Les Cœurs insolents
Les coeurs insolents plonge le lecteur dans un univers a priori sans vague, celui de la jeunesse de la classe moyenne et de la France pavillonnaire des années 90.
Adolescence Autobiographie Féminisme La BD au féminin Les petits éditeurs indépendants Violences faites aux femmes
Un monde souvent idéalisé et prétendument sécurisé, sans portable et sans réseaux sociaux. Mais dans lequel, pourtant la question du consentement n'était jamais abordée et où la misogynie était tue. Par des flash-back, Ovidie revisite sans nostalgie sa propre adolescence, entre exaltation politique, premiers émois mais aussi violences sexistes et sexuelles. Ovidie se questionne sur l’évolution de la représentation des corps et la construction de la sexualité au moment de l’ère #MeToo. Devenue mère, elle se demande quel est son rôle dans la transmission mère-fille, auprès de Capucine sa fille adolescente ? Spontanément, elle fait le parallèle avec sa propre adolescence. Des moments tendres et drôles rythment cette aventure mère-fille sans jugement.
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Date de parution | 20 Octobre 2021 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Un album très intéressant, sur plusieurs registres. D’abord c’est une belle autobiographie – partielle bien sûr, mais sincère et sans tabou. Ensuite parce qu’Ovidie réussit très bien, au travers de son expérience personnelle, à traiter de sujets de société hélas toujours d’actualité (le viol), mais aussi des conflits de générations, des relations mère/fille, puisque nous la voyons à la fois à l’âge de l’adolescence et à celui de mère d’une adolescente. Ovidie parvient à parler d’elle-même et de ses expériences – sexuelles par exemple – à la fois avec pudeur et avec force. Son propos est clair, touchant, et la nuance employée pour dénoncer ce dont elle a été victime (un viol) et tout un tas de stéréotypes sexistes ne rend que plus efficace sa démonstration. Je mettrais juste un petit bémol concernant un point (et je ne suis donc pas entièrement d’accord sur ce point avec l’avis précédent) : si je suis d’accord que ce sont des hommes qui sont responsables de la quasi-totalité des viols et que les tabous et stéréotypes sociétaux placent souvent la femme en position de faiblesse, je ne pense pas que tout homme est un violeur en puissance. Indépendamment de mon cas, je ne connais pas dans mon entourage de personne ayant été acteur d’un tel crime (même si évidemment je ne suis pas forcément au courant de tout). En tout cas le sujet de cet album m’intéresse beaucoup. Je suis enseignant en collège, côtoie beaucoup d’adolescents et adolescentes donc, et je sais ce que les réseaux sociaux, l’accès à la pornographie (10 ans et demi en moyenne pour la première fois !) et la pression du groupe peuvent engendrer en matière de comportement. De plus, j’interviens depuis une douzaine d’années dans les classes pour l’Éducation à la vie Affective Relationnelle et Sexuelle, je trouve donc important que les jeunes soient informés, qu’ils sachent décrypter certaines normes et comportements illégaux, et que le consentement soit une des bases de relations sexuelles sereines. Et les récentes interventions des surgeons de la Manif pour tous (relayés par la droite – pas uniquement extrême) contre ces interventions (qui par ailleurs n’ont jamais été réellement financées et qui risquent de disparaitre simplement par manque de moyens) ne font que renforcer ma volonté de poursuivre dans cette voie. Pour revenir à l’album, Ovidie nous propose ici une lecture qui questionne hommes et femmes, mais qui le fait intelligemment, y compris lorsqu’elle avance un discours féministe très engagé. Mais certaines vérités n’ont pas de sexe… Une lecture fortement recommandée donc. Le dessin est agréable et accompagne bien ce récit souvent dur et douloureux, même si Ovidie prend quand même le temps de distiller de l’optimisme (dans ses interventions en lycée, mais aussi avec sa fille).
Très bon album documentaire sur la construction féministe et la jeunesse d'Ovidie dans les années 90. Pas seulement sur le sujet du féminisme, une part importante de l'album traite également des différences générationnelles (entre Ovidie et sa fille mais aussi un peu avec sa mère à elle à la toute fin). Le propos reste tout de même féministe concernant ces différences, puisque le récit est né de la réflexion d'une mère quand aux dangers (mais aussi les joies) que sa fille peut et pourra rencontrer dans sa vie à elle. J'ai trouvé la préface assez intéressante (étant personnellement née en 1999 et ayant du coup vécu mon adolescence durant les années 2010) mais aurait apprécié qu'elle soit davantage développée. J'ai bien aimé le dessin d'Audre Lainé. Une scène en particulier m'a néanmoins semblée un peu bâteau/maladroite, c'est celle de la discussion à table sur les hommes étant tous des violeurs en puissance. Pas parce que je ne sois pas d'accord, au contraire, je rejoins et plussoie le propos, mais la forme de la discussion m'a vraiment parue peu naturelle (alors que tout le reste de l'album me semblait très concret). Sans doute une simple question de sensibilité. Ou alors moi et mes ami-e-s parlons tout simplement très différemment. Album documentaire très intéressant en tout cas. J'en profite d'ailleurs pour conseiller le reste du travail d'Ovidie (comme la série de podcast LIBRES ! disponible gratuitement sur la chaîne youtube d'Arte par exemple).
