Shenzhen
Carnet de bord d'un occidental en Chine Populaire pendant les 3 mois d'une mission.
Auteurs canadiens Autobiographie BD à offrir Carnets de voyages Chine Ciboulette Documentaires L'Association Les petits éditeurs indépendants One-shots, le best-of
Guy Delisle débarque à Shenzhen (entre Canton et Hong Kong) pour superviser le boulot d'animateurs locaux dans le domaine du dessin animé. Delisle va passer trois mois seul, sans parvenir à se faire un ami dans cette ville froide, grise, et sale. Toutefois, il va faire des rencontres, il va s'étonner des coutumes et des habitudes, et nous livre tout cela dans un condensé de réflexions et de remarques. Sous la forme d'un journal de bord, il relate ses aventures à Shenzhen et son quotidien.
Scénario | |
Dessin | |
Editeur
/
Collection
|
|
Genre
/
Public
/
Type
|
|
Date de parution | Mars 2000 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Un carnet de voyage bien particulier dans lequel on suit Delisle en Chine, dans une ville en plein développement, mais qui reste loin des grandes métropoles comme Pékin ou Shanghai. Premiere oeuvre du genre qui deviendra familier chez lui, ce qui est intéressant ici comme dans Pyongyang c’est l’isolement de Delisle dans un environnement où la barrière de la langue et de la culture est omniprésente. Il observe tout avec une certaine distance, souvent ironique, sans jamais sombrer dans la caricature facile. Ce que j’aime dans Shenzhen, c’est que Delisle ne cherche pas à embellir son expérience. On ressent bien l’ennui qui l’accompagne, ses journées monotones dans un pays où il ne comprend presque rien et où les contacts humains restent limités. Ça donne un côté très authentique à son récit. Il ne fait pas semblant d’être fasciné ou ébloui par la culture locale, et c’est cette honnêteté qui rend le tout intéressant. Graphiquement, Delisle est dans son style habituel, simple et direct. Il parvient à capter l’essentiel des ambiances, que ce soit dans les rues grises et anonymes de Shenzhen ou dans les interactions plus intimes qu’il réussit parfois à avoir avec les locaux. L’humour est là, mais souvent discret, presque mélancolique. C’est un humour de décalage, un regard un peu désabusé sur son quotidien et sur ses propres limites face à l’immensité de la culture chinoise. Et même si l’album peut sembler lent ou répétitif par moments, c’est justement cette lenteur qui donne toute sa saveur à l’expérience. Un regard sincère, parfois un peu perdu, mais toujours curieux, sur une Chine en pleine transformation. Ce n’est pas un récit d’aventures ou un voyage exaltant, mais c’est une exploration intérieure tout aussi captivante, un livre que j’ai apprécié pour sa simplicité et son ton détaché, presque contemplatif.
Première bd de Delisle dans laquelle il nous raconte sa vie à l’étranger, Shenzhen est la première d’une série qui fera le succès de Delisle. Et dès cette première, tout y est. Le regard si particulier de Delisle est déjà présent, sa façon de relater les événements, de relever les particularités du pays et de ses habitants, bref, la patte qui fait que j’adore ces bandes dessinées est là. De tous les endroits où il est allé, il s’agit peut être de l'expérience ou il se passe le moins de choses (Delisle parle d’ailleurs dans ses bandes dessinées suivantes à plusieurs reprises de ces longues heures où il s’ennuyait en Chine). Mais c’est aussi sa première bd où il parle de ça, et il y a beaucoup de fraîcheur dans son propos. On sent une vraie envie de découvrir le pays et la culture, plus que, par exemple, dans “Les Chroniques Birmanes”. En outre, j’aime beaucoup quand il parle de son métier et des difficultés qu’il a à communiquer et à faire faire ce qu’il veut. L’animation est un milieu que je ne connais pas et c’est intéressant de le voir l’expliquer à d’autres personnes et, par la même occasion, à nous. J’adore vraiment la façon qu’il a de raconter le quotidien, et de rendre intéressant des passages où il relate l’ennui du personnage principal (lui en l’occurence, mais on retrouve la même chose dans “S’Enfuir”). C’est perturbant de trouver passionnant l’ennui d’un personnage, mais Delisle y arrive toujours très bien, soit en prenant la chose avec humour, soit en explicitant précisément pourquoi le personnage s’ennuie, ce qui fait que ça reste agréable à suivre pour le lecteur. Je terminerai en disant que c’est la première bd de Delisle que j’ai lue et, quand cela a été le cas, même si j’ai trouvé qu’il était un peu daté, je n’avais pas grand chose à reprocher au dessin qui colle bien à l’aspect documentaire et était même, parfois, assez drôle. Maintenant, il faut bien avouer que quand j’ai rouvert la bd pour écrire cet avis, j’ai constaté qu’il y avait eu pas mal d’amélioration dans le trait de Delisle, qui est plus mature et mieux maitrisé. Donc si vous avez déjà lu certaines de ses bds et que vous voulez lire “Shenzhen”, il y a de fortes chances pour que le dessin, au début, vous rebute un peu. Mais ne vous y arrêtez pas, cette lecture vaut vraiment le coup.
