Lapérouse 64
Le nageur de combat François Guérin est missionné pour une opération secrète qui vise à retrouver l'épave de La Boussole, le mythique vaisseau amiral de Lapérouse, disparu en 1788 dans le Pacifique.
1961 - 1989 : Jusqu'à la fin de la Guerre Froide Auteurs italiens Expédition de La Pérouse
A bord du patrouilleur français La Lilloise, François se montre prudent. L'équipage semble en effet prêt à tout pour découvrir la frégate.
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Date de parution | 06 Septembre 2023 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Contrairement aux deux avis précédents, je n'ai pas été convaincu par cette série. Pourtant la thématique culturelle qui accompagne l'expédition Lapérouse de 1788 aurait pu me séduire. Malheureusement elle est exposée d'une façon assez minimale et sans beaucoup, de recul à mes yeux. Expédition avec un côté scientifique certes mais les visées commerciales déséquilibrées ( fourrures de loutres) voire militaires ( cartographie) pour la conquête illégitime de nouveau territoires ne peuvent être écartées. Sur le volet contemporain les auteurs travaillent sur le parallélisme des commandements à "deux têtes" dans les deux expéditions. Soit. Pour moi le côté fiction l'emporte de beaucoup sur un côté documentaire historique avéré. J'ai de nombreuses réserves sur la construction du récit et de ses personnages. Deux ans après l'indépendance et les accords d'Evian la scène initiale nous plonge dans une opération meurtrière du SDECE avec l'élite de ses nageurs de combats. Cela permet de situer le profil du principal personnage. Mais celui ci a une illumination imprévisible et devient sous le regard de la belle Viviane une officier archéologue rebelle aux ordres de son commandant. Comme si les auteurs nous proposaient un virage à 180° sur les objectifs premiers du soldat. La menace n'est plus le chalutier soviétique ou le leader indépendantiste un peu trop rouge mais le compte à rebours pour trouver une cloche qui attend gentiment depuis 200 ans. Je n'ai d'ailleurs pas compris le choix calendaire de l'opération autre que pour introduire un brin de tension dans le récit. De même je n'ai pas accroché au graphisme de Bizzarri. En effet sa description des fonds marins ou de la barrière coralienne est vraiment minimaliste et sans beaucoup de recherche. Ce qui est un comble pour une thématique sur la plongée sous-marine. Ainsi la plupart des scènes aquatiques se passent sur les zodiacs ou sur le ponton de plongée. L'une des rares scène sous l'eau nous présente un étonnant et inutile concourt d'apnée alors que chaque minute compte. Le dessinateur semble avoir voulu se rapprocher de l'esprit des récits d'aventures vintage. Une lecture qui m'a interpelé sur plusieurs points avec une thématique pas vraiment pour moi.. un petit 3
Laurent-Frédéric Bollée est vraiment passionné par la navigation dans le Pacifique au temps des explorations. Il y revient régulièrement. Il le fait ici de façon plus originale (accompagné au scénario par Marie-Agnès Le Roux), puisque nous suivons une expédition militaire française qui, en 1964, part pour définitivement établir que La Boussole s’est échouée au même endroit que L’Astrolabe, au large de Vanikoro. Le scénario mêle habilement les deux époques, et établit même de plus en plus une sorte de parallèle entre les deux navires – et les décisions qui ont pu entrainer le naufrage de La Boussole (et qui pourrait provoquer l’échec de la mission de 1964). Au milieu des divers militaires présents sur le navire, Guérin, un plongeur des forces spéciales, molosse bourru « mission avant tout », pas spécialement content d’être là, et Viviane, une jolie journaliste – pas mal libérée et moderne pour l’époque ! Bon, le scénario peine à nous cacher comment ça va finir entre les deux, mais ça pimente un peu l’ensemble. Ensemble qui se laisse lire très agréablement. D’abord parce que le dessin – et la colorisation – de Vincenzo Bizzarri est plutôt chouette. Moderne et dynamique, son trait fin est agréable. Je trouve juste que la tête – et les cheveux surtout – de Viviane sont un peu changeants. Ensuite parce que les auteurs ont su rendre cette histoire plaisante, en ajoutant ce qu’il faut pour agrémenter un fait historique (l’expédition a réellement eu lieu en 1964) de détails propres à la rendre vivante. A part l’idylle entre nos deux tourtereaux que tout semblait opposer (mais les scénaristes évitent finalement le côté inutilement sirupeux !), les personnages sont bien typés – pas trop – et complémentaires pour que la lecture soit elle aussi agréable. Note réelle 3,5/5.
