Big Black - Stand at Attica
Été 1971, la prison d'état Attica, dans l'État de New York, représente toutes les fractures de l'Amérique. Les conditions de détention sont épouvantables, les prisonniers maltraités, nombre d'entre eux subissent le racisme des gardiens, les injustices frappant les plus faibles sont ignorées par la direction. Mais au lendemain de la mort de l'un des détenus, tué par un gardien, les prisonniers excédés se révoltent et exigent des conditions de détention plus humaines.
1961 - 1989 : Jusqu'à la fin de la Guerre Froide Documentaires New York Prisons Racisme, fascisme
Frank Smith, alias Big Black, connaît bien les faits qui sont décrits dans cet album puisqu'il était l'un des prisonniers d'Attica en 1971. Avec l'aide du scénariste Jared Reinmuth, il a raconté ses efforts pour protéger à la fois les otages, les prisonniers et les négociateurs lors de la mutinerie qui a opposé les détenus du centre correctionnel à l'ambitieux et inflexible gouverneur Nelson Rockefeller. Il n'aura pas l'occasion de connaître cette adaptation puisque Big Black est mort d'un cancer avant la parution du récit.
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Date de parution | 08 Septembre 2021 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
C’est un témoignage très factuel, assez froid, clinique, tout ceci étant la force, et sans doute la faiblesse de cet album. Mais il décrit un événement et une situation scandaleux, mais représentatifs de l’univers carcéral américain des années 1970. En effet, j’avais lu Panthers in the hole il y a quelques temps, et il y a de fortes similitudes dans le traitement inhumain et raciste des détenus noirs dans les prisons américaines, avec d’énormes abus de pouvoir, et une vision des « droits de l’homme » plus que cynique (voir ici les actions et propos du gouverneur Rockefeller, pétri de préjugés racistes et de classe, qui pense uniquement à son éventuelle nomination comme vice-président – on ne parle pas de Nixon…). Bâti autour du témoignage d’un des principaux protagonistes, cet album commence par montrer les traitements racistes, sadiques, subis par les détenus du pénitencier d’Attica (près de New-York), puis comment cette poudrière s’est brusquement enflammée, suite à un événement finalement quelconque. Et surtout on nous montre la réaction disproportionnée de l’armée, qui a froidement abattu – dans ce qui s’apparente quand même à du tir au pigeons ou, comme certaines victimes l’ont signalé, à une « chasse aux nègres » – plusieurs dizaines de détenus, mais aussi de matons otages. Tous abattus froidement, d’une balle dans la tête, voire de plusieurs dans le dos, dans une violence d’autant plus hallucinante que les détenus avaient réussi à calmer les plus excités d’entre eux et gardaient les otages dans des conditions très sereines. La suite est classique, puisque, à la suite de témoignages farfelus de matons racistes (et Blancs), dirigeants politiques (Blancs) et médias vont justifier cette tuerie en en masquant le bilan, et en accusant les détenus révoltés d’actes de barbarie imaginaires. Heureusement, quelques médecins et avocats intègres vont in-extremis parvenir à sauvegarder quelques preuves, et mener ensuite un long combat de plusieurs dizaines d’années pour obtenir vérité et « réparations » (difficiles pour les morts, mais aussi ceux qui ont survécu et qui, comme Frank Smith, ont été par la suite torturés). Je ne suis pas forcément fan du dessin d’Ameziane, mais il fait le boulot, et c’est très lisible. Le récit manque peut-être de souffle romanesque. Mais ça n'était pas son but, et ce témoignage glaçant est à lire. En plus de l’album cité plus haut, j’ai aussi pensé en le lisant à Kent State, quatre morts dans l'Ohio. Tous ces témoignages et documentaires montrent comment un pays prétendument démocratique traitait ses « opposants » (ou « parias ») dans les années 1970. On ne voit pas trop de différences avec certaines dictatures (et on voit bien le prolongement avec les dictatures sud-américaines soutenues par les États-Unis à la même époque). Si la situation a heureusement évolué, la violence et le racisme (qui s’ajoute aux préjugés de classe) frappent encore durement les systèmes judiciaires et carcéraux américains (de nombreuses affaires le rappellent encore récemment – voire le mouvement « Black lives matter »). Un témoignage/documentaire dur, mais à lire.
2.5 Un one-shot qui parle d'un événement que je ne connaissais pas: en 1971 une émeute éclate dans une prison peuplée majoritairement par des noirs qui en ont marre du traitement violent et raciste qu'ils subissent. Comme on est dans l'Amérique de Nixon, c'est la force et la répression qui règne et le gouverneur Nelson Rockefeller va ordonner l'assaut de la prison, causant plusieurs morts, incluant des otages que les forces de l’ordre étaient censées sauver. On suit les événements à partir du témoignage d'un des meneurs de la révolte des prisonniers. On va donc voir les dérives d'un système qui préfère la répression et punir au lieu d'aider à la réinsertion et qui est en plus dominé par des racistes qui n'aiment pas les noirs. Si on connait un peu l'histoire des États-Unis et qu'on est un peu politisé, on ne risque pas d'apprendre grand chose sur ce que subissent les noirs, mais cela reste un événement intéressant à découvrir. Malheureusement, je n'ai pas trop aimé le dessin d'Amazing Améziane sur cette BD. Le style réaliste est trop froid pour moi et la mise en scène n’est pas très fluide par moment. Du coup, même si le sujet est intéressant, je n'ai pas été très passionné par le résultat final. Cela se laisse lire, mais c'est pas un immanquable.
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