Arrêt de jeu - Journal d'un footballeur mal dans ses pompes

Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 2 avis)

À 25 ans, après avoir touché du bout de doigts une carrière de footballeur professionnel en Suisse, Maxime décide de raccrocher les crampons, écœuré...


Autobiographie Bichromie Football La Boite à Bulles Suisse

Sur la pelouse avant même l’âge des premières dictées, Maxime se prend de passion pour le ballon rond. Au fil des saisons et des succès, il se rêve professionnel comme son père. Mais point rapidement en lui un malaise, une gêne qu’il lui faudra des années pour identifier. Si Maxime a désormais arrêté le football, ce n’est certainement pas par désintérêt pour ce sport qu’il chérit toujours, mais pour ses à-côtés pesants : comportements toxiques, culte de la masculinité guerrière et surmenage… Dans Arrêt de jeu, il nous livre son histoire d’amour contrariée avec le ballon rond, du city stade au haut niveau, avec tendresse, passion mais sans ménagement.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 05 Juin 2024
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Arrêt de jeu - Journal d'un footballeur mal dans ses pompes © La Boîte à Bulles 2024
Les notes
Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 2 avis)
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29/05/2024 | Alix
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L'avatar du posteur Mac Arthur

Tout comme Alix, je suis un grand fan de football mais, contrairement à lui, je l’ai pratiqué en club durant 25 ans (à un faible niveau, toutefois). Et c’est ce même Alix qui m’a proposé de lire cet album en primeur, troublé qu’il était par son contenu. Autant le dire d’entrée : personnellement, rien de ce qu’y décrit l’auteur ne m’a surpris… mais rien ne m’a spécialement choqué non plus. Bien sûr, Maxime Schertenleib met en évidence des aspects du football qui peuvent être jugés détestables… mais à mes yeux ils ne sont que le reflet de nos sociétés, à l’image de ce qui se passe dans bien des sports de compétition (je vous invite d’ailleurs pour ceux qui le peuvent à visionner un reportage diffusé par la RTBF (https://www.rtbf.be/article/investigation-ces-enfants-martyrises-pour-devenir-champions-des-stars-temoignent-11375195)) ou dans bien des milieux professionnels. La tension, le stress, les enjeux sont aujourd’hui tels que même au niveau du sport amateur, les excès sont fréquents. Mais à mes yeux, ils ne sont pas spécialement liés au football. Tout au plus, le football étant sans doute le sport-spectacle le plus populaire, sa médiatisation étant ce qu’elle est (c’est-à-dire excessive même pour un grand amateur dans mon genre) et la grande variété des pratiquants (de leurs origines à leurs parcours de vie) entrainant de facto des divergences de vue, ses dérives sont elles plus souvent mises en évidence. Et si aujourd’hui l’auteur semble s’épanouir dans le domaine artistique (et c’est tant mieux !), sera-ce encore le cas dans 15 ans lorsqu’il aura peut-être été confronté à certaines déceptions ? Car, quand on analyse sa trajectoire de manière objective, on peut aussi voir un enfant longtemps poussé par son père, puis un jeune attaquant qui doit se convertir en défenseur central, une vedette du club local qui, rejoignant un centre de formation, se retrouve confrontée à un concurrent plus agressif, plus dur au mal, peut-être tout simplement mieux adapté au poste en question. On voit aussi un homme profondément dégoûté du football, qui semble n’avoir gardé aucun ami dans ce milieu si tant est qu’il en ait eu tant il semble avoir toujours été isolé. Je ne critique pas l’auteur, cet album transpire de sincérité et est intéressant à lire, mais j’ai peur que d’autres lecteurs naturellement anti-football trouvent ici grain à moudre et argumentaire pour décréter que le football est responsable de certaines dérives sociétales alors que j’estime de mon côté que c’est plutôt la société en règle générale qui influence les comportements au sein de microcosmes comme le football. Le racisme est-il réellement plus présent dans le monde du football que dans celui de la littérature ? Comment expliquer que dans cet univers prétendument raciste, les clubs les plus puissants associent des joueurs d’origines ethniques et sociales aussi disparates et que ces joueurs sont capables de dépasser leurs différences pour former un bloc, un collectif uni par un objectif commun ? Comment qualifier le supporter qui balance une banane à un joueur africain jouant pour un club adverse mais qui l’embrasse l’année suivante parce qu’il a marqué un but pour son nouveau club ? Est-ce vraiment du racisme, de l’incivisme ou juste de la stupidité ? Quelle équipe nationale européenne de football n’a pas dans ses rangs un joueur issu de l’immigration devenu symbole d’une nation ? Platini et Zidane, hier, M’Bappé aujourd’hui en France… mais aussi Ibrahimovic, Kompany, Lukaku, Gullit, Seedorf, Bellingham, Özil, la liste est sans fin. Raciste, le milieu du football ? Vraiment ? Mais je m’emporte, je m’emporte !! Et c’est le grand mérite de cet album, de nous inciter à réfléchir sur les comportements liés au sport et à la compétition, sur leur caractère malsain, sur leur origine et sur les éventuelles solutions que chacun pourrait apporter (entraineurs, joueurs, parents de joueurs). Mais Maxime Schertenleib ne s’engage pas dans ce sujet. Son livre est un témoignage et s’arrête là. Il est bien fait, transpire de sincérité, s’avère facile à lire même si pas spécialement beau à regarder (mais dans le cadre d’un documentaire, ce n’est pas vraiment un problème). C’est le témoignage d’un mal-être de l’auteur, qui ne surprendra pas les personnes habituées aux vestiaires mais surtout qui n’analyse pas les origines du problème. Et je pense sincèrement qu’il faut le prendre comme tel. Ni plus ni moins. Et en l’état, je trouve que c’est pas mal, très sincère, constamment dans le ressenti et pas assez dans l’analyse à mon goût, parfois maladroit au niveau du dessin, mais fluide et facile à lire. PS : je voudrais revenir sur la planche 25 de l’album (deuxième page de la galerie) dans laquelle l’auteur souligne, via une conversation à laquelle il ne prend pas part, le refus d’un joueur de football de porter un brassard LGBTQ+ durant un match. Présenté comme ce l’est dans l’album, ce fait donne à penser que le milieu du football est naturellement homophobe. Pourtant on parle bien d’1 joueur sur l’ensemble des joueurs de football qui ont joué ce jour-là non seulement à Paris mais partout en France. Est-ce réellement surprenant qu’une personne sur des centaines se soit comportée de manière ouvertement homophobe ? Est-ce surprenant que d’autres soient homophobes même si elles ont porté ce brassard ? Surtout est-ce que cela signifie vraiment que le milieu du football en général est plus homophobe que la société en général ? Voilà, c’est ça qui me dérange dans ce livre, cette manière de l’auteur de présenter les faits et d’en tirer des généralités sur le football et ses pratiquants. Mais purée ! Ce livre a quand même un grand mérite : celui de faire réagir et réfléchir. Et comme je suis pour les débats d’idées, je ne peux que remercier l’auteur pour son témoignage.

