Léo Ferré - Ni Dieu, ni Maître

Léo Ferré est un chanteur qui m'a intéressé un temps, en tout cas ce que je connaissais de lui (en tant que chanteur et en tant que personne, ses idées politiques) me l'avait rendu très sympathique et attachant. C'est aujourd'hui un personnage qui tombe dans l'oubli. Et je dois dire que cet album ne garantit pas de l'en faire sortir. En effet, je l'ai trouvé globalement décevant. J'ai eu du mal avec le dessin. Sans fioriture et plutôt lisible, je l'ai trouvé brouillon et très inégal. En particulier les très nombreux visages connus ne sont pas toujours réussis et reconnaissables. Mais c'est surtout la narration que j'ai trouvée sans saveur. Elle finit par rendre presque insipide Léo Ferré, et cela dessert la volonté pourtant affirmée en préface de rendre hommage au bonhomme et à son oeuvre. On a souvent l'impression de lire une chronologie illustrée. Un procédé classique qui manque de dynamisme et ronronne trop. Ayant lu un certain nombre de choses concernant les échanges entre André Breton et Léo Ferré, j'attendais de voir comment c'était traité ici. Eh bien je dois dire que ce passage frôle le n'importe quoi. Outre que comme le reste il est traité sur le ton de l'anecdote illustrée, la cause de la rupture est ici ridicule et incompréhensible (Breton voudrait écrire une préface à "Poète vos papiers", est invité chez Ferré, tout se passe bien, il dort chez Ferré mais, visiblement réveillé aux aurores par un coq, et mal luné, Breton déclame en colère "Léo, en danger, ne faites jamais paraitre ce livre". Et puis c'est tout). Bien malin celui qui comprendra quelque chose (et Breton apparait ici comme un débile profond ?). Bref, j'ai insisté sur cette anecdote car le surréalisme et Breton sont de mes passions, mais elle est éclairante: une suite d'anecdotes - fussent-elles pertinentes - ne forme pas une biographie intéressante, encore moins passionnante, ce qui est un comble pour un bonhomme qui a vécu ses passions (amoureuses, poétiques, politiques, musicales) sans transiger. La volonté de bien faire ne suffit pas.

18/07/2024 (modifier)

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Etendard de mouvements anarchistes dans les années ’60 et ’70, Léo Ferré a su, au fil des années, s’adapter à l’évolution de la musique tout en proposant un style personnel et unique. Je dois bien avouer qu’hormis quelques grands classiques, je connais très mal la carrière musicale du poète, mais je pense que c’est encore pire pour l’homme qu’était Léo Ferré et dont j’ignorais tout. Cette biographie m’aura donc permis de combler quelques lacunes… mais il ne m’aura en rien touché. L’image qui se dégage du personnage est ambigüe, je trouve. Le gars n’est pas spécialement attachant, pas spécialement révolutionnaire, pas spécialement visionnaire, pas spécialement apprécié de ses contemporains, pas spécialement fidèle. Le portrait a le mérite d’être sincère mais il ne parvient pas à me montrer en quoi la carrière de cet artiste justifie que l’on s’intéresse autant à son parcours de vie. Tout ce que je retiens au final est qu’il était passionné, renfermé et obstiné. Au niveau du dessin, le style de Lukino est assez épuré. Les personnages historiques ne sont pas toujours évidents à reconnaitre et certains sont clairement mieux réussis que d’autres. Ce style dispose tout de même d’atouts. Le principal étant qu’il est facile à lire et qu’il permet au lecteur de se focaliser sur le message plutôt que sur des détails graphiques. Au niveau de la structure, il n’y a rien de bien original à attendre de cet album. La vie de Ferré y est décortiquée dans l’ordre chronologique avec des arrêts sur les moments considérés comme clés par les auteurs de la vie du poète. Ce n’est pas mauvais en soi mais déjà si souvent vu par ailleurs que le procédé déçoit un peu. Je sors tout de même déçu de cette lecture. Je partais avec un a priori positif sur le personnage et cet album n’a pas réussi à me renforcer dans cette conviction. Maintenant, cela est peut-être tout simplement dû au fait que Léo Ferré est un personnage finalement moins intéressant que je ne le supposais mais je pense quand même que cette biographie manque de passion et de peps.

18/03/2024 (modifier)

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