Le Bon Endroit
Conte zen chinois, décalé, existentiel, loufoque...
Chine Les petits éditeurs indépendants
Tchang-Pou est géomancien. Sur son boeuf affublé de parole, il va à travers les montagnes sacrées de la chine, à la recherche du chemin de la vérité, à la recherche du "bon endroit". Pendant son périple il croise la route d'un lieutenant déserteur et s'engage alors avec lui quelques conversations existentielles. En même temps, un dragon réincarne une jeune fille en grotte, et le temps passe sur les décors de la chine du moyen âge...
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Date de parution | Avril 1997 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Voici un album assez ancien de l'auteur mais pour moi un des meilleurs de Vincent Vanoli. On retrouve son dessin noir et blanc torturé, des planches aux mises en pages étonnantes, pas de petites cases mais certaines scènes où tout est en vrac et s'entremêle sur une grande page avec des batailles, de la violence. Mais on a aussi pas mal d'humour autour de ce voyage philosophique d'un homme et sa monture parlante qui croisent un soldat, Ping, sur sa route. Un joli conte existentialiste.
Voilà une histoire qui semble n’avoir ni queue ni tête (et la première planche, très touffue, hyper chargée et confuse peut dérouter celui qui découvre là le travail de Vanoli). Je dirais plutôt qu’elle n’a ni début ni fin. On est donc là dans un univers – caractéristique de l’auteur – qui ne correspond pas aux canons habituels du neuvième art. Alors que les premières cases débordent de la violence des batailles, l’histoire se déroule plutôt sur un rythme lent, contemplatif. Elle se passe dans une Chine ou un Japon médiéval (mais quelques termes hautement anachroniques apportent de petites touches étranges), alternant les dialogues entre deux bonhommes errant et illustration d’une sorte de conte. C’est en fait une chouette balade, que le dessin typique de Vanoli magnifie (il faut être réceptif à son style, mais moi j’aime vraiment beaucoup son dessin en à-plats, son Noir et Blanc gras dont le rendu est parfois proche de certaines gravures). Exercice fragile, qui peine visiblement à trouver ses lecteurs (presque un avis tous les dix ans sur le site !), mais qui mérite qu’on y jette un coup d’œil.
Pour ne pas laisser JBT900 seul 10 ans de plus, voici mon avis sur ce one shot. La première vignette donne le ton. Cette bd se veut décalée jusqu’au bout. Vanoli, c’est un style. A y regarder de près, son dessin déformé est laid. Mais il y a "laid" et "laid". car son trait dégage un certain esthétisme qui hypnotise le regard. Bref, Vanoli prouve qu'on peut faire du travail intéressant avec du moche. Mais l’identité graphique ne fait pas tout. L'auteur propose un road movie résolument moderne dans sa construction et le ton employé tout en ancrant son récit dans le Japon féodal, raison du décalage évoqué plus avant. L’ensemble fonctionne et est même particulièrement jouissif. Il n’y a pas vraiment de début ni de fin. Juste une tranche de vie partagée par des compagnons de route très différents. On se rencontre, on vit un bout de chemin ensemble puis on se sépare (et on déconne entre temps). Chacun sa route, chacun son chemin ... Certainement le meilleur Vanoli qui m’ait été donné de lire !
Voilà une bien curieuse BD qui regorge d'une richesse de ton, de situation et d'un graphisme absolument incroyables. Vanoli adopte en effet un trait bien particulier pour décrire ces paysages de la Chine moyennageuse, un trait qui flotte quelque part entre la vision collective et une interprétation personnelle poétique et envoûtante. Le découpage fait la part belle aux planches d'une pleine page alternées avec des planches révélant les combinaisons originales du noir, du blanc et du gris. De même les planches de bataille dans la plus pure tradition mongole s'articulent autour du récit au ton contemplatif à travers des décors somptueux. Avec une palette riche de teintes et de nuances malgré l'absence de couleur, Vanoli utilise en outre plusieurs techniques qui donnent un album au graphisme étonnant. Le scénario n'a rien de conventionnel, il ressemble plus à une histoire écrite au fil de l'eau qu'à un récit construit et mûrement retravaillé avant la version finale. Les personnages principaux semblent réels, et le véritable tour de force de l'auteur est de nous faire entrer si profondément dans l'histoire avec un dessin si original et un ton si résolument décalé. Car le ton de cet album n'est certes pas l'élément le moins atypique de la BD. Volontairement à contre courant de l'histoire, des décors et des personnages de l'histoire, Vanoli adopte un humour truculent et décalé, avec des dialogues brillants et lumineux. A la fois road-movie atypique, conte zen et récit existentiel, "Le bon endroit" m'a littéralement transporté, ému, fait rêver, bref, il m'a subjugué. Les amateurs de l'exercice apprécieront forcément, mais on ne lit pas un tel album entre midi et deux dans les rayons d'une librairie en mangeant son jambon beurre. Vanoli ça se mérite, ça se déguste, ça se lit et ça se relit avec un bonheur égal.
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