylactères. On trouve très peu de bulles, même si celles-ci surviennent de temps à autres. Cela rend le propos souvent trop laconique mais en même temps, ça renforce régulièrement la poésie grâce à la puissance des images, à laquelle Miyazaki laisse toute sa place. En effet, c'est l'aspect visuel du Voyage de Shuna qui convainc le plus. Les dessins à l'aquarelle de Miyazaki sont d'une beauté à tomber par terre. Son trait est vraiment joli, et dégage une grande force visuelle, bien mise en avant par la mise en page des éditions Sarbacane. Un peu plus grand qu'un manga habituel, celui-ci met bien en avant les dessins de Miyazaki, l'auteur n'en disposant souvent qu'un ou deux par page (voire un sur une double-page). C'est vraiment cette beauté de tous les instants, qui donne un souffle incroyable à cette aventure somme toute assez classique, mais dont la poésie ressort au sein de chaque case. Et c'est en aimant se perdre dans chacune des images magnifiquement dessinées et peintes par l'immense artiste qu'on goûtera au mieux cette histoire qui, toute classique qu'elle soit, n'en séduira pas moins tous les amateurs du genre.

05/11/2023 (modifier)