L'Imprimerie du diable
Une des premières chasses aux sorcières, au XVème siècle.
1454 - 1643 : Du début de la Renaissance à Louis XIII La BD au féminin Les petits éditeurs indépendants Sorcières
L'imprimerie du diable se déroule au début de la grande chasse aux sorcières qui eut lieu dès le XVème siècle, autour du livre Le marteau des sorcières, instrument central qui a permis à la justice séculaire de répandre la terreur et le chaos dans les campagnes.
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Date de parution | 18 Avril 2024 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Ce one-shot m'a moins enthousiasmé que les autres posteurs. Le dessin est pas mal, mais je trouve qu'il est gâché par des couleurs qui le rendent fade. Quant au scénario, il n'est pas mauvais, mais j'ai eu l'impression de ne voir que des choses que j'avais déjà vues dans d'autres récits du moyen-âge avec ces obscurantistes qui veulent détruire des femmes libres en les traitant de sorcières et il n'y a rien de nouveau dans le récit. L'histoire d'amour entre les deux personnages principaux qui en grandissant se retrouvent dans des camps ennemis ne m'a pas touché. L'héroïne est un peu attachante, mais parfois la manière dont elle parle fait plutôt penser à une féministe moderne qui explique le fonctionnement du système patriarcal oppresseur. Comme la BD a un coté militant, je pense que l'appréciation du lecteur va se baser en partie s'il adhère aux idées des autrices ou non.
BD historique sur l'inquisition alternant le chaud et le tiède. Elle peut, comme bien des BD historiques, narrer classiquement et relativement platement son intrigue ; et plus loin prendre une inattendue ampleur quand elle décrit les évolutions parallèles des deux personnages principaux et notamment comment un érudit intègre une pensée davantage politique que scientifique. L'ampleur et le vertige s'estompent malheureusement assez vite dès lors que la clarification des enjeux et positionnement est actée. On se prend à rêver d'un scénario autrement plus trouble et des frontières moins nettes, d'un côté entre médecine douce et sorcellerie, de l'autre entre érudition et manipulation du savoir par soif de pouvoir. Mais ce que cette BD perd, en nuances donc, mais aussi en hauteur et profondeur (maigre discours sur le détournement d'une invention et son accaparement par le clergé), elle l'échange contre une belle conduite de son intrigue, originalement féminine et humaniste. Les illustrations sont propres, élégamment colorisées, les personnages principaux évidemment très beaux. Une lecture agréable, une belle BD jusque dans son édition, que l'on eût aimée plus belle encore.
Traité sous forme d’un roman graphique, cette histoire nous donne à voir l’utilisation par les autorités – ecclésiastiques en tête – de la « sorcellerie » pour maintenir leur pouvoir, et pour « ramener à leur place » les femmes, que l’Église accuse depuis longtemps d’être source de péchés. Les deux personnages principaux – présents sur la couverture – qui se sont connus – et aimés adolescents dans un village proche de la Suisse, représentent les deux catégories qui vont s’opposer. D’un côté Reine, qui perpétue la tradition et l’enseignement familial en soignant, accouchant presque tous les habitants du village grâce à ses connaissances des herbes et autres simples. De l’autre Étienne, que le curé a instruit et qui jeune a quitté le village, pour travailler dans une imprimerie et ensuite gravir les échelons et devenir un spécialistes des livres dénonçant les sorcières (comme « Le marteau des sorcières »), et par là même un des chefs de la lutte contre l’ « œuvre de Satan ». Ils vont se retrouver face à face lorsque les rancœurs villageoises vont faire fondre sur ses habitants la foudre de l’Inquisition. Le dessin et la colorisation sont vraiment très bon, fluides et dynamiques. La narration est, elle aussi, aisée et agréable à suivre. Je regrette juste quelques facilités : Reine tient un discours à la fois trop « moderne » (féministe et anachronique je trouve dans ses termes) et surprenant pour une femme qui n’a jamais lu ou suivi d’instruction. Quant aux rebondissements de la fin, je les ai trouvés parfois un peu trop brutaux et faciles. De la même manière, je suis surpris que les édiles et dirigeants ecclésiastiques tiennent un discours si cynique et exposent si clairement l’utilisation de la lutte contre les sorcières pour maintenir le troupeau des fidèles en laisse. Qu’ils le pensent certes, mais qu’ils le formulent ainsi, et si ouvertement m’a surpris. Mais bon, ça n’en reste pas moins une lecture agréable sur le plan BD, et une ouverture sur un sujet qui est revenu sur le devant de l’actualité (nombreux ont été récemment les écrits – livres, revues – consacrés à ces « sorcières », et leur « diabolisation » au profit d’intérêts pas toujours religieux). A noter le très beau travail éditorial des Arènes. Une belle mise en pages, une couverture et un dos épais et toilés avec des livres en surbrillance. Note réelle 3,5/5.
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