Mister X. (The Return Of Mister X.)
Presque polar à l'ambiance futuriste, et dont le dessin volontairement très simplifié mais rigoureusement juste invite à une lecture facile, Mister X offre un excellent moment de détente de grande qualité au pays des Comics inspirés. Humour, action et originalité sont au rendez-vous de cette enquête particulièrement ludique au sein d'un univers peuplé de personnages plus vrais que nature.
Les petits éditeurs indépendants Utopies, Dystopies
Un inquiétant et mystérieux individu réapparait à Radiant City, fabuleuse ville futuriste sensée être l'idéal urbain de l'homme moderne mais qui, visiblement, ne convient pas à tout le monde : psychoses et perversions de l'âme y semblent monnaie courante. Mais Mister X, coincé entre conquêtes involontaires, ex-épouse irrésistible plus un malfrat jaloux, un assassin machiavélique et quelques robots belliqueux (!) est déterminé à "réparer" -littéralement !- la cité avec laquelle il entretient (ou a entretenu...?!) des liens manifestement très étroits...
Scénario | |
Dessin | |
Couleurs | |
Editeur
/
Collection
|
|
Genre
/
Public
/
Type
|
|
Date de parution | Octobre 1986 |
Statut histoire | Série terminée (Première série originale (V.O. en Anglais)composée de quatorze épisodes.) 1 tome paru |
Les avis
L'influence subliminale de l'architecture - Ce tome regroupe les épisodes 1 à 4 de la première série, initialement parus en 1984/1985. Il s'agit d'un concept créé par Dean Motter, développé par Motter et Paul Rivoche, ces 4 épisodes ayant été écrits et dessinés par Gilbert Hernandez, avec l'aide de son frère Mario Hernandez pour le scénario, mis en couleurs par Paul Rivoche et Klaus Schönefeld, et publiés par un éditeur indépendant Vortex Comics. Ces épisodes ont été réédités dans Mister X Archives (en VO, les 14 épisodes de la première série). La deuxième série a été rééditée dans The brides of Mister X, and other stories (en VO). Un dessin pleine page occupe la première page : Mister X soulève un plaque d'égout pour en sortir dans une rue de Radiant City. Épisodes 1 & 2 - Arnold Zamora est à la tête d'un réseau de clubs et de boîtes. Il a acquis sa position sociale grâce à des affaires louches et criminelles. Un soir alors qu'il survole la cité à bord de sa voiture volante pour épater Patrice (une femme, sa conquête du moment), il aperçoit fugitivement Mister X dans sa chambre en train de farfouiller dans son coffre fort mural. Il demande la tête de Mister X à ses hommes de main. Épisodes 3 & 4 - Alors que Mister X loge dans l'appartement de Mercedes, l'une de ses expériences pour rétablir l'équilibre dans l'architecture de la cité explose, le blessant. Alors qu'il est opéré à l'hôpital, les femmes de sa vie évoquent son passé. Il s'agit de Consuela (son ex-épouse, divorcée), Mercedes (la jeune femme qui l'accueille dans son appartement) et Katsuda (actuellement officier de police, ex-conseillère juridique de Mister X). Il est question du suicide de Simon Myers son ancien associé et de L.Z. Reinhart qui fut l'associé de Myers, après Mister X. Une petite vérification sur une encyclopédie en ligne permet de confirmer que la genèse de cette série originale est bien le fait de Dean Motter, aidé par Paul Rivoche. Motter a établi les bases des scénarios de ces épisodes, et l'histoire a été réalisée par Gilbert Hernandez. Ce dernier avait déjà commencé sa longue carrière de scénariste / dessinateur sur la série Love & Rockets coté Palomar (à commencer par Heartbreak Soup). Il a donc accepté de collaborer avec Dean Motter pour que Mister X puisse exister sur le papier et atteindre les lecteurs. La première page donne l'impression au lecteur, d'un dessin encore un peu amateur, tirant vers le symbolisme, avec la silhouette des gratte-ciels en arrière plan, presqu'abstraites, et le visage dépassant de Mister X, émergeant de la descente d'égout, avec un demi cercle parfait pour le crâne chauve, des lunettes noires parfaitement