29/05/2024 (modifier)
Par Alix
Note: 4/5
L'avatar du posteur Alix

Le foot a toujours fait partie de ma vie, je suivais religieusement le championnat français dans ma jeunesse, et je m’intéresse beaucoup au championnat anglais depuis mon déménagement en Angleterre. J’y ai aussi beaucoup joué, mais entre amis, jamais en club, parce que je ressentais justement le même malaise que Maxime Schertenleib. Je me suis toujours senti trop faible, pas assez « homme ». J’ai donc été fasciné par ce témoignage cathartique, par cette vision tellement cynique d’un sport que j’aime pourtant beaucoup. J’ai fini par me demander si l’auteur n’en faisait pas un peu trop, si son cas était peut-être extrême, et pas forcément représentatif. De même, ce genre de comportement est-il spécifique au foot ? A tous les sports d’équipe ? Ou le retrouve-t-on dans tout regroupement masculin de manière plus générale ? L’excellente postface du journaliste sportif Chérif Ghemmour illustre le propos, et cite de nombreux exemples de joueurs connus broyés par le monde du football et ses tendances chauvinistes, misogynes, racistes et homophobes. L’auteur conclut son récit en prétendant vouloir faire face à ses démons, et confronter ce genre de masculinité toxique… mais dommage que l’album se termine sans nous raconter le résultat de cette démarche louable mais compliquée. Je ressors en tout cas troublé, voire ébranlé de ma lecture… je vais quand même suivre le match de l’OM ce soir contre Atalanta, puis celui des Wolverhampton Wanderers ce weekend contre Crystal Palace, mais avec un léger goût amer dans la bouche, je pense. Et je serais curieux d’avoir l’avis d’autres fans de football sur cet excellent premier album.

29/05/2024 (modifier)