The Black Beetle

Note: 4/5
(4/5 pour 1 avis)

Le vigilante Black Beetle effectue des règlements de compte dans le milieu du crime organisé, dans une ville fictive de la côte Est des États-Unis, en 1941.


Auteurs italiens Dark Horse Comics Séries avec un unique avis Super-héros

1941. Les postes radios américains crépitent au son du jazz et de l'annonce des récentes victoires militaires d'Hitler. Alors que la nation toute entière profite de ses derniers instants d'insouciance, les gangsters de Colt City bâtissent leur empire sur le racket de night-clubs, le trafic d'armes, la prostitution et la drogue, à peine inquiétés par une police corrompue. Mais au-delà de ces trafics, un mal plus sournois rôde… On murmure qu'une faction d'espions nazis serait sur la piste de puissants artefacts. Depuis les hauteurs de la ville, un protecteur veille. Son nom : Black Beetle.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 09 Janvier 2014
Statut histoire Série abandonnée 1 tome paru

Couverture de la série The Black Beetle © Urban Comics 2014
Les notes
Note: 4/5
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26/04/2024 | Présence
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Par Présence
Note: 4/5
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Hommage virtuose aux pupls - Ce tome contient les 4 épisodes de la minisérie ""No way out", ainsi que le prologue "Night shift" (prépublié dans "Dark Horse comics presents"), initialement parus en 2011/2012, écrits, dessinés, encrés et mis en couleurs par Francesco Francavilla. Il contient également une introduction d'une page écrite par Darwyn Cooke, et une vingtaine de pages de bonus très édifiantes quant au processus de création. "Night shift" - Dans la ville de Colt City, le 24 janvier 1941, un petit commando de soldats nazis disposant d'hélipack arrive. Leur objectif : le musée d'histoire naturelle pour y récupérer le Lézard Creux, une relique sur laquelle est en train de travailler le docteur Antonia Howard. Sur leur chemin : Black Beetle. "No way out" - Don Pasquale Galazzo et Joe Fierro (2 parrains du crime organisé) se rencontrent dans le pub "Spencer". Black Beetle s'apprête à intervenir pour mettre un terme à leur entretien et leurs trafics. Alors qu'il s'élance vers le bâtiment, celui-ci explose, tuant tous ses occupants. Il ne lui reste qu'une seul piste pour comprendre qui a commandité cet attentat : retrouver Constantino Galazzo qui ne participait pas à ce rendez-vous d'affaires. Mais ce dernier est en prison, "The Fort", située sur une île au large de Colt City. L'introduction de Darwyn Cooke ne laisse planer aucun doute : l'objectif de Francesco Francavilla (artiste italien, dessinateur de comics tels que Zorro (VO), Batman - Sombre reflet, Panthère Noire - L'homme sans peur) est de rendre hommage aux pulps, ces récits à sensation bon marché des années 1930 ou 1940, mettant en scène un justicier souvent masqué, dispensant une justice expéditive dans les bas fonds d'une métropole corrompue où les affaires de la pègre sont florissantes. Effectivement, le lecteur repère bien vite les conventions de ce genre de récit : nazis en goguette, justicier masqué s'en prenant aux affaires louches du milieu, passage dans les égouts, combats à main nue, ennemi très singulier, costume du héros avec cape, lunette de vision nocturne et emblème du scarabée, etc. Comme l'indique Cooke, il s'agit pour Francavilla de s'approprier les conventions des pulps pour les faire siennes, et en donner sa version. Il s'agit d'un objectif artistique un peu délicat, puisqu'il faut que le créateur maîtrise assez ces conventions pour pouvoir les citer avec conviction, mais aussi assez pour pouvoir en faire quelque chose de différent. Du début à la fin, Francavilla impressionne par le niveau d'intégration de toutes les composantes du récit pour former un tout d'une grande richesse, sans être indigeste. Au fur et à mesure des séquences, le lecteur peut apprécier l'inventivité mise naturellement au service de la narration. Prise une par une, chaque composante peut se réduire à une convention stéréotypée et banale. Mais intégrée dans l'ensemble, elle apporte sa pierre à un édifice narratif haletant et savoureux. Le début de l'épisode 1 est une suite de pages, toutes plus étonnantes que la précédente. La première est une pleine page