Magda - Cuisinière intergalactique

Note: 4/5
(4/5 pour 1 avis)

Les aventures spatiales d'une jeune cuisinière pleine de fantaisie !


Bouffe et boisson La BD au féminin Les petits éditeurs indépendants Séries avec un unique avis

Magda, 12 ans, est née sur Azuki, une lune minuscule à la biodiversité exceptionnelle, peuplée de créatures légendaires. "Miss Catastrophe" en puissance et excellente cuisinière malgré elle, elle a le don pour inventer accidentellement des recettes uniques et exquises comme les soeurs Tatin avant elle. Par un coup de génie (ou du hasard...), elle est ainsi sélectionnée pour participer au fameux concours de cuisine végétarien intergalactique au cours duquel des enfants représentant chacun une planète s'affrontent depuis cent ans.L'enjeu est grand : gagner le "Nectar" , convoité par tous pour ses propriétés miraculeuses. Mais, alors que le tournoi bat son plein, Magda découvre que les dirigeants de certaines planètes se réunissent avec de sombres desseins : voler le Nectar et s'en servir pour étendre leur pouvoir sur toute la galaxie. A l'aide de Mamidou sa grand-mère ancienne championne intergalactique et de ses amis la petite cuisinière au grand coeur saura-t-elle déjouer les intrigues politiques et retrouver l'esprit de paix et de partage du tournoi ?

Scénario
Dessin
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 07 Septembre 2022
Statut histoire Série terminée 3 tomes parus

