Un sombre manteau
Un petit village des Pyrénées, au milieu du XIXe siècle. Mara est une vieille guérisseuse célibataire, qui vend ses remèdes aux villageois et doit faire face à leur mépris.
1872 - 1899 : de la IIIe république à la fin du XIXe siècle Aire Libre Auteurs espagnols Espagne Les Pyrénées Maladies et épidémies
Son mode de vie rude et isolé est, en effet, mal vu par un milieu patriarcal et centré sur la famille. Un jour, elle recueille en pleine forêt Serena, jeune fuyarde muette au passé mystérieux. Mara la soigne et lui fait découvrir le métier de guérisseuse et les secrets de la montagne. Mais cette nouvelle venue n'est pas bien vue au village, d'autant plus quand une épidémie éclate, menaçant la vie des habitants et de leurs bêtes.
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Date de parution | 07 Juin 2024 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Jaime Martin est un auteur que j’aime bien. En particulier dans ses séries à la fois autobiographiques et historiques. Mais cette histoire m’a quand même moins intéressé. Elle se laisse lire, et Martin nous montre bien l’âpreté de la vie de ses montagnards, enclavés, soumis à la pression d’un Église extrémiste et rétrograde, aux qu’en dira-t-on : une Espagne où l’on vit à la fin du XIXème siècle comme quelques siècles auparavant. Un peu d’arrière-plan fantastique, autour de ce mal, de ces loups, avec la rage qui menace la communauté villageoise, m’a moyennement convaincu. J’ai été un peu plus intéressé par ces rebouteuses (appelées ici « trementinaires »), à la fois demandées et craintes, admirées et haïes. Mais c’est le récit qui est ancré dans l’histoire des régions isolées d’Espagne, manque un peu de rythme et de surprise. Quant au dessin de Martin, il est comme à l’habitude très lisible, avec un trait gras agréable, même si les décors – montagnards en particulier – sont un peu trop escamotés à mon goût.
Ce récit s’articule autour de plusieurs thématiques : l’une historique, une deuxième de type suspense policier, et une troisième d’ordre plus fantastique. Et si j’ai beaucoup aimé la première (qui m’a fait découvrir la vie des trémentinaires, des femmes originaires des Pyrénées catalanes qui, au cours du XIXème siècle, cueillaient des herbes pour en faire des remèdes qu'elles vendaient dans des villages sillonnant la région à pied), si l’aspect suspense policier, quoique très classique, m’a encore plu, la dimension fantastique, elle m’a laissé très dubitatif. Au niveau du dessin, je suis également partagé. J’aime bien la lisibilité du trait de Jaime Martin mais je trouve son encrage trop épais. Ca fait un peu mastoc, ça manque de finesse à mes yeux. Les décors y perdent en nuances, en détails, et dans le cas présent, avec ce sujet et cet ancrage très régionaux, je pense que j’aurais préféré un dessin plus naturaliste, plus dans la ligné d’un Servais en somme. Le positif à mes yeux réside vraiment dans la reconstitution historique, dans le cadre de ce récit. Ce petit village catalan avec ses commérages, ses jalousies, ses secrets de famille, ses mesquineries, c’est vraiment le genre d’univers dont je suis friand. L’arrivée d’une inconnue couplée à celle d’une épidémie est un excellent moteur pour révéler le côté sombre de différents protagonistes. Enfin, le personnage de Mara, avec son profil si similaire de ceux des rebouteuses ardennaises, est très touchant. Le mystère qui entoure l'inconnue que recueille Mara est de deux ordres. D’une part, nous aimerions savoir d’où elle vient et ce qui l’a poussée à se réfugier ainsi dans la montagne. D’autre part, on se demande directement ce que personnifie ce loup qui l’accompagne au début du récit. Symbolise-t-il sa folie ou s’agit-il d’autre chose ? Et de ce point de vue, j’ai finalement trouvé le récit peu clair. Je pense vraiment que j’aurais plus apprécié celui-ci sans sa dimension fantastique, que je trouve inutile et assez nébuleuse. Au final, je ne peux pas dire que j'ai été totalement conquis mais rien que pour son cadre et son ambiance de village reculé, je ne regrette pas ma lecture. Pas mal, pour ma part mais je suis content de l'avoir emprunté plutôt qu'acheté car ce n'est pas un récit que j'aimerais rapidement relire.
Sous des allures de récit faussement fantastique, Jaime Martin nous plonge dans la seconde moitié du 19e siècle dans les Pyrénées espagnoles. Là, une vieille ermite vivant de la vente de ses potions à base de plantes recueille une femme en fuite et fiévreuse. Même guérie, celle-ci reste farouche et muette sur son passé, ce qui n'empêche pas la vieille de l'adopter et de la faire passer pour sa nièce auprès des gens du village de la vallée. Mais ceux-ci ne voient pas la nouvelle venue d'un bon œil, lui attribuant le chaos qui va s'emparer peu à peu de l'esprit des villageois et villageoises. Sans parler de cette étrange maladie qui se répand peu à peu. Depuis Ce que le vent apporte et Toute la Poussière du Chemin, je suis sous le charme du graphisme de Jaime Martin qui se rapproche de celui de Ruben Pellejero. J'aime leur encrage épais et l'élégance de leurs planches qui ressort d'autant plus dans le grand format des albums de la collection Aire Libre. Dès les premières cases, j'ai été transporté dans les décors de ces montagnes d'il y a plus d'un siècle et de ceux qui y vivaient. Tout y est impeccable, des personnages aux décors en passant par les couleurs. C'est propre, c'est clair, c'est bien mis en scène et c'est beau. L'auteur a su capter mon attention immédiatement avec son insertion d'éléments fantastiques dont on ne saura jamais vraiment s'ils sont réels ou seulement métaphoriques. D'ailleurs à ce sujet, autant j'ai bien compris qui était cette sinistre louve, autant je n'ai pas su capter quel était le rôle symbolique que la femme rousse était censée jouer au final. Mais ça n'a pas de grande importance car je me suis laissé emporté par le récit. Il représente avec rigueur et humanité les conditions de vie dans les montagnes à l'époque. Si tout le cadre a des accents tragiques, ce sont avant tout les relations humaines qui sont mises en avant, faites d'affection, de rejet, de mépris, de confiance et de défiance. Les personnages de la vieille femme et de sa protégée ont tous deux leurs secrets et leurs regrets et ce n'est que vers la fin de l'album qu'ils sont dévoilés, leurs traumatismes du passé les rapprochant encore plus. Et les autres protagonistes ne sont pas oubliés pour autant, les différents villageois, qu'ils soient bienveillants ou malveillants, ont tous une âme et apportent leur pierre à l'édifice de ce récit fort et prenant. Leurs relations sont justes, jamais exagérées ni manichéennes, ce qui permet d'éviter la tragédie facile et prévisible. C'est aussi l'occasion de découvrir les trémentinaires, ces femmes guérisseuses solitaires qui vivaient de la vente d'herbes et de remèdes naturels, ainsi que la solidarité féminine entre elles. Solidarité et humanité face à la cruauté du monde, voilà d'ailleurs comment on pourrait résumer les thématiques de cet album. Très bien racontée, belle et intense, c'est une très bonne bande dessinée.
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