Carcajou
L’homme est un carcajou pour l’homme…
1872 - 1899 : de la IIIe république à la fin du XIXe siècle Canada Consensus sur une BD Futurs immanquables Les petits éditeurs indépendants One-shots, le best-of
Dans le Grand Nord canadien, à la fin du XIXe siècle, Jay Foxton, entrepreneur sans scrupules à la tête de la Foxton Inc., règne sur la petite ville de Sinnergulch. Il détient la plupart des terrains et commerces du coin, et le maire et la police de la ville sont à sa botte. À quelques miles de là vit un ermite rugueux : Gus Carcajou. À cause de son tempérament féroce qui le tient éloigné de la société, les ragots vont bon train sur lui : on le dit fils de démon et il s’accommode bien de cette réputation. Sur un grand terrain dont personne ne sait comment il en a fait l’acquisition, et dont il exploite chichement les réserves d’or pour acheter sa « gnôle » en ville, il vit de chasse et de pêche, en harmonie avec son environnement. Seulement, ce terrain regorge d’un autre type d’or, noir celui-là, qui commence à rapporter beaucoup : le pétrole. Attiré par l’appât du gain, Foxton est prêt à tout pour s’emparer de cet énorme magot qui lui échappe encore… quitte à faire flamber les superstitions populaires pour venir à bout de son ennemi juré.
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Date de parution | 06 Mars 2024 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Je ressors de cette BD avec le même sentiment qu'après avoir fini Le Serpent et le Coyote : une BD qui brode sur un canevas classique mais si bien qu'on ne peut lui en tenir rigueur. C'est l’apanage des grands conteurs, ça ! En effet, l'histoire ne raconte rien de fondamentalement neuf : un gars qui veut extorquer les propriétaires du coin pour leur piquer leur terres et s'enrichir, une ville où il règne en maitre avec la complicité du chef de la police, un vieux métis qui vit en solitaire sur une colline chargée en pétrole ... C'est simple et classique dans le déroulé, mais l'intérêt n'est jamais dans la surprise. L'intérêt, il est avant tout dans les personnages : ce sont des personnages typés (et pas stéréotypés) qui se développent petit à petit. Le métis solitaire n'est pas épris de nature contre une industrialisation, c'est un vieux pochtron attaché à sa colline, point. Le méchant n'est pas monolithique et même plus pathétique (et risible) que caricaturale. Les contrepoints sont nombreux dans le récit, pour montrer surtout une société foncièrement injuste, où l'argent et la force règnent en maitre. L'ensemble se tient narrativement jusqu'au bout, avec une petite page finale que je n'ai pas vu venir d'ailleurs. Le récit est rythmé sans temps mort et avec toujours une petite pointe pour relancer l'intérêt. Chaque partie est clairement exposée, on sait où on va mais l'intérêt est surtout de savoir comment. Et le final est à la hauteur des attentes, avec une séquence qui en jette niveau dessin d'ailleurs. Ce dernier se fait toujours discret mais joue avec son trait gras, son environnement sobre mais présent et ses personnages animés à chaque case. On sent que Eldiablo s'est attaché à en faire des humains animés, pas juste des pantins au service d'un récit. Et c'est ce qui marche ! Un très bon western, sobre et classique, qui ne joue que modérément la carte du fantastique pour livrer une histoire qui prend rapidement le lecteur. C'est classique mais bon !
Chouette album. Un western finalement plus classique dans ses grandes lignes et son déroulement que ce que je m’imaginais en voyant El Diablo à la baguette. Même si, le décor une fois planté, El Diablo s'écarte quelque peu des trames traditionnelles. Celui-ci mise ici moins qu’ailleurs, ou en tout cas de façon moins exacerbée, sur le rythme, l’action. Il y a aussi sans doute moins d’humour qu’à son habitude. Mais c’est une histoire que j’ai bien aimée. Comme j’ai aussi bien aimé la petite touche de fantastique – et le fait que ce fantastique ne soit finalement qu’esquissé, qu’il ne joue pas la relance artificielle d’une intrigue en mal d’idées. J’ai aussi apprécié que la plupart des personnages gagnent en profondeur, leur personnalité – parfois ambivalente – est creusée, et donne du relief au récit, sorte de grandeur et décadence d’un pauvre type qui s’est cru maitre du monde. Dans ce monde poisseux, où la force faisait la loi, une morale ironique clôt l’aventure, une certaine « justice », apaisée, semble ramener un ordre serein dans la région canadienne où se déroule l’intrigue. Le dessin de Deroche, moderne et dynamique, est lui aussi agréable, avec une colorisation plutôt réussie. Une lecture très sympathique en tout cas. Note réelle 3,5/5.
