Une tête bien vide (Bumperhead)
Si Une Tête bien vide n'est pas à proprement parler une suite de La Saison des billes, Gilbert Hernandez y aborde une autre partie fondatrice de la vie d'un homme, à savoir l'adolescence, et comment cette période décisive peut façonner, pour le meilleur comme pour le pire, le destin d'un être humain.
Adolescence Atrabile Drawn & Quarterly Les petits éditeurs indépendants Punk
Bobby se laisse porter dans la vie ; école, travail, amour, les choses s'enchaînent plus ou moins facilement, sans passion ni engagement. Et si Bobby rêve d'autre chose, c'est avec patience qu'il attend et attend encore que quelque chose se passe, incapable qu'il est de faire des choix, de prendre des décisions. Dans cette vie flottante, entouré d'amis qui vont et qui viennent, son seul centre d'intérêt se matérialise à travers la musique, du glam rock au punk, d'Alice Cooper aux Sex Pistols. Inconstant, paumé, plus spectateur qu'acteur de sa propre vie, Bobby se sentira véritablement métamorphosé par le mouvement punk - mais pour un instant seulement. Et Bobby laissera ainsi filer les moments, les possibilités et enfin les années... L'histoire commence alors que Bobby (le personnage principal) est encore un enfant en butte aux moqueries de certains de ses camarades qui trouvent que sa grosse tête a la forme d'un bumper de flipper. En particulier Francisco et Rufus ont pris l'habitude l'appeler Bumperhead et de le taper sur la tête en faisant rebondir leur main. Dans la deuxième partie, Bobby est au lycée. Il découvre les filles, les substances psychotropes et la musique de rebelle (d'Alice Cooper aux New York Dolls). Dans la troisième partie, son père est au Mexique, et il travaille comme technicien de surface dans une entreprise. Quatrième partie : il découvre les Sex Pistols et les groupes punks suivants, et a une relation suivi avec Chili, la sœur de Lorena. Cinquième partie : Bobby a 30 ans de plus.
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Date de parution | 12 Février 2015 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Arbitraire - Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. Ce récit est initialement paru en 2014, écrit, dessiné et encré par Gilbert Hernandez. Cette bande dessinée est en noir & blanc ; elle compte 120 pages. L'histoire commence alors que Bobby (le personnage principal) est encore un enfant en butte aux moqueries de certains de ses camarades qui trouvent que sa grosse tête a la forme d'un bumper de flipper. En particulier Francisco et Rufus ont pris l'habitude l'appeler Bumperhead (tête bien vide) et de le taper sur la tête en faisant rebondir leur main. Bobby a également des amis comme Tina & Lalo, ce dernier possédant un iPad capable de prédire le futur (l'histoire se déroule dans les années 1970). Il est secrètement amoureux de Lorena Madrid. Son père est un immigrant mexicain en situation régulière, avec un travail à temps plein ; il ne parle pas l'anglais. Sa mère fume comme un pompier et est surveillante à temps partiel dans une école maternelle. Dans la deuxième partie, Bobby est au lycée. Il découvre les filles, les substances psychotropes et la musique de rebelle (d'Alice Cooper aux New York Dolls). Dans la troisième partie, son père est au Mexique, et il travaille comme technicien de surface dans une entreprise. Quatrième partie : il découvre les Sex Pistols et les groupes punks suivants, et a une relation suivi avec Chili, la sœur de Lorena. Cinquième partie : Bobby a 30 ans de plus. Ce récit a été publié par l'éditeur canadien Drawn & Quarterly qui avait déjà publié La saison des billes, un récit semi autobiographique sur l'enfance. du coup les journalistes spécialisés se sont empressés de présenter "Bumperhead" comme une suite thématique sur l'adolescence et l'entrée dans l'âge adulte. Néanmoins, au regard de sa construction (un personnage depuis l'enfance jusqu'à la cinquantaine), ce récit se rapproche plus de Julio, tout en étant différent. "Une tête bien vide" reprend bien des mécanismes narratifs de Julio. Hernandez montre comment les incidents marquants de l'enfance impriment une marque psychique indélébile sur l'individu. Les railleries des autres enfants orienteront le comportement de Bobby vers une défiance vis-à-vis de ses contemporains, le sentiment d'être de trop dans cette existence. Comme à son habitude, l'auteur refuse tout langage psychologique, ou psychanalytique, il préfère montre et laisser le lecteur libre de son interprétation et de son analyse. Comme dans Julio, Hernandez montre comment Bobby essaye de concilier sa nature avec la société dans laquelle il vit. Mais le thème principal qui se dégage petit à petit est d'une autre nature. La première partie montre que le quotidien de Bobby est défini par ses relations avec les autres enfants, leurs interactions, et le monde incompréhensible et arbitraire des adultes. Cette approche est accentuée par les dessins qui sont réalisés avec un point