L'Histoire du Corbac aux Baskets

Note: 3.6/5
(3.6/5 pour 15 avis)

Angoulême 1994 : Alph-Art du Meilleur album C'est l'histoire d'un mec qui s'endort un soir et qui se réveille le lendemain transformé en corbac. Il décide d'aller consulter un psy.


Angoulême : récapitulatif des séries primées Fred Les Corbeaux

Monsieur Corbacobasket se réveille un matin et, oh surprise, il a changé. Effectivement, c'est le moins qu'on puisse dire puisqu'il s'est tout bonnement transformé... en corbac. Il décide d'aller consulter le docteur corbo, expert en psychanalyse. Et ce dernier tirera d'étranges conclusions en écoutant son pauvre patient. Très étranges, même.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution Octobre 1993
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série L'Histoire du Corbac aux Baskets © Dargaud 1993
Les notes
Note: 3.6/5
(3.6/5 pour 15 avis)
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05/08/2003 | Tony Ross
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L'avatar du posteur bamiléké

Je découvre l'univers de Fred. J'ai trouvé très intéressant de lire cette série avec trente ans de recul. En effet les plus jeunes ne savent peut être pas que les années 80 et débuts 90 ont été marquées par des campagnes contre la stigmatisation et la discrimination dans de nombreux domaines. Je comprends cette série qui s'inscrit dans cette volonté de changer le regard sur l'Autre. Je trouve que le concept de départ est très louable mais j'ai eu du mal à suivre Fred dans tous les méandres loufoques qu'il propose. Pour commencer je trouve que l'idée des baskets comme marqueur d'appartenance est géniale et prémonitoire. Les jeunes générations regardent souvent bien plus les sneakers que la couleur des plumes de leurs copains/copines. Je suis plus réservé sur l'image du corbeau noir qui renvoie à un stéréotype trop facile et qui peut cacher bien d'autres situations stigmatisantes aussi difficiles. En effet on ne devient pas Noir ou Blanc en une nuit, mais on peut devenir séropositif, handicapé ou paria en une nuit ou par l'effet d'une loi inique. Dans ce cas il n'y a aucune transformation extérieure visible ce qui légitimerait bien plus le recours à un psy. C'est une autre réserve que je fais de l'oeuvre de Fred. En voulant combattre la stigmatisation, je trouve qu'il a tendance à caricaturer bien trop facilement les rencontres d'Armand. le corback . Le récit est à deux doigts de tomber dans le travers qu'il dénonce. Pourquoi rendre le psy aussi ridicule? Pourquoi introduire Tchernobyl dans le récit? Sur de nombreux aspects j'ai trouvé que le scénario de Fred s'éparpillait bien trop comme si l'auteur n'arrivait pas à garder de la cohérence avec son sujet premier. Car si c'est facile de caricaturer "ceux d'en face" dans une telle thématique. Mais il n'est pas si surprenant qu'il vous rejette encore une fois. Par contre il eut été bien plus intéressant de voir comment réagit le cercle des amis de Corback dans le désert affectif qui peut se créer après un coming out ou l'annonce de sa maladie( on a vu des enfants enfermés dans leur chambre au moment du Covid quand ils toussaient). Fred vise donc juste mais à mon avis il se perd à vouloir trop dénoncer par un univers absurde et loufoque qui part dans tous les sens. Je ne suis pas convaincu par le graphisme de la série. D'abord je trouve la part du texte dans les cases souvent bien trop importante. Cela nuit au rythme du récit qui est déjà très ancré dans une narration assez lourde et lente. Ensuite le découpage et la mise en scène des planches est très classique et presque vieillote à mon goût. Je n'y ai pas lu une volonté de dynamisme visuel. Par contre les personnages de Fred sont bien typés et correspondent bien à cette ambiance délirante. En conclusion c'est une série qui mérite vraiment d'être lue ou relue malgré toutes ces années même si j'ai beaucoup de réserves sur de nombreux choix scénaritiques ou graphiques de l'auteur.

19/04/2023 (modifier)
Par Titanick
Note: 4/5
L'avatar du posteur Titanick

Il m’a bien fait rire ce corbac. Pourtant ce n’était pas gagné, je n’ai jamais réussi à lire Philémon plus de quelques pages. J’ai bien fait de réessayer l’humour de Fred sur cet album qui est réputé pour être de son meilleur cru. Ce personnage se retrouve dans un univers un peu kafkaïen. Il est vraiment touchant. En proie à l’incompréhension, victime de tous les ostracismes, il tente de comprendre et de se défendre. Son psy est improbable, mais ne manque pas de finesse somme toute. Quant à la famille dingue qu’il rencontre, elle est …. dingue. L’absurde le dispute au loufoque, mais finalement c’est plutôt amusant de voir comment chaque personnage réagit avec une logique implacable mais qui lui est propre. Surtout le corbeau, fou mais lucide. Le dessin de Fred est toujours trop brouillon à mon goût, surtout les personnages. En revanche j’ai beaucoup aimé les décors alambiqués de la grande maison. Je veux le même papier peint chez moi. Avis aux hermétiques à Philémon, essayez le corbac !

