Jardin d'Eden (Garden of flesh)
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Mais comment ont bien pu s'occuper Noé et sa famille durant quarante jours et quarante nuits ? Gilbert Hernandez nous livre sa savoureuse réponse.Une libre interprétation pornographique de la Bible par le chantre du genre : Gilbert Hernandez, auteur de Love & Rockets, monument du comics underground. De la conception d'Eve, en passant par celle d'Abel et Caïn jusqu'à la vie à bord de l'arche de Noé, l'auteur traite de l'amour, du sexe et de la famille. Une approche finalement très joyeuse des principaux protagonistes des saintes écritures.
Fantagraphics Books Hard & Soft, d'un érotisme à l'autre Séries avec un unique avis
Au commencement, le soleil brillait de mille feux sur une Terre vierge et arborée. Puis un pénis en érection surgit de la terre, celle-ci s'écartant pour découvrir le premier homme Adam, nu comme un ver et sexuellement excité. Il constate la présence d'animaux dans le Jardin, mais pas de compagnon qui lui ressemble. Il tient son sexe (toujours en érection) dans la main, et finit par s'allonger et se masturber jusqu'à l'éjaculation. Le sperme gicle et tombe sur sa cage thoracique au niveau des côtes. La Lumière divine tombe au même endroit et pendant le sommeil d'Adam naît la femme Ève.
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Date de parution | 17 Mai 2017 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Les rapports sexuels à l'époque de la Genèse - Il s'agit d'une histoire complète s'inspirant de quelques chapitres de la Genèse. Elle est parue sans prépublication préalable, en 2016, sous la forme d'un tome petit format, environ un tiers d'un comics habituel. Elle est écrite, dessinée et encrée par Gilbert Hernandez, et mise en couleurs par J. Feeli Pecker. La couverture est dans un matériau de type caoutchouteux. Sur la quatrième de couverture, un avertissement indique sans ambages qu'il s'agit d'un ouvrage réservé aux adultes qui évoque le péché originel. Il comprend 96 pages de bande dessinée. Au commencement, le soleil brillait de mille feux sur une Terre vierge et arborée. Puis un pénis en érection surgit de la terre, celle-ci s'écartant pour découvrir le premier homme Adam, nu comme un ver et sexuellement excité. Il constate la présence d'animaux dans le Jardin, mais pas de compagnon qui lui ressemble. Il tient son sexe (toujours en érection) dans la main, et finit par s'allonger et se masturber jusqu'à l'éjaculation. le sperme gicle et tombe sur sa cage thoracique au niveau des côtes. La Lumière divine tombe au même endroit et pendant le sommeil d'Adam naît la femme Ève. Passé l'épisode du serpent et de la pomme, Ève et Adam élèvent leurs deux fils Caïn et Abel. le chasseur exaspéré par la préférence que Dieu donne à son frère éleveur le tue sauvagement. Il est obligé de s'exiler et porte une marque infamante au front. 10 générations après Adam, Noé prend une femme qui lui donne 3 fils : Sem, Cham et Japhet. Noé construit une arche dans laquelle il emmène un couple de chaque espèce animale. Effectivement, il y a deux composantes principales dans ce récit : (1) la Genèse, (2) le sexe. En voyant Gilbert Hernandez adapter la genèse, le lecteur pense forcément à celle de Robert Crumb de 2009 : La Genèse. Alors que l'ouvrage de Crumb couvre les 50 chapitres de la Genèse, celui d'Hernandez n'en couvre qu'une petite dizaine et encore pas dans le détail. Autre différence majeure : Garden of the Flesh ne reprend pas le texte de la Genèse, alors que c'était le cas pour Crumb. D'ailleurs, ce comics est très léger en texte, et il se lit assez vite, environ un quart d'heure. le lecteur ne doit donc pas s'attendre à découvrir la Genèse par le biais de cette bande dessinée, ce n'est pas un ouvrage fidèle, ni même de vulgarisation. Il y a bien la pomme et le serpent dans une interprétation très personnelle (d'ordre entièrement sexuel), mais ce n'est pas un commentaire religieux. Tout au plus le lecteur peut-il en déduire que l'auteur n'a retenu que la dimension sexuelle. Il n'en apprendra pas plus sur Caïn et Abel, si ce n'est l'interprétation visuelle littérale du signe marquant Caïn. Hernandez met en scène l'épouse de Noé qui n'est pas mentionnée dans la Bible. le passage relatif à l'Arche est expédié et suppose que le lecteur en connaisse déjà la finalité. Dieu ne se manifeste qu'à 4 occasions : pour créer Ève, pour châtier le Serpent, pour reconnaître Abel comme son préféré, et pour apposer la marque infamante sur le front de Caïn. À chaque fois, il se manifeste sous la forme d'une lumière, ou d'un éclair. À nouveau, l'auteur ne se place pas sur un plan spirituel ou religieux ; il décrit plus un phénomène surnaturel. En continuant de lire Jardin d’Éden du point de l'adaptation, le lecteur constate les partis pris de l'auteur. Ce dernier a choisi de faire d'Ève et d'Adam, des individus de race caucasienne, à la peau blanche. Il se conforme à une vision occidentale, sans interroger ce point de vue. Il faut attendre la page 48 pour voir apparaître un personnage de couleur, de couleur de peau noire, la femme de Caïn. Il n'y a aucune explication sur ce choix, aucun indice sur une potentielle interprétation, si ce n'est la fantaisie du dessinateur à ce moment, ou peut-être même du metteur en couleur. le lecteur est encore plus déconcerté par la peau quasiment albinos de l'épouse de Noé, et par la taille de ses seins. À nouveau, aucun