Couverture de la série Magda - Cuisinière intergalactique © Sarbacane 2022
Les notes
Note: 4/5
(4/5 pour 1 avis)
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09/05/2024 | Smart Move
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Il s’agit d’une histoire de Science-Fiction culinaire. Un terme qui n’existe pas (encore) mais que j’espère les gens commenceront à utiliser après avoir lu cette chronique. On suit le personnage de Magda, qui habite sur la planète Azuki et qui, un peu malgré elle, devient la favorite d’un grand concours de cuisine intergalactique. Le scénario est de Nicolas Wouters, un scénariste et dessinateur Belge à qui l’on devait déjà les Egarés de Déjima, en 2018 (avec Michele Foletti au dessin) et le roman graphique Totem, en 2016, avec Mikaël Ross. Mathilde Van Gheluwe, elle, s’est faite connaitre dans le monde du fanzine, avant de sortir en 2016, la bande dessinée autobiographique « Pendant que le Loup n’y est Pas », réalisée à 4 mains avec Valentine Gallardo et dans lequel les deux autrices racontaient leurs souvenirs d’enfance à l’époque de l’affaire Dutroux. S’ensuit, en 2020, une autre histoire jeunesse, intitulée Funky Town, à la croisée des contes d’Andersen et des films de Miyazaki. Ensemble, Wouters et Van Gheluwe signent une aventure jeunesse décomplexée, farfelue, qui emprunte autant aux clichés des récits initiatiques et des shonen /shojo japonais, qu’elle ne s’amuse à les déconstruire. Il s’agit d’une histoire de science-fiction culinaire, donc, qui raconte l’histoire de Magda, une petite cuisinière inventive, habitant sur la planète Azuki avec son père et sa Mamidou. Un peu malgré elle, elle se retrouve à participer au grand concours de cuisine végétarien intergalactique au cours duquel des enfants, représentant chacun une planète, s’affrontent depuis cent ans. L’enjeu est grand : gagner le « Nectar », convoite? par tous pour ses propriétés miraculeuses. Magda va vite être l’une des favorites du concours mais va aussi découvrir que les dirigeants de certaines planètes se réunissent avec de sombres desseins : voler le Nectar et s’en servir pour entendre leur pouvoir sur toute la galaxie. Et si vous ne le remarquez pas à la lecture, je vous le dis directement, les planètes et certains personnages de cet univers ont des noms de plantes ou de légumes. Cette série est très, très chouette. C’est l’adjectif qui, selon moi, la décrit le mieux. L’histoire comprend tous les ingrédients d’un bon récit d’aventure. Du mystère, de l’action, de la surprise, de la tension, de l’émotion… on retrouve à la fois un peu de Harry Potter (les jeunes participants logent dans la Tour d’Eroknas, qui rappelle le château de Poudlard, Magda se lie d’amitié avec Hector, un jeune garçon enthousiaste mais un peu gauche qui, lui rappelle, Ron Weasley), un peu Hunger Games (pour le côté tournoi…sans les horribles meurtres, bien sûr), avec une pointe d’influence japonaise dans certains décors et certaines créatures qui font penser tantôt au dessin animé Nausicaa et la Vallée du Vent tantôt à l’univers des Pokemons (il y a un légume qui, dans cet univers s’appelle l’Artichoc). Mais, et c’est la grande force de cette série, tout sonne absolument frais, original et jamais vu. Les mondes que créent les deux auteurs sont vraiment très généreux et donnent envie d’en découvrir plus en tournant chaque pages. On a, à la lecture, toujours l’impression d’être en terrain connu et inconnu à la fois… c’est très plaisant. Chaque album est divisé en chapitres, ce qui accentue encore un peu plus la sensation de lire une grande aventure épique, et en fin de bd, on peut trouver une section intitulée « Les Recettes de Magda » qui présentent…des recettes végétariennes à faire soi-même. Mathilde Van Gheluwe avait déjà fait forte impression à l’époque de « Pendant que le Loup n’y est Pas », une bd que Valentine Gallardo et elle avait réalisées entièrement au crayon noir. L’utilisation du crayon (et le fait de ne parfois pas gommer certains endroits et de les proposer tels quels dans la bd) offrait une histoire au graphisme à la fois complétement dynamique et survolté, mais très tendre par endroit. Funky Town, que Mathilde Van Gheluwe proposa seule quelques années plus tard, restait dans cette mouvance. On suivait une petite fille solitaire à l’imagination débordante à qui le coup de crayon parfois léger, parfois plus appuyé de la dessinatrice donnait une force toute particulière. Avec Magda, Mathilde Van Gheluwe reste dans le monde de l’enfance qu’elle maitrise si bien… et elle parvient à faire, de ce qui aurait pu être un récit de science-fiction classique et codifié, une œuvre pleine de fantaisie. Les personnages sont ultra expressifs, les décors généreusement fournis, l’univers fourmille de trouvailles graphiques comme le vaisseau spatial-tracteur de Magda et de sa famille dans le tome 1 et la végétation inquiétante de l’arbre monde dans le second tome. En ce sens, cette science-fiction, et la façon dont elle est proposée est très rafraichissante. On retrouve énormément d’influences d’un peu partout qui se mélangent dans un joyeux bazar pour créer une œuvre absolument unique et irrésistible. Cette histoire est résolument moderne. Comme cité plus haut, Nicolas Wouters et Mathilde Van Gheluwe s’amuse à détourner les codes du récit jeunesse et de science-fiction pour parler, également de thématiques d’actualités. On traite évidemment d’écologie et mais aussi, dans une moindre mesure, de malbouffe. Parce qu’en proposant une histoire comme celle-ci, qui fait la part belle à l’art de la cuisine et aux fruits et légumes, Mathilde Van Gheluwe et Nicolas Wouters démontrent brillamment qu’on peut manger tout aussi bien, et même carrément mieux avec des produits frais et issus de l’agriculture biologique. Il suffit pour ça d’avoir un peu d’imagination et une bonne dose de curiosité. D’ailleurs, la cuisine non végétarienne est considérée comme affaire du passé et c’est, précisément la cuisine végétarienne qui a conquis toute la galaxie. Du coup, qui sait ? Ça pourrait peut-être donner des idées aux générations futures. A côté de ça, c’est très plaisant de lire une histoire de compétition dans laquelle les personnages, et surtout l’héroïne principale, préfèrent s’entraider, voire carrément renoncer à la compétition si ça signifie qu’ils ou elles doivent abandonner certains de leurs principes. Enfin le cœur de l’histoire c’est, avant tout, la relation compliquée et pleine de mystère qu’entretient Magda avec sa grand-mère. Le papa étant plus un personnage de soutien. Deux femmes aux caractères fortement opposés… une relation vraiment passionnante à lire.

09/05/2024 (modifier)