Inexistences
Un beau livre exceptionnel et prestigieux. Un récit post- apocalyptique sombre et fascinant, mêlant bande dessinée et spectaculaires illustrations, écrit et dessiné par Christophe Bec.
Après l'apocalypse... Christophe Bec École européenne supérieure de l'image Froid. Neige. Glace
Dans les montagnes perdues, tout n'est que désolation. Les survivants errent dans un paysage désolé où ne subsistent que des ruines prises dans les glaces. De grands cataclysmes ont soumis la planète à d'interminables hivers. Il existerait pourtant un sanctuaire où vivrait un enfant bleu, qui aurait conservé la mémoire des temps anciens. Une légende que va tenter de vérifier le sniper nommé Sol.
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Date de parution | 06 Décembre 2023 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Il y a eu un avant, et avant cela, un autre encore. Qu’importe désormais. - Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. Sa parution initiale date de 2023. Il a été réalisé par Christophe Bec pour le scénario, les dessins, et la nouvelle, et par Sébastien Gérard pour la mise en couleurs. Il comprend environ cent-cinquante pages de récit, la majeure partie en bande dessinée, le chapitre quatre étant une nouvelle illustrée. Il débute avec une introduction d’une page de Bec, et une préface de deux pages, rédigée par Numa Sadoul. Les frontières irréelles. Quelque part sur un plateau enneigé dans une haute chaîne de montagne. Personne aujourd’hui ne se souvient si le pire s’était produit une ou plusieurs fois. Combien d’apocalypse au juste ? Les souvenirs de cette époque ancienne se sont dissipés dans les brumes du temps. On sait seulement que de grands cataclysmes ont soumis la planète à de terribles et interminables hivers auxquels l’humanité n’a survécu qu’in extremis. Cela fait combien de temps ? Cent ans, mille ans peut-être…. Que les survivants naviguent à vue, qu’ils errent dans la solitude infinie de ce crépuscule, de ce monde mort… Vestige tumoral du suicide auxquels leurs ancêtres les ont condamnés. Ils ne font que surnager dans ces étendues vierges où il n’y a rien à relever, à contempler, à cartographier… sinon ces sites abandonnés, figés, pris dans les glaces. Ici dans ces montagnes perdues, tout n’est que désolation. Une petite troupe d’hommes chaudement habillés progresse précautionneusement dans la neige. Deux drones les survolent : ils continuent d’avancer. À la nuit tombante, l’un d’eux arrive devant la masse imposante d’un complexe militaire à l’abandon dans la haute montagne. Hors zone. Mille ongles tailladent leurs chairs… Ils errent tels des carcasses vides, des morts en mouvement qui naviguent à vue dans ce long hiver d’apocalypse. L’odeur de mort flotte dans un air glacial. Ils arpentent cette Terre à la recherche de vestige de cette histoire oubliée. De cette ignorance, qui est comme un ongle incarné dans la chair, sont nés les fantasmes les plus absurdes. Ils abordent de nouvelles ruines, à flanc de montagne. Leur taille est cyclopéenne, leur structure insensée, entités tutélaires du monde d’avant. Les décombres de ces édifices ne forment que le reflet des désirs de grandeur et domination des peuples. Ont-ils été punis ? Maudits jusqu’à la millième génération ? La vérité, c’est qu’un vestige n’est que le rebut fragmentaire d’une civilisation, le fantôme d’un lieu aberrant et malsain, érigé et scellé sur des montagnes de cadavres. À cette hauteur, cette altitude qui fait suffoquer et donne la nausée, ils ressentent plus fortement encore dans leurs chairs le vide, prélude à leur inéluctable fin. Il y a eu un avant, et avant cela, un autre encore. Qu’importe désormais. Ils contemplent l’horizon au seuil de la nuit. Ils comprennent qu’ils ne seront l’avant de personne. D’autres silhouettes, d’autres pantins hallucinés croisent leur route, d’autres carcasses épuisées, suffocantes, en mal d’errance. Certains s’égarent, d’autres luttent… mais la vérité est