Formidable

Note: 3/5
(3/5 pour 1 avis)

Un portrait de Jack Lang sans concession, en arrière-plan des septennats de Mitterrand.


Biographies François Mitterrand La BD au féminin Séries avec un unique avis

« Tout ce que j’ai voulu, je l’ai fait. » Au travers d’entretiens exclusifs, Jack Lang raconte sa relation quasi filiale avec François Mitterrand, son combat pour la culture et le prix unique du livre, ou encore les coulisses du pouvoir. Avec humour et intelligence, Dorothée de Monfreid, Hervé Bourhis et Franck Bourgeron nous livrent ici un portrait passionnant du plus grand promoteur de la culture depuis Malraux.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 20 Mars 2024
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Formidable © Casterman 2024
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 1 avis)
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12/05/2024 | Noirdésir
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Une lecture pas indispensable, mais qui n’est pas non plus inintéressante, sur un personnage qui occupe les médias depuis plusieurs décennies, entre politique et show-biz (et qui a fait le lien entre les deux). Même si les auteurs (dans certaines bulles en off) « corrigent » certaines approximations de Lang (qui a tendance à s’attribuer exclusivement certaines décisions que d’autres ont prises), et s’ils émettent – là aussi en off – certaines critiques, le principal reproche à leur faire, c’est de ne pas avoir trop cherché à écorner la « légende dorée » du bonhomme, de ne pas avoir vraiment posé les questions qui auraient pu fâcher. On reste entre gens de bonne compagnie, on sert le plat poliment – l’album étant bâti sur des entretiens avec Jack Lang et sa femme, on imagine aisément que certaines questions gênantes auraient donné lieu à des problèmes pour poursuivre. Ce « journalisme de connivence » (les auteurs admettent au début côtoyer le bonhomme, vivant dans le même quartier) reste habituel et gênant. Voilà pour les limites de ce genre d’album. Mais à côté de ça, il recèle pourtant d’autres aspects intéressants. D’abord, même si l’essentiel tourne autour de la période durant laquelle Jack Lang a été à la manette au ministère de la culture (voir le bornage chronologique en couverture), la longue partie de « gestation », la vingtaine d’années durant lesquelles il va avec sa femme mener d’innombrables projets culturels à bien, comment il va développer le festival de théâtre de Nancy est non seulement intéressante pour comprendre le personnage, mais aussi pour captiver le lecteur. Accessoirement, que l’on aime ou pas le bonhomme, sa lui donne du coffre, une légitimité (accentuée par ses décisions en tant que ministre) qui le place à des années lumières au-dessus de ses successeurs (pour ne rien dire de Rachida Dati, ‘actuelle ministre, qui n’a rien dit ou fait dans ce domaine avant, et se sert de ce ministère pour sa carrière politique, ce qui est l’inverse de Jack Lang, qui est venu en politique grâce à son action dans ce domaine !). Tous ces passages sont instructifs, un travail de terrain dont on se demande s’il est encore possible aujourd’hui, à l’heure des restrictions budgétaires autour de la culture. L’autre aspect intéressant, c’est tout ce qui concerne Mitterrand. En effet – et Lang joue bien sûr là-dessus avec gourmandise – une bonne partie de l’album tourne aussi autour des relations entre le couple Lang et le couple Mitterrand, qui ont été très proches, se retrouvant régulièrement les uns chez les autres (avec le couple Hanin aussi – au passage, j’ai été étonné de voir Roger Hanin à Latché en 1979 faire allusion à « Navarro » (série dont il n’incarnera le rôle-titre que plus de dix ans plus tard !?). On apprend ainsi à mieux connaître certains aspects de Mitterrand. Au final, un album dispensable donc, mais plus intéressant que je ne le craignais en l’empruntant. Malgré un récit qui use de la brosse à reluire, le personnage de Lang prend de l’épaisseur, et se révèle ici à la fois un bel animal politique (avec les côtés positifs et négatifs que cela sous-tend) et un personnage moins monolithique que ce que les médias et/ les parodies (Guignols en tête) m’avaient montré. Le dessin de de Monfreid, léger et proche d'un dessin de presse, colle bien à ce type de récit.

12/05/2024 (modifier)