Cocon (Cocoon)
La guerre du pacifique vue de l'intérieur...
La BD au féminin : le manga Les petits éditeurs indépendants [Seconde Guerre mondiale] La Guerre du Pacifique et le conflit sino-japonais
Cocon dépeint la lutte pour la survie d’un groupe directement inspiré de l’escadron Himeyuri composé de jeunes filles enrôlées comme infirmières à Okinawa pendant la Seconde Guerre mondiale. Ces jeunes filles voient leur quotidien d’écolières, déjà chamboulé par la guerre, complètement anéanti lorsque leur travail en tant qu’infirmières commence. L’histoire est centrée sur le personnage de San, entre l’horreur de son quotidien et l’apaisement que lui procurent ses souvenirs des jours de paix relative.
Scénario | |
Dessin | |
Traduction | |
Editeur
|
|
Genre
/
Public
/
Type
|
|
Date de parution | 19 Janvier 2024 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Etrange album, qui se révèle bien plus noir et désespéré que ne laisserait penser la couverture – voire le dessin à l’intérieur. L’histoire se passe sur l’île japonaise d’Okinawa, dans les derniers mois de la guerre, alors que les bombes américaines pleuvent et que le Japon plie. Nous suivons un groupe de jeunes filles, des écolières recrutées pour s’occuper de blessés, dans une grotte. Le trait de Kyô est très fin, léger, avec un travail à l’aquarelle et des décors presque escamotés – comme le sont les hommes, les soldats, réduits à de simples ombres blanches sans visage. Et c’est avec cette fragilité affirmée que se développe une histoire d’une grande tristesse, puisque la mort emporte une à une les filles – qui sont d’ailleurs entourées de cadavres et de mourants (alors que l’armée japonaise encourage les suicides pour ne pas tomber entre les mains des envahisseurs américains (certaines gamines se suicident avec des grenades, on empoisonne les blessés intransportables, etc.). C’est assez glauque, même si sur la fin un peu d’air apparait et l’espoir renaît – pour les très rares survivants. Ça n’a sans doute pas la force du Tombeau des lucioles, mais c’est quand même assez déprimant.
Voila un récit bien sordide dont je ne suis pas sur d'être sorti indemne. Les premières planches commencent comme un manga féminin classique, des jeunes femmes qui vivent leurs petites vies dans une école et parlent entre elle de ce qu'elles feront ensuite. L'ensemble est rehaussé par le dessin mignon et très typé pour jeune fille. La violence vient rapidement, déjà dans l'endoctrinement de ces jeunes filles qui récitent la litanie de leur victoire prochaine. Puis arrive l’hôpital ... Et là c'est glauque. La mort, les blessures, le sang, la violence. Le tout devient vite glauque et le côté mignon s'efface sans aucune retenue. Il y a des scènes gore et franchement glauques, et une sombre réalité qui se déverse sur ses jeunes filles bien loin de la réalité de la guerre. Honnêtement, c'est sombre presque désespéré mais surprenant. On sent que l'autrice veut transmettre une idée de ce que peut être la guerre, bien loin des clichés hollywoodiens que l'on a souvent. Cela dit, je trouve qu'il manque une petite touche supplémentaire au récit. La métamorphose du ver à soie est assez faible en terme de narration au final, et l'image du cocon (certes en décalage complet avec la réalité) ne m'a pas spécialement transporté. La BD reste dure à lire mais elle est étonnamment surprenante, le ton est volontairement décalé entre le dessin et le propos, il y a de belles idées dans la narration mais pour ma part j'aurais du mal à le relire.
Pendant la Guerre du Pacifique, l'ensemble de la société japonaise a été mobilisée pour soutenir l'effort de guerre. C'est ainsi que des écolières d'Okinawa, ce petit archipel au sud des îles principales du Japon, se sont retrouvées auxiliaires médicales dans les hôpitaux de campagne de l'armée impériale. Un bouleversement déjà important, qui a basculé définitivement quand les bombardements de l'armée américaine se sont intensifiés et que les blessés ont continué à affluer, sans moyens pour les soigner. C'est l'histoire -en partie fictive- de deux d'entre elles, Mayu et San, qu'a choisi de raconter la mangaka Machiko Kyô, en prenant leur point de vue. Ces adolescentes, qui un mois précédent, jouaient encore à la poupée (ou à des jeux équivalent), se retrouvent au milieu de l'horreur. Obligées de transporter des membres coupés pour arrêter les hémorragies ou la septicémie, de balancer des corps sans vie dans une fosse à l'intérieur de la grotte où est installé leur hôpital, de courir pour aller chercher de la nourriture ou des médicaments, les privations qui arrivent rapidement... C'est une vision sans concession d'un conflit qui nous est livré, jusqu'à l'inexorable, mais aussi la vie d'après. Il y a aussi une dimension onirique, lorsque San se remémore sa vie d'écolière, qui se superpose par moments avec la réalité du monde présent. Au-delà de la chronique historique, sans précision autre que la localisation à Okinawa, c'est aussi une chronique sociale basée sur différentes anecdotes que l'autrice a pu rassembler qui nous est livrée. Son trait fin, aéré, presque seulement esquissé, contraste avec la brutalité des faits, et le fait d'avoir transformé les hommes en silhouettes blanches en dit long sur la symbolique qu'a voulu installer Machiko Kyô, qui en dit quelques mots en postface. C'est glaçant.
Site réalisé avec CodeIgniter, jQuery, Bootstrap, fancyBox, Open Iconic, typeahead.js, Google Charts, Google Maps, echo
Copyright © 2001 - 2024 BDTheque | Contact | Les cookies sur le site | Les stats du site