Guy Delisle nous livre ici un témoignage un peu décalé sur son expérience en Chine, il y a une vingtaine d’années. C’était l’époque où le pays s’ouvrait économiquement (on attend toujours qu’il le fasse autant politiquement !), avec en particulier certaines « zones franches » comme celle de Shenzen donc. J’ai bien aimé ce témoignage, qui mêle des remarques et des réflexions anodines à des traits d’humour plus ou moins pince sans rire. Le running gag du portier de l’hôtel, qui tente de faire illusion avec sa bouillie d’anglais, est assez poilant. Ni reportage journalistique, ni enquête à charge, c’est un récit très personnel et intéressant, où l’on découvre le poids des incompréhensions, et les contradictions d’une société en pleine mutation. Le dessin, assez gras, faussement brouillon, est assez en phase avec les propos (un mélange de légèreté et d’épaisseur). Un album à redécouvrir, avant de poursuivre avec les autres récits similaires de Delisle. Note réelle 3,5/5.
« Shenzhen » a été réalisé trois ans avant Pyongyang, et ça se voit. Le style est moins affirmé ici, et même au fil des pages, on constate une évolution de manière assez frappante, les dernières pages se rapprochant plus de sa chronique en Corée du Nord. On est dans le minimalisme, ce qui ne doit pas vouloir dire « absence de style ». Plusieurs cases dans la première partie font presque amateur, avec un crayonné bâclé et même franchement laid. Heureusement, Delisle compense ce défaut par l’humour et la pertinence du cadrage et de la mise en page. Pour le reste, c’est plutôt sympathique, certains pourront trouver cela trop anecdotique et sans intérêt par rapport à un pays où la démocratie est encore largement absente, mais je trouve pour ma part que c’est une façon originale de décrire un pays d’une culture très éloignée de la nôtre, pour nous autres Occidentaux, en racontant son quotidien en tant que visiteur étranger et « candide ». On peut reprocher la subjectivité de la démarche, certes, mais cela permet au moins à l’auteur d’échapper aux risques d’erreurs inhérents à l’approche documentaire. Ce dernier l’a fait sans prétention, avec sincérité, sans chercher à enjoliver ni dénigrer, ce qui rend l’ouvrage d’autant plus attachant. Certes, cela n’incite guère à visiter à Shenzhen, mais Delisle l’avoue lui-même vers la fin, il aurait préféré passer ses quelques mois à Canton, une ville apparemment plus accueillante qu’il eut le loisir de découvrir le temps d’un week-end.
Un cran en dessous de Pyongyang et surtout de Chroniques de Jérusalem, qui reste pour moi le meilleur album de Delisle que j'ai lu. L'histoire est un peu plus brouillonne dans sa chronologie, dans son dessin aussi, avec un trait plus gras. J'ai préféré la ligne très claire employée dans les deux autres tomes sus-cités. J'ai trouvé les anecdotes un peu moins croustillantes aussi. En fait, j'en voulais plus. Je pense que l'auteur n'y peut rien, il a raconté ce qu'il avait à dire à propos de son séjour assez court à Shenzhen. De ce côté là, le volume du livre est trompeur, car les pages, sur un beau papier à grains, sont très épaisses. J'aimerais voir ce que donne le même travail à partir d'un séjour dans la Chine de maintenant, car je suppose que ça a déjà du énormément changer avec la croissance économique. Un bon moment, mais pas inoubliable par rapport à l'aventure Israëlienne. (161)
Voilà un bon titre de Guy Delisle qui nous raconte ses expériences en Chine dans une entreprise produisant des dessins animés. C'est vivant, c'est souvent drôle le petit regard que possède l'auteur sur cette société encore assez fermée et sous la coupe du régime communiste. Et pourtant on sent aussi sa solitude dans ce pays où il est difficile de nouer des relations, déjà par la barrière de la langue. L'auteur trouve parfois le temps long, il essaie de s'évader le week-end en dehors d'une ville grise et sans attrait. Bref un bon titre à l'Association dans le genre carnet de route où l'on reconnaît de temps en temps des situations et des sensations qu'on a soi-même vécues pour ceux qui ont pu voyager un peu.
