Welcome back, Alice (Okaeri Alice)

Note: 5/5
(5/5 pour 1 avis)

Yôhei, Kei et Yui, en première année de collège, se connaissent depuis leur plus jeune âge. Avec le temps, Yôhei a développé des sentiments envers Yui qui ressent, elle, une forte attirance pour le beau Kei.


Gender bender Kodansha Perles rares ? Séries avec un unique avis Shonen Transidentité

Une situation qui va mettre leur amitié à rude épreuve juste avant les vacances d’été. Mais voilà qu’à la suite de la mutation professionnelle de son père, Kei quitte brusquement Tokyo pour Hokkaido, mettant un terme à ce déroutant triangle amoureux. Quelques années plus tard, c’est la rentrée au lycée. Yôhei, toujours aussi attiré par la ravissante Yui, est pourtant troublé par une nouvelle élève, très entreprenante, qui n'est une autre que… Kei.

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 10 Janvier 2024
Statut histoire Série terminée 7 tomes parus

Couverture de la série Welcome back, Alice © Pika 2024
Les notes
Note: 5/5
(5/5 pour 1 avis)
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29/02/2024 | gruizzli
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Par gruizzli
Note: 5/5
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J'hésite encore sur ma note au moment où j'écris ces mots, puisque la série finie dans son ensemble est remarquable mais je n'arrive pas à me décider à quel point. Shuzo Oshimi est un auteur que je trouve incroyable. Son Dans l'intimité de Marie était déjà une des plus grosses claque que j'ai pris en manga, tandis que ses autres séries ("Les liens de sang", Les Fleurs du mal, "Happiness") semblent toutes traiter de sujets violents, durs, tristes, mais avec un réel intérêt derrière. Loin du voyeurisme qu'on en attendrait, les séries de Oshimi posent de vraies questions, l'auteur interrogeant beaucoup d'aspects sombres de l'humain, mais aussi ses tabous et ses limites. Et si je suis si enthousiaste (je suis déjà en train de commander toutes les autres séries), c'est parce qu'il pose des questions que j'ai souvent eu aussi. "Welcome back, Alice" en est le parfait exemple. Lorsque l'histoire commence, tout les éléments sont présent pour une comédie romantique de base, ou encore une pure comédie décalée où le garçon se fait draguer par le transsexuel. Mais Shuzo Oshimi traite très sérieusement ses sujets, et nous avons une œuvre bien plus complexe et bien plus dense. Déjà, alors que le sujet semble être la transidentité, il s'avère que c'est bien plus des questionnements de genre qui arrivent. Kei s'habille en femme, mais ne se considère pas comme tel. C'est plus des questions de gender fluide et de queer. Si ces termes vous dépassent, c'est que vous ne vous êtes probablement jamais posés des questions comme celle présentes dans cette BD. Personnellement, ça m'est souvent arrivé. Parce que j'ai un parcours de vie spécifique, qui m'a conduit par exemple à faire croire à mon entourage que j'étais gay parce que c'était plus simple que d'assumer simplement que j'étais un garçon pas dans la norme. Aujourd'hui je viens bien ces questions, mais elles m'ont amenés à questionner notre perception sociétale des hommes et des femmes. Si je ne peux pas m'identifier à ce que la société considère comme un homme, que suis-je ? C'est cette question que la BD pose, d'une bonne façon d'ailleurs. Et les 7 volumes vont explorer trois personnages comme trois façons d'être : Yui qui est une femme et qui s'y conforme, sans trouver le bonheur ; Yôhei est un homme et qui s'y conforme, en souffrant de cette condition ; Kei ne veut plus être ni l'un ni l'autre, sans pour autant arriver à trouver son bonheur. Le manga est une œuvre très personnelle pour l'auteur, qui ne s'en cache pas par des textes en fin de volumes très clairs sur son rapport au corps, à l'identité de genre et à la sexualité. Sexualité très présente dans l'histoire d'ailleurs, et pas forcément d'une façon saine et agréable. Et je trouve que c'est une bonne chose aussi de rappeler qu'avoir une sexualité "normale" peut parfaitement nous faire du mal, et que nos pulsions peuvent être dicté par des conditions sociales. Je suis vraiment surpris par le ton de cette série et son déroulé. Le côté malsain dans le rapport au corps est toujours présent mais ce n'est jamais une volonté de faire dans le voyeurisme et le glauque. Le récit est articulé autour de la question du genre et la façon dont les représentations de L'Homme et La Femme peuvent faire naitre la souffrance chez des gens qui se sentent en décalage avec ces conceptions. Et je trouve extrêmement sain que des BD rappellent qu'une femme n'a pas a exister en tant que "copine de ..." ni à littéralement tenir son mec par le sexe qu'elle l'autorise à avoir avec elle, se posant en pur objet de fantasme uniquement. De même, les hommes n'ont pas à exister comme un sexe ambulant cherchant à se décharger. Il reste de la place pour des femmes qui s'accomplissent en tant que tel, indépendament des hommes, des hommes qui ont le droit d'être sensible, introverti ... Mine de rien, sous couvert d'un manga aux faux airs de comédie romantique glauque, c'est bien une histoire de genre qui questionne nos perceptions de celui-ci. Les personnages sont en souffrance, mais aussi en questionnements sur leur vie, et je trouve ces questions pertinentes. Diablement pertinentes même. Il y a une histoire qui reste optimiste, même si l'auteur précise que sa réalité ne l'est pas autant, et la fin peut sembler idéale mais c'est surtout une manière de faire comprendre la voie que l'auteur choisit. Une voie loin des représentations d'une société sexiste qui fait autant de mal aux hommes qu'aux femmes, une voie pour s'émanciper et vivre heureux loin des impératifs de représentations de genre. Pour finir, je dirais juste que cette BD me fait poser repenser à mon neveu de deux ans, que ma sœur habille volontiers en rose parce qu'il aime ça, qui a les cheveux longs et que beaucoup de gens confondent avec une petite fille. Et je me dis que notre société qui te catégorie à deux ans dans un genre avec des codes et des attentes spécifiques n'est peut-être pas une société si idéale que ça ...

29/02/2024 (MAJ le 11/01/2025) (modifier)