Les Petites Reines
Angoulême 2024 - Prix spécial jury jeunesse La revanche des boudins !
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À cause de leur physique ingrat, Mireille, Astrid et Hakima ont gagné le « concours de boudins » de leur collège de Bourg-en-Bresse. Les trois découvrent alors que leurs destins s’entrecroisent en une date et un lieu précis : Paris, l’Élysée, le 14 juillet. L’été des « trois Boudins » est donc tout tracé : destination la fameuse garden-party de l’Élysée !!! Et tant qu’à monter à Paris, autant le faire à vélo – comme vendeuses ambulantes de boudin, tiens ! Ce qu’elles n’avaient pas prévu, c’est que leur périple attire l’attention des médias… jusqu’à ce qu’elles deviennent célèbres !!! Entre galères, disputes, rigolades et remises en question, les trois filles dévalent les routes de France, dévorent ses fromages, s’invitent dans ses châteaux et ses bals, au fil de leur odyssée. En vie, vraiment.
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Date de parution | 04 Octobre 2023 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Oh, c'est génial comme BD ça ! Une BD inspirante pour des jeunes filles qui sont victimes de harcèlement sur leur physique, inspirant et surtout riches en sujet pour des jeunes qui la liront ! C'est avant tout le récit de trois jeunes femmes qui sont élues "boudin de l'année" par un type au collège qui est clairement décrit comme un connard, et qui décident de voyager jusqu'à Paris, chacune pour une autre raison. Si le début du récit est bien fait et que le début du trajet m'a intéressé de loin, bien vite j'ai été plus pris au jeu que je ne pensais parce que les autrices ont décidées de mettre en scène divers sujets qui sont d'actualités, liés à ce voyage et plutôt pertinent. En vrac, j'ai trouvé la question du féminisme, l'apprentissage de la philo, la mise en perspective d'internet et de la vraie vie (vraiment bien retranscrit) et surtout un apprentissage de la maturité, les jeunes filles découvrant que leurs belles idées de ce qu'il se passerait une fois arrivé peut être mis à mal face à la réalité. Les gens ne se comportent pas tous comme on s'y attendait, et c'est tant mieux. Parce qu'avec la distance et la méconnaissance, on peut être amené à faire des choses qu'on regrettera ensuite ! Et internet est un bon exemple de ce que les gens peuvent devenir lorsqu'il n'y a plus de conséquences directes. Le tout est servi par le dessin mignon et coloré de Magali Le Huche que je ne connais pas du tout mais qui me plait bien. Il y a ce qu'il faut de texte et de dessin pour toujours avoir une lecture fluide, malgré la quantité de pages. Le travail d'adaptation est remarquable, je n'ai pas du tout senti le poids de l’œuvre originale ! Il y a bien quelques petits défauts de ci, de là : l'adolescente qui tombe amoureuse du gars de 26 ans, je comprends, mais la réciproque, on attendra, hein ? Pareil sur Mireille qui sort parfois des tirades que je trouve très matures pour une fille au collège. Mais bon, c'est parce que sa mère est prof de philo, on va dire qu'elle l'a bien éduquée ! De la même façon, il n'y a pas vraiment le poids de la route à vélo qui est retranscrit, et pour avoir fait des vacances à vélo je peux vous dire que la caravane tirée si facilement par des collégiennes, j'y crois franchement moyen. Mais ces défauts sont imputables à un récit jeunesse qui ne s'embarrasse parfois pas du réalisme pour pouvoir présenter son récit, qui lui est excellent. Le message est louable, l'intention parfaitement exécutée, les considérations tombent juste et le final est tout à fait satisfaisant. Dans un monde où la violence d'internet déborde bien trop dans les vies de tout le monde, chaque jour, il est plaisant de lire une BD ramener un peu tout ça dans le monde réel et montrer que, motivée, des jeunes femmes peuvent briser les clichés. Honnêtement, je ne m'attendais pas à aimer autant, mais j'en suis ravi !