montrant Black Beetle en haut d'un immeuble, un appareil d'écoute à la main, un écouteur dans l'oreille. Les immeubles en arrière plan sont peu détaillés, il y a quelques lignes électriques vaguement esquissées, et les détails du costume de Black Beetle sont indiscernables dans l'ombre. Pourtant la posture de Black Beetle transcrit toute l'intensité de l'attention qu'il porte à ce qu'il entend. Son masque avec ses 2 gros verres rouge transmet toute l'incongruité étrange de son activité. Sa voix intérieure expose laconiquement les faits pour le lecteur. Sa silhouette se fond dans le décor, et les couleurs permettent d'installer une ambiance qui rend l'image à la fois stéréotypée, et pourtant pleine de caractère. La page suivante est consacrée à Don Pasquale Galazzo, celle d'après à Joe Fierro, sur la base d'une mise en page où les différents dessins ne sont pas séparés par des bordures mais comme fondus l'un à l'autre, avec un ou deux clichés photographiques posés par-dessus. Le lecteur a sous les yeux les dossiers de ces 2 individus, pendant que la voix intérieure de Black Beetle délivre avec concision les informations relatives à ces individus. La page d'après est un dessin pleine page, découpé en 3 par la forme des lunettes de vision de Black Beetle, permettant au lecteur de se figurer comment le regard du héros parcours la façade de l'immeuble. La page suivante est tout aussi impressionnante avec un rond central pour Black Beetle prêt à l'action, une rangée de case en haut le montrant préparant ses pistolets, une rangée de case sous le cercle où il tire, et la dernière case de la largeur de la page montrant la pluie de fléchettes. Là encore, c'est le découpage de la séquence à l'échelle de la page qui transforme un moment très classique, en une scène très vivante transcrivant à la fois la préparation du héros, et son action silencieuse et méthodique. Tout du long de ces épisodes, le lecteur est emporté par un découpage et une mise en page inventive, intelligente, où la forme devient signifiante. Alors que le dernier épisode comprend une scène d'exposition artificielle dans laquelle Black Beetle expose ce qu'il a compris à son adversaire, puis l'adversaire comble les trous de son exposé, cette séquence passe toute seule, parce que les cases sont découpées comme des pièces de puzzle emboîtées les unes dans les autres, avec la moitié de la tête de l'orateur dessinée sur la hauteur de la page de gauche, et la moitié de celle de l'auditeur sur la hauteur de celle de la page de droite. Cette mise en forme transforme 2 monologues d'exposition en une résolution visuelle du mystère. Alors que le lecteur peut apprécier le style un peu épuré de Francavilla comme évoquant les dessins parfois naïfs et bruts des comics des années 1940 (ou l'idée que le lecteur peut s'en faire), la mise en page et le découpage séquentiel transforment un exercice de style passéiste en une aventure visuelle peu commune. Francesco Francavilla raconte une histoire bien tordue de règlements de compte dans le milieu du crime organisé, dans une ville fictive de la côte Est des États-Unis, en 1941. Il recrée avec maestria l'esprit des pulps, dans une narration virtuose, surprenant le lecteur à chaque page. Même les scènes les plus rabâchées prennent une dimension ludique dans une grande fluidité. Les 20 pages de bonus permettent de se faire une idée de l'investissement de Francavilla dans sa création, et de sa rigueur. Il y a par exemple une scène de combat à main nue entre Black Beetle et une poignée de gros bras (affrontement mille fois déjà lu) qui est racontée dans une forme chorégraphiée lui apportant une crédibilité étonnante. Le lecteur découvre dans les pages bonus que Francavilla a demandé à un des ses amis pratiquant les arts martiaux de l'aider à chorégraphier ladite scène. Francavilla explique également comment il a choisi le symbole de Colt City (élément vu en passant lors d'une scène ou deux) qui porte une signification des plus macabres. Il a réussi son pari de rendre hommage aux pulps, tout en réalisant une histoire à la narration très personnelle. Par opposition à un récit comme le premier tome de Lobster Johnson (Le Prométhée de fer), le lecteur n'a jamais l'impression de lire un copie qui n'arrive pas à dépasser son modèle.

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