Les Âmes noires

Yuan est un routier chinois, il transporte du charbon qu'il charge dans des mines clandestines à ciel ouvert. Puis il avale les kilomètres pour livrer son charbon en espérant à chaque fois tirer le meilleur prix de sa cargaison.
Chine
Yuan travaille avec Wei, son « fixer », qui marchande les prix avec les acheteurs potentiels. Mais un jour, Wei décide de supprimer Yuan pour lui voler son camion... Yuan n'a donc qu'un seul objectif : récupérer son camion... coûte que coûte ! Les Âmes noires est un polar documentaire, on suit le chemin de l'argent, du charbon et de ces hommes perdus sur la route et dans la vie. D'un important fonds documentaire, les auteurs proposent un récit de fiction tendant vers le polar, afin de décrire au mieux ce mécanisme de vente frauduleux qu'est l'exploitation des mines clandestines, et l'approvisionnement des petits commerçants des bords de route.
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Date de parution | 29 Mars 2024 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis


Un polar social et exotique, qui se laisse lire, mais sans plus au niveau de l’histoire, finalement assez légère. Mais la localisation originale compense en partie : avec de faux airs de documentaires sur quelques Chinois, lumpen prolétariat exploité, qui chargent et déchargent illégalement du charbon, dans une région indéfinie mais périphérique de la Chine, payant des pots de vin, à la merci de quelques caïds poisseux. L’autre point fort est le dessin, très lisible, allié à une colorisation adaptée au sujet, et que j’ai bien aimée. Un peu polar, pas mal chronique sociale, une lecture sympathique.


Aurélien Ducoudray met son expérience de journaliste au service de ses scénarios : la Bosnie, la Tchétchénie, ... et ici la Chine profonde. Et c'est Fred Druart qui est aux pinceaux de ce "polar documentaire" : Les âmes noires. • On aime beaucoup le sujet dont se sont inspirés Ducoudray et Druart. L'idée est curieuse mais idéale pour les curieux. Leur récit est basé sur un documentaire (de 2008) du cinéaste chinois Wang Bing : L'argent du charbon. Ne gardant que l'essentiel, Ducoudray a épuré scénario et dialogues jusqu'à l'os, exactement comme il convient dans cette région sèche et pauvre où il ne fait pas bon vivre. • Au diapason, Druart illustre cette courte histoire avec un dessin nerveux et délibérément "sale" qui fait ressortir le côté terreux et pierreux des paysages. Nous sommes au fin fond de la Chine du nord, dans une région minière reculée, sans doute la province de Shanxi près de la Mongolie. Entre la gigantesque mine de charbon et les usines ou les ports, une noria de vieux camions bringuebalants sillonnent une mauvaise route. Dans ces régions arides, pauvres et désolées, l'or noir est l'objet de toutes les convoitises et de tous les trafics. Yuan est chauffeur de camion sur cette route du salaire de la peur, mais un salaire de misère. Son camion, c'est ce qui les nourrit, lui, sa femme et sa fille. [...] - Assieds-toi, tu veux jouer ? - Tu joues quoi ? - Ton camion. - Contre ? - Mon commerce ? [avec les dés en main] - Ils sont truqués ? - Bien sûr. Tous les dés sont truqués ... On doit rien laisser au hasard dans la vie, ça serait bien trop dangereux.


Emprunté sur le seul nom de Ducoudray, je ne savais pas trop à quoi m’attendre … si ce n’est un truc pas bien joyeux (vu le titre et la couverture). Je n’en ferai pas tout un fromage mais j’ai bien bien apprécié ma lecture. Le dessin rentre totalement dans mes cordes, c’est fluide, lisible, bien retranscrit et dans une narration aérée. On avale les pages avec facilité et intérêt. Intérêt qui vient bien sûr également du récit. M’y étant lancé à l’aveugle, la localisation de l’album a été une vrai heureuse surprise. La découverte de ce microcosme m’a semblé dépaysant et limite instructif (même si on reste en surface de pleins de choses, il y a un petit côté doc). Une histoire dure, sombre et réaliste. En tout cas l’ambiance est réussie, il manque juste le petit plus pour marquer davantage. Là ça fait juste un peu trop chronique sociale dans la veine de Ken Loach.


Yuan est chauffeur de camion quelque part dans le centre de la Chine. Travaillant à son compte, il surnage contre la misère en magouillant pour transporter des chargements plus ou moins légaux de charbon et en parcourant de grandes distances pour les vendre au plus offrant parmi les marchands du bord de la route. Dans cet univers compétitif où les uns et les autres se jalousent et se marchent sur les pieds pour s'en sortir un peu mieux, il est toujours sur la corde raide mais il pensait au moins pouvoir faire confiance à son associé chargé de trouver pour lui de futurs acheteurs et de marchander les prix. Grosse erreur... A l'image de son titre, c'est un récit très sombre, presque désespérant. Je ne sais pas où il se déroule exactement en Chine mais on est loin des fastes et des buildings de Shanghai. Tout le décor est gris, boueux, décharné. Et les locaux semblent y survivre à peine dans une ambiance oppressante, presque post-apocalyptique. Cette atmosphère est bien posée et le lecteur angoisse pour le héros car on sent qu'il peut tout perdre à tout moment et qu'il prend de gros risques à transporter seul son chargement et ce camion qui le fait vivre. Quant à savoir qui sont ces âmes noires, ce sont peut-être ces hommes qui ne vivent que par leurs chargements de charbon crasseux, ou alors ce sont les pourris qui écrasent les autres pour leur voler leurs moyens de subsistance. Le dessin de Fred Druart est très élégant. Son trait propre et son encrage épais rappelle l'esprit de ceux d'un Charles Burns, et la couverture intrigue d'emblée. On regrettera peut-être une uniformité de l'apparence globale du récit, toujours gris sale et couleur boue, mais c'est bien parce que l'intrigue ne permet justement pas aux protagonistes d'en sortir, si ce n'est cette échappatoire familiale sur le lac gelé avec la fille du héros. L'histoire est dure mais crédible et bien menée. J'ai apprécié cette découverte des conditions de vie sordide au cœur de l'Empire du Milieu, sans pour autant savoir si elle reflète une réalité concrète ou juste l'imaginaire des auteurs. La tension et l'atmosphère du récit sont bien posées et marquent le lecteur. Dommage toutefois que l'intrigue ne prenne pas davantage son envol : sa quête de réalisme empêche d'instaurer une véritable aventure et j'ai été un peu frustré par une fin certes satisfaisante mais sans que l'histoire ait vraiment décollé pour y aboutir. J'aurais aimé un peu plus de dépaysement, que le héros nous emmène voir davantage de son pays. Et puis je me suis aussi un peu interrogé sur comment le héros récupère ce qu'il récupère en fin d'album : avait-il toujours gardé les papiers qu'il fallait sur lui pour prouver qu'il était le propriétaire ? Cette conclusion parait soudain presque trop facile voire abrupte. Bref, beaucoup de bonnes choses dans cet album, tant sur le plan de l'histoire, du documentaire et de l'ambiance que du graphisme, mais une intrigue moins enthousiasmante que j'aurais espéré.
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