Lapérouse 64, ça sonnait a priori comme Blade Runner 2049. C'est ça qui m'a fait tilter, cette sorte d'instinct, car j'avoue que s'il avait fallu m'en tenir à la couverture assez terne (bien qu'énigmatique), je serais sans doute passé complètement à côté de cette petite pépite. Disséquons un peu le titre. Lapérouse est belle et bien une allusion à Jean-François de Galaup, comte de La Pérouse, plus connu sous le nom de Lapérouse, le fameux navigateur et explorateur. 64, c'est tout simplement l'année où la France affréta un navire de la Marine Nationale afin de retrouver l'épave de la Boussole, le second navire de l'expédition disparue corps et âme en 1788 aux abords de Vanikoro. Que dire de cette BD si ce n'est que, toutes proportions gardées, elle est aussi passionnante que le récit de l'expédition Lapérouse lui-même. Déjà, ça commence comme un récit d'espionnage. Ensuite, c'est mené à la manière d'une enquête policière. Il y a des pistes, des retournements, du suspens. Enfin, il s'agit d'une course contre la montre avec une Dead line aléatoire puisque les recherches doivent se terminer avant l'arrivée imminente de la saison des pluies qui risque fort de compromettre les chances de succès. Bref ! On est complètement dedans. Et puis surtout, les scénaristes établissent un parallèle filé entre l'histoire de Lapérouse et celle qui est racontée ici. Il y a notamment comme une folie qui s'empare de l'expédition partie à la recherche de la Boussole. A un moment, le lecteur se demande même si nos gars ne vont pas finir par perdre le Nord. Finalement, au milieu de cette foule testostéronée, le seul personnage qui parvient à garder la tête froide est l'unique personnage féminin : Viviane. Mais je reviendrai sur les personnages un peu plus loin. L'ambiance est bien retranscrite : on est immergé dans l'univers militaire avec sa hiérarchie, son vocabulaire, ses mythes (et le mystère de la disparition de Lapérouse en est un, un gros même), son attitude méfiante à l'égard des civils venus se joindre à leur équipée... Mais tout cela ne serait pas grand chose sans des personnages forts. Or, cette histoire en regorge. D'abord François Guérin, notre protagoniste principal. Le gars est un colosse à la musculature de demi-dieu, plongeur militaire d'élite de son état, et surtout soucieux d'accomplir sa mission avant toute autre chose. Il y a également le commandant du navire, un type rigide mais passionné par le mystère qui entoure Lapérouse et que le caractère obsessif va amener à déborder le strict cadre du protocole militaire. On trouve également Viviane Lacan, une jeune femme libérée, mère seule (on est en 64 !), journaliste acharnée et indépendante d'esprit... Enfin, le tout est servi par un dessin somptueux, en tout cas un dessin qui me plait tout particulièrement : celui de Vicenzo Bizzarri que je découvre. Le trait oscille entre un classisme de bon aloi et un aspect tout à fait moderne dans les points de vue. En outre, le choix des couleurs est pertinent. Tout cela m'évoque le travail de Matthieu Bonhomme sur Le Marquis d'Anaon, ou, dans une moindre mesure, la collaboration de Blanchard et Tanquerelle sur Le Dernier Atlas. Superbe, vif, dynamique et très juste dans les proportions et les gestuelles. Après le titre, c'est le trait qui a achevé de me convaincre de repartir avec cette BD sous le bras. Conclusion : on a quand même bien raison de suivre son instinct !
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