élément explicatif, si ce n'est que cette femme a la même morphologie que Luba, un personnage récurent de la série Love and Rockets du même auteur. Les personnages mâles sont tous blancs, sans exception. Il n'y a pas grand-chose à retirer des passages sur Abel & Caïn ou sur l'Arche de Noé, Hernandez s'en tenant à une vision naïve et littérale. Il reste donc la scène dans le Jardin d'Éden, au cours de laquelle Ève succombe à la tentation. Gilbert Hernandez respecte le postulat de base de la Bible : Ève a été créée à partir d'une côte d'Adam et c'est par ses actes que survient le péché originel. Elle ne peut résister à la tentation du Fruit Défendu, et elle a une relation sexuelle avec le Grand Diable rouge et cornu à langue de serpent. La symbolique est donc reprise à l'identique, mais l'acte sexuel explicite n'apporte pas grand-chose de supplémentaire, puisqu'à ce stade Ève et Adam ont déjà eu une relation charnelle. Sur les 96 pages de bande dessinée, 48 sont consacrées à représenter des actes sexuels, soit un peu plus de la moitié du récit. Une fois sorti du Jardin d'Éden, les hommes et les femmes sont vêtus de sorte à couvrir leurs parties génitales. Les hommes portent parfois une tunique leur couvrant la poitrine, par contre celle des femmes reste systématiquement découverte. Les actes sexuels comprennent quelques séquences de masturbation masculine, une séquence de masturbation féminine, des rapports dans la position du missionnaire, dans la position de la levrette, et quelques-uns dans la position de l'Andromaque. Il y a également quelques fellations, de nombreuses éjaculations faciales, et un cunnilingus. le lecteur se rend compte que Gilbert Hernandez utilise les conventions des films pornographiques, dans la mesure où les partenaires adoptent des positions telles que les organes génitaux soient visibles du lecteur, et que ce dernier ne rate rien de la pénétration. le sperme conserve une couleur blanche éclatante qui tranche avec les autres, sur la poitrine d'Adam, sur les lèvres d'Ève, sur les fesses d'Ève, sur la poitrine opulente de la femme de Noé, etc. Cette débauche de rapports sexuels présentés à la manière d'un film à caractère pornographique tranche sur la simplicité avec laquelle l'artiste représente les personnages. Les pénétrations sont représentées de manière frontale et indubitable, mais le sexe féminin est représenté de manière simpliste, avec une seule paire de lèvres, et sans clitoris. Les organes génitaux sont représentés sans poil, à l'exception d'une petite touffe en triangle, comme si chaque personnage s'était rasé de près, y compris les bourses des hommes, à nouveau une convention du genre pornographique. Tous les rapports sont consentis entre adultes, et il n'y a pas de sexualité déviante. À 2 reprises une femme semble éprouver de la surprise lors de la jouissance. le lecteur peut apprécier ces séquences coquines, être émoustillé par la nudité des personnages et par la franchise de la pénétration. Même ainsi, arrivé au milieu du récit, il s'interroge sur la nature de ce récit. Ce récit s'avère assez bref en temps de lecture, du fait sa pagination finalement assez réduite (à peu près l'équivalent d'un comics d'une trentaine de pages) et du nombre réduit de phylactères. Il n'apporte pas d'éclairage spirituel ou d'interprétation théologique sur le récit de la Genèse. Il en reproduit les poncifs occidentaux, en ajoutant une dose de sexe explicite. Ce dernier semble indiquer qu'une part de la culpabilité d'Ève et Adam vient du rapport de la première avec le diable, mais par la suite, tous les personnages prennent plaisir à l'acte sexuel, les femmes comme les hommes. de la même manière, la prise de conscience de la nudité par ce couple semble revêtir un caractère passager, puisque par la suite les différents époux ne semblent pas gênés par leur nudité, à commencer par les femmes qui ont toutes la poitrine découverte en toute circonstance. le lecteur éprouve l'impression que la Genèse n'est qu'un décor en carton-pâte pour montrer des ébats entre couples légitimes. D'un point de vue pornographique, le lecteur observe l'usage des positions acrobatiques nécessitées pour fournir la meilleure vue possible au voyeur, sur la base d'une demi-douzaine de positions classiques et acceptées par la moralité. Ces pages peuvent susciter le plaisir associé à ce genre de littérature, mais le manque de variété et d'enjeu psychologique ou relationnel conduit à un manque de renouvèlement les situations. En voyant l'aspect laiteux du sperme et l'importance donnée à l'éjaculation à l'extérieur, le lecteur peut se demander s'il n'y a pas une dimension psychanalytique sous-jacente. Il se repose la question en voyant la blancheur de la peau de la femme de Noé, et le fait qu'elle conserve une voilette masquant le bas de son visage à chacune de ses apparitions, alors qu'elle est entièrement nue par ailleurs. Mais elle ne prononce pas une seule parole, et rien dans le comportement de son mari ne laisse penser qu'il aurait agi différemment avec une autre femme. En refermant ce tome, le lecteur se dit que l'évocation de la Genèse est particulièrement sommaire, un simple prétexte en fait, et que les rapports sexuels sont presque conventionnels au point d'en devenir banals. Une vision étrange et décalée, manquant de consistance, surtout de la part d'un auteur de l'envergure de Gilbert Hernandez.
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