Appels en absence
Comment surmonter l'horreur et le traumatisme, même lorsqu’on n’en est qu’une victime par procuration ? Nora Dåsnes avait 16 ans en 2011. Son ressenti a fortement nourri son récit.
Adolescence Auteurs nordiques Pays scandinaves Terrorisme
Oslo, automne 2011. Peu après les attentats qui ont frappé la capitale norvégienne et l’île d’Utøya le 22 juillet 2011, Rebekka et Fariba entrent au lycée. Alors que Fariba rejoint la Ligue des jeunes travaillistes (dont le camp d’été a été la cible du terroriste), Rebekka, même si elle ne connaissait aucune des victimes, se révèle profondément marquée par cette tragédie. Submergée par un traitement médiatique sensationnaliste, incapable de comprendre les motivations du tueur, elle perd peu à peu pied...
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Date de parution | 01 Mai 2024 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
07/05/2024
| Mac Arthur
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Les avis
Mouais, je suis un peu du même avis que Blue Boy. Appels en absence est un petit bidule sincère, mais qui manque clairement de gras. On reste un peu à la surface des choses, et l'ensemble est noyé dans une humeur adolescente un peu gnangnante. On peine vraiment à terminer la lecture parce qu'on attend que ça décolle enfin, mais Anne ma sœur Anne, on ne voit jamais rien venir. Il y avait pourtant matière à faire quelque chose de vraiment bien. Là, on en vient même à douter de ce dont l'autrice parle. Est-ce bien l'attentat commis par Anders Breivik dont il est question ici ? Ce n'est jamais dit clairement... Encore une fois, le tout baigne dans une espèce de candeur adolescente un peu chiante quand nos vingt ans sont loin derrière nous. Nora Dasnes saupoudre ça d'un peu d'amourette à l'eau de rose. La sauce ne prend pas vraiment. En plus de ça, le dessin n'est pas extraordinaire, si bien qu'on n'a même pas la possibilité de se raccrocher aux branches. Et j'ajoute que pour couronner le tout, c'est long à lire ! Pas à cause d'un texte conséquent, non, mais bien parce que c'est chiant, on va le dire franco. Un vrai Bof, sans plus !
Treize ans déjà ont passé depuis les tragiques attentats en Norvège. Avec « Appels en absence », Nora Dasnes, jeune autrice norvégienne, s’efforce de raconter, par le biais du personnage de Rebekka, les événements tels qu’elle les a vécus. Le récit nous met donc dans les pas de cette adolescente qui s’apprête à retourner au lycée, alors que le souvenir des attentats, survenus au cours de l’été, est encore vif. Rebekka était à Oslo à ce moment-là, mais les images de la fusillade repassent en boucle dans sa tête, inlassablement, donnant lieu chez elle à mille tourments, mille questionnements. Pourquoi dans un pays habituellement si tranquille, la violence a-t-elle fait irruption de manière si brutale ? Quelles étaient les motivations du tueur ? Pourtant, la vie continue, et la rentrée a eu lieu, même si on sait que des chaises resteront vides. Heureusement, Rebekka retrouve sa meilleure copine de lycée, Fariba, à qui elle pourra faire part de ses tourments. Celle-ci, en tant que musulmane adepte du voile, aurait pu avoir quelques raisons de s’inquiéter. En effet, elle dut affronter, juste après l’attentat, les remarques agressives de quelques passants, alors qu’on n’en connaissait pas encore l’auteur. Pourtant, Fariba, qui vient de s’inscrire au parti des jeunes travailleurs (lequel était visé par le terroriste), s’avérera la plus optimiste en épaulant Rebekka dans ses moments de doute. Il est vrai que pour cette dernière, ce n’est guère chez elle qu’elle trouvera du réconfort. Sa mère, de par son travail dans la police, est souvent absente. Son frère Joakim, scotché toute la journée devant son jeu vidéo, semble indifférent au monde qui l’entoure, ce qui plonge Rebekka dans un complet désarroi. Comment