Le Combat d'Henry Fleming
Adaptation du roman qui fonda la littérature américaine moderne, The Red badge of Courage, écrit en 1894 par Stephen Crane.
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« Et vous ? Quel genre de types êtes-vous pour foncer têtes baissées vers votre propre tombeau ? Des surhommes magnifiques ou des abrutis inconscients ? » Printemps 1863. Sur les rives du Rappahanock, État de Virginie, 190 000 soldats américains s'affrontent dans le chaos mortifère d'une guerre civile fratricide. Les uns portent l'uniforme gris, les autres sont en uniforme bleu. Parmi ces derniers, le jeune Henry Fleming monte sur la ligne de front pour la première fois. Désormais, la frontière entre la vie et la mort ne tient qu'à la trajectoire d'une balle de fusil ou d'un éclat d'obus. Dans la foule anonyme d'hommes transformés en guerriers d'occasion, Henry sait-il vraiment pour quelle raison il doit se battre ? Contre qui ? Pour qui ? Et le premier de ses combats n‘est-il pas celui à mener contre son propre ennemi intérieur ? Entre le son du canon et le chant du colibri, entre la folie des hommes et la sagesse de la nature, entre l'exaltation et la terreur, entre le courage et la lâcheté, Henry doit trouver sa place sur l'échiquier.
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Date de parution | 09 Février 2024 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Mon avis rejoint celui d'Alix. Il y a des qualités dans cet album, notamment le dessin que j'ai bien aimé, mais je n'ai pas trouvé que ce long one-shot était une lecture passionnante. Il faut savoir que c'est l'adaptation d'un roman américain paru au 19ème siècle. Si à l'époque montrer les horreurs de la guerre était sans doute innovateur, cela l'est moins aujourd'hui. J'ai eu l'impression d'avoir déjà lu déroulement de l'intrigue dans d'autres œuvres de fictions. Certes, c'était surtout dans des histoires ou des témoignages se passant durant les deux premières guerres mondiales ou encore celle du Vietnam, mais si l'esthétique de ses récits changent, les messages sont souvent les mêmes et rien ne m'a étonné durant ma lecture et tout était convenu. Ajoutons qu'en plus le personnage principal ne m'a pas semblé attachant et je n'ai pas ressenti beaucoup d'émotions durant ma lecture. Cela une BD à emprunter, mais ce n'est pas une lecture qui m'a marqué.
Curieusement, cette bande dessinée est restée sur ma pile à lire depuis sa sortie en février 2024. Je ne connaissais pas le roman adapté par Steve Cuzor, roman pourtant très connu outre atlantique. Mais dès que j'ai commencé, je n'ai pas lâché cette bande dessinée. Tout d'abord, il faut souligner la qualité du dessin. Le choix des tons monochromes donne une puissance au récit. En effet, au fil de la lecture, nous finissons par ne plus distinguer les uniformes des deux camps, ce qui donne un caractère universel au destin d'Henry Fleming. J'ai fait le parallèle, certes osé, avec Le Rapport de Brodeck de Larcenet. Cuzor nous offre des scènes de combats saisissantes, tout en suivant ce jeune soldat désabusé. Cette histoire met parfaitement en relief ce vers de Prévert " Oh Barbara, quelle connerie la guerre..." Le combat d'Henry Fleming oscille sans cesse entre lâcheté et héroïsme, et il est magnifiquement illustré par Cuzor, au sommet de son art.
Et bien moi j’ai trouvé cet album pas mal, sans plus. Je comprends bien que le roman dont il est tiré est un classique de la littérature américaine, et que la narration se centre volontairement sur le quotidien d’un soldat terrifié et rempli de doutes… mais j’ai trouvé le récit terriblement plat et ennuyeux. Je reste sur une impression de déjà-vu – cette approche narrative était peut-être innovante en 1895 lors de la sortie du roman, mais je découvre personnellement cette histoire après de nombreux récits sur le thème de l’horreur et de la bêtise de la guerre. Je n’ai pas réussi à m’attacher ou à m’intéresser au protagoniste, et je n’ai pas ressenti les émotions que l’auteur essayait clairement de me faire ressentir. Le dessin est maitrisé, le trait est précis, mais la mise en couleur monotone me laisse dubitatif. Les pages sont austères, et surtout la lisibilité en prend un coup, impossible de reconnaitre les uniformes gris et bleus. Il s’agit peut-être d’un choix narratif pour gommer les différences entre les deux camps, mais je le trouve peu judicieux. Je mets quand même 3/5, mais je ressors un peu déçu de ma lecture (et de mon achat) au vu des autres avis.
