Nos Mondes perdus
Marion Montaigne fouille dans le passé des dinosaures et l'histoire des sciences pour tenter de comprendre le rapport qu'entretient l'humanité avec ses origines et l'angoisse existentielle de sa propre finitude.
Dinosaures Documentaires Gobelins, l'École de l'Image La BD au féminin
1993, sortie en salles de Jurassic Park et traumatisme total pour la jeune Marion Montaigne, alors âgée de 13 ans. De cette fascination pour ces terribles reptiles d'un âge oublié va naître une obsession pour les fossiles, la science en général et le dessin anatomique... ainsi que quelques angoisses existentielles. Alors pour exorciser ses démons, rien de tel que la méthode Montaigne : recherches à fond dans les livres et les musées, humour décapant et interrogations bien senties. Une plongée dans la paléontologie, l'histoire des sciences et finalement, l'histoire de l'Histoire.
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Date de parution | 10 Novembre 2023 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
07/12/2023
| Mac Arthur
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Les avis
Après Riche, pourquoi pas toi ? (Qui m’avait moyennement accroché) et celui sur Thomas Pesquet (qui est une belle réussite), c’est la troisième œuvre de l’autrice que je découvre. Je suis un peu sur la réserve sur certains trucs pour m’enthousiasmer davantage mais j’ai trouvé le tout franchement pas mal. Passons rapidement sur le dessin, je n’en suis toujours pas bien fan mais il fait le taf et je note une petite amélioration d’album en album. C’est le sujet qui retient l’attention et la vulgarisation dont fait preuve l’autrice. Ici elle s’attaque au monde des dinosaures. J’ai appris plein de choses et j’avoue que ça m’a bien plus passionné de découvrir la genèse de la paléontologie que la moderne avec Les Dinosaures du paradis - Naissance d'une aventure paléontologique. Les tâtonnements et conclusions de nos ancêtres sont assez étonnantes. Mais à ça se mêle une autre partie plus intime à l’auteur, j’ai bien aimé dans l’ensemble mais c’est moins passionnant. Du coup, le résultat apparaît assez décousu, ça part un peu dans tous les sens. L’humour est bien présent mais n’échappe pas à quelques lourdeurs. Je l’ai lu en plusieurs fois.
Cette BD de Montaigne peine vraiment à trouver son rythme de croisière. Aussi parce que le sujet de celle-ci est mal cerné. Le patriarcat ? Une autobiographie ? La paléontologie ? Comment une société oriente son regard sur les sciences en fonction de ses préoccupations contemporaines ? Il s'agit évidemment de tout cela à la fois, via un mélange longtemps dénué de véritable fil conducteur, au sein d'une vulgarisation scientifique plutôt amusante, mais aussi relativement fastidieuse à lire. Dans mon cas personnel, j'ai hésité à définitivement refermer cette BD durant les 50 premières pages, lues avec une vague curiosité mais sans rire ni sourire aux lèvres. L'inconvénient du style de Montaigne, est que si le propos intéresse modérément (cas du récit autobiographique ouvrant la BD), que le scénario est relativement bancal et les dessins aussi pauvres (même si sympathiques de bonhomie), alors il n'y a plus grand-chose pour retenir l'attention du lecteur. La suite fut heureusement un peu plus convaincante : l'humour notamment fut davantage au rendez-vous et le regard critique sur l'histoire de la paléontologie plus acerbe. Cela reste un rendez-vous manqué et invite une nouvelle fois à interroger le rôle des éditeurs ? À quoi servent-ils s'ils sont incapables de relire, recadrer, structurer et d'imposer des garde-fous aux auteurs ?
Le sujet, la paléontologie reste un grand classique des questionnements de l'enfance, et c'est assez bienvenu de dépoussiérer notre imaginaire de ce coté-là. C'est une histoire de cette science, revue après metoo, après l'atroce abécédaire de Sfar, et avec Marion Montaigne qui s'est fait valoir avec sa série "tu mourras moins bête, mais tu mourras quand même" qui dit bien par son titre sa volonté de s'éloigner de la bienpensance habituelle. Pas désagréable, toujours cet humour spécial, duquel je reste parfois exclue faute de références communes. Toujours ce trait pas très lisible à la Reiser, avec des taches bien disposées sur la page : ça respire, comme du dessin de presse. Comme souvent dans les documentaires d'aujourd'hui en bande dessinée, l'auteure se met en scène, ici avec une autodérision assez grinçante, qui rend l'exercice attachant. Pour le reste, je ne suis pas particulièrement excitée par les dinosaures. La découverte des nombreuses femmes scientifiques successives s'étant fait voler la vedette, au cours de l'histoire de la paléontologie, vient conforter la tonne de preuve décrivant un patriarcat absurde et contreproductif. Mais l'ouvrage n'ouvre pas réellement l'épineuse question de son déboulonnage. Toute cette rancœur qui s'accumule contre le virilisme sans trouver vraiment ni d'exutoire, ni d'horizon désirable...
Indubitablement, Marion Montaigne est passée maîtresse dans l’art de la vulgarisation scientifique ! Et cet album, qui se consacre en grande partie à l’histoire de la paléontologie, en est une nouvelle preuve. Toutefois, cet album est aussi pour l’autrice une occasion de nous parler d’elle. Et malgré tout son humour, toute son autodérision, la psychanalyse à laquelle elle se livre m’aura plus que moyennement intéressé. A titre personnel, j’en ai beaucoup appris sur l’histoire de la paléontologie. Marion Montaigne truffe son documentaire d’anecdotes amusantes, joue régulièrement avec des anachronismes percutants et profite de l’occasion pour remettre en lumière le rôle de certaines femmes dans cette science. Comme dit plus haut, de ce point de vue, c’est un album vraiment bien foutu, instructif et distrayant. Seul petit reproche à ce niveau : l’autrice tombe parfois dans un humour un peu facile et vulgaire. Le dessin de Marion Montaigne, pour ceux qui ne la connaitraient pas encore, se rapproche de celui de Reiser. Très caricatural et très expressif, il permet de faire passer le message tout en apportant une légèreté et un second degré aux propos tenus. Clairement, ce n’est pas dans cet album que vous verrez de belles planches de dinosaures avec décors chiadé et ciel crépusculaire… mais pour faire passer une matière de prime abord abrupte, ça fait le taf ! Donc voilà, vraiment pas mal, avec un bémol sur l’aspect psychanalyse de l’autrice dont je n’avais finalement que faire.
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