exprimer ce qu’elle ressent dans un tel contexte ? Le spectacle annuel prévu prochainement dans son lycée pourra-t-elle lui en fournir l’occasion ? Bien sûr, il y a ce nouveau camarade de lycée, Daniel, un garçon intelligent, qui lui fait la cour et dont le charme ne la laisse pas insensible. Mais Rebekka, très à fleur de peau en raison des récents événements, a du mal à se montrer totalement disponible. En attendant, c’est devant son ordinateur qu’elle tente de fixer ses interrogations concernant l’attentat. « Appels en absence », voilà un titre qui résume bien les états d’âme de la jeune fille. Nora Dasnes nous livre un récit intime et sensible, empreint de sincérité, sans esbroufe et sans voyeurisme. Le message délivré, empreint d’humanité, s’avère en conclusion généreux et positif. L’autrice n’évite pas complètement les bons sentiments, et le livre pourrait paraître quelque peu naïf à certains égards, mais le propos correspond assez bien à ce qui peut se passer dans la tête d’une jeune personne de seize ans confrontée à un tel événement. A ce titre, il touchera certainement davantage un public de « young adult », mais pourrait laisser les plus âgés sur leur faim. Le bémol aurait plutôt trait au dessin, qui pêche par son côté amateur. Très minimaliste, il évoque davantage les esquisses maladroites (voire bâclées) d’un dessinateur en herbe, même s’il faut bien l’admettre, on sent une plus grande maîtrise sur le cadrage et la mise en page. Si l’on fait abstraction de la partie graphique, on pourra donc tout de même répondre présent à ces appels du cœur.
Si autant la couverture que le style graphique étaient de nature à refroidir mon enthousiasme, le sujet de cet album, lui, a suffi à me pousser à passer outre mes a priori. Appels en absence a pour toile de fond un drame lié au terrorisme qui a eu lieu en Norvège en 2011, avec comme point culminant le massacre de 69 jeunes sur l’île d’Utøya par un militant d’extrême droite, ce dernier avait peu auparavant fait exploser une bombe à Oslo, tuant par la même occasion 8 autres personnes. Le grand intérêt d’Appels en absence est de nous montrer les conséquences psychiques que ce drame a eu sur les jeunes Norvégiens. Il n’est ici nullement question de revenir sur les événements mais bien de nous proposer le portrait d’une jeune lycéenne que ce drame ronge alors même qu’elle n’a pas été impactée directement (ni elle ni aucun membre de sa famille n’ont été touchés physiquement par ces attaques terroristes). L’auteure, Nora Dasnes, elle-même norvégienne, avait plus ou moins le même âge que son héroïne au moment des faits et on sent bien qu’elle a mis beaucoup d’elle dans ce récit. Le portrait est sensible et très humain. On a là une adolescente sensible et déstabilisée mais rationnelle, intelligente : elle voudrait comprendre et c’est cette absence de réponse qui la fait bugguer. Et alors que sa meilleure amie, musulmane, s’engage dans des mouvements politiques (histoire d’avoir l’impression de pouvoir agir, de pouvoir changer les choses), Rebekka, elle, ressasse, tourne en rond, s’enfonce, peu aidée par son environnement familial (surtout son grand frère dont le profil propose des similitudes inquiétantes avec Anders Behring Breivik, l’auteur des attentats). J’ai dévoré cet album, passant outre ce dessin que je trouve peu engageant pour vraiment m’attacher au personnage. Et rarement je me serai senti aussi proche d’une adolescente d’aujourd’hui, comprennant ses craintes, ses angoisses face au monde actuel, son incompréhension tant devant l’acte du terroriste que devant ce spectacle de fin d’année scolaire qu’il faut organiser alors que plus rien n’a de sens. Vraiment, un beau portrait, moderne et universel. Pas le plus engageant mais peut-être l’album qui m’a le plus parlé en cette première partie d’année 2024.
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