Reines & dragons
Elle est une jeune fille aimée de ses parents, des monarques éclairés et progressistes qui au lieu de dépenser leur fortune dans la guerre et les fortifications, ont tout investi dans l'art et la culture. Une belle démarche et un bon esprit, jusqu'à ce qu'une armée de monstres sanguinaires attaque le château et s'emploie à trucider tout le monde.
Cyclisme Dragons Sfar
Notre jeune princesse est donc réveillée en pleine nuit par des feux grégeois et un semi-orque avec un micropénis penché au-dessus de son lit qui cherche à la bouffer et pire. Heureusement, forte dans pas mal de domaines dont les arts martiaux et la capoeïra, elle parvient à s'échapper de sa chambre. Près des restes calcinés de ses parents, elle croise, par chance, le magicien du palais qui parvient à l'aider à s'enfuir du château envahi. Juste avant de mourir, il lui offrit un objet exceptionnel sorti du fin fond de son labo bordélique et poussiéreux : une « bicyclette ». Accompagnée de ce truc qui roule, sonne et éclaire dont elle ne sait rien, notre héroïne quitte le château détruit pour survivre et poursuivre sa route... Une route qui, bien entendu et malheureusement, pour une jeune fille seule, sera tout aussi dangereuse.
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Date de parution | 17 Mai 2024 |
Statut histoire | Une histoire par tome 1 tome paru |
Les avis
Bon. Bon, bon, bon. Je m'attendais à pire mais c'est pas non plus un soulagement. Sfar, à par quelques rares exceptions, j'ai du mal. J'ai souvent l'impression de lire des récits bâclés (même hors du dessin, parce qu'il est quand-même parfois capable de faire de très belles cases) remplis de dialogues qui s'écoutent parler, de réflexions pseudo-philosophiques et d'une narration souvent pompeuse. Bref : c'est souvent de la branlette intellectuelle (comme dirait ma mamie). Bon, ici, miracle, pas de trace de la branlette intellectuelle susnommée, si ce n'est la narration très fouillis. La narration fouillis va justement me permettre d'enchaîner sur le défaut principal de cet album : je n'ai pas compris son but. Sur le papier, c'est l'histoire d'une princesse qui, suite à la mort de ses parents lors d'une attaque d'orcs, va s'enfuir en bicyclette, rencontrer un dragon et s'allier avec lui pour récupérer le château de sa famille. L'histoire est simple mais ne va pas vraiment plus loin que ça. En fait, je n'ai même pas l'impression que cet album avait pour but de raconter une histoire. La narration est bourrée de sortes d'annotations façons "notes de l'auteur" (on y retrouve d'ailleurs une référence à Skyrim dont je n'ai toujours pas compris l'intérêt), de passages où les personnages brisent le quatrième mur de manière désinvolte (la princesse et le dragon principalement) et surtout de plusieurs remarques sur le fait que ce récit se déroule dans l'univers de Donjons et Dragons. Quand j'ai vu le titre et que j'ai lu que des gnoles était mentionnés dans les premières pages, je m'étais bêtement dit que Sfar avait simplement voulu raconter un simple récit d'Heroic Fantasy se déroulant dans l'univers de DND (d'autant plus que, d'après certains dialogues et scènes de la série Aspirine, je me doutais que le bonhomme était un amateur de jeux de rôles à l'ancienne). Mais en fait non : j'ai juste eu l'impression de lire les délires d'un amateur de jeu de rôle, pas un récit DANS un univers de jeu de rôle. Les personnages brisent bien trop souvent le quatrième mur pour nous rappeler que ce sont des personnages d'un jeu de rôle à grand coup "d'alignements", de "niveaux" et de "classes" (pour l'immersion on repassera). Franchement, quelques clins d'œil auraient suffit. Seule une de ces interventions métatextuelles m'a faite sourire : le dialogue sur les poches et inventaires entre la princesse et le dragon. "T'as des lunettes ! Elles étaient où ?" "Dans ma poche." "T'as des poches ?" Voilà, des petits dialogues clins d'œil comme celui-ci, distillés intelligemment dans le récit, ça aurait pu être rigolo. Pour revenir brièvement sur le dessin, même si je disais au début que Sfar peut parfois faire des cases très léchées, ici, c'est relativement fainéant. Quelques beaux gros plans, mais trop rares pour sauver l'ensemble. Bref, la lecture n'est pas douloureuse, mais ça reste dispensable. A voir si suite il y a.
