Traversées - La Route de l'aventure
Chaque personne secourue en Méditerranée a une histoire, Lucas Vallerie nous partage celles qu'il a recueillies à bord du Géo Barents.
Documentaires La Boite à Bulles Le Bassin méditerranéen Les petits éditeurs indépendants Les sociétés à finalité sociale Maghreb Médecins sans Frontières Réfugiés et Immigration clandestine Témoignages
Le point commun entre Mouhamouda, Omar, Jeannette ou encore Claude ? Ils ont tous pris la « route de l’aventure », comme ils l’appellent. Comme d’autres avant eux, ils ont décidé de quitter leurs proches et leur chez eux portés par l’espoir d’un avenir meilleur… En chemin, certains ont connu la prison, d’autres la traite ou ont côtoyé la mort, mais c’est en Méditerranée que leurs destins se sont liés. À l’été 2022, Lucas Vallerie embarque à bord du Geo Barents, le navire affrété par Médecins Sans Frontières pour porter secours aux naufragés en haute mer. Au cours d’une rotation où il participe à une mission de sauvetage particulièrement périlleuse, il fait la rencontre de toutes ces personnalités pleines d’espoir. Dans Traversées, il raconte leur rencontre et fait le choix de leur donner à chacun une voix.
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Date de parution | 05 Juin 2024 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Je vais aller à contre courant des avis précédents mais plusieurs éléments m'ont choqué à la lecture de la série de Lucas Vallerie. L'immigration est une thématique qui m'intéresse beaucoup ayant une compagne ancienne migrante sans papier et étant très proche de la (nombreuse) diaspora africaine de mon lieu de vie. Je suis donc assez partagé sur l'évaluation de ma lecture. Je n'ai pas beaucoup de remarque sur la partie sauvetage en mer des volontaires MSF sauf à saluer avec vigueur leurs actions. Je suis un peu plus réservé sur la mise en scène très théâtrale de certaines scènes de préparations. Mais on peut le voir comme une dédramatisation par une pointe d'humour de la tension due à la situation. J'ai aussi aimé la description précise des affres subis en Lybie par les migrants noirs. J'ai beaucoup moins aimé les exemples choisis par l'auteur. En effet les trois principaux exemples concernent des Camerounais dont les motifs pour migrer ne m'ont pas convaincu. Un enfant de douze ans, une femme enceinte et un homme qui fuit sa belle famille en fuyant Douala ( ce n'est quand même pas Alep) cela m'a interpelé. Je n'ai même pas compris qu'Omar aie pu déposer un dossier d'asile politique à la seule explication des raisons lues de sa sortie du Cameroun. J'ai moi même suivi des dossiers OFPRA de familles ayant fuit des zones de combats et j'ai trouvé cette proposition presqu'inconvenante. De plus cette accumulation de cas Camerounais m' a particulièrement choqué pour ce pays qui est loin d'une situation comme la Syrie , Gaza ou l'Ukraine. Pour conclure sur ce point j'ai du mal à ne rien dire sur la page 106 qui fait dire qu'en "40 ans rien n'a été fait au Cameroun, pas un hôpital pas une route " "pas de route , pas de développement" alors que par exemple l'autoroute Yaoundé Douala a été inauguré en 2022 et le grand hôpital de Yaoundé en 1987 ( avec des services modernes ajoutés depuis). Pour conclure je peux comprendre les frustrations d'un auteur de BD qui découvre une situation difficile et injuste sans y être préparé par sa formation; mais si, une vraie politique d'accueil existe en France à travers le travail de milliers de travailleurs sociaux, d'agents de l'état et de bénévoles ou professionnels d'associations. Le simple exemple de l'AME ou de la scolarisation des enfants devrait le convaincre. Au delà de ce genre de discours facile il serait plus constructif de faire des propositions réalistes. ( Mais là on sort du sujet). Enfin graphiquement j'ai trouvé que le style presque humoristique du trait de l'auteur cadrait assez mal avec le sujet. Une lecture intéressante sur le côté intervention MSF mais qui m'a déçu sur le choix des témoignages.
J’ai rencontré Lucas Vallerie dans le bar associatif de mon bled. C’est ma voisine qu’il m’a informé qu’un auteur BD talentueux venait dédicacer son dernier album. Sur le coup, pas trop emballé, les romans graphiques ce ne sont pas trop ma tasse de thé. Mais bon, quand un auteur BD vient dans mon village je me dois d’aller à sa rencontre et mon Dieu qu’est-ce que j’ai bien fait ! J’ai pris une énormissime claque les amis ! Tout d’abord Lucas est très abordable et fort sympathique. Il prend du temps pour expliquer sa démarche. Son album raconte les histoires poignantes de migrants qui ont tenté de traverser la Méditerranée à la recherche d’une vie meilleure. Lucas a embarqué à bord du navire de sauvetage Geo Barents de Médecins Sans Frontières, a passé 28 jours à documenter les expériences des migrants et des sauveteurs. Son récit est à la fois touchant et réaliste, mettant en lumière les défis et les espoirs de ceux qui entreprennent ce périlleux voyage. Lucas a capturé l’humanité et la résilience des différents personnages, tout en rendant hommage au travail des sauveteurs. C’est magnifique et extrêmement poignant. Les dessins sont puissants et évocateurs, différenciant habilement les histoires des migrants et les jours passés sur le bateau. Juste bravo pour cette dextérité graphique. Vous ne sortirez pas indemne de cette lecture prenante ô combien d’actualité, qui met en exergue la solidarité humaine. Je recommande vivement.
