Oradour 1944 - L'innocence assassinée

Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 2 avis)

10 juin 1944 : la quasi-totalité de la population d'un petit village du Limousin est froidement exécutée par une division de SS.


1939 - 1945 : La Seconde Guerre Mondiale Gobelins, l'École de l'Image Les petits éditeurs indépendants Limousin Nouvelle Aquitaine

10 juin 1944. La Panzer Division SS surnommée Das Reich rentre dans le calme dans le petit village d'Oradour-sur-Glane. On fait sortir tout le monde des maison, on les rassemble sur le champ de foire avant de répartir les hommes dans deux granges et les femmes et enfants dans l'église. Les premiers reçoivent des rafales dans les jambes avant d'être achevés par des balles dans la tête, les autres sont d'abord blessés par des grenades incendiaires avant d'être eux aussi achevés. Seule une poignée de jeunes gens réussit à survivre au massacre, avant que les nazis évacuent les lieux. C'est sous le regard ému et exigeant du dernier d'entre eux, Robert Hébras, que cette BD, qui en retrace l'histoire, est entamée. Il ne verra pas sa publication, hélas.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 24 Mai 2024
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Oradour 1944 - L'innocence assassinée © Anspach 2024
Les notes
Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 2 avis)
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15/06/2024 | Spooky
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L'avatar du posteur Noirdésir

Quelques petits détails m’ont empêché de mieux noter cet album. Un dessin un chouia trop statique, et une volonté – pourtant louable – d’être exhaustif et clinique dans la description méthodique de ce crime. Cela donne parfois un ensemble froid, et on peine à s’attacher aux personnages (je parle des victimes bien sûr !). Mais pour le reste, c’est un album intéressant et hélas nécessaire, pour ne pas laisser quelques fachos réécrire l’histoire (voir les remarques de Zemmour sur le bilan positif de l’occupation, dont on aurait exagéré les méfaits). J’avais visité il y a quelques années le site du village (et le musée – très bien fait). Même si les traces de sang, d’incendie avaient disparu, si la rouille avait commencé son travail, et si certaines ruines s’étaient visiblement écroulées, le site du village martyr garde quelque chose de glaçant. L’effroi est resté, lui ! Et les auteurs ont choisi de montrer l’enchainement des faits qui ont amené au massacre de plus de 600 personnes. L’idée (confirmée par le dossier intéressant qui clôt l’album) de montrer qu’Oradour a connu ce qu’ont connu des centaines de villages dans l’ex-URSS envahie par Wehrmacht et Waffen-SS est pertinente (et laisse horrifié quant au bilan dans cette région qui a le plus subi les exactions nazies) : les officiers SS appliquent ici des méthodes « éprouvées ». Le débarquement allié en Normandie a galvanisé les résistants (qui vont payer un lourd tribut à leur enthousiasme un peu prématuré parfois), et en retour la répression des Nazis et de leurs supplétifs : c’est un baroud d’honneur, une fuite en avant désormais, pour les collabos, les miliciens, et les unités SS. Les auteurs multiplient les petits flash-backs, et passent d'un lieu à un autre sans trop de transition, pour dynamiser un récit somme toute linéaire (ça n'aide pas toujours à la fluidité, j'ai parfois confondu certains personnages). Il est intéressant de montrer qu’au-delà des officiers et de quelques soldats « aguerris » et fanatiques, certains participants au massacre d’Oradour-sur-Glane étaient de jeunes et récents « engagés », parfois français/alsaciens. Ça laisse pantois quant à la facilité avec laquelle on peut participer à un massacre de cette ampleur, de façon aussi froide, méthodique, alors même que les auteurs savaient qu’aucun résistant ne se trouvait ici. Un devoir de mémoire nécessaire donc. Note réelle 3,5/5.

09/10/2024 (modifier)
Par Spooky
Note: 4/5
L'avatar du posteur Spooky

Le massacre d'Oradour-sur-Glane n'est qu'un évènement parmi d'autres de la seconde guerre mondiale, mais de nombreux éléments en ont fait un symbole de la barbarie nazie : son isolement, l'innocence de ses habitants, qui pour la plupart se tenaient à l'écart des combats opposant les maquisards et la Milice, quelques kilomètres plus loin. Le fait aussi que dès les semaines qui ont suivi cette atrocité, les autorités aient décidé de transformer les ruines du village en un lieu de mémoire resté en l'état. Un cas unique en France, qui en fait l'un des sites touristiques liés à la guerre les plus visités chaque année. Sous le haut patronage de Robert Hébras, le dernier survivant des évènements, les Éditions Anspach ont donc confié à Jean-François Miniac, scénariste polyvalent, le soin de raconter cette journée particulière du 10 juin 1944. Il s'est adjoint les services de Bruno Marivain, qui a déjà œuvré dans la BD historique, en particulier la seconde guerre mondiale. Un duo chevronné, qui nous permet de suivre sans heurts le récit qui bascule peu à peu dans l'horreur et la barbarie. On suit bien sûr les habitants, les soldats de la division SS (dont certains étaient Alsaciens, ce qui a "permis" aux oppresseurs de se faire comprendre des villageois), mais aussi la poignée de jeunes gens qui réussit à tromper la vigilance des envahisseurs. De quoi être relativement complets sur le sujet, et l'album comporte un dossier documentaire en fin d'album, réalisé par deux historiens, qui permet de replacer l'évènement dans son contexte, en parlant d'Oradour, de Das Reich et de la situation du conflit, quelques jours après le débarquement en Normandie. C'est très intéressant. En passant, les deux historiens indiquent que le choix de ce village d'Oradour reste obscur, 80 ans après. Je me souviens d'avoir lu ou entendu il y a quelques années une théorie indiquant qu'un autre village appelé Oradour quelque chose (probablement Oradour-sur-Vayres, situé 15 km au sud du futur village martyr) avait été choisi, mais que la panzer division SS s'était un peu perdue, et donc se serait trompée d'agglomération...

15/06/2024 (modifier)