qu’ils font tous naufrage. Indubitablement une bande dessinée qui sort de l’ordinaire. Par son format déjà : 25,6 centimètres par 34 centimètres, une belle taille. Ensuite par son mode narratif. Trois illustrations en quadruple page, c’est-à-dire qu’il faut déplier la plage de gauche, puis déplier la page de droite qui forment alors un unique dessin sur quatre pages en vis-à-vis. Dans le même ordre d’idée, le lecteur découvre douze illustrations en pleine page, et deux illustrations en double page. Ainsi qu’une dizaine de compositions en double page, composées de plusieurs scènes entremêlées sans bordure. Dans le dernier chapitre, il découvre une séquence de dix-huit pages, chacune construite sur la base de trois cases de la largeur de la page, une ode aux paysages et la vie sauvage de la Terre. Le bédéiste privilégie donc les grandes cases et les pages aérées, relevant parfois du texte illustré. Le récit se compose de cinq chapitres : Les frontières irréelles, Hors zone, L’enfant bleu, Métal hurlant, Terra. En entamant le quatrième chapitre, le lecteur constate qu’il prend la forme d’une courte nouvelle, un texte illustré de plusieurs images, certaines de petites tailles, d’autres occupant plus des deux tiers de la page, certaines en couleurs, certaines en noir & blanc. À l’évidence, l’auteur a joui d’une grande liberté dans la construction et la forme de son récit, et il a mis cette liberté à profit pour raconter son histoire comme il l’entend, de la manière la plus adaptée. À la lecture, l’histoire s’avère simple et facile d’accès, avec une dimension spectaculaire très impressionnante. La fin du monde s’est produite, et peut-être même à plusieurs reprises. L’humanité continue de s’entretuer dans la défiance, avec peut-être la chimère d’un enfant bleu qui détiendrait un savoir salvateur. Et voilà. Le premier chapitre s’apparente à un constat qui se conclut par la certitude que tout n’est que désolation. Au travers de ce ces treize pages, le lecteur voit des hommes burinés et usés par un climat rude, progresser péniblement dans des montagnes inhospitalières, les écrasant par leur gigantisme et leur immuabilité. Dans le deuxième chapitre, les prises de vue alternent les minuscules silhouettes d’êtres humains dominées par les montagnes, et des plans plus rapprochés qui confirment que tous les individus portent la marque des épreuves qu’ils ont affrontées, des coups du sort qu’ils ont subis. Ce passage se termine par quatre pages de bande dessinée traditionnelle : des cases alignées, avec de brefs cartouches de texte, sans phylactère, sans dialogues ou paroles échangées, insistant encore sur l’isolement de chacun, voire l’inutilité de chercher à communiquer. Le texte développe la coupure irrémédiable de l’humanité avec son passé : une civilisation détruite qu’elle se retrouve incapable de déchiffrer de comprendre. Le troisième chapitre est intitulé L’enfant bleu : un homme a entrepris une marche en solitaire pour trouver cet enfant bleu et apprendre ce qu’il a à enseigner ou à révéler. Au cours de sa lente progression, il pense à l’organisation sociale de sa petite communauté ; la narration visuelle conserve la forme de cases alignées en bande, rapprochant le lecteur de cet homme. Une fois devant l’enfant, il reçoit des images de l’évolution de l’humanité depuis son berceau jusqu’au temps présent, une dizaine de pages, des images accolées dans une construction en double page, sans bordure de case, une forme d’inéluctabilité, chaque fait, chaque événement s’interpénétrant avec les autres. Changement de forme pour le chapitre quatre : une nouvelle en texte, avec des illustrations, pour raconter la guerre du clan de Nevé contre le clan des Drones, une forme narrative moins incarnée, déshumanisée comme cet affrontement meurtrier. Dernière chapitre, Terra, la séquence principale est composée de dix-huit pages comportant chacune trois cases de la largeur de la page pour célébrer la richesse de la biodiversité, ce