08/05/2022 (modifier)
L'avatar du posteur Agecanonix

Fred a toujours emmené ses lecteurs dans ses univers très personnels. Cette fable humoristique au ton caustique est typique de Fred, il pousse sa poésie de l'absurde très loin, c'est farfelu, insensé, cocasse, bref on est dans la loufoquerie grand teint derrière laquelle on discerne une critique acerbe du patronat et des employés soumis, et en même temps, c'est un plaidoyer rigolo en faveur du droit à la différence. Le propos de départ est amusant, et certains dialogues savoureux se perdent dans un salmigondis un peu indigeste, car c'est beaucoup trop verbeux... ça parle, ça parle, et souvent la surenchère de dialogues ennuie, enfin sur moi, ça n'a pas fonctionné.. et pourtant j'aime bien l'absurde, autant dans Philémon, j'accrochais car il y avait des personnages qui m'attiraient. Alors qu'ici, à part le psy à l'entonnoir sur la tête qui pourrait être tout droit sorti d'un album de Philémon, je n'ai pas éprouvé d'attachement pour les autres personnages. Le dessin est égal à lui-même, toujours dans le joyeux style graphique particulier de Fred que j'aime bien, surtout que les décors chatoyants et fastueux vus chez la comtesse sont très classes. Mais le contenu textuel m'a ennuyé, faire tout un album sur un tel sujet traine trop en longueur, ça aurait été parfait traité en récit court comme les autres petites histoires que je lisais dans Pilote et qui font l'objet de plusieurs recueils Dargaud. Je n'ai donc pas été séduit comme je l'aurais cru, et je le regrette, mais je met l'achat car je sais que ça touchera des lecteurs plus réceptifs.

01/12/2015 (modifier)
Par gruizzli
Note: 4/5
L'avatar du posteur gruizzli

Ah, toute la poésie de Fred ... Cet album me faisait de l'oeil depuis un long moment, et je me suis enfin décidé à le lire pour voir ce qu'il valait. Et bien, c'est encore mieux que ce que j'avais imaginé. Le dessin de Fred est toujours aussi bon, un excellent trait, des formats de cases superbes, des mises en page sublimes et des contrastes toujours excellents. Sans parler des couleurs et des petits traits. Ajoutons à cela tout le génie de la langue, les traits d'humour, les bons mots, les dialogues truculents d'un échange absurde entre un homme devenu un corbeau à baskets et un psychologue bien plus fou que ses patients. Sans compter toutes les situations où le génie de Fred s'éclate, avec des personnages qu'il adore caricaturer, des bien pensants, défenseurs d'une morale et d'une éthique, bourgeois prétentieux ou militaires carrés. Un tableau bien sombre du genre humain. Tous ont l'air stupides, bornés, incapables de réfléchir. Et dans tout ce mélange, Fred à rajouté une incroyable poésie noire, celle d'un homme rejeté par tous ses pairs pour son physique, son attitude, et ses baskets. Un homme qui ne comprend pas sa situation et qui la subit sans pouvoir agir. C'est touchant et dérangeant, Fred semblant ici se mettre en scène après son internement et sa dépression grave. Une drôle de métaphore. La BD est longue, il y a beaucoup de texte, et la fin vient conclure de manière juste parfaite ce récit complètement décalé et empli d'une poésie noire et d'un humour décalé. Fred joue parfaitement avec son domaine et son style de BD, il y est à l'aise, et le récit s'en ressent. Un grand cru de la part de ce maitre de la BD. A lire, sans modération.

24/09/2013 (modifier)
Par Thaugor
Note: 4/5

De Fred, j'ai lu quand j'étais jeune la série Philémon et j'en ai pour souvenir un univers très fantaisiste et très spécial. Par hasard, dans ma médiathèque, je tombe sur cette bd de Fred, et je me dis que ça me permettra d'une part de voir ce que Fred faisait comme type de one-shot, et d'autre part, ça me rappellera des souvenirs avec une petite curiosité pour voir comment ma vue d'adulte va percevoir une autre bd de Fred. Et franchement, je n'ai pas été déçu ! J'ai trouvé ça formidable. Il ne faut pas prendre cette bd au premier degré, mais elle dénonce avec un humour très fin le regard de la foule face à un étranger (dans le sens différent de la normalité) que ce soit physique ou dans la façon de se vêtir. On y perçoit le mal que ça peut faire à la personne qui est ciblée par cette différence et tous les doutes et le mal-être qui est ressenti. De plus l'auteur est très critique envers les psychologues qui ne sont pas décrits ici sous leurs meilleurs avantages, ainsi que plein d'autres petits sujets qui abordent des thèmes différents grâce à un ton humoristique. Je ne suis pas habituellement fan de ce type de dessin, mais là, l'humour aidant, et le cadrage et découpage des cases sont très bien maîtrisés et contribuent à la bizarrerie du tout. Je ne suis pas sûr qu'un jeune ado perçoive (en tout cas, consciemment) tous les messages qui parcourent cette bd, mais elle est très divertissante malgré le message qui est toujours d'actualité qu'essaie de faire passer Fred.

