Moi, Edin Björnsson, pêcheur suédois au XVIIIe siècle coureur de jupons et assassiné par un mari jaloux

Note: 3.67/5
(3.67/5 pour 3 avis)

Un magnifique conte sur la vie antérieure supposée de l'autrice, qui bouleverse le lecteur.


1643 - 1788 : Au temps de Versailles et des Lumières La BD au féminin Les petits éditeurs indépendants Pays scandinaves

Édith ignore si elle croit en la réincarnation... À vrai dire, elle ne s'est jamais vraiment posé la question. Comme pour d'autres perspectives mystiques, religieuses, philosophiques, par curiosité, elle laisse la porte entrouverte. Alors, quand une magnétiseuse lui a proposé de connaître sa vie antérieure, la conteuse en images qu'elle est a exprimé un intérêt certain pour une révélation aussi intrigante... C'est ainsi qu'elle a appris, dans cet ordre, que cette vie se passait en Suède, au XVIIIe siècle, qu'elle était un homme, pêcheur, qui aimait les femmes et qui était décédé de mort violente, assassiné... sans doute par un mari jaloux !... Édith a-t-elle été Edin Björnsson ?

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 25 Octobre 2023
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Moi, Edin Björnsson, pêcheur suédois au XVIIIe siècle coureur de jupons et assassiné par un mari jaloux © Editions Oxymore 2023
Les notes
Note: 3.67/5
(3.67/5 pour 3 avis)
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17/11/2023 | Cacal69
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Par Blue boy
Note: 3/5
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Premier titre des Éditions Oxymore, créée par Mourad Boudjellal qui revient dans la BD après avoir renoncé à la politique et au sport, « Moi, Edin Björnsson, pêcheur suédois au XVIIIe siècle, coureur de jupons et assassiné par un mari jaloux » de la talentueuse Edith, constitue une belle entrée en matière, avec un titre qui saura marquer les esprits par sa longueur, quand bien même il sera difficile à retenir… De plus, il se place sous la collection Noctambule, qui, tout comme Métamorphose, revient dans le giron d’Oxymore, après plus d’une décennie chez Delcourt depuis le rachat de Soleil, la maison fondée par l’homme d’affaires. « Moi, Edin Björnsson… » nous plonge ainsi dans cette Scandinavie rurale du XVIIIe siècle, où les conditions de vie étaient difficiles, pour suivre le parcours d’ « Asticot », ce jeune garçon malingre à la destinée rocambolesque, pour qui tout avait plutôt mal commencé… Après avoir été témoin de la mort de son père, gravement blessé par un tourteau lâché par une mouette, le gamin dût travailler très tôt pour assurer la subsistance de sa mère à la santé fragile et de sa tante Tilda qui s’occupait du foyer. Engagé comme pêcheur alors qu’il rêvait d’étudier, le jeune Edin eut une vie aussi courte que mouvementée, comme le suggère assez bien ce titre en forme de condensé… jusqu’au « mari jaloux » qui constitue en fait le lien unissant Edith à son personnage, qu’il faudra chercher du côté de son « animal-totem », l’ours… Car en effet, ce récit intègre des éléments de chamanisme par le biais de la vieille guérisseuse du village, revêtue d’une peau d’ursidé, ce qui contribue largement au mystère du récit, charge au lecteur d’en raccorder les fils… Une fois encore, le dessin d’Edith convainc par sa délicate simplicité et le rendu des atmosphères. Nous sommes littéralement immergés dans l’ambiance glaciale des contrées nordiques, qui dégagent une beauté à la fois rude et lumineuse, servie par une technique à l’aquarelle très maîtrisée et d’élégants clairs-obscurs qui sont un délice pour l’œil. Derrière la narration bien construite, il serait sans doute vain d’y chercher un quelconque propos ou une morale de fable. « Moi, Edin Björnsson… » ne doit s’envisager que comme l’histoire extraordinaire d’un personnage ordinaire, dans un registre que l’on pourrait qualifier de « conte austère vaguement chamanique ». Si l'amateur de fantastique pourrait rester un brin frustré devant l’absence d’indices corroborant la vie antérieure de l’autrice, il devra se contenter de brefs propos en introduction : Edith nous rappelle, qu’avant d’être une prosélyte de ses propres croyances, elle est d’abord une « raconteuse en images » qui « laisse la porte entrouverte », et on ne saurait lui en vouloir ! Dès lors, il sera très facile de se laisser charmer par cet album à l’envoutante étrangeté, mais ne rentrant pas pour autant dans le genre fantastique.

