Les Imbuvables ou comment j'ai arrêté de boire (Impossible People: A Completely Average Recovery Story)
Le jour de ses 30 ans, Julia Wertz défonce une jeep de location dans la jungle de Porto Rico. Pour comprendre comment elle en est arrivée là, il faut revenir plusieurs années en arrière, quand elle décide d’en finir avec l’alcool.
Alcoolisme Autobiographie Comix La BD au féminin Les petits éditeurs indépendants New York
Les imbuvables raconte ce chemin aléatoire vers la sobriété, un parcours semé d’épreuves et de rebondissements, tour à tour émouvants et hilarants : les groupes de parole improbables, la cure de désintox, les histoires d’amour foireuses. Avec une honnêteté sans faille et un humour si singulier, Julia Wertz prolonge son œuvre autobiographique commencée avec Whiskey & New York, L’attente infinie et Le musée de mes erreurs.
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Date de parution | 09 Novembre 2023 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Un jour, on a trente ans, et on se retrouve à contempler un paysage de jungle après avoir planté une jeep de location. Julia Wertz commence son récit ici. Mais pour comprendre ce moment de chaos, il faut remonter quelques années, quand elle décide de prendre le virage compliqué de la sobriété. On y retrouve tout ce qui fait la patte de Wertz : cet humour acerbe, ses punchlines désarmantes, et ce regard sans concession sur elle-même. Le chemin qu'elle raconte est loin d’être linéaire : des groupes de parole improbables, des rechutes, des relations bancales. Avec cette honnêteté brutale, Julia ne triche jamais, ni avec son lecteur, ni avec elle-même. Le trait de Julia Wertz reste fidèle à son style : simple, direct, parfois un peu brut, mais il y a quelque chose de profondément authentique qui transparaît. Ce n’est pas pour le dessin qu’on est là, mais pour cette capacité à raconter, à captiver avec des moments du quotidien, à rendre les petits détails universels. Certes, les décors sont minimalistes et les dialogues parfois denses, mais cela sert le propos. On a l’impression d’être avec elle, dans son salon en désordre, à écouter une amie nous confier ce qu’elle a sur le cœur. Ce qui rend cette lecture si forte, c’est l’équilibre qu’elle trouve entre humour et gravité. Elle ne cherche jamais à édulcorer son expérience, mais elle ne sombre pas non plus dans le pathos comme d'autres peuvent le faire. Au fil des pages, on rit, on s’émeut, on réfléchit. Sa capacité à transformer des moments difficiles en récits riches de sens est impressionnante. Elle offre une réflexion sincère sur l’addiction, les relations, et la manière dont on peut réapprendre à vivre. On sort de cet album avec l’impression d’avoir partagé un moment unique. Une lecture qui touche par sa vérité, par cette manière si propre à Julia Wertz de raconter la vie sans masque, et par cette résilience qui s’en dégage. Un témoignage fort, qui fait réfléchir et qui, au passage, ne manque pas de nous faire sourire.
Sur les premiers chapitres de ce gros album, j'ai cru retrouver les mauvais côtés des deux autres ouvrages de l'autrice que j'avais lus : le dessin médiocre dont on voyait les débuts dans Le Musée de mes erreurs (celui des personnages qui sont juste moches, à l'inverse des paysages urbains new-yorkais que eux, j'aime bien), et la vie très urbaine d'artiste fauchée et alcoolique de l'autrice. Elle est en effet à un niveau d'alcoolisme impressionnant pour son jeune âge : elle présente presque tous les symptômes de cette addiction, buvant du matin au soir, incapable de s'endormir sans être complètement ivre, et incapable de tenir sans boire plus de quelques heures, tout en gardant malgré tout une certaine maîtrise de soi pour se permettre de travailler intensément sur ses créations de BD et d'illustrations. Cela donne beaucoup d'auto-apitoiement, d'autodestruction aussi, justement typiques des accros qui refusent d'avouer leur peur de s'en sortir. Bref, je ne trouvais pas l'héroïne attachante et les passages trop verbeux m'ennuyaient un peu. Et puis on découvre au bout d'un certain temps la manière dont elle s'est lancée pour de bon dans la désintoxication, et j'ai surtout constaté avec satisfaction qu'elle y arrivait et que, malgré quelques rechutes qu'elles nous narrent plus tard, elle a réussi à s'y tenir et à redevenir de facto nettement plus attachante à mes yeux, plus sage aussi, car on voit les années passer et le personnage gagner en maturité. En même temps, elle devient plus sociable, se fait des amis moins toxiques, et sa vie devient plus joyeuse. Alors, ça reste quand même un grosse autobiographie façon BD indépendante, où l'autrice raconte un peu tout de sa vie, comme on s'étale dans un journal intime, ce qui est à même de satisfaire les lecteurs un peu voyeurs mais qui peut aussi être rébarbatif quand certains passages de sa vie sont peu passionnants. Mais comme l'héroïne m'était devenue plus sympathique, j'ai finalement bien aimé aller jusqu'au bout de ce gros bouquin.
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