Voila une excellente BD ! Je voulais la lire depuis longtemps parce que le nom d'Ovidie ne m'est pas inconnu et que j'aime énormément ce qu'elle dit et ce qu'elle fait. Quitte à assumer parfois des prises de positions polémiques, je trouve son discours souvent salutaire et impressionnant sur la question féminine. Une grande femme, donc, qui s'intéresse en plus à la BD. Autant dire que je n'avais pas envie de passer à côté. La BD n'est qu'une longue mise en parallèle de deux mondes : celui de la jeunesse d'Ovidie, dans les années 90, et celui actuel, post-Metoo et #balancetonporc, où la question féminine est apparue au grand jour. En faisant un déroulé qui met des moments de sa jeunesse en résonance avec ceux qu'elle vit en tant qu'adulte et mère, Ovidie pose un regard cynique sur les années 90. Loin des représentations hollywoodienne qui tentent vainement de faire revivre ce qui s'apparentait à un âge d'or (mais correspond bien plus à une nostalgie mal placée, tout comme c'est le cas des années 80), Ovidie dépeint une jeunesse dans une société profondément sexiste, où le viol est courant et quotidien, où la place de la femme est encore d'objet sexuel ou de désir, où la dualité maman/putain est encore bien présente. La BD présente des situations horribles à voir, ce qui me fait dire que la BD n'est pas à mettre entre toutes les mains, mais embrasse un large spectre de situations, ce qui me donne envie de la mettre entre toutes les mains. Le parallèle est d'autant plus intéressant qu'Ovidie raconte sa propre expérience de mère et réfléchit à ce que sa fille risque de/va subir. Et je suis assez d'accord avec elle sur plein de sujets, y compris la scène de discussion sur l'alcool qui m'incite à réfléchir différemment les repas entre amis. Audrey Lainé à fait un super travail de dessin, entre les couleurs chaudes dans le présent et le dessin qui exprime des horreurs dans le passé, on est dans de l'efficace mais parfaitement lisible, avec une puissance évocatrice dans plusieurs passages. C'est aussi fort que ça doit l'être, y compris dans son final qui surprend un peu vis-à-vis du ton de l'album mais qui ouvre justement sur quelque chose de plus optimiste. Comme souvent, je recommande énormément cet album aux hommes, tous autant qu'ils soient, pour apprendre un peu plus à se mettre dans la peau des autres et comprendre pourquoi le féminisme est important. Il est aussi bon pour eux que pour elles de se rappeler que dans notre enfance, des choses atroces étaient considérées comme banales et communes, et que la situation aujourd'hui peut être à bien des égards encore pire avec l'apparition des réseaux sociaux. Merci le revenge porn, et toutes ces sortes de choses ! Mais en même temps, la BD reste optimiste. Internet a permis à de nombreuses personnes de se trouver collectivement et s'organiser, y compris sur des sujets comme le féminisme. Les choses changent, de Metoo aux nombreuses dénonciations de stars (de la télé, d'internet, de la musique, du sport ...) qui sont régulièrement dénoncées pour leurs abus sexuels. Bien sûr tout n'est pas rose et de nombreuses actrices ayant témoigné ont vu leur carrière détruite, mais je suis d'accord avec Ovidie : les choses changent, à hauteur de vie humaine, et il est de notre ressort de faire progresser tout ça encore un peu plus.
3.5 La scénariste raconte son adolescence dans les années 90 où on était dans un monde d'avant Me Too où on parait moins de violences sexuelles ou de question du consentement. Il y a des passages assez glauques dont il ne faut pas avoir le cœur fragile lorsqu'on lit cette BD ! J'ai bien aimé comment la scénariste présente la France des années 90 et les anecdotes sont intéressantes même si j'avais un peu l'impression qu'elle généralisait à partir de son vécu. Je doute que tous les ados de cette période buvait, fumait et avait du sexe tout le temps. Bon il faut dire que comme je ne suis jamais allé dans des fêtes (je préférais rester chez moi glander ou lire des livres), c'est un univers inconnu pour moi alors je ne peux pas vraiment comparer mon adolescence avec ceux qui étaient plus extravertis. Il y a des réflexions intéressantes dans cet album même si je ne suis pas toujours d'accord avec les conclusions. Selon la scénariste, tous les violeurs sont des hommes donc j'imagine que toutes les histoires d'enseignante qui couche avec des élèves mineurs sont des inventions ou c'est de l'amour libre ou un truc du genre. Le livre ne tombe pas dans le piège du 'tous les hommes sont méchants et les femmes des victimes innocentes' même si plusieurs males sont montrés comme des cons. La scénariste raconte les expériences positives qu'elle a eu avec certains petits copains et dans un des passages les plus effrayant de l'album, une fille va délibérément faire en sorte que la scénariste va se faire agresser lors d'une fête d'ado. Sinon, la dessinatrice fait un bon travail et la mise en page est bien faite. Un album choc à lire si on s'intéresse au sujet.
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