de vue à hauteur d'enfant. Dans la partie suivante, le lecteur retrouve bien sûr l'opposition de l'adolescent à ses parents, mais aussi une scène inutile si elle n'est pas rattachée au thème de l'évolution vers une vie d'adulte. Pages 36 & 37, Bobby aide son père dans une démarche administrative. Cette séquence apparaît incongrue dans un chapitre consacré à la vie entre adolescents. Dans le cadre du cheminement vers la vie d'adulte, Bobby se retrouve placé dans une situation où il pallie l'incapacité de son père (qui ne parle pas anglais) à être autonome face à l'administration. Julio avait pour thème principal l'affirmation de soi, la prise de conscience de son identité et la façon de la concilier avec le cadre de la société, et avec sa culture. "Une tête bien vide" se focalise plutôt sur l'assimilation de l'enfant dans la société des adultes, bon gré, mal gré. Comme tout être humain, Bobby a grandi dans un milieu social délimité, que son esprit d'enfant a filtré et interprété pour construire une image de la réalité. Au fur et à mesure des années, les limites de cette image apparaissent, alors que d'autres aspects de la réalité la contredisent et que les habitudes de vie acquises ne donnent plus satisfaction. Dans une interview, Gilbert Hernandez a expliqué que cette histoire était également une projection de ce qu'il aurait pu devenir s'il n'était pas devenu un dessinateur, un artiste. C'est également une réflexion sur la manière de gérer sa colère. Sur ce dernier point, "Une tête bien vide" se rapproche de La Saison des billes dans la mesure où Hernandez a intégré certains de ses souvenirs, ceux sur la découverte de la musique Punk en général et des Clash en particulier : une musique bruyante, révoltée et engagée. Quand le lecteur ouvre cette bande dessinée, il reconnaît immédiatement les caractéristiques graphiques des dessins de Gilbert Hernandez. En surface il s'agit de dessins simplistes, avec un détourage des formes par le biais d'un trait un peu épais, et des représentations parfois naïves (dans la morphologie des individus, ou dans l'aspect des décors). Pourtant cette apparence simple ne nuit en rien à la narration. Au bout de quelques pages, le lecteur commence à apprécier l'immédiateté de la lecture de ces dessins que rien ne vient alourdir. Puis il prend conscience que cette simplicité relève plus de l'évidence que d'un raccourci pour dessinateur pressé. Prise une par une chaque case constitue un constat sur l'état d'esprit du personnage représenté, sans fioriture, mais avec une acuité pénétrante et parlante pour le lecteur. Hernandez dessine des évidences, tellement parlantes que le lecteur n'a aucun effort à faire pour les assimiler. A contrario, dès que le lecteur commence à verbaliser (dans sa tête, sinon ça fait bizarre pour son entourage) ce qu'il voit, il prend conscience de l'efficience avec laquelle les dessins transmettent les informations souhaitées par l'auteur. Il prend également conscience de la parfaite cohérence visuelle quel que soit l'objet ou le personnage représenté. Dans le déroulement du récit, le lecteur observe 2 incohérences manifestes. Alors que la première séquence se déroule dans les années 1970, Lalo dispose d'un iPad. Pour un lecteur ne connaissant pas les autres œuvres de Gilbert Hernandez, il s'agit d'une erreur manifeste et grossière inexplicable. Pour un lecteur habitué, il détecte là un recours au réalisme magique (faisant appel à une technologie du futur), dispositif habituel chez Hernandez. Dans les 2 cas, il est possible de considérer cette tablette comme un outil narratif pour développer une idée : si je connaissais le futur (en partie, une toute petite partie), est-ce que je changerais de comportement ? La deuxième incohérence est plus difficile à interpréter. Dans la dernière partie, Bobby est manifestement plus âgé, de 30 ans (dixit l'auteur lui-même). Pourtant les personnages qu'il rencontre portent des tenues vestimentaires datées, évoquant les années 1930 (également confirmé par l'auteur). Charge au lecteur d'interpréter l'intention d'Hernandez, peut-être évoquer une forme de nature cyclique de la vie... Pour cette nouvelle histoire, Gilbert Hernandez donne l'impression de vouloir centrer son récit sur l'adolescence, sur ses souvenirs de la musique punk, et le poids de l'acquis. le lecteur prend conscience que l'ambition du récit dépasse largement celui de simples réminiscences. Hernandez ne recrée pas l'époque de sa jeunesse (peut-être même moins que dans "Love and Rockets X"). Il incorpore une partie de ses souvenirs dans la vie de Bobby, individu ordinaire dont la vie est soumise et configurée par son milieu social et culturel et ses rencontres (comme chaque être humain). Ces constats renvoient le lecteur à sa propre vie, à l'idée qu'il peut se faire de son libre arbitre, à ses convictions, à la part d'impondérable et d'arbitraire qui gouverne sa propre vie.
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