rondes et noires, reflétant la silhouette des immeubles. La séquence suivante met en scène des personnages normaux en civils, plutôt agréables à regarder du fait d'une approche réaliste et épurée, avec des traits simples, efficaces et faciles à lire. Patrice (la compagne de Zamora) respire la joie de vire et son entrain est communicatif. Zamora est représenté comme un homme normal d'une cinquantaine d'années, élégant sans être ostentatoire. Tout au long de ces 4 épisodes, Hernandez crée des morphologies variées pour chaque individu, ainsi que des formes de visages (et des coiffures différentes). Les expressions des visages couvrent une large gamme de nuances, avec des gens capables de sourire, et une ou deux exagérations comiques peu fréquentes. En ce qui concerne les décors et l'environnement, Hernandez s'en tient aux consignes de Motter qui définissent le cadre de la série. Il y a une forme de science-fiction simplifiée, d'un âge d'or des années 1950. L'important n'est pas dans les détails, mais dans une forme d'évidence intemporelle, presque rétrofuturiste. Ainsi les voitures volantes présentent de belles formes simples arrondies. Les robots sont massifs et dépourvus de toute forme de sophistication. Il y a des trucs qui volent dans le ciel au dessus des tours, mais qui restent indistincts. Pour le reste, le monde de demain ressemble au notre, avec de belles toilettes élégantes pour ces dames (très séduisantes, sous la plume d'Hernandez, sans être aguicheuses). De temps à autre, le lecteur détecte un élément humoristique visuel au détour d'une case, relevant souvent du registre de l'humour noir. C'est ainsi qu'il est possible d'apercevoir une minuscule silhouette noire tombant dans le vide signalant un suicide, ou une voiture volante encastrée dans un mur, en haut d'une case. Alors que Mister X navigue entre les invités d'une soirée, son hôtesse lui présente Luba (de la série "Love & Rockets" de Gilbert Hernandez). Gilbert Hernandez transcrit fidèlement les 2 composantes majeures voulues par Motter : une science-fiction au relent rétro, et une enquête rendant hommage aux polars. L'enjeu des 2 premiers épisodes est de savoir comment Mister X se débarrassera des sbires d'Arnold Zamora, les 2 suivants permettent de découvrir l'histoire de la conception et de la construction de Radiant City. Cette ville constitue l'aboutissement d'une expérience ratée. Au départ, Simon Myers et Walter Eichmann (2 architectes) souhaitaient construire une ville nouvelle, sur la base d'une architecture ayant une influence bénéfique sur l'état d'esprit de ses habitants. En particulier, Eichmann avait développé le concept de psychétecture (contraction de psyché + architecture), des aménagements capables d'influencer le psychisme des individus. Suite à un concours de circonstances complexe, les plans d'Eichmann n'ont pas été réalisés comme prévus, et le résultat à des conséquences néfastes plutôt que bénéfiques. Motter et Hernandez arrivent à combiner la présentation et le développement des personnages (de Mister X aux 3 femmes l'entourant, Consuelo, Mercedes et Patrice, en passant par des petites touches sympathiques pour les personnages secondaires comme les hommes de main Canelo et René), avec l'exposé de l'histoire de la conception de Radiant City, sur la base d'une intrigue de roman noir (trahison, amour contrarié, meurtre), sans oublier quelques bizarreries (comme le fait que Mister X ne dort plus, il se vante d'en être à son soixante-dixième jour consécutif sans sommeil). Sous des dehors de dessins gentils et inoffensifs et de science-fiction superficielle et naïve, ce premier tome développe un environnement riche et original, avec une intrigue bien fournie dont la noirceur sous-jacente s'apparente à celle d'un polar, mais sans jamais devenir la composante principale. Des années plus tard, Dean Motter réalisera plusieurs histoires en tant que scénariste et dessinateur, à commencer par Condemned (2009).