J'ai beaucoup aimé la lecture de cette série de Magali Le Huche. Je suis fan du travail de cette auteure et ici encore, Magali m'a fait passer un agréable moment de lecture très fraiche avec des valeurs que je partage totalement. Je n'ai pas lu le roman de Clémentine Beauvais, mais Magali Le Huche en a produit un scénario très rythmé, fluide et bourré d'humour. Le personnage de Mireille m'a comblé avec son côté ado espiègle qui répond à la violence du harcèlement par sa gentillesse et son intelligence. Une sagesse que l'auteure nous distille via certaines touches philosophiques accessibles à tous. Au delà d'une sympathique épopée de trois ados très touchantes, c'est image de la France qui se construit sur ses traditions (le boudin, le vélo du mois de juillet, les Arts et Métiers) et sa modernité (Le beau Kader, sous-officier blessé et handicapé pour la France, Indochine, les réseaux sociaux). J'ai lu cette série comme un beau message de vivre ensemble adressé aux ados souvent enfermés dans les dangers d'une communication mal maitrisée voire porteuse de haine. En effet l'auteure apporte une vraie réflexion sur le langage. Elle introduit bon nombre de gags amusants autour de la maîtrise de la grammaire et de la syntaxe. C'est tout le contraire d'une grande partie de la communication minimaliste et immédiate que véhiculent l'utilisation des réseaux sociaux. Sans être moralisatrice, Le Huche montre que perdre le sens des mots et du langage c'est souvent perdre une part de son humanité avec tous les dangers induits. J'aime beaucoup le graphisme de l'auteure. Je le trouve moderne, dynamique et d'un humour fin et intelligent. Cela donne beaucoup de caractères à ses personnages. Une très bonne lecture récréative et un peu plus. Un prix bien mérité à mes yeux.
Léger et plutôt sympa, un peu trop gentil à mon goût, traitant de sujets universels avec humour, cet album s’adresse peut-être plus particulièrement aux jeunes adolescentes mais je pense qu’un très large panel de lecteurs peut y trouver de l’intérêt. Son sujet central est la mochophobie, manie profondément destructrice par laquelle les adolescent.e.s stigmatisent leurs congénères sur base de leur aspect physique. Le personnage principal du récit, qui en est victime, cache sa souffrance derrière une désinvolture de façade, façade d’autant plus solide qu’elle dispose d’une grande maturité pour son âge, d’esprit d’initiative, d’ouverture aux autres et d’une grande force de caractère. C’est un personnage auquel les lectrices (comme les lecteurs) peuvent facilement s’identifier, et en cela, c’est un des gros atouts de cet album. Autre atout, le dessin vivant et spontané de Magali Le Huche. Il apporte toute la fraicheur nécessaire à cette histoire, avec un découpage moderne, des personnages bien typés (des moches pas trop moches auxquelles il est encore possible de s’identifier ou de s’attacher, mais pas assez belles pour ne pas comprendre qu’elles sont moches, notamment (exercice extrêmement délicat selon moi et très bien réussi dans le cas présent)), des décors présents sans être invasifs et des visages très expressifs. Les sujets abordés tournent bien entendu autour du regard de l’autre qui finit par déteindre sur le regard que l’on se porte à soi-même. C’est un sujet universel que le phénomène des réseaux sociaux n’a fait qu’accentuer ces dernières années (et ce n’est pas fini). Outre nos trois boudins, un quatrième personnage, handicapé physique, apporte une variation sur le même thème (même si là, il est surtout question du regard que l’on se porte à soi-même). Alors même qu’elle est hautement improbable, l’odyssée cycliste des quatre comparses devient crédible grâce au talent des autrices. L’histoire d’amitié qui va naitre entre elles permet de proposer différents profils et donc différentes manières de réagir face à un rejet dû à son apparence physique. Les rencontres avec différents personnages permettent de montrer la méchanceté, la bêtise mais aussi le respect et la compréhension dont peuvent faire montre les êtres humains. Il y a toutefois un aspect du scénario qui m’a dérangé : Clémentine Beauvais et Magali le Huche limitent les victimes uniquement aux personnes de sexe féminin et sous-entendent fortement que les garçons ne sont pas la cible de ce type de jugement de la part des filles, et moi qui ai été élu par l’ensemble des filles de ma classe deuxième mec le plus moche de la classe -à 15 ans, un âge similaire à celui des héroïnes de cet album- ça me fait quand même méchamment marrer. De plus, je suis convaincu que dans la société actuelle, dans laquelle l’image prime sur toute autre qualité, la tendance à la mochophobie a encore dû bien s’accentuer et touche encore plus les deux sexes qu’à mon époque. Ce détail mis à part, j’ai bien aimé ce récit. Je l’aurais voulu plus mordant à l’occasion (le happy end est trop général à mon goût) mais les personnages m’ont touché autant par leur naïveté que par leur capacité à rebondir. Vraiment pas mal du tout !
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