trésor du passé. A priori, le lecteur peut être un peu intimidé, voire réticent, à se lancer dans ces grandes pages, craignant d’affronter des textes déconnectés des images ou intellectuels, d’avoir du mal à suivre le lien logique d’une page à l’autre, et pire encore pour un lecteur de bande dessinée devoir lire du texte (la nouvelle du chapitre quatre intitulé Métal Hurlant), même si elle est agrémentée d’illustrations. Dans les faits, l’expérience de lecture s’avère d’une grande facilité, d’une simplicité évidente. Il peut même éprouver la sensation d’un récit trop simple, d’images qui se contentent d’esquisser des flancs de montagne en alternance avec des ruines de complexes militaires, et quelques silhouettes humaines sans personnalité. Il sourit alors en repensant à l’introduction de l’auteur. Celui-ci explique que : Ce livre est né d’une double volonté, d’une part celle de renouer avec une bande dessinée qui tend sans doute à disparaître aujourd’hui, caractérisée par une certaine idée de la démesure graphique, d’autre part, celle de se confronter aux œuvres de ces immenses auteurs que sont Philippe Druillet, Enki Bilal, Mœbius ou autres Philippe Caza, cela bien évidemment à l’échelle de ses possibilités, de ses limites, en gardant ces sommets inatteignables comme autant de phares qui guident dans la nuit. Le lecteur se dit en son for intérieur qu’en effet la démesure graphique est bien présente, et que ces sommets sont inatteignables. En même temps, la narration révèle une véritable honnêteté de la part de l’auteur. Nulle trace de prétention, tout en mettant à profit la liberté éditoriale dont il jouit. Chaque case, chaque page, chaque illustration a été peaufinée : les éléments représentés dans le menu détail, les parties de décors plus esquissées pour être évocateurs, la présence incontournable de la montagne, la sensation de fin d’humanité au travers des constats. Le tout fait preuve d’une cohérence parfaite, et se trouve enrichi ou consolidé par les différents modes narratifs. Derrière les phrases simples et les dessins premier degré, le lecteur perçoit une démarche littéraire, un travail sur la forme. Il accepte bien volontiers de consentir la suspension d’incrédulité nécessaire aux conventions propres à cette branche de l’anticipation : ne pas trop s’interroger sur les sources de nourriture, sur l’absence de soins médicaux, sur le choix de vivre dans un milieu inhospitalier, sur les outils technologiques qui fonctionnent encore parfaitement malgré l’absence de maintenance ou de source d’énergie, etc. Dans les chapitres trois et quatre, il ressent que l’auteur se livre à une profession de foi sur ses convictions intimes quant à l’humanité et son comportement, au travers de son histoire condensée et extrapolée, puis le contraste avec la richesse des paysages terrestres et de leur faune. Le thème de la tendance aggravée à l’autodestruction par la race humaine n’est pas neuf, et ce constat est effectuée par un auteur adulte, sans illusion, et s’étant débarrassé de la tentation facile de noircir le tableau. Son point de vue a dépassé les stades du déni, de la colère, de la négociation, de la dépression, avec un état d’esprit dans l'acceptation, ce qui peut être encore plus difficile de vivre avec, que la simple résignation. Un très grand format de bande dessinée, une narration protéiforme qui peut faire craindre une approche intellectuelle dans le mauvais sens du terme. Une expérience de lecture qui permet de savourer l’implication totale de l’auteur, son humilité et son savoir-faire. Le lecteur éprouve les sensations de ces hommes coupés du passé de la civilisation humaine, vivant tant bien que mal dans un environnement peu propice à la vie humaine, sans passé et privé d’avenir. Un terrible constat : même si l’individu est combatif et constructif, il ne peut pas échapper aux conséquences de son appartenance à l’humanité si destructive, à l’ego hors de contrôle jusqu’à l’aveuglement total.
