Adieu Birkenau

Note: 3.33/5
(3.33/5 pour 3 avis)

Dans cet album bouleversant mis en images avec pudeur et puissance par Efa, Cesc et Roger, Ginette Kolinka fait le point entre son premier et son dernier passage dans " le plus grand cimetière du monde " avec ce mélange unique de force, d'humour et d'espoir qui la caractérise.


1939 - 1945 : La Seconde Guerre Mondiale Auteurs espagnols Ecole Supérieure des Arts Saint-Luc, Bruxelles Jean-David Morvan L'univers concentrationnaire nazi La BD au féminin Nazisme et Shoah Racisme, fascisme Témoignages

En avril 1944, à 19 ans Ginette Kolinka est déportée au camp d'extermination Auschwitz II-Birkenau. Elle n'en parle pas durant 50 ans, avant d'accepter d'être filmée pour la "Shoah Foundation", que Steven Spielberg vient de créer. À la grande surprise de la septuagénaire, les souvenirs enfouis rejaillissent. Elle se lance à corps perdu dans le témoignage. En octobre 2020, à 95 ans, elle permet à Victor Matet et Jean-David Morvan de l'accompagner lors d'un de ses voyages de groupe en Pologne, à l'issue duquel elle décide de ne plus jamais revenir.

Scénario
Dessin
Cesc - Efa
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 27 Septembre 2023
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Adieu Birkenau © Albin Michel 2023
Les notes
Note: 3.33/5
(3.33/5 pour 3 avis)
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13/12/2023 | Mac Arthur
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Par Ro
Note: 3/5
L'avatar du posteur Ro

Enième témoignage en BD de survivant de la Shoah, j'avoue avoir fait pas mal le tour de la chose, aussi terrible soit-elle. Ce qui m'a plu dans celle-ci c'est le côté enjoué et plein de vie de la narratrice qui change des mutiques et colériques témoins auxquels je suis plus habitué, que ce soit par exemple le père dans Maus ou la majorité des témoins de Les Mémoires de la Shoah pour une lecture plus récente. Les auteurs et Ginette elle-même la présentent comme une jeune femme naïve, optimiste et souriante avant le drame, et par bonheur elle a visiblement réussi à le redevenir après lui. Cette joie de vivre et son apparence potelée et rayonnante apportent le juste contraste avec son état physique et mental à la sortie des camps, et en même temps la touche d'espoir montrant que certains arrivent à surmonter l'horreur et à retrouver le goût de vivre plus tard. Sur la forme, le dessin est plutôt agréable, en particulier justement pour ce physique qu'il sait donner à ses personnages. Le rythme est bon et ne s'appesantit pas trop sur le pathos pour ne rester que sur les faits. Toutefois, j'ai aussi trouvé que le passage dans les camps était traité de manière un peu superficiel, avec des non-dits qui ne permettaient pas forcément de comprendre bien tout ce qu'il s'y passait. Cela vient probablement du fait qu'on n'y voit que ce que l'héroïne a pu y voir et s'en souvenir, donc sans forcément une vue d'ensemble claire, mais en même temps j'ai eu l'impression que certaines informations n'étaient pas vraiment transmises. On y voit par exemple sur la fin des gens mourir lors des transports et dans le train, comme si ça arrivait comme ça, soudainement, et sans la lente explication de l'horreur qu'ils ont subie et pourquoi ils sont morts. Parmi les BD sur la Shoah que j'ai pu lire, celle-ci est l'une des plus humaines grâce au charisme de sa narratrice et héroïne. Mais elle m'a transmis un peu moins d'informations et d'émotions que d'autres lectures préalables.

