Sibylla
Divagation poétique sur Sibylla Schwarz, poétesse du XVIIe siècle morte à 17 ans. Pour ses 400 ans, Max Baitinger s’est donné pour mission d’exhumer l’histoire de cette artiste visionnaire.
1454 - 1643 : Du début de la Renaissance à Louis XIII Auteurs allemands Europe centrale et orientale Les petits éditeurs indépendants Pionnières Poètes et poésie Séries avec un unique avis
Durant la guerre de Trente Ans, Sibylla Schwarz et son père se barricadent à l’approche des troupes suédoises qui souhaitent occuper la Poméranie. Cette guerre, Sibylla n’en verra pas la fin puisqu’elle meurt de dysenterie en 1638 à l’âge de 17 ans. Malgré cette courte existence, elle écrit plus d’une centaine de poèmes baroques qui dénotent d’une grande puissance lyrique. La jeune prodige, privée d’amitié et d’amour, n’aura pourtant connu qu’un monde de poésie dominé par les hommes.
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Date de parution | 19 Mai 2023 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Sibylla figure dans la sélection Angoulême 2024, raison pour laquelle je me suis penché sur cette BD dont les quelques planches consultables sur le site de l'éditeur m'ont fait forte impression. Je parlerai donc du dessin de Max Baitinger, auteur inconnu au bataillon. Et c'est ravissant. Son trait léger virevolte sur les pages comme la plume de Sibylla, notre poétesse. L'auteur a une force d'abstraction tout à fait remarquable, au point qu'une ligne unique tisse l'horizon comme les contour d'un paysage, comme au bon vieux temps du fameux télécran. Il agrémente ce trait noir d'un soupçon d'aquarelle aux tons sépias/marrons la plupart du temps, ce qui confère une unité, ainsi qu'une ambiance très médiévale. Des trouvailles graphiques parsèment l'ouvrage, et l'on peut s'amuser à relever quelques discrètes citations bien senties, comme cette Nature morte au citron de Maerten Boelema De Stomme on-ne-peut-plus a propos, au sujet de laquelle je me permets d'incérer cette citation de F. Bouré, trouvée sur le net : "On donne le nom de vanité à une catégorie particulière de la nature morte, laquelle associe des symboles du temps, de la brièveté de la vie, de la mort, aux objets de l’activité humaine. Dans "Nature morte au citron", les plaisirs éphémères de la vie sont évoqués par le sel du coquillage souvent associé à l’âme, perle secrète de l’homme ; le sucré du vin, qui rappelle le calice et le sang versé du Christ ; la noix est la chair tendre de Jésus sur le bois de la croix. L’homme est mortel et fragile comme l’écorce du citron que l’on pèle." CQFD L'esprit de cette BD colle ainsi parfaitement à son sujet. Mais j'aime également la manière dont Max Baitinger croise le récit de son héroïne avec celui de l'élaboration de son livre. C'est très bien foutu. Il y a un humour finaud, de la poésie (donc), et beaucoup de tendresse. Mais finalement, le gros intérêt de Sibylla, outre son dessin qui est l'élégance même, c'est son sujet, à savoir Sibylla Schwarz (1621-1638). En effet, je découvre totalement cette jeune poétesse qui a si peu vécu mais tellement écrit. Et une chose est certaine : je vais de ce pas tâcher de me procurer une édition d'un recueil de ses poèmes, apparemment très avant-gardistes. On estime par exemple que son poème « Une chanson contre l’envie » est probablement le premier poème sans compromis féministe de la littérature mondiale. Pendant près de deux siècles, Sibylla Schwarz fût ainsi considérée comme une figure littéraire de premier ordre avant de tomber dans l’oubli. Alors pourquoi une telle note face à tant d'enthousiasme ? Parce que je ressors assez déçu de la manière dont Baitinger construit son récit. D'abord, il y a un passage d'une dizaine de pages illustrée dans un style graphique et des tonalités (rouges) tout à fait différentes qui m'ont fait perdre un peu le fil, d'autant que le style en question est nettement moins original. La raison est sans doute à trouver dans le contenu même des poèmes de l'autrice, mais de cela je ne peux encore juger. Et puis il y des passages un peu planplan, notamment celui où l'on voit danser les muses. C'est un peu "tarte à la crème" au milieu de l'originalité frappante de cette magnifique édition. Globalement, l'histoire manque d'unité narrative, et les passages entre les différents registres (de narration) sont parfois abrupts et m'ont laissé à la traine. Je me suis souvent dit : "ah ok ! on part sur un autre truc", ou bien "houla ! j'ai dû raté une marche" avant de reprendre quelques pages en arrière. Tout cela est vraiment dommage. Mais le style graphique génial, ainsi que le sujet inédit, font que cette BD vaut tout de même largement son petit coup de cœur. Allez, je m'en vais regarder de plus près ce qu'à écrit Sibylla, et aussi les autres BD de Max Baitinger !
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