Boomers
À l’approche de ses 60 ans, Ernesto se questionne sur le temps passé, le temps qui lui reste à vivre ainsi que sur le monde qu’il laisse à sa fille.
Auteurs espagnols La Boite à Bulles Les petits éditeurs indépendants Troisième âge
Ernesto est à l’aube de la soixantaine et, s’il écoutait un peu plus les autres, il se verrait déjà un pied dans la tombe. Lui qui se réjouissait d’atteindre l’âge de sagesse se retrouve égaré, perplexe quant à son époque et incertain face à l’avenir – le sien mais aussi celui du monde... De nature songeur, Ernesto se lance dans un voyage exploratoire sur le passage du temps et sur la transmission. Entre pensées et souvenirs, nourri des échanges avec sa femme et ses amis, se dessine en filigrane le portrait d’une génération arrivée à maturité et forcée de constater que l’avenir auquel elle se préparait n’était qu’un mirage. Boomers est un album qui bouscule à pas feutrés, qui encourage à la résilience, et porte un regard nostalgique mais dénué d’amertume sur le monde moderne et sur son devenir.
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Date de parution | 06 Mars 2024 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Pas franchement intéressant, mais pas mauvais, cette BD. En fait, très vite oubliable malgré la sincérité dont elle fait preuve. C'est une BD très rapide à lire, malgré la présence systématique de texte. On est sur des dialogues introspectifs de la part de personnes approchant la soixantaine. Les dialogues ont des punchlines franchement bien trouvées, des discussions qui ne sentent pas le vieux con et des réelles réflexions sur l'âge, la vieillesse, l'état du monde. Introspectif, comme dit. Un vrai film français ! Mais comme dit plus haut, c'est pas franchement intéressant. Pas de réelles discussions avec d'autres générations, pas de mise en perspective sur l'avenir, sur la place que peuvent avoir les personnes âgées dans notre société ... En fait la BD pose pleins de questions sans jamais apporter de réponse, et développe plein de situations sans avoir d'histoire. C'est juste des scénettes les unes après les autres. Et malheureusement, les punchlines s'oublient, les personnages aussi, les réflexions ne sont pas développées ... Même si je ressens une bonne volonté de l'auteur, ça reste trop léger, trop oubliable. Le dessin passe bien, il est efficace mais pas particulièrement excellent non plus. Ce n'est pas lui qui m'a bloqué, clairement !
C’est pas toujours facile d’être un « boomer » ! Comme pour les ados, votre corps change, tout vous agace, et vous vous sentez même encore pas mal rebelle au fond de vous… La différence, elle se situe juste au niveau du miroir, avec ces cheveux blancs qui se sont invités sans votre permission… ce dos un peu voûté et cette brioche narquoise qui vous invitent à vous remettre au sport de toute urgence… Pour ceux qui ignoreraient encore ce que signifie cet anglicisme, ce n’est que l’abréviation du plus connu « baby-boomer », à savoir tout individu né durant l’explosion démographique de l’après-guerre, jusqu’au début des années 60. La jeune génération « éveillée » l’utilise parfois péjorativement à l’encontre des « vieux mâles blancs » qui ont la nostalgie d’une époque bien genrée — voire bien "burnée" —, et se moquent du réchauffement climatique comme de leur première Renault 16 diesel. Dans « Boomers », rien de tous ces clichés. Ernesto, son épouse Lola et ses amis sont plutôt lucides quant à leur statut dans le monde d’aujourd’hui, et ils ont conservé la conscience politique (forcément de gauche) de leurs jeunes années. Tout en tentant de prendre de la distance, car ces seniors vivent avec leur temps (ils sont « connectés » et familiarisés avec les smartphones et Netflix), ils se désolent des effets néfastes des réseaux sociaux sur la qualité de l’information et de l’impact des « fake news ». Si le récit se déroule en Espagne, on peut constater que la tendance s’est internationalisée et n’est pas propre à ce pays. Les questionnements défilent, au gré des promenades d'Ernesto dans Palma, lors des dîners entre amis ou avec sa femme Lola, sur fond de nostalgie d’un passé révolu…. A contrario d’une histoire scénarisée, « Boomers » est avant tout une réflexion sur le temps qui passe, avec ce constat inévitable sur l’écart qui s’est doucement creusé avec les jeunes générations, symbolisées par la fille d’Ernesto et Lola qui fait une apparition à la fin. Quant au dessin, il accompagne aimablement le propos par sa simplicité, et constitue une ode à une certaine douceur de vivre espagnole, et à cette ville de Palma, qui, même gangrénée par le tourisme de masse et la gentrification, comme le déplore Ernesto, reste suffisamment avenante ici pour dissuader le lecteur « non autochtone » de s’y rendre. « Boomers » s’adresse aussi bien aux personnes nées dans la période 1945-65 qu’aux générations postérieures. Si les premières pourraient y trouver une forme de réconfort grâce au ton léger caractérisant l’album, les secondes sauront peut-être y voir une projection d’eux-mêmes dans la ou les décennies à venir. Globalement, ce n’est pas plombant comme on aurait pu le penser, mais plutôt plaisant voire « feelgood », une expression que pourront comprendre les seniors se faisant un devoir d’être au parfum…
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