Klaus Barbie - La Route du rat

Note: 4.5/5
(4.5/5 pour 2 avis)

La route du rat retrace le parcours de vie de Klaus Barbie - surnommé le boucher de Lyon pendant la Seconde Guerre Mondiale . Une vie au service du Mal et un procès pour l'Histoire.


1939 - 1945 : La Seconde Guerre Mondiale Biographies Nazisme et Shoah

Responsable de la mort de centaines de Juifs et de résistants, le SS Klaus Barbie, chef de la Gestapo de Lyon, échappe à la justice à la fin de la Seconde Guerre mondiale en fuyant en Bolivie après avoir été "récupéré" par les services secrets américains. Après une impunité de plus de trois décennies, la tenacité des époux Klarsfeld conduira le tortionnaire et bourreau à répondre de ses actes devant ses victimes et devant l'Histoire.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 13 Mai 2022
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Klaus Barbie - La Route du rat © Urban Comics 2022
Les notes
Note: 4.5/5
(4.5/5 pour 2 avis)
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13/01/2024 | bamiléké
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L'avatar du posteur Noirdésir

C’est l’histoire d’un salaud, d’une ordure, que nous proposent les auteurs. Mais c’est aussi la parole donnée à certaines de ses victimes. C’est aussi, en creux, la mise en lumière de tous les complices cyniques qui après la guerre lui ont fourni planque et filière d’évasion, mais surtout qui ont continué à utiliser ses services de bourreau. On pense évidemment aux dictatures sud-américaines (il s’était refait une « virginité » auprès du dictateur bolivien), mais aussi aux occidentaux, Américains en tête, dont les valeurs démocratiques affirmées semblent avoir pu cohabiter avec ce type de personnage, dès lors qu’il pouvait s’avérer utile dans la lutte contre le « communisme ». On ne peut oublier non plus la France de De Gaulle, qui a tôt voulu faire oublier la collaboration, pour remettre le pays en marche, pour consolider l’idée d’une France éternelle et résistante. Mais l’obstination de certains (époux Klarsfeld en tête), appuyé par le travail de beaucoup (voir le reportage de De Hoyos) ont permis, même très – trop ? – tardivement que Barbie soit jugé, certaines des victimes ayant survécu ayant ainsi pu atténuer leur douleur. La narration est très claire et agréable. Comme l’est le dessin d’ailleurs, à la fois réaliste et fouillé pour les détails, et épuré pour les décors et arrière-plans, ce qui nous permet de nous concentrer sur l’essentiel. C’est aussi un propos très documenté, factuel – tellement d’ailleurs que le dossier final, bien fichu, paraît parfois redondant. Une lecture très intéressante, et un album très bien construit.

20/01/2024 (modifier)
L'avatar du posteur bamiléké

C'est le genre de lecture que j'aimerais ne pas faire tellement Brrémaud nous introduit dans le plus noir de l'homme. Il y a de très nombreux ouvrages traitant de cette période gestapiste avec un habillage plus ou moins de fictions. Pour n'en citer que deux le très vanté Il était une fois en France de Fabien Nury où la fiction l'emporte de beaucoup sur l'Histoire malgré un bon travail documentaire, ou le remarquable Madeleine, résistante bien plus proche d'un récit historique mais vu du côté des gentils. La gageure à laquelle est confrontée Brrémaud est de centrer le récit sur "le boucher de Lyon" au risque d'y mettre une lumière et une fascination morbide qui l'humanise trop au dépend de ses victimes. C'est vrai pour toutes les biographies des pires assassins. Pour éviter cet écueil les auteurs choisissent un ouvrage au format de documentaire historique à la lecture exigeante. Comme l'indique la quatrième de couverture l'ouvrage est destiné aux "lecteurs avertis". Les dialogues sont quasi absents de l'ouvrage et la parole est laissée dans la troisième partie, celle du procès, aux victimes du tortionnaire sadique. C'est une prouesse de l'auteur que de m'avoir captivé avec un texte off en continu, relatant des faits avérés souvent proche de l'insoutenable. Brrémaud n'a pas à inventer des ressors dramatiques, le drame est présent du début à la fin sans aucun répit. J'ai lu l'ouvrage en deux fois. Certains passages donnent presque la nausée et interrogent sur la justice quand on lit le parcours du gestapiste après le conflit. L'ouvrage est partagé en trois périodes, Lyon, la Bolivie et le procès. Brrémaud ne juge pas, il laisse l'Histoire parler, il laisse même la parole aux défenseurs de l'accusé. Jean-Claude Bauer propose un graphisme qui convient bien au didactisme du récit. Ses cases sont réalistes dans les personnages, les décors et les situations. Il utilise un crayon fin qui rappelle le croquis des portraits d'audience pour être le plus précis possible. L'auteur évite les fioritures et le sensationnalisme ou le voyeurisme morbide. La torture, les enfants déportés ne sont qu'entrevus mais cela n'amoindrit pas la force suggestive du visuel, au contraire. Une lecture forte et souvent dérangeante qui donne toute sa place à la réalité historique.

13/01/2024 (modifier)