Adapté d'un roman de Stephen Crane, ce roman marque la littérature Américaine par son approche hors standard dans la description et la vision que l'on a d'un conflit. Ce conflit, c'est la guerre de sécession qui n'est pas présentée en mettant en avant ses enjeux politiques, il n'y a pas de vision stratégique ni de célèbres généraux. Ce récit est centré sur le quotidien d'un simple soldat récemment engagé qui découvre la guerre dans une bataille peu connue. L'auteur nous fait partager toutes les interrogations de ce jeune garçon et c'est tout l'intérêt et la force du récit. Tiraillé entre courage, lâcheté, instinct de survie,gloire ou honte tout ces sentiments contradictoires vécus par un homme qui vit sa propre bataille intérieure. Un roman inspiré à partir de témoignages de soldats, la description fidèle des conditions de vie et de la férocité des batailles donnent un réalisme aux scènes de guerre. Le dessin accompagne le message envoyé par l'auteur, les visages et les uniformes sont identiques quelque soit leurs camps. Les visages avant la bataille sont flous, hachurés et représentés comme des cadavres ou des êtres qui ont perdu toute humanité. Réaliste et poignant
A la suite du bel avis, adls, de Ro et sur le nom de Steve Cuzor qui m'avait épaté avec son Cinq branches de coton noir je n'ai pas hésité à m'offrir le très bel album que propose Air Libre. Je ne regrette ni sa lecture ni sa possession. Je ne connais pas le roman de Stephen Crane et je pense que cela n'a pas beaucoup d'importance. En effet, à moins d'être un spécialiste de littérature américaine en v.o difficile de dire pourquoi ce roman a fait date. Toutefois l'adaptation de Steve Cuzor se suffit à elle-même tant elle est de qualité dans ses choix de mise en scène, de découpages, de textes et d'images. Cuzor réussit l'équilibre parfait entre une introspection psychologique complexe et une explosion d'actions dont on comprend mal l'intérêt stratégique. En effet Cuzor place le lecteur au niveau de compréhension et dans le champ visuel du simple fantassin. Tout est impersonnel et indéfini : des sous-bois, une rivière, une butte avec une barricade tout est noyé dans une fumée qui rend l'orientation impossible. Les uniformes deviennent identiques ainsi que la folie meurtrière qui saisit chacun au moment de l'assaut. Pourquoi faire ? se demande l'homme Fleming dans ses moments de lucidité. Lucidité ou lâcheté ? Folie ou héroïsme c'est toute la complexité de l'intériorité du soldat/homme Fleming. Ces sentiments contradictoires qu'expose très bien l'auteur montre toute la complexité de l'œuvre de Crane. Une lecture moderne comme la mienne, souligne l'absurdité des ordres, des assauts meurtriers ou des avancées vaines. C'est une compréhension pacifiste issue de plus d'un siècle de massacres inutiles. Est-ce la vision de l'œuvre originale ? Je n'en suis pas sûr car le soldat Fleming surmonte ses peurs initiales pour aller au plus fort du danger en entrainant ses camarades vers la mort (ou la gloire dérisoire). Cuzor travaille très bien sur cette ambiguïté fondamentale du comportement de Fleming dans sa bataille. Le graphisme est à la hauteur de la mise en scène. L'auteur nous propose de l'excellence dans son style réaliste. Tous les visages sont finement travaillés dans l'étendue des expressions que peut produire le cerveau de l'homme. Aucun homme n'est négligé par l'auteur, même si il se trouve en arrière-plan la richesse de son apparence renvoie à celle de son irréductible humanité. En nous proposant une scène qui rappelle fortement "Le dormeur du val" (p68) Cuzor appuie tristement sur l'universalité du mal. Avec des uniformes différents, les scènes décrites pourraient avoir lieu encore aujourd'hui. Une très belle lecture où le fond et la forme sont d'une rare qualité. Je n'ai aucun souci pour ma notation.
Stephen Crane est un écrivain, poète et journaliste américain de la fin du 19e siècle rendu célèbre par son roman publié en 1895, The Red Badge of Courage, traduit en français sous le titre La Conquête du courage. Considérée comme une œuvre fondatrice de la littérature américaine moderne, elle se déroule durant la Guerre de Sécession et raconte le parcours d'une jeune recrue lors de sa première grande bataille. Loin d'être une fresque épique de guerre avec cartes et descriptions des mouvements de troupe et de qui sont les vainqueurs et les perdants, c'est avant tout une plongée dans les affres de l'esprit d'un soldat et de la peur qu'il ressent face au combat. Le jeune Henry Fleming s'est en effet engagé volontairement et, n'ayant jamais connu de vraie bataille, il s'interroge sur comment il va l'appréhender et se demande s'il va être tenté de déserter comme d'autres l'ont fait auparavant. Ayant rejoint un régiment de bleusailles, aucune autre recrue de ses amis ne sait répondre à ses interrogations. Et c'est tous ensemble qu'ils vont constater comment ils vont réagir une fois véritablement confrontés à l'horreur de la guerre. Steve Cuzor met ce récit en image de superbe manière. Il avait déjà fait la preuve de son talent pour représenter des scènes historiques américaines dans Cinq branches de coton noir. Il renouvelle ici la prouesse dans un style toujours aussi réaliste mais un peu plus sombre, jouant davantage sur les contrastes et les ombres comme pour accentuer le sentiment d'angoisse des soldats avant la bataille. En même temps, il nous propose un festival de costumes d'époque, de décors de nature et de scènes de bataille vues par les yeux des combattants eux-mêmes. C'est visuellement superbe tout au long des 150 pages de l'album. L'histoire est prenante dès les premières pages. L'ambiance est vite posée, celle de simples recrues ignorantes des plans de leurs officiers, attendant la bataille avec un étrange mélange d'envie et de crainte. Envie de pouvoir enfin en découdre puisque c'est pour cela qu'ils se sont engagés, mais crainte aussi d'être confrontés à la terreur une fois mis face aux canons et aux charges d'ennemis sensés être plus expérimentés qu'eux. Peur aussi de finalement succomber au désir de fuir et de déserter le moment venu, et de subir l'humiliation morale et psychologique que cela implique. Le lecteur qui pourrait s'attendre à un récit épique et aventureux risque toutefois d'en être pour ses frais. Car il y aura bien des batailles, de l'action, des retournements de situation et même de l'héroïsme (ou de la folie, c'est selon), mais tout cela sera vu par les yeux d'un héros perdu en pleine guerre, aussi aveuglé par son ignorance de ce qu'il se passe réellement que par la fumée des canons, et malmené par ses propres pensées contradictoires. Thématique sans âge de l'âme humaine confrontée au danger, ce récit se révèle fort en terme de psychologie et du rendu réaliste de ce que peut être la guerre pour les simples soldats. C'est une très belle BD, un superbe objet au contenu intense sur la Guerre de Sécession et toutes les guerres en général.
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