Allez ! Je me joins au concert de louanges, et ce n'est pas volé. Sans être un coup de coeur, Carcajou est un excellent western qui procure beaucoup de plaisir. Un western décalé certes, mais western quand même. Le dessin évoque celui de Christophe Blain, ce qui n'est déjà pas pour me déplaire. Le scénar lui, flirte avec le fantastique. Habilement construit en deux parties, il prend une amplitude de dingue dans la seconde où d'un récit ancré dans le réel, on passe subtilement à autre chose, quelque part entre l'ésotérisme et la critique sociale, un peu des deux en même temps. Les personnages peuvent trouver un sens allégorique sans que le récit devienne rébarbatif. Les personnages sont en outre bien campés. Bon, j'ai bien conscience d'écrire des choses très vague, mais c'est par souci de ne rien dévoiler de cette histoire dont moi-même je ne savais rien avant de m'y lancer comme sur une piste de bobsleigh, car oui, narrativement, ça glisse tout seul. On tient là un très bon titre, à la fois original et inscrit dans un genre dont il reprend certains codes, et qui je pense séduira un public large sans pour autant faire des concessions. Top !
Un très bon one-shot. J'avais quand même un peu peur au début parce que ça commence quand même de manière cliché: le riche homme d'affaire sans scrupules veut absolument un territoire pour ses ressources et le propriétaire est un vieux dur qui ne veut pas vendre du tout. Heureusement, le scénariste s'est comment rendre captivant un récit qui contient des éléments qu'on a déjà vu. Il faut dire qu'il a eu la bonne idée de développer le personnage de l'homme d'affaire qui se révèle un peu plus complexe que les méchants riches qu'on voit habituellement dans ce type de western. Le scénario est prenant et il y a de très bonnes surprises, tout n'est pas cousu de fil blanc comment on pourrait le penser en lisant les premières pages. Le dessin est très bon au niveau de la mise en scène et c'est dynamique, mais les personnages sont souvent un peu moches. Mais bon si je ne me trompe pas le dessinateur est débutant et il y a des chances qu'il s'améliore au fils du temps.
Un chouette western. Un album sur ma pile à lire depuis plusieurs semaines, j'ai profité de ce dimanche ensoleillé pour m'y plonger. Le Canada, 1895, la petite ville de Sinnergulch s'apprête à vivre une révolution, celle de l'or noir. Une révolution qui va mettre à mal cette bourgade. Le carcajou, également connu sous le nom de glouton ou de wolverine en anglais, est un animal redoutable, solitaire et farouche, des traits de caractère que le sang-mêlé Gus Carcajou, il est à moitié Nakoda, est pourvu aussi. D'autres personnages possèdent aussi des traits de caractère de l'animal figurant dans leur nom de famille : le rusé homme d'affaires Jay Foxton, la force et la puissance pour le shérif Linus Kodiak et la vivacité et l'indépendance pour Linda Squirrel, la responsable du cabaret. Ils jouent parfaitement leur rôle. Eldiablo propose un récit dur, violent et très bien construit auquel il glisse avec modération quelques passages proches du burlesque, un ensemble qui fonctionne à merveille. Une lecture que je n'ai pu lâcher avant la dernière planche, surtout ne pas la regarder pour ne pas gâcher la conclusion de ce récit captivant. C'est la partie graphique qui a repoussé ma lecture, pas le genre qui me met des étoiles dans les yeux de prime à bord. Je dois avouer qu'à force de tourner les pages, je lui ai trouvé des qualités. Des personnages qui ont des gueules reconnaissables au premier regard, un coup de crayon gras, expressif avec beaucoup de charme. Les couleurs sont très belles, une petite partie en noir et blanc pour plonger dans le passé de nos personnages. Une mise en scène réussie. De l'excellent travail. Un très bon western que je recommande. Coup de cœur. "La terre ne t'appartient pas, tu le sais. C'est nous qui lui appartenons."
