Mahar le lionceau ou l'enfance perdue des jeunes soldats de Daech
La vie de Mahar, jeune yézidi d'Irak, bascula lorsqu'il fut enlevé à sa famille et enrôlé à 10 ans par Daech, devenant un enfant-soldat, un lionceau du califat. Ceci est sa poignante histoire.
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Ce roman graphique poignant retrace le parcours de Mahar, yézidi enlevé à ses parents par Daech lorsqu'il avait dix ans pour devenir un enfant soldat. La scénariste évoque sa rencontre et ses échanges avec le garçon jusqu'à sa majorité, qui le vit alors livré à lui-même, porteur d'un lourd passé. Ce livre poignant est l'histoire de Mahar, mais aussi une part de notre propre histoire.
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Date de parution | 24 Avril 2024 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
En 2014, après plusieurs mois de conquête d’une partie de la Syrie et d’Irak, L’État islamique déclare la restauration du califat, provoquant la sidération mondiale. Lorsque ses combattants envahissent et détruisent le village de Kocho, situé dans la région du Sinjar en Irak du nord, Mahar n’a que dix ans. Le jeune garçon va être enrôlé et converti de force par Daesch. Six ans plus tard, alors que l’État islamique est vaincu, Mahar est rapatrié chez lui dans un centre d’accueil, tout en étant surveillé par l’armée. C’est son histoire effrayante et tragique qui nous est racontée dans « Mahar le lionceau ». Spécialiste des questions de l’après-guerre au Moyen-Orient et lauréate du prix Albert-Londres en 2007, Anne Poiret s’est rendue dans le Sinjar, au nord de l’Irak, pour se pencher sur la question des enfants soldats de Daech. Pour ce faire, elle a pu pénétrer dans un centre d’accueil où sont hébergés 128 enfants yézidis, dont plus d’une vingtaine d’enfants soldats. Elle a pu convaincre un jeune garçon âge de 16 ans de raconter son histoire, et celle-ci glace le sang. Issu de la communauté yézidi, une minorité confessionnelle pratiquant une religion proche du zoroastrisme, Mahar — il s’agit évidemment d’un faux prénom — a été kidnappé par les troupes de Daech en 2014. Le livre va nous faire vivre sa terrible expérience, celle d’un être arraché brutalement à l’enfance pour être mis au service d’individus sanguinaires, prêts à tout pour imposer la charia dans tous les territoires conquis. D’abord converti à une religion qui lui était étrangère, Mahar va ensuite apprendre à combattre l’ennemi « mécréant » et assassiner sans états d’âme les « kouffars », pendant une période de six ans. La guerre terminée et Daech vaincu, comment l’enfant, à la fois bourreau et victime, ressortira-t-il d’un point de vue psychique, sachant que des membres de sa famille ont péri ou disparu pendant le conflit ? Réalisera-t-il l’ampleur de la manipulation dont il a été l'objet ? En retranscrivant les propos de Mahar, Anne Poiret nous offre un documentaire à la fois passionnant et glaçant, qui nous permet de comprendre les méthodes impitoyables de l’Etat islamique pour recruter ces mômes qui ont encore du lait dans le nez et les transformer en redoutables guerriers, pour qui le statut de martyr est devenu la plus haute aspiration… Le dessin réaliste de l’auteur danois Lars Horneman se plie impeccablement aux codes de la BD documentaire, avec un sens du cadrage maîtrisé pour faire ressortir la tension ou l’émotion propres à certaines scènes. Si aujourd’hui Daech a été mis en pièce par les forces de la coalition internationale, les Islamistes radicaux n’ont pas pour autant dit leur dernier mot, et comme on le sait, restent plus que jamais une menace tangible pour l’ensemble du monde. A ce titre, « Mahar le lionceau » constitue un témoignage précieux qui pourrait contribuer à mieux lutter contre leurs odieuses techniques de lavage de cerveau, dont on sait qu’elles se propagent aussi via les réseaux sociaux. En ces temps troublés où l’obscurantisme sort ses tentacules de tous les côtés, cet ouvrage, tout en nous faisant prendre conscience que les démocraties restent fragiles, s’avère un indispensable outil de résistance et de défense de la liberté.
Il y aurait tellement à dire sur cet album qui rapporte un témoignage extraordinaire. Celui de Mahar un jeune enfant enlevé par Daech à l'âge de 10 ans pour l'enrôler bien malgré lui. La scénariste, une journaliste, à réussi à l'interviewer à plusieurs reprises après la chute de l'organisation islamique. Il est alors âgé d'une vingtaine d'années et livre avec un peu de recul un témoignage sur ce qu'il a vécu. L'actualité des dernières années est fortement marquée par ces conflits, on est abreuvé d'infos et d'images sur Daech, le terrorisme est malheureusement d'une récurrence quasi quotidienne dans les JT. Ces infos et ces images ont de quoi saper le moral. Mais là on est encore un cran au dessus. Des enfants... des enfants de 10 ans ! Kidnappés, arrachés à leur famille, endoctrinés, des privations de nourriture, des bourrages de crâne à coup de propagande nauséabonde, rabâchée encore et encore. Des enfances volées pour fabriquer des soldats de 13 ans prêts à tirer à la kalachnikov et même à commettre des attentats suicide. Voilà la triste réalité du monde qui nous entoure. Honnêtement on n'a pas envie d'y croire tellement c'est révoltant. Que certains adultes, aux nom d'idéaux discutables, se fassent la guerre c'est une chose, mais arracher des gosses insouciants et innocents à leur famille pour s'en servir comme soldats, c'est monstrueux. Cet album met en lumière cette facette de Daech. Les différents chapitres relatent les grandes étapes de l'histoire de Mahar : son enlèvement, son endoctrinement, sa formation de soldat, et sa contribution à la guerre. Mahar ne parait même pas forcément sympathique ou attachant. Mais c'est même pas la peine, c'est raconté avec les mots justes et c'est ça qui en fait un album "désagréable" à lire. Un album qui file un mauvais gout dans la bouche. Au final, j'aurais très vite oublié le nom des villages syriens attaqués, le nom de telle ou telle bataille en Irak, mais peu importe, l'important du propos n'est pas là. En fin de compte le seul reproche qu'on peut faire à ce récit c'est qu'il n'est peut être pas suffisamment poignant. Il manque un petit quelque chose, peut être parce que Mahar est anonymisé et qu'il n'est pas attachant ? Mais ce livre n'est pas vraiment émouvant malgré la dureté du propos, non il est plutôt effrayant et révoltant.
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