Bec réutilise ici pas mal de Bec ! Des étendues immenses, des ruines gigantesques, des catastrophes immémoriales, une angoisse lancinante. Combien de fois l’a-t-on vu utiliser ces ingrédients ? Pas toujours à bon escient. Ici, je trouve que la mayonnaise prend un peu plus. On peut presque lire cet album comme un long poème désespéré, noir et psalmodique, avec une narration emportée par un texte rare, placé en appoint de belles planches (le premier dialogue – il n’y en a d’ailleurs quasiment pas de tout l’album – n’intervient qu’à la page 67). Réutilisation d’une iconographie « classique » pour Bec, hommage déclaré (dans son introduction, mais aussi en nommant un chapitre « Métal hurlant » – long passage sous forme de texte illustré) aux grands maîtres des années 1970 (Druillet, Moebius, Caza), Bec bénéficie ici d’un format très très grand, qui lui permet de se lâcher au niveau graphisme (plusieurs pleines pages à déplier accentuent l’effet saisissant de certains dessins). Et, comme très souvent, il surjoue l’obscurité : tout est sombre et gigantesque dans les paysages grandioses dans lesquels quelques rares traces de vie sont visibles. Une très très longue mise en place (« l’intrigue » ne commence à avancer, modérément d’ailleurs, qu’à partir du milieu de l’album) et un Bec qui ne semble faire que réutiliser des tics, des matériaux employés par lui – et d’autres – déjà pas mal de fois (il arrive même à placer une sorte de mégalodon avant la fin de l’album !). A priori rien d’emballant. Mais ici je trouve que ça passe relativement bien. L’album se laisse lire. Assez vite, et globalement avec plaisir – essentiellement grâce aux planches aérées et souvent très belles. Le passage avec la boule bleue et tout le « passé » qu’elle peut régurgiter ne m’a pas convaincu par contre. C’est en tout cas un album qui m’a clairement moins marqué que mes prédécesseurs.
Que dire qui n'ait déjà été dit ? Bien sûr, on l'a compris, Inexistences n'est pas une bande dessinée classique. C'est davantage un album conceptuel, qui nous mélange les codes de la peinture, de la bande dessinée et de la narration romanesque. On ne s'attendra donc pas à un scénario à proprement parler, et on fera bien, car de scénario, point. Et pourtant, on ne s'ennuie pas un instant ! Il faut dire que graphiquement, l'auteur-dessinateur a vraiment mis le paquet ! Sur des doubles pages-doubles (donc 4 volets), Bec nous propose des illustrations absolument fascinantes, dans lesquelles on se plonge avec un plaisir certain. J'ai toujours adoré le Bec dessinateur, et même si les dessins qu'il nous offre ici n'ont pas forcément la finesse de l'exceptionnel Sanctuaire avec ses fameux jeux d'ombres, ils n'en restent pas moins grandioses et somptueux. Chaque nouvelle image nous fait ressentir de nouveaux sentiments, de nouvelles émotions, et emmène notre âme toujours plus loin dans cette sombre odyssée en forme de flash-forwards. C'est le principal intérêt de cette "bande dessinée", qui nous propose par ailleurs une réflexion assez sommaire sur la fin du monde. Rien de très original ici, dans la post-apocalypse mise en scène par Bec. On a une évocation des traditionnelles guerres technologiques, d'une apocalypse classique qui fait passer brutalement l'Humanité de l'ère du high-tech à un quasi-retour au Moyen-Âge. Pour autant, on ne songerait à le reprocher à Bec, car on a bien compris qu'il ne cherche pas ici l'originalité. Tout ce qu'il souhaite faire, c'est nous émerveiller tout en nous racontant les sinistres événements d'une apocalypse inévitable, que l'on souhaiterait pourtant éviter à tout prix. Et là-dessus, le pari est réussi. Je m'en voudrais peut-être un jour d'avoir écrit cette phrase, mais j'ai pris un plaisir étrange et fascinant à me plonger dans cette post-apocalypse sombre et déshumanisée. Et finalement, n'est-ce pas là le but de cette grande oeuvre d'anticipation, de cette monumentale somme artistique ? N'est-ce pas là, peut-être, tout le paradoxe de l'Art ? Rendre l'horreur belle sur le papier pour la rendre moins désirable dans la réalité ? Car je me replongerai toujours avec un immense plaisir de cette magnifique oeuvre. Mais pour rien au monde, je ne souhaiterai y vivre un jour. Belle ambiguïté que Christophe Bec saisit à merveille pour nous révéler page après page, ce qu'il est ici plus que jamais. Un Artiste. Avec un très grand A.
