Heroes in Crisis
Au cours de leurs nombreuses aventures et combats, il n'est pas rare que des événements catastrophiques surviennent dans la vie des plus grands super-héros.
DC Comics Super-héros Univers des super-héros DC Comics
Ceux-ci peuvent avoir alors besoin d'une période de convalescence afin de se reconstruire autant physiquement que psychologiquement et le Sanctuaire, un endroit secret où ils peuvent se réfugier, symbolise ce havre de paix pour des héros traumatisés. Mais ce secret se retrouve exposé au grand jour après qu'une violente tuerie s'y produit. Texte : L'éditeur
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Date de parution | 15 Novembre 2019 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Trouble de stress post-traumatique - Ce tome contient une histoire complète qui s'apprécie mieux par un connaisseur de l'univers partagé DC, que par un néophyte. Il contient les 9 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2018/2019, écrits par Tom King, dessinés et encrés par Clay Mann et mis en couleurs par Tomeu Morey. Quelques pages d'épisodes, ou la quasi-intégralité ont été dessinées par d'autres artistes : Travis Moore, Lee Weeks, Mitch Gerads, Jorge Fornés. Les couvertures ont été réalisées par Mann. le tome contient également les couvertures variantes réalisées par J. G. Jones, Francesco Matina, Mark Brooks, Ryan Sook (*9). Dans un petit patelin du Nebraska, Booster Gold (Michael Carter) est assis au bar en train de boire un café. La propriétaire lui indique qu'il y a une jeune femme en costume derrière la vitrine, Harley Quinn, et elle demande à Booster Gold s'il va y avoir un combat : il répond que oui. Superman survole comme une flèche des champs au Nebraska, ne laissant qu'une traînée rouge. Au sein du Sanctuaire, Harley Quinn se tient face caméra, évoquant toutes les personnes qu'elle a écoutées parler de leurs traumatismes. Dans le café, elle s'est assise à côté de Booster Gold et elle savoure l'odeur d'une véritable American Pie. Superman arrive au-dessus du Sanctuaire et est atterré par ce que sa supervision lui permet d'observer. Blue Jay (Jay Abrams) se tient face caméra au Sanctuaire et expose son angoisse de mourir étouffé dans son lit car il ne contrôle plus ses changements de taille. Dans le bar, Harley Quinn cite Sigmund Freud, puis prend son couteau et la plante dans l'épaule de Booster Gold. le combat physique commence. Au site du Sanctuaire, Superman a découvert les cadavres de Lagoon Boy, Commander Steel (Henry Haywood), Hot Spot (Isaiah Crockett), Solstice, à quelques mètres de l'entrée, dans un champ de blé. Batman (Bruce Wayne) et Wonder Woman (Diana) sont en route pour le rejoindre. Hot Spot se confie face caméra sur le fait qu'il essaye d'être quelqu'un. Devant son cadavre, Superman ne parvient pas à se souvenir du slogan de Hot Spot. le combat entre Booster Gold et Harley Quinn se poursuit sauvagement. Superman pénètre dans le Sanctuaire : il découvre deux autres cadavres Arsenal (Roy Harper) et Flash (Wally West). Au Sanctuaire, face caméra, Roy Harper raconte son addiction. Au sein du Sanctuaire, Superman découvre les restes des robots qui constituaient le personnel domestique. Il est rejoint par Batman et Wonder Woman. Au sein du Sanctuaire, face caméra, Booster Gold évoque les traumatismes provoqués par les combats et demande de l'aide. Au premier abord, cette histoire constitue un événement créé de toutes pièces pour exploiter les ressources d'un univers partagé de superhéros, celui de DC Comics. Des récits complets avec de nombreux superhéros constituent un point d'attraction quasi irrésistible pour les amateurs du genre. Pour celui-ci, le scénariste a choisi un point focal inhabituel : Harley Quinn (du fait de son succès cinématographique, incarnée par Margot Robbie) et Booster Gold, un superhéros de second rang (peut-être même de troisième) créé par Dan Jurgens en 1986, voir Booster Gold: The Big Fall (épisodes 1 à 12). L'intrigue repose sur une enquête policière à la suite du meurtre de plusieurs superhéros, la plupart de second plan, même un inventé pour l'occasion. le lecteur suit deux groupes d'enquêteurs : Batman d'un côté, et de l'autre Harley Quinn, Batgirl, Booster Gold & Bue Beetle. le coupable est dévoilé à la fin. Les dessins de Clay Mann sont très propres sur eux : détourage des formes avec un tait fin, utilisation très maîtrisée de traits plus épais et de fins aplats de noir, respect des spécificités de chaque costume de superhéros, langage corporel un peu emphatique comme il se doit pour des superhéros, présence régulière des décors, et un remarquable travail d'habillage par le coloriste, utilisation spectaculaire des superpouvoirs sans trop en rajouter. La narration visuelle est sophistiquée, avec toujours des relents discrets de l'influence d'Ariel Olivetti et Olivier Coipel. Malgré la qualité du rendu des dessins, le lecteur finit par ressentir que les plans de prise de vue manquent d'allant et d'entrain, rendant la narration visuelle parfois un peu plan-plan. Pour pouvoir soutenir le rythme de parution, d'autres dessinateurs participent à plusieurs épisodes. Travis Moore dessine trois pages de l'épisode 2 consacrées à Booster Gold. Il se calque sur le rendu graphique de Clay Mann, avec des dessins un peu plus énergétiques. Dans l'épisode 3, Lee Weeks réalisent 18 pages sur 20, et le lecteur a bien du mal à reconnaître sa patte par comparaison aux magnifiques pages qu'il a réalisées pour la série Batman écrite par Tom King. Moore revient pour deux pages dans l'épisode 5, à nouveau consacrées à Booster Gold, également plus énergétiques que celles de Mann, mais sans être mémorables pour autant. Mitch Gerads dessine 18 pages de l'épisode 6, et le lecteur perçoit tout de suite la différence, avec une approche du cadrage et du découpage beaucoup plus rigoureuse, apportant un rythme très particulier, ainsi qu'une narration visuelle générant un ressenti plus factuel, une expérience de lecture, plus mémorable. Il en est de même pour les 8 pages qu'il dessine dans l'épisode suivant. le lecteur identifie plus aisément les 3 pages réalisées par Jorge Fornés dans ce même épisode 7, avec un rendu similaire à celui des épisodes de Batman qu'il a dessiné, écrits par Tom King. Gerads revient encore pour 16 pages de l'épisode 8, tout aussi agréables dans leur rigueur, Travis Moore dessinant les 4 autres pages. Avec un peu de recul, l'unité graphique ne souffre pas de l'apport de ces autres dessinateurs. D'une certaine manière, ce récit s'avère donc être également une sorte de crossover d'artistes qui viennent se rencontrer dans une même histoire. le scénariste a imaginé un point de départ justifiant que plusieurs superhéros se retrouvent à collaborer : une installation dans laquelle les superhéros peuvent venir parler des moments traumatiques de leur vie. Il peut aussi bien s'agir de moments de leur personnelle, que de situations de combat contre des criminels. Cela permet de voir défiler plusieurs personnages face caméra, évoquant un moment difficile, chacun à leur manière. le lecteur voit ainsi passer, entre autres, Harley Quinn avec différentes postures à chaque fois, Blue Jay, Hot Spot, Arsenal, Booster Gold, Pison Ivy, Batman, Lagoon Boy, Sideways, Doctor Light, Robin, Red Robin, Nightwing, Fire, Ice, Cyborg, Question, et beaucoup d'autres. King effectue un travail remarquable sur l'expression orale de chacun, pour coller à leur personnalité, sans aucun effet de répétition. Bien sûr, ces mini confessions parlent à tous les lecteurs quand il s'agit de Batman, Superman ou Wonder Woman. En revanche, elles s'adressent avant tout aux connaisseurs de l'univers partagé DC quand il s'agit de Doctor Light (Kimiyo Hoshi) ou Sideways. Il faut avoir une connaissance préalable de ces personnages pour comprendre en quoi ce qu'ils disent évoque leur histoire personnelle. Par exemple, Blue Jay parle de Silver Sorceress (Laura Neilsen), une référence vraiment pointue. Au fil de ces déclarations, le lecteur obtient la confirmation que le thème privilégié de l'auteur est bien celui du traumatisme, et des symptômes qui sont associés au stress post-traumatique. Enfin, il y a l'enquête et le coupable. Comme à son habitude, Tom King se révèle être très doué pour la construction de son récit, avec