Contrairement à Mac Arthur, je ne suis pas allergique à des auteurs comme Sfar ou Trondheim, sans doute parce que je fais partie de la génération qui était très jeune lorsque ces auteurs sont devenus des incontournables de la BD. Sauf que voilà, autant j'aime bien la grosse partie de la production de Sfar des années 1990-2000, autant ce qui est venu après m'est souvent tombé des mains, hormis des exceptions, et c'est encore le cas ici. On retrouve les travers de l'auteur avec ce récit qui me semble improvisé du début jusqu'à la fin. Il y a quelques scènes qui m'ont un peu amusé et le reste m'a ennuyé. Quant au dessin, déjà à la base je ne trouve pas que le dessin de Sfar soit adapté pour de la fantasy, mais souvent j'ai trouvé que c'était trop brouillon alors qu'avant j'aimais bien son dessin. Un album qui me réconforte dans l'idée que Sfar a pris un gros melon et se fout de la qualité de ses séries, vu que de toute façon il y aura toujours un éditeur pour l'éditer et un public pour acheter juste parce qu'il y a écrit son nom sur la couverture. Oui je sais c'est méchant de penser cela d'un auteur, mais je suis vraiment triste de voir ce qu'est devenu le gros de sa production, parce qu'à une époque je l'aimais tellement qu'il faisait partie des auteurs dont j'étais ravi de découvrir l'œuvre et cette sensation a disparu depuis longtemps.
Né avant 1975, je fais partie de ces lecteurs de bandes dessinées qui sont resté relativement hermétiques à la nouvelle vague personnifiée par des auteurs comme Trondheim ou Sfar. Je ne nie pas leurs qualités mais tant leur humour que leur découpage n’a jamais réussi à me toucher. Je me suis tout de même risqué à ce nouvel opus de Sfar car l’idée d’associer un récit de fantasy et une bicyclette me semblait prometteuse. De plus, l’album est présenté comme un one-shot et Sfar avait réussi à me surprendre gentiment en 2019 avec sa reprise de Blueberry. A la lecture, j’ai déchanté. D’abord parce que beaucoup trop souvent à mon goût, le texte en voix off décrit ce que la case illustre. Pire qu’un Blake et Mortimer (pour la modernité on repassera) ! Alors, déjà en temps normal, quand la narration décrit ce qui est illustré dans une case, ça m’énerve. Mais là ! Je ne sais pas si c’est dû à l’imprécision du dessin mais celui-ci ne parvient même pas à représenter ce qui est décrit par le narratif. Ainsi lorsque l’héroïne parle d’une malheureuse victime embrochée du croupion au thorax, le dessin illustre le malheureux en question transpercé entre les omoplates (soit le pauvre souffre d'une difformité très handicapante, soit Sfar a trouvé trop compliqué d'illustrer ses propres propos). Exemple parmi d’autres de deux des problèmes majeurs rencontrés durant ma lecture (textes et dessins en double emploi et dessin imprécis). Par ailleurs, et une fois de plus, je n’ai été que très peu sensible à l’humour distillé dans cet album. Je trouve le scénario très répétitif et les rebondissements assez plats. Enfin, j’ai vraiment eu l’impression que l’auteur avait réalisé cette histoire en le destinant à sa fille (en vérité, je ne sais même pas s’il a des enfants) âgée d’une douzaine d’année. Le récit est en effet très enfantin par moments malgré le côté sanglant apporté par les nombreux massacres. Bon voilà, c’est lu (et ça peut vraiment se lire comme un one-shot malgré la porte de sortie que l’auteur s’est ménagé) mais ça ne me fera pas changer d’opinion sur mon affinité avec Sfar. Trop insipide à mon goût.
Il y a à boire et a manger dans l’œuvre de Joann Sfar, auteur très (trop ?) prolifique. Ici, on est plutôt en présence d’un bon cru. Pour ma part, la bd part avec une longueur d’avance car j’ai un faible pour les récits d’héroïque fantasy et souvent Sfar fait mouche dans ce domaine (cf. Donjon !!!). Je trouve d’ailleurs que les références jeu de rôle d’une partie du récit sont vraiment à propos et drôles. Ensuite, elles disparaissent. Et c’est justement le principal défaut (mais aussi la principale qualité) du livre. Ça part un peu dans tous les sens, c'est décousu, il y a un foisonnement d’idées, comme si l’auteur mettait sur papier ce qui lui passe par la tête à un instant T. Du coup, il y a un manque de cohérence globale avec régulièrement des ruptures légères de ton et d’état d’esprit et des idées qui restent inexploitées dans la durée. Ceci apporte aussi une grande qualité à l’ouvrage puisque celui-ci propose un certain dynamisme et foisonnement, on prend du bon temps et on ne se prend pas la tête. On ressent d’ailleurs un vrai plaisir de l’auteur à avoir fait ce livre "défouloir". Plaisir transmis au lecteur, donc partagé. C'est l'essentiel. Enthousiasmant. 03.25/5.
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