Est-ce une bande dessinée ? Certes son auteur est un nom du 9ème art. Certes, l’éditeur édite principalement des bandes dessinées. Certes, il y a des passages de bandes dessinées dans ce recueil. Mais ce que propose ici Christophe Bec dépasse du cadre de la bande dessinée. C’est un recueil de récits employant des techniques variées allant de la littérature à la bande dessinée en passant par de fréquents assemblages de textes et d’illustrations (sans que l’on puisse parler de littérature ou de bande dessinées ni même de texte illustré puisque textes et illustrations n’ont souvent qu’un rapport lointain). Le résultat est étonnant… et séduisant. L’assemblage de ces récits parvient à créer une ambiance post-apocalyptique dramatique et lyrique. Bec parle de démesure dans sa préface et c’est clair que nous sommes dans l’excès en tout : le ton est excessivement dramatique, les illustrations sont excessivement grandes (parfois quatre pages format 252 x 340 sont nécessaires, évitez donc de lire cet album dans les transports en commun), les récits sont sinistres à l’extrême. Ceci dit, j’ai dévoré l’album alors même que ce qui nous est proposé comme histoire(s) est du déjà-vu sans grande originalité… mais la manière dont cet univers nous est présenté, ça, je n’avais encore jamais vu ! Inexistences n’est pas qu’une bande dessinée mais c’est indéniablement un bel objet grâce auquel Bec parvient à donner toute la démesure nécessaire à son univers. C’est juste dommage qu’il n’avait rien de plus original à nous raconter quant à ses personnages (en gros, vivre dans un univers post-apocalyptique c’est chiant, il fait froid, on a faim, on se massacre sans joie et on crève dans la souffrance, sinon chez moi ça va…) mais cet album mérite le coup d’œil pour l’originalité de sa conception. Alors non, pour moi, ce n’est pas une bande dessinée, mais je pense que le public le plus susceptible d’adhérer au concept devra aimer la bande dessinée. (Pour la note, comme d'hab' avec moi, "franchement bien" me semble excessif mais c'est mieux qu'un bête "pas mal". L'originalité du concept m'incite à accorder la note supérieure).
Attention OVNI. Cet Inexistences est un album sur lequel Christophe Bec a travaillé 5 ans, et le moins qu'on puisse dire c'est que le résultat est surprenant et spectaculaire. Il brise les codes de la BD conventionnelle et nous propose un album très grand format qui mêle BD évidemment, mais aussi textes, illustrations, peintures, et même une nouvelle... en effet le 4e chapitre est composé de pages de textes, agrémentées de quelques illustrations. Voilà donc un album qui sort totalement des sentiers battus. Mais l'originalité ne fait pas tout, il faut que cela soit au service de la qualité. En l'occurence ici graphiquement on est servi. Des pleines pages d'illustrations succèdent à d'autres pleines pages d'illustrations. Tout cela met en scène et en lumière un monde post apocalyptique ou règne la désolation. On y découvre des paysages montagneux et enneigés, on y respire un air glacial et on sent un environnement hostile. Visuellement c'est assez fort. Les cases sont vraiment grandes et on en prend pleins les yeux. Traditionnellement vous lisez des BDs qui se composent de cases 'standard', format gaufriers, et occasionnellement on a une illustration pleine page. Ici la proportion est inversée et les grandes illustrations sont prépondérantes. Il y a même quelques quadruples pages qui proposent des paysages grandioses. Pas grand chose à redire graphiquement, ce livre est un plaisir pour les yeux. Du coup, et c'est assez rare pour être souligné, l'histoire passe au second plan. On évolue dans cet univers post apocalyptique sans vraiment suivre une intrigue, ni un personnage principal, au début en tout cas. Les gens vivent en petits clans, ils ont oublié le passé, toutes les connaissances que les hommes avaient acquises sont perdues. On ne sait pas comment on en est arrivé là. C'est assez contemplatif, mais finalement Bec arrive à capter notre curiosité. Car après nous avoir planté le décor pendant des pages et des pages, on découvre qu'un enfant terré dans une montagne connaitrait l'origine de tout ça et se rappellerait du monde d'avant. Il n'en faut pas plus pour être happé par la suite du récit. Suite qui est assez onirique, mais tout autant saisissante que le reste. Inexistences est un album original et atypique, un pari éditorial, peut être risqué, mais à mon avis, un pari pleinement réussi.
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