Instructif, amusant, vivant, bien pensé, ce récit m’a séduit du début à la fin. Bon, j’ai bien senti une baisse de régime aux deux tiers mais le début est tellement exceptionnel que la fin n’en paraît plus « que » bonne. Comment décrire ce documentaire à la première personne et surtout son impact sur moi ? Disons que parfois, autour d’un repas, vous tombez sur une personne qui a l’art de vous raconter une anecdote avec clarté, humour et expressivité. Ce soir-là, vous passez une très bonne soirée. Ce bouquin, c’est du pareil au même… sauf qu’il dure plus longtemps (mais pas trop quand même car vous aurez sans doute, comme moi, une furieuse envie de ne pas l’abandonner en cours de route). Je l’ai lu. J’ai souri. J’ai ri. J’ai appris. J’ai partagé ce voyage avec son auteur. Une remarquable réussite !
3.5/5 J'ai toujours adoré les BDs racontant les voyages de Guy Delisle dans les pays asiatiques (j’avais adoré Chroniques Birmanes et Pyongyang que j'ai vraiment envie de relire). J'ai trouvé "Shenzhen" (première des trois citées) tout en restant plaisante, légèrement moins intéressante. La raison est que, contrairement aux deux autres, "Shenzhen" n'aborde que très peu l'aspect géopolitique du pays. C'est vraiment ce qui me plaisait d’habitude, j'apprenais des choses sur les dictatures (communistes) asiatiques. Il reste l'aspect culturel qui est intéressant, il est vrai, car l'album se lit très bien. Dans Chroniques Birmanes il y avait aussi des pages 'récréations' où l'on voyait Guy Delisle avec son fils, ce qui rendait la lecture très fluide (même si "Shenzhen" est moins gros). Le dessin de Guy Delisle est toujours aussi simple, efficace et très lisible, mais il utilise une colorisation (de gris) qui fait "sale et baveuse" et qui évoluera au fil des pages (et qu’il abandonnera par la suite). Une lecture très intéressante, mais un peu moins que les œuvres qui suivront.
C'est hilarant !!! Et quel tour de force. Raconter une expérience d'expatrié où il ne se passe rien. Pas de culture, pas de partage, pas d'amour, pas de communication à Shenzhen, juste du business, des dollars, de la production bas coût. C'est typiquement le genre de séjour solitaire horrible, déprimant, qui nous bouffe et nous étouffe... Puis quand on en revient, on goute à toute l'ironie de l'aventure, du gouffre culturel, social, historique, économique que l'on vient de traverser. Tous ceux qui ont séjourné dans ces milieux industriels du sud est asiatique doivent retrouver beaucoup de leurs grands moments de solitude.
Au sortir de cette lecture qui fait office de documentaire sur la ville chinoise de Shenzhen, je suis un peu déçu. Je m'attendais à beaucoup plus qu'une succession d'anecdotes diverses. Il est vrai que c'est ce qui fait le charme de cet auteur car il aborde le sujet sur un terrain plus friand. Le problème, c'est que ce sont toujours les mêmes choses qui reviennent : la nourriture, l'hôtel, les excursions urbaines, les odeurs nauséabondes... On sent bien que l'auteur n'a pas aimé Shenzhen mais on perçoit également qu'il n'essaie pas de comprendre véritablement le peuple chinois. Il a des attitudes nombrilistes que je n'approuve guère même s'il sait faire preuve d'un humour auto-dérisoire particulier. Bien sûr, il livre un témoignage authentique de son carnet de voyage par rapport à cette ville champignon artificielle. Il qualifie lui-même son séjour d'ennuyeux. La lecture ne l'est jamais car comme dit, on suit avec amusement son parcours solitaire dans ce grand pays. A la superficialité du propos de l'auteur s'ajoute une vision bien pessimiste de l'Asie. Au final, je trouve que le ton est beaucoup trop léger avec l'une des plus grandes dictatures de la planète. J'aurais souhaité une dénonciation plus flagrante avec une amorce véritable de ce que vit le peuple chinois. C'est bien loin de nous faire découvrir ce qu'est la Chine de nos jours. Pour autant, l'exercice de style est difficile et il faut en tenir compte. La lecture demeure très plaisante à défaut d'être vraiment instructive.
Site réalisé avec CodeIgniter, jQuery, Bootstrap, fancyBox, Open Iconic, typeahead.js, Google Charts, Google Maps, echo
Copyright © 2001 - 2024 BDTheque | Contact | Les cookies sur le site | Les stats du site