Barcelona, âme noire
Orphelin, industriel en vue, mafieux, amoureux sincère ou baron de la drogue : difficile de définir Carlitos, devenu le puissant Don Carlos. Peut-être parce qu'il est tout cela à la fois...
1939 - 1945 : La Seconde Guerre Mondiale 1946 - 1960 : L'Après-Guerre et le début de la Guerre Froide 1961 - 1989 : Jusqu'à la fin de la Guerre Froide Aire Libre Auteurs espagnols Barcelone Denis Lapière Gangsters
Dans une Barcelone prise dans l'étau de la dictature franquiste, venez assister à un destin riche en aventures, en amours et en couleurs, porté par des auteurs au summum de leur talent respectif : Denis Lapière et Gani Jakupi, accompagnés d'un trio barcelonais : Ruben Pellejero, Eduard Torrents et Martín Pardo. Don Carlos est un personnage que vous n'oublierez pas.
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Date de parution | 01 Mars 2024 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Une histoire ambivalente, qui m’a un temps trompé quant au fil rouge. Les premières pages et le retour rapide en flash-back m’avaient fait penser à une intrigue se déroulant durant la guerre d’Espagne, puis j’ai cru à un polar historique, avec ces meurtres rituels commis par un tueur en série. Enfin, même si ça reste en filigrane du début à la fin (l’histoire commence quasiment à l’arrivée de Franco au pouvoir dans les derniers mois de la guerre d’Espagne, et se finit par la mort du Caudillo en 1975), le régime franquiste n’est pas le cœur de l’histoire. Non, ce qui en constitue le cœur, c’est la vie d’un homme, que nous suivons durant quarante ans. Un adolescent/homme lui aussi fluctuant, ambivalent. Ballotté par les malheurs au départ, il passe rapidement de victime à un personnage plus ambigu, pour devenir une sorte de parrain de la mafia barcelonaise. L’évolution de sa personnalité, et de sa situation » est intéressante, mais, même si la pagination est relativement conséquente, les auteurs ont quand même usé de pas mal d’ellipses temporelles, certains sauts sont importants – surtout qu’entre chaque « trou » la situation du héros avait pas mal évolué. Quelques petites facilités aussi (sa capacité à multiplier les conquêtes, sans que cela ne soit connu ou ne gêne les trois femmes avec lesquelles il va être lié toute sa vie). Comme j’ai été surpris qu’il soit si bien informé de la fin proche de Franco sur la fin. Notre héros retrouve quelque chose d’humain en « soldant les comptes » en fin d’histoire. Comme « Le Parrain » de Coppola n’était pas l’histoire de la mafia, cette histoire raconte l’histoire d’un homme et non celle d’un régime fasciste. Mais à chaque fois l’arrière-plan historique est important. C’est en tout cas une histoire que j’ai appréciée. Malgré les remarques précédentes, la narration est agréable, mêle bien contexte et histoire locale, voire familiale. Et le dessin est lui aussi fluide et agréable. Une lecture plaisante donc.
Cette BD fait indubitablement penser à Il était une fois en France : la France de l'occupation est ici remplacée par l'Espagne franquiste, mais les personnages et événements demeurent fort semblables. Là s'arrête la comparaison car l'ampleur et la clarté du récit sont autrement moindres : l'ambition initiale de ce "Barcelona, âme noire" s’accommode mal d'un récit si lacunaire et bien maladroitement structuré. Peut-être qu'une future relecture permettra de mieux appréhender l'ensemble, en l'état demeure le sentiment d'un amer ratage, puisque les illustrations étaient satisfaisantes et le projet intéressant.
Quand on entame cet album sans rien en savoir, le prologue mettant en scène le héros à l'âge de jeune adolescent et évoquant son passé laisse penser qu'on va suivre le récit de sa jeunesse et du traumatisme qui semble l'avoir affecté. Mais ce n'est en réalité là que le tout début de l'histoire car cette BD va raconter quasiment toute la vie de cet homme, Carlos Vargas Moreno, de son enfance durant la guerre civile espagnole jusqu'à 1975, et surtout montrer comment son parcours complexe va l'amener à devenir l'un des rois de la pègre de Barcelone durant toute la période Franquiste. A travers lui, on découvre une histoire familiale tragique ainsi qu'un aperçu de la société Barcelonaise sous la dictature de Franco. Trois dessinateurs se partagent le dessin sans que je sois capable de distinguer qui a fait quoi et où s'arrête l'apport de l'un ou l'autre. Il faut dire que Torrents avaient déjà fait la preuve avec Le Convoi qu'il était capable de produire un graphisme proche de celui de Ruben Pellejero (Un peu de fumée bleue...) avec une ligne claire élégante et un encrage épais. Quant à Martín Pardo, dont c'est la première BD que je lis, il se fond bien au style des deux autres. Le résultat est visuellement très appréciable et pousse à la lecture : c'est beau et mis en scène avec une grand clarté. L'histoire surprend un peu par son rythme, les années s'écoulant parfois très vite d'une scène à la suivante, donnant une légère impression de survoler la vie du héros et de n'en avoir que des extraits, mais des extraits plutôt bien choisis qui forment un tout cohérent et consistant. Les drames sont nombreux dans la jeunesse du héros et forgent le caractère du futur adulte qu'il deviendra. Pas de manichéisme car Carlos n'a rien d'un saint, passant du statut de victime à celui de salaud à peine mesuré dans ses actes. Certaines transitions entre les années sont un peu abruptes et donnent l'impression d'avoir manqué une étape ou deux, mais l'ensemble fonctionne et j'ai apprécié de suivre ce parcours d'un homme et de découvrir à travers lui la situation du Pays Catalan dans ces années là. La dictature franquiste est un élément essentiel de l'intrigue mais elle se personnalise avant tout en la personne d'un policier pourri qu'on en vient très vite à détester, aussi minable que le fascisme qu'il adule. Ce fut pour moi une lecture intéressante et prenante mais dont le personnage principal devient de moins en moins attachant au fil des années, ce qui, ajouté au sentiment de superficialité d'une narration au rythme un peu échevelé, établit une certaine distance entre le lecteur et l'émotion qui pourrait se dégager de cette histoire. Elle apparait dès lors davantage instructive que vraiment touchante. J'en conserve toutefois un agréable souvenir et l'envie probable de la relire un jour ou l'autre.
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