11/04/2011 (modifier)
Par sky doll
Note: 4/5

Je ne suis décidément pas déçue par les BD de Fred. Une fable moralisatrice sur les relations entre un étranger (le corbac aux basket) et le monde qui l'entoure. Le malheureux Armand qui se retrouve transformé en corbeau par un beau matin et est finalement rejeté de tout le monde et se rend finalement compte à quel point les gens sont hypocrites et lèche botte au possible. Une belle leçon de vie qui nous montre à quel point les gens peuvent être détestables. Les dialogues sont délectables avec ce fameux psychiatre qui devrait finalement se faire soigner à la place de son patient quand on y réfléchi bien ! La fin est vraiment sympa et pour ma part c'est la meilleure que l'auteur a pu trouver. Je me presse donc sans hésiter pour lire les autres petits bijoux tout aussi bien notés sur BDthèque de Fred...

01/06/2008 (modifier)
Par Erik
Note: 3/5
L'avatar du posteur Erik

Je n'aime pas généralement les Bd à l'univers absurde et loufoque. Je fais une exception ici au vu de la qualité des dialogues et du sens de ceux-ci. Cette histoire de ce pauvre type catalogué transformé en corbeau et qui décide de consulter un psychiatre coiffé d'un entonnoir est originale. Mais tout ce qui étonne le monde, c'est le fait qu'il porte des baskets. Le détail qui tue... J'ai véritablement apprécié la critique à peine déguisée de la psychiatrie, du racisme, du monde du travail avec ses moutons et ses bénis oui-oui à la solde du patron, de cette société repliée sur elle-même où il ne fait pas bon afficher ses aspirations personnelles. C'est un véritable plaidoyer sur le droit à la différence et je ne peux qu'applaudir. La fin m'a littéralement étonné. Elle donne un véritable sens à tout ce récit psychédélique.

06/09/2007 (MAJ le 04/03/2008) (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5
L'avatar du posteur Gaston

Une excellente fable sur notre société froide et noire d'aujourd'hui. Les gens n'aiment pas ce corbeau marginal et différent. Fred frappe très fort sur les gens xénophobes, lèche-cul avec le patron et snobs. J'adore la fin qui est très cynique. Le dessin de Fred est excellent et agréable à lire comme d'habitude. Les discussions entre le corbeau et son psychiatre sont savoureuses tellement elles sont drôles et bien trouvées. Une BD que seul un poète comme lui pouvait faire !

16/01/2008 (modifier)
Par L'Ymagier
Note: 3/5

Le postulat ?... c'est du Fred tout craché : Armand se réveille un matin et constate qu'il s'est transformé en corbeau. Il met ses baskets et tente d'expliquer son changement à son entourage. Mais, traité de fantaisiste, il se fait virer de partout. Armand va alors errer dans un monde qui ne vit que d'exclusion... Le "corbac" ?... c'est une nouvelle plongée dans l'univers de l'absurdie "made in Fred". Après Philémon, Le petit cirque, il nous balance à nouveau ses réflexions, son sens de l'humour assez révolutionnaire. Le "corbac" ?... c'est tendre, absurde, humoristique, grinçant, désespérant aussi : une sorte de plongée dans la vie de tous les jours... des jours où on est quelqu'un, et puis plus grand chose... Le "corbac" ?... c'est aussi un morceau de Fred. Mais -question perso- pourquoi ai-je toujours été rebuté par son style graphique ?...

22/09/2007 (modifier)

Je ne suis pas un grand connaisseur du travail de Fred. Mais cette BD, je l'ai bien aimée. Le style absurde, mais traité avec tout le sérieux du monde m'a beaucoup plu. Ainsi, à travers cette succession de dialogues farfelus et sans aucun sens, le seul élément sensé, c'est le personnage principal. Comme le lecteur, il semble trouver le monde qui l'entoure complètement idiot. Et c'est comme ça qu'on peut rentrer dans l'histoire. Soit dit en passant, ça fait beaucoup penser à la pièce Rhinoceros de Ionesco. On nage vraiment dans les mêmes eaux.

14/06/2007 (modifier)