des retours en arrière, pour une découverte progressive très ludique, sans obligation de concentration extraordinaire ou de nécessité de prendre des notes. L'enquête fait quelques détours : les affrontements entre Harley Quinn et Booster Gold, le passage visuellement surprenant avec Oswald Cobblepot, la réalité virtuelle avec Lagoon Boy qui se fait tirer dessus à répétition, Lois Lane qui évoque les vidéos envoyées au Daily Planet, ou encore le monologue incroyable de Gnarrk dans l'épisode 6, qui parle de Jean-Jacques Rousseau, etc. L'auteur dispose de beaucoup d'épisodes, et il en tire parti pour étoffer la personnalité de plusieurs personnages, au point que ces moments supplantent l'intrigue en intérêt. En outre, le traumatisme d'un personnage en particulier se révèle dans toute son horreur, indépassable. le récit devient son histoire, celle de sa souffrance insupportable, à tel point qu'il prend le pas sur l'intrigue, sur l'enquête, ce qui donne une sensation très bizarre à la lecture, comme si finalement son centre d'intérêt est entièrement focalisé sur ce personnage et que le reste ne sert que de décor. du coup quand arrive l'explication de qui a commis le crime et comment, cela semble avoir perdu de son intérêt au regard de tout le reste. En outre, King a choisi un coupable qui fait polémique pour une partie des lecteurs car cela le détruit d'une manière irrémédiable, peu compatible avec son statut. En découvrant le principe de l'histoire, le lecteur est fortement alléché : une enquête, un lieu à la fonction logique et évidente, une équipe de superhéros plutôt originale. Il se rend vite compte que les dessins se lisent tout seuls et possèdent un certain charme, mais que la narration visuelle manque de punch pour un récit de superhéros, ou d'un point de vue graphique plus affirmé et plus personnel. Au fil du récit, il apparaît également que Tom King développe plusieurs éléments mais qui finissent par phagocyter l'intrigue, alors que certains n'aboutissent nulle part. D'un côté, c'est une lecture riche de promesses avec une qualité de production très sophistiquée. De l'autre côté, la somme des parties a du mal à s'agréger dans un tout. D'une certaine manière, les conséquences de cette aventure sont développées dans Flash Forward (2019) par Scott Lobdell & Brett Booth.
Encore une fois, Tom King a une idée de départ intéressante et il la développe dans un récit que j'ai trouvé sans intérêt. Contrairement à ce que laisse penser le titre, on n'est pas un gros crossover DC où tous les héros doivent affronter une grosse crise contre un gros méchant très fort, ici on parle plutôt de crises post-traumatique que subissent les super-héros. Batman, Superman et Wonder Woman ont bâti un sanctuaire où les super-héros peuvent se reposer de leurs blessures physiques et psychologiques et un jour il y a un massacre dans cet endroit. Cela peut rappeler Watchmen dont parle justement la préface présente dans l'album. On voit d'ailleurs les différences de talent entre Moore et King. Alors que le récit de Moore est complexe, le scénario est tout de même facile à suivre, on présent bien les personnages un à un et on voit lorsque c'est un flashback. Avec King le scénario est décousu et cela devient inutilement compliqué pour rien. Comme ce n'est pas la première fois que j'ai cette impression avec ce scénariste, je demande s'il n'a pas honte d'écrire des 'bêtes' histoires de super-héros alors il rend ça autant intello que possible pour avoir l'air d'un vrai auteur qui parle des choses qui comptent. J'imagine qu'il y a un public qui veut voir ce que ça donnerait une histoire de super-héros qui semble avoir été écrite par Jean-Luc Godard. Dommage parce qu'il y a quelques bonnes scènes et je n'ai rien contre le gimmick des entrevues des super-héros qui font des confessions face à une caméra, mais c'est lassant d'essayer de ce retrouver dans un scénario bordélique. J'ai même trouvé que l'humour d'Harley Quinn était lourdingue alors que j'aime bien ce personnage habituellement. Le dessin est correct et il y a une bonne mise en scène globalement.
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