07/02/2025 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Le risque avec les témoignages sur la déportation, c’est de devenir un lecteur blasé, devenu insensible à l’horreur à force de l’avoir lue de multiples fois. Un sentiment presque naturel, contre lequel il faut évidemment lutter, tant cette horreur est inoubliable, et tant la parole des survivants aura bientôt besoin de la nôtre pour poursuivre ce travail de mémoire nécessaire, surtout quand on voit les révisionnistes de tous bords et les fachistes en tous genres qui se verraient bien recommencer : les « sous-races » sont toujours disponibles pour eux : Juifs, Tziganes ; Noirs ; Arabes (Palestiniens ou pas), etc. La construction de l’album est intéressante, mêlant deux époques : une Ginette Kolinka contemporaine, accompagne des collégiens sur les restes du camp de Birkenau, alors qu’elle nous narre en parallèle son histoire, de son arrestation durant la guerre jusqu’à sa déportation (à Auschwitz-Birkenau, puis dans d’autres camps en Allemagne, jusqu’à sa libération). L’alternance entre les deux époques est assez fluide, ne hache et ne gâche pas trop la lecture. Surtout que Ginette Kolinka (je pense que les auteurs n’ont ici rien inventé – je ne la connais pas) se révèle une personne espiègle, pleine d’humour, n’hésitant pas à blaguer, avec de l’humour noir parfois, avec les jeunes qu’elle côtoie. Ça rend les dialogues agréables, et on sourit avec elle autant qu’on souffre lorsqu’elle raconte la vie (ou plutôt la survie) dans Birkenau. Les nombreuses allusions à son fils et à son groupe (Téléphone) n’apportent pas grand-chose, mais bon. J’ai aussi bien aimé la volonté de Ginette Kolinka de ne parler que de ce qu’elle a vécu et ce dont elle a gardé le souvenir. Cette idée, que j’avais aussi vu lorsque j’avais à plusieurs reprises rencontré Marie-José Chombart de Lauwe, est intellectuellement très honorable. Et n’empêche pas de compléter ses connaissances par ailleurs, mais le témoignage s’en trouve conforté. Une belle personne, que la saleté nazie n’a pas réussi à abimer. Note réelle 3,5/5.

12/08/2024 (modifier)
L'avatar du posteur Mac Arthur

Encore un témoignage sur l'horreur des camps de concentration et je dois bien avouer qu'à force d'en avoir lus, j'ai l'impression de m'être fait une sorte de carapace d'insensibilité, ne me sentant plus spécialement touché alors que ce qui m'est raconté ne devrait jamais indifférer qui que ce soit. Cet album a cependant réussi à briser ma carapace. La personnalité de Ginette Kolinka et surtout la manière très naturelle avec laquelle elle raconte son histoire rendent les faits tellement terre à terre qu'ils deviennent encore plus impactants à mes yeux. Elle met le doigt sur plusieurs points qui m'auront parlé : son insouciance avant de réaliser ce qui l'attendait vraiment, sa déshumanisation progressive orchestrée par les nazis, son besoin de transmettre après une longue période durant laquelle elle n'a jamais voulu parler de ce qu'elle avait vécu. Le récit se construit sur deux époques, qui nous permettent de suivre Ginette Kolinka d'une part alors qu'elle accompagne un groupe de jeunes étudiants à Birkenau et d'autre part durant la guerre. Ces allers-retours permettent de visualiser l'horreur tout en mettant en évidence le besoin de transmettre de Ginette. Cette manière de procéder accentue l'aspect "témoignage" du récit tout en éclairant la personnalité de l'autrice. Le dessin ne m'aura pas entièrement séduit. J'aime bien tout ce qui concerne la représentation des personnages. J'aime aussi l'idée de ces ombres que l'on voit dans les camps. Par contre plusieurs décors m'ont vraiment déplu tant ils m'ont semblé photoshopés depuis une photographie. Le sujet n'est pas neuf et les récits de ce genre sont nombreux (ce n'est même pas la première fois que l'histoire de Ginette Kolinka est illustrée en bandes dessinées) mais j'ai trouvé cet album touchant et bien pensé. Pas mal quoi. Une oeuvre qui contribue à la conservation du souvenir de l'horreur que furent les camps de concentration nazis.

13/12/2023 (modifier)