Au moment où vous lisez ces lignes, des « migrants » sont peut-être en train de quitter le rivage libyen sur des canots pourris, d’autres dérivent au milieu de la Méditerranée dans des conditions critiques, avec probablement rien dans le ventre si ce n’est la peur… Leur objectif ? Rejoindre l’Europe dans l’espoir d’une vie meilleure, fuir avant tout la misère, la guerre ou les persécutions dans des pays en crise. Mais avant qu’ils ne puissent trouver une hypothétique terre d’asile, c’est encore un véritable parcours du combattant auquel ils seront confrontés. La plupart d’entre eux, venus d’Afrique subsaharienne, du Moyen-Orient voire du Bangladesh, convergeront vers la Lybie, un pays « accueillant » faisant office d’entonnoir, où les réseaux mafieux organisent des trafics d’êtres humains dans des conditions ignobles. Pour témoigner de tout cela, Lucas Vallerie a pris place durant près d’un mois à bord du désormais célèbre Geo Barents, le navire de sauvetage de Médecins sans frontières qui a fait à plusieurs reprises les gros titres de la presse. Un vrai travail journalistique auquel il a imprimé son regard d’auteur-dessinateur, en décrivant le quotidien des sauveteurs de façon saisissante. Loin d’être un documentaire convenu, « Traversées » parvient contre toute attente à captiver le lecteur de bout en bout. Vallerie ne se contente pas de décrire froidement ce qu’il a vécu, mais transforme son témoignage en aventure palpitante, en s’impliquant avec une sincérité très touchante et un réalisme qui nous absorbe littéralement. En côtoyant ces sauveteurs, qui font figure de héros des temps modernes (près de la moitié étant des femmes), l’auteur nous fait vivre des opérations parfois périlleuses qui nous font prendre conscience du désespoir de ces gens, un désespoir si profond qu’il les pousse à risquer leur vie pour traverser une Méditerranée souvent tumultueuse et imprévisible. A ce titre, on retiendra la scène terrible du naufrage page 63, qui provoquera la noyade de 30% des cent passagers d’un frêle esquif gonflable… Autre point fort du récit, Lucas Vallerie donne un visage à ces personnes vues souvent par les médias comme des cohortes anonymes, voire par certaines publications extrémistes comme des envahisseurs cautionnant la théorie si chère à certains politiciens démagogues : le fameux « grand remplacement ». Ce faisant, il décrit leur parcours semé d’embuches, le plus tragique étant celui de la camerounaise Jeannette et sa fille Ina L’auteur possède un trait simple et abouti, tout à fait sympathique, avec un sens du détail équilibré pour restituer la réalité de son séjour à bord du navire mais aussi pour aussi pour retranscrire les témoignages de plusieurs réfugiés. Les portraits qu’il nous donne à voir des sauveteurs ne sont rien de moins que des hommages mérités. Mais les autres qu’il a fait des personnes secourues, bien plus nombreux, provoquent une émotion irrépressible, sans pathos inutile. J’ai moi-même été bouleversé à plusieurs reprises, c’est dire à quel point ce récit comporte une puissance immersive. On ne trouvera rien qui puisse jouer en défaveur de ce très beau documentaire empreint d’humanité, auquel Lucas Vallerie a même su glisser une touche d’humour, qui contrebalance à bon escient l’âpreté du propos et ne diminue en rien sa force. Aux réfractaires qui argumenteront probablement que l’on ne peut pas accueillir toute la misère du monde, précisons que « Traversées » se situe à l’écart de tout discours politique. En effet, les équipes du Geo Barents n’ont pour seul rôle d’agir comme tout humain digne de ce nom se devrait de le faire : sauver des vies, point barre. S’opposer à cela ne reviendrait-il pas à promouvoir la non-assistance à personne en danger ?
Des BDs sur le thème des réfugiés qui tentent la traversée dangereuse de la méditerranée, il en existe déjà pas mal – voir notre thème « Réfugiés et Immigration clandestine ». Lucas Vallerie offre cependant une approche originale, puisqu’il s’est joint à une équipe de sauvetage en mer, sur un navire affrété par Médecins Sans Frontières. Cette approche offre un double avantage. D’abord, elle lui a permis de recueillir des témoignes « à chaud » de migrants qui venaient juste d’être repêchés, de leur parler directement de leur histoire et de leurs rêves, et de suivre leur vie sur le navire, parmi des centaines de réfugiés de différentes cultures. Ensuite, elle nous permet à nous, simples lecteurs et lectrices, de découvrir le travail fabuleux du personnel de MSF : leur quotidien à bord du navire, leurs rôles variés (médecin, sage-femme, médiateur culturel, responsables, techniciens, pilote etc.), l’entrainement et l’organisation presque militaire nécessaire pour mener à bien les repêchages, sans mettre le personnel en danger, de jour ou de nuit, quel que soit la météo. Et surtout, l’impact psychologique durable sur le personnel de bord, témoins d’atrocités sans nom. L’investissement émotionnel est lourd, et nécessite parfois la présence d’une psychologue pour soutenir l’équipe. Mon admiration pour ces héros des temps modernes est sans fin. La réflexion sur l’injustice et l’absurdité de la situation est bien entendu omniprésente. La réalisation de l’album est exemplaire, avec un dessin élégant, lisible et détaillé, et une narration parfaitement maitrisée – la scène de repêchage compliquée en milieu d’album est scotchante ! Un album essentiel si vous vous intéressez un tant soit peu à ce genre de reportage humanitaire. Un grand bravo à l’auteur.
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