Sortie il y a quelques mois déjà, cette bande dessinée semble être un peu passée sous les radars. Pourtant, il s’agit d’une des meilleures bandes dessinées parues en 2024 qu’il m’a été donné de lire (jusqu’à présent, mais je pense qu’elle restera dans le haut du panier, quoiqu’il advienne). Carcajou tient autant de la fable que du récit d’aventure, son assise historique est intéressante tandis que la grande galerie de personnages lui apporte tout son sel. L’histoire se découpe en trois parties : - un long crescendo dans l’horreur, la convoitise, le meurtre, le sordide ; - une descente ensuite marquée par le sentiment de culpabilité de différents personnages. Sentiment qui les fait progressivement sombrer dans la paranoïa, la folie, en quête d’un pardon qui ne viendra pas ; - une conclusion, enfin, marquée par l’acceptation, le renoncement et la réconciliation sinon avec le genre humain du moins avec une terre nourricière. Vous l’aurez sans doute compris : la trame générale de ce récit n’a rien de drôle. Pourtant le ton oscille constamment entre la farce et l’horreur. C’est à la fois très noir et enjoué, grave et jouissif. Et c’est dû à une galerie de personnages hauts en couleurs, à des dialogues vifs et percutants, à une intrigue finement ciselée, à un dessin expressif et à une colorisation franche. On est clairement proche du sans-faute même si le récit n’est pas dépourvu de certaines petites facilités. Franchement bien à mes yeux, un achat que je ne regrette vraiment pas !
C'est marrant : j'ai lu cet album juste après avoir relu des histoires de la Jeunesse de Picsou au Klondike et j'ai eu l'impression de m'y retrouver à nouveau. En effet, le fameux Carcajou, vieil aigri vivant seul dans sa concession minière dans le Grand Nord canadien, a beaucoup du personnage de Balthazar Picsou de ces récits, détesté et craint par la fruste population de la petite ville voisine, et cachant ses mystères comme un avare misanthrope. Cette BD m'a agréablement replongé dans cette ambiance de pionniers du Grand Nord, vivant de grands espaces et de petites relations humaines. On s'attarde en particulier sur le riche arnaqueur du coin, l'équivalent du Soapy Slick des aventures de Picsou. C'est en effet par ses yeux, et non pas par ceux du chercheur d'or, que l'on va suivre l'aventure. Cela m'a offert un contrepoint intéressant pour un récit qui du coup gagnait en originalité. D'autant plus que ce personnage se révèle plus profond qu'envisagé, avec un passif et une relation particulière avec son grande frère et avec une femme de la ville. Tout cela donne du piquant et de l'intérêt à l'histoire. L'album se scinde en outre en deux chapitres qui auraient pu être 2 tomes séparés, avec une rupture nette entre les deux. De fait, on a 2 types d'histoires différentes entre les deux. L'une très ambiance pionnière, rivalité et affrontements entre l'arnaqueur et le vieil aigri. Et l'autre qui tourne un peu plus au polar, avec le mystère d'un possible fantôme vengeur et meurtrier. C'est rythmé, prenant, agréablement dessiné, les personnages sont bons et l'intrigue ne se laisse pas deviner. Vraiment pas mal comme lecture.
Nous ne sommes qu'au quart de 2024, et voilà déjà un prétendant fort crédible aux palmarès des meilleures BDs de l'année. Je ne connaissais le travail de scénariste d'Eldiablo qu'au travers de la déjantée mais non moins excellente série Monkey Bizness au coté de Pozla (Que je recommande chaudement d'ailleurs!) et je le découvre donc ici dans une veine un peu plus sérieuse sur ce western. Que dire? Si ce n'est que le scénario est très solide, quasiment parfait et l'histoire captivante. Je ne dévoilerai rien de l'intrigue pour vous laisser le plaisir de lecture et découverte intacte ! Une des grandes forces du livre est peut-être l'une de ses rares petites faiblesses: Le dessin. Il est assez classique (Inspiration Blain, Gaultier et consorts) et sert parfaitement l'histoire. Les personnages sont physiquement charismatiques et bizarrement attachants malgré leurs multiples défauts. Point fort de l'album d'ailleurs, pas de manichéisme puéril ici, beaucoup de nuances dans la personnalité des différents protagonistes. Le dessin est donc un atout majeur pour ce livre mais aussi son petit défaut à mon humble avis. Il se dégage en effet un léger manque de singularité/personnalité. Je pinaille en fait, car pour une première œuvre, Djilian Deroche fait très fort et je ne doute point qu'à plus ou moins long terme il s'émancipera et développera une touche un peu plus personnelle, ce petit truc en plus qui fera la différence. Autre léger bémol, la couverture n'est pas une totale réussite à mon goût et la fin est attendue et ne surprend pas. Pourtant, fiez-vous à Paul le Poulpe, cet album est déjà un futur Classique.
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