Adieu Birkenau
Dans cet album bouleversant mis en images avec pudeur et puissance par Efa, Cesc et Roger, Ginette Kolinka fait le point entre son premier et son dernier passage dans " le plus grand cimetière du monde " avec ce mélange unique de force, d'humour et d'espoir qui la caractérise.
1939 - 1945 : La Seconde Guerre Mondiale Auteurs espagnols Ecole Supérieure des Arts Saint-Luc, Bruxelles Jean-David Morvan L'univers concentrationnaire nazi La BD au féminin Nazisme et Shoah Racisme, fascisme Témoignages
En avril 1944, à 19 ans Ginette Kolinka est déportée au camp d'extermination Auschwitz II-Birkenau. Elle n'en parle pas durant 50 ans, avant d'accepter d'être filmée pour la "Shoah Foundation", que Steven Spielberg vient de créer. À la grande surprise de la septuagénaire, les souvenirs enfouis rejaillissent. Elle se lance à corps perdu dans le témoignage. En octobre 2020, à 95 ans, elle permet à Victor Matet et Jean-David Morvan de l'accompagner lors d'un de ses voyages de groupe en Pologne, à l'issue duquel elle décide de ne plus jamais revenir.
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Date de parution | 27 Septembre 2023 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Le risque avec les témoignages sur la déportation, c’est de devenir un lecteur blasé, devenu insensible à l’horreur à force de l’avoir lue de multiples fois. Un sentiment presque naturel, contre lequel il faut évidemment lutter, tant cette horreur est inoubliable, et tant la parole des survivants aura bientôt besoin de la nôtre pour poursuivre ce travail de mémoire nécessaire, surtout quand on voit les révisionnistes de tous bords et les fachistes en tous genres qui se verraient bien recommencer : les « sous-races » sont toujours disponibles pour eux : Juifs, Tziganes ; Noirs ; Arabes (Palestiniens ou pas), etc. La construction de l’album est intéressante, mêlant deux époques : une Ginette Kolinka contemporaine, accompagne des collégiens sur les restes du camp de Birkenau, alors qu’elle nous narre en parallèle son histoire, de son arrestation durant la guerre jusqu’à sa déportation (à Auschwitz-Birkenau, puis dans d’autres camps en Allemagne, jusqu’à sa libération). L’alternance entre les deux époques est assez fluide, ne hache et ne gâche pas trop la lecture. Surtout que Ginette Kolinka (je pense que les auteurs n’ont ici rien inventé – je ne la connais pas) se révèle une personne espiègle, pleine d’humour, n’hésitant pas à blaguer, avec de l’humour noir parfois, avec les jeunes qu’elle côtoie. Ça rend les dialogues agréables, et on sourit avec elle autant qu’on souffre lorsqu’elle raconte la vie (ou plutôt la survie) dans Birkenau. Les nombreuses allusions à son fils et à son groupe (Téléphone) n’apportent pas grand-chose, mais bon. J’ai aussi bien aimé la volonté de Ginette Kolinka de ne parler que de ce qu’elle a vécu et ce dont elle a gardé le souvenir. Cette idée, que j’avais aussi vu lorsque j’avais à plusieurs reprises rencontré Marie-José Chombart de Lauwe, est intellectuellement très honorable. Et n’empêche pas de compléter ses connaissances par ailleurs, mais le témoignage s’en trouve conforté. Une belle personne, que la saleté nazie n’a pas réussi à abimer. Note réelle 3,5/5.
Encore un témoignage sur l'horreur des camps de concentration et je dois bien avouer qu'à force d'en avoir lus, j'ai l'impression de m'être fait une sorte de carapace d'insensibilité, ne me sentant plus spécialement touché alors que ce qui m'est raconté ne devrait jamais indifférer qui que ce soit. Cet album a cependant réussi à briser ma carapace. La personnalité de Ginette Kolinka et surtout la manière très naturelle avec laquelle elle raconte son histoire rendent les faits tellement terre à terre qu'ils deviennent encore plus impactants à mes yeux. Elle met le doigt sur plusieurs points qui m'auront parlé : son insouciance avant de réaliser ce qui l'attendait vraiment, sa déshumanisation progressive orchestrée par les nazis, son besoin de transmettre après une longue période durant laquelle elle n'a jamais voulu parler de ce qu'elle avait vécu. Le récit se construit sur deux époques, qui nous permettent de suivre Ginette Kolinka d'une part alors qu'elle accompagne un groupe de jeunes étudiants à Birkenau et d'autre part durant la guerre. Ces allers-retours permettent de visualiser l'horreur tout en mettant en évidence le besoin de transmettre de Ginette. Cette manière de procéder accentue l'aspect "témoignage" du récit tout en éclairant la personnalité de l'autrice. Le dessin ne m'aura pas entièrement séduit. J'aime bien tout ce qui concerne la représentation des personnages. J'aime aussi l'idée de ces ombres que l'on voit dans les camps. Par contre plusieurs décors m'ont vraiment déplu tant ils m'ont semblé photoshopés depuis une photographie. Le sujet n'est pas neuf et les récits de ce genre sont nombreux (ce n'est même pas la première fois que l'histoire de Ginette Kolinka est illustrée en bandes dessinées) mais j'ai trouvé cet album touchant et bien pensé. Pas mal quoi. Une oeuvre qui contribue à la conservation du souvenir de l'horreur que furent les camps de concentration nazis.
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