Crayon noir - Samuel Paty, histoire d'un prof

Note: 4/5
(4/5 pour 2 avis)

Les derniers jours précédant l'assassinat de Samuel Paty, victime d'un engregage suite à un débat sur la liberté d'expression.


Documentaires Ecole Les petits éditeurs indépendants Terrorisme

Dans l'après-midi du 16 octobre 2020, Samuel Paty est assassiné par un islamiste tchétchène. Il venait d'avoir 47 ans. Il était père d'un petit garçon. Samuel Paty aimait la musique, le rock des années 80, surtout Sigur Rós, U2, Goran Bregovic, Pink Floyd et Apocalyptica. Il était passionné d'histoire, appréciait la poésie, lisait Baudelaire, Balzac, Maupassant, Zola, Flaubert et Julien Green. Il jouait souvent aux échecs. Au tennis et au ping-pong aussi. Dans la salle des professeurs, il déambulait avec sa tasse « Star Wars » à la main. Ses élèves l'appréciaient pour son enseignement... et pour ses blagues consignées dans un carnet jamais loin de son cahier de classe. Un jour, il avait dit à une ancienne élève : « Je voudrais que ma vie et ma mort servent à quelque chose ».

Scénario
Dessin
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 06 Octobre 2023
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Crayon noir - Samuel Paty, histoire d'un prof © Studiofact 2023
Les notes
Note: 4/5
(4/5 pour 2 avis)
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02/04/2024 | karibou79
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L'avatar du posteur Noirdésir

Je suis professeur d’Histoire et, comme Samuel Paty, j’enseigne à des élèves de quatrième. Forcément une leçon sur la liberté d’expression, et très souvent avec des caricatures de Charlie-Hebdo, utilisées pour nourrir un débat sur la liberté d’expression et ses éventuelles limites. C’est dire si sa mort – et son caractère « monstrueux » m’a touché. L’idée que l’on puisse mourir de la sorte, simplement pour avoir « fait son travail »… J’ai déjà vu des documentaires et reportages où étaient interrogés les anciens collègues, et suis donc familiarisé avec le contexte et « l’après » de ce drame. Mais cet album est bien fichu, bien mené. Il prend son temps pour « mettre en place » les choses, que ce soit la personnalité de Paty, ses cours et les relations avec ses élèves, ses maladresses. Et, en parallèle, la radicalisation de son futur meurtrier. Et bien sûr « l’affaire » (Paty a surtout été victime de rumeurs, de fausses dénonciations, récupérées et amplifiées par des imbéciles extrémistes). Comme les collègues de Paty, ce n’est pas tant l’absence de réactivité de l’institution (qui avait pas mal d’information sur ceux qui « montaient la cabale » avant le drame) qui m’a le plus marqué (mis à part l’assassinat lui-même bien sûr), c’est surtout ces 5 ou 6 élèves qui ont aidé le meurtrier, qui ont accepté sans se poser trop de question de désigner leur prof contre de l’argent. Qu’est-ce qui a été « raté » ? Paty n’est pas un héros, ni un professeur hors du commun. Mais à l’évidence il était un bon pédagogue, apprécié de ses élèves. Sa mort interroge les enseignants, l’institution Education Nationale, et notre société. Les questions posées n’ont pas toutes trouvé de réponses, loin de là. Cet album est aussi l’occasion pour beaucoup de protagonistes de « faire le point ». C’est un très bon documentaire « à chaud », sur un crime qui m’a je pense davantage touché que je ne l’ai pensé au départ.

24/06/2024 (modifier)
Par karibou79
Note: 4/5
L'avatar du posteur karibou79

Le récit implacable et glaçant précédent le meurtre par un terroriste de Samuel Paty, devenu un symbole du malaise du monde enseignant et du combat permanent pour la liberté d'expression. Débutant par la cérémonie de funérailles, on suit le quotidien de ce prof de collège un peu farfelu qui aime débattre avec ses élèves et les pousser à s'interroger. Pour cela, il abordera le thème délicat des caricatures qui ont été le détonateur de l'attentat contre Charlie Hebdo. On connaît malheureusement ce déroulé tragique mais pas forcément le fonctionnement au sein du collège qui doit gérer la situation entre élèves adeptes des réseaux sociaux, parents enflant les faits et administration mécanique. Il est aisé de s'imaginer qu'une poignée de profs peut se sentir démunis lorsque la machine à haine se met en marche. Il y a de la noirceur mais aussi beaucoup d'espoir en suivant ces cours où les élèves se confient et parfois prennent conscience. Le récit est parfois hagiographique mais il est sain de montrer le bon côté de l'enseignement qui prend en compte le mot "éducation" de "Education Nationale", surtout dans ce collège qui n'a pas l'air si facile. Un récit documentaire donc, qui alterne parfaitement faits, scènes du quotidien, enquête et entretiens. Un beau boulot d'investigation bien mis en scène entre des planches en gaufre classiques et d'autres retranscrivant des conversations ou encore reliant des faits façon détective. Une BD engagée et instructive qui parlera sans doute également aux ados.

02/04/2024 (modifier)