13/02/2024 (modifier)
Par grogro
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
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Moi, Grogro, pèlerin franchouille au XXIe siècle lecteur de bandes dessinées et estomaqué par une autrice talentueuse. La voilà la future lauréate d’Angoulême 2024 ! Hein ? Quoi ? Comment ça, cette BD n'est même pas sélectionnée ? Scandale ! J'ai tout aimé dans cette histoire. Même l'emballage m'a emballé. C'est même ça qui m'a jeté vers ce titre. J'adore son petit côté désuet, ce charme des livres de conte des années 40/50 (une vie éditoriale antérieure ?), mais en même temps très léché, avec juste cette image qui semble collée sur la couverture et dont même le toucher est différent, presque crémeux sous les doigts. Le cadre est détouré d'une ligne gris-bleue, discrète mais du plus bel effet, ainsi que le nom de l'autrice, un peu gaufré, et la lune de l'éditeur NoCtambule. Remarquable travail d'édition. Mais cela ne serait que poudre aux yeux sans un contenu à la hauteur de ce plumage. Le scénario, le dessin, la genèse même de cette BD... Tout derrière m'a littéralement subjugué. Avant toute chose, qu'est-ce que c'est t'y donc que ce titre à rallonge ? Et bien Edith le raconte elle-même en préambule : c'est une magnétiseuse qui, se saisissant d'un planisphère, d'un calendrier et de son pendule, révéla à Edith ce que fut l'une de ses vies antérieures. Voilà le point de départ, et quand on réalise ce qu'elle en a fait, c'est d'autant plus incroyable. En effet, elle ne reste pas à caboter le long de cet intitulé, mais emmène tout ça vers une conclusion inattendue. Je ne dirai rien de la fin, mais elle est tout bonnement incroyable. Tout prend un relief assez vertigineux. Mais le lecteur n'attendra pas la fin pour être séduit et embarqué. L'ambiance est d'emblée épaisse. On se retrouve immédiatement transporté dans la Suède du XVIIIe siècle. Les personnages habitent les pages et acquièrent rapidement une densité. Et surtout, on les sent évoluer avec le temps, prendre de l'âge et du plomb dans la cervelle (en ce qui concerne notre Edin Björnsson du moins). Densité temporelle aussi... Tout le génie d'Edith consiste à le suggérer par la grâce de ce dessin proprement sensationnel, à la fois simple et vivant, et d'une palette de couleurs savante. Son trait, je le connaissais à travers Emma G. Wilford, ou Séraphine que j'aimais déjà beaucoup. Les œuvres plus anciennes, notamment les série jeunesse comme le Trio Bonaventure, je l'avoue, n'ont quant à elles jamais suscité d'intérêt de ma part. Mais ici, elle a visiblement franchi un cap. Est-ce cette histoire, et le fait qu'elle soit chevillée à son propre destin qui l'a transcendée ? Quoiqu'il en soit, je me suis arrêté sur chaque image, longuement, je me suis empiffré de ces paysages magnifiques et de ces cieux au lavis devant lesquels je demeurais de longues minutes, suivant chaque trait du regard. Chaque case est forte et contribue à l'ambiance. Les expressions des personnages sont parfaitement rendues. Edith utilise en mélange de technique très dosé, et tout s'emboite. Elle sait tout rendre à merveille : impression d'ivresse, sortie de comas, paysage brumeux, pluie battante, soleil couchant... Bref ! Je suis sous le charme. Je terminerai en disant que de ma vie entière de lecteur de BD, c'est bien la première fois que je relis une œuvre sitôt la lecture achevée tant je voulais prolonger ce sentiment d'immersion totale. Ah oui, si, juste un truc ! Mais ça ne changera rien à tout ce que je viens de dire, même si c'est très agaçant quand même. Mais Wallah, qu'est-ce que c'est que ce goodie à la mord-moi-l’nœud qu'on trouve à la fin du livre ? Et surtout, qui a eu la bonne idée de l'insérer dedans ? Je laisse la surprise sur le bidule en lui-même, mais outre l'intérêt limité de la chose (c'est du vieux carton tout khenez !), à cause du rivet qui fixe l'aiguille sur le cadran, les dernières pages de la BD, des pleines pages de paysage somptueuses, sont complètement niquées en plein milieu. On aurait pu s'en douter, mais le nœud du rivet est venu imprimer non seulement sa marque, mais une double marque, comme un symbole infini (le truc a dû bouger plusieurs fois, entre le transport, les manipulations en librairie...). Hé ho ! Les éditions Oxymore ? Vous étiez bourrés ou quoi ? Faut pas laisser carte blanche au stagiaire bordel !... Remarque, c'est marrant quand on y pense : un symbole infini imprimé sur les dernières pages de cette histoire de réincarnation. Hasard ? Je ne crois pas...

03/12/2023 (modifier)
Par Cacal69
Note: 3/5
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Je crois qu'il va être difficile de faire un titre plus long que celui-ci. Et justement, le titre de cet album n'est pas tout à fait exact, mais ça, je vous laisse le découvrir. Ma première BD des éditions Oxymore, une très jolie couverture avec un effet brillant et un papier de qualité. Par contre sur la troisième de couverture, en cadeau, se trouve "une roue de la destinée", celle-ci se décolle facilement mais le rond métallique, qui permet de faire tourner la flèche, laisse une trace sur les six dernières pages du bouquin. Grrr. Je découvre l'autrice avec cette BD. Elle a imaginé sa vie antérieure à partir de quelques mots sortis de la bouche d'une magnétiseuse : XVIII° siècle, en Suède, vous étiez un homme, un pêcheur, vous aimiez les femmes, assassiné et sans doute par un mari jaloux. Je dois reconnaître qu'à partir de cette base de travail, Édith a su créer une très belle histoire. Nous sommes en 1769 dans un petit village suédois sur les bords de la mer baltique. C'est là que vient au monde Edin (le masculin d'Édith ?) et c'est là que tout commence. On va découvrir l'enfance difficile de cet enfant chétif, la misère qui l'entoure, la rudesse de l'hiver et puis, en grandissant, son amour pour la gente féminine et du plaisir de la chair. Un récit qui fait voyager et amènera notre jeune homme jusque sur les côtes françaises. Une narration captivante mais pas au point de me bouleverser malgré les épreuves endurées par Edin. Par contre le récit retranscrit très bien la période où se déroule l'histoire, la vie simple, pénible et précaire des petites gens. J'aime beaucoup le coup de crayon d'Édith, elle m'a impressionné pour le superbe rendu des paysages accompagné par de magnifiques couleurs froides dans les tons pastels. J'étais un peu sur la réserve pour les personnages, je n'aime pas leur nez, mais je m'y suis vite habitué. Une très belle découverte. Une agréable lecture. Note réelle : 3,5.

17/11/2023 (modifier)