Avec comme point de départ l'idée très originale d'une ville "malade", psychologiquement nocive pour ses habitants à cause des impératifs économiques qui ont présidé à sa construction (!), Dean Motter, Paul Rivoche, Gilbert, Mario et Jaime Hernandez (ce dernier au dessin, stylistiquement guidé par Rivoche) ont, en quatre épisodes, troussé un quasi-thriller très dynamique -et amusant !- où l'on suit les tribulations assez désordonnées d'un héros franchement dépassé par la tournure des évènements, mais déterminé à tenter de sauver ce qui peut l'être de cette utopie de béton et de technologie. Rebondissant (littéralement !) d'une rencontre à une autre -chaque intervenant très brillamment défini ET par les dialogues Et par le graphisme prodigieusement alerte et maitrisé de Jaime Hernandez !-, Mister X, usant de moyens bluffants de nouveauté et d'inventivité (!!), parvient à nous tenir en haleine jusqu'à la fin de cet arc, qui mêle très harmonieusement l'ambiance Polar des années trente avec l'esthétique S.F. des Pulps des années cinquante (entre autres...) pour, finalement, un rendu pas mal Eighties, "BDéistiquement" parlant. Seulement quatre épisodes traduis et réunis sous la forme d'un album assez luxueux : la couverture de Rivoche est magnifique. Mais les choix scénaristiques de Dean Motter (ainsi que les tentatives d'imitation maladroites du successeur de Jaime Hernandez, forcément vouées au "moins bien") pour les suites non traduites, trahissent tellement le script original qu'on peut largement se contenter de ces débuts brillantissimes... Au choix. Jaime Hernandez, comme d'habitude, est extraordinaire d'aisance ; et ses coups de crayons/pinceaux, pleins de retenue, de précision et de rigueur graphique (proportions, profondeur, perspectives, Etc...), offrent au récit un allant qui frôle une ambiance "Cartoon", pleine d'énergie et d'efficacité dans sa "simplicité". Le moindre anonyme qui passe est arbitrairement très "relooké" et l'ambiance générale de Radiant City s'apparente à un "clip-vidéo" des années quatre-vingt : la musique de l'époque semble rythmer les cases -découpage classique mais mise en scène, angles de vue et ellipses parfaitement orchestrés- et le mix général de l'ensemble finit par former un tout très cohérent -et, encore une fois, très dynamique. La colorisation (Rivoche) semble faite au feutres (j'en ai eu, des comme ça : pour designers...) et, pour complémentaire qu'elle soit du style graphique employé et de l'ambiance voulue par l'histoire, elle pourra rebuter certains. Étant donné le réel soucis esthétique des créateurs pour leur sujet, je trouve qu'elle se justifie par son parti-pris Coloriage : la ville, stylisée à l'extrême par ses forts contrastes ombres/lumières -mais pas forcément très jolie-jolie !- bénéficie ainsi d'un éclairage qui accentue son côté décors de théâtre. Une BD au sujet résolument unique et qu'on relit toujours avec plaisir ; et dont le ton général force la sympathie tant la caractérisation des personnages est réussie. De "l'affective" Mercedes à l'inflexible Katsuda, en passant par l'impitoyable Zamora et sa jalousie possessive envers l'immature Patrice ; ou bien encore la superbe Consuelo et jusqu'au si torturé héros de l'histoire, chacun d'entre eux participe avec beaucoup de bonheur à un ballet finalement pas mal Soap et assez magistralement réglé : la justesse de leurs relations interpersonnelles, ainsi que des dialogues particulièrement bien écrits, ajoutent encore à la profondeur de l'histoire. Témoignage talentueux d'une époque riche d'idées très "neuves" dans l'univers des Comic-Books.
Site réalisé avec CodeIgniter, jQuery, Bootstrap, fancyBox, Open Iconic, typeahead.js, Google Charts, Google Maps, echo
Copyright © 2001 - 2024 BDTheque | Contact | Les cookies sur le site | Les stats du site