Le Vivant à vif

Note: 3.75/5
(3.75/5 pour 4 avis)

Adaptation au format bande dessinée de "A l'aube de la sixième extinction" de Bruno David.


Adaptations de romans en BD Changement climatique Documentaires École supérieure des Arts décoratifs de Strasbourg Environnement et écologie

Salomé et Félicien, deux collégiens particulièrement bavards, doivent préparer un exposé. Peu réjouis à l'idée de devoir travailler sur cet exercice, il leur est distribué un sujet des plus mystérieux : « A l'aube de la sixième extinction ». Menant des tentatives de réflexion plus vaines les unes que les autres, ils sont bientôt épaulés par Iris, une jeune scientifique rencontrée par le plus heureux des hasards. Celle-ci, spécialiste de sujets environnementaux , va ouvrir les deux adolescents à l'étendue de ses connaissances, en leur décrivant la richesse de la biodiversité et les conséquences de l'exploitation intensive des ressource énergétique et alimentaires. À son contact, ils vont se sensibiliser à des questions environnementales plus que jamais d'actualité, pour devenir ensuite, à leur échelle, les porte-paroles de l'urgence à sauver notre planète.

Scénario
Oeuvre originale
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 17 Avril 2024
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Le Vivant à vif © Rue de Sèvres 2024
Les notes
Note: 3.75/5
(3.75/5 pour 4 avis)
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19/06/2024 | Mac Arthur
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Par Emka
Note: 2/5
L'avatar du posteur Emka

On sent une ambition forte dès les premières pages. Ce projet veut aller loin, décortiquer les mécanismes, multiplier les angles, appuyer sur des chiffres et des faits pour frapper fort. Mais, à force de vouloir trop en dire, quelque chose se perd en route. L’équilibre vacille. Les données, nombreuses, ne sont pas toujours aussi solides qu’elles le prétendent. Certaines auraient mérité des sources plus robustes, d’autres semblent déjà datées. Et c’est là que le bât blesse : quand on s’appuie autant sur une base chiffrée, le moindre doute vient affaiblir l’ensemble. L’effet recherché, cette prise de conscience urgente et essentielle, s’érode à mesure que ces approximations s’accumulent. Et ce n’est pas seulement une question de chiffres. Le dessin, pourtant soigné et le scénario, qui est plutôt ici un prétexte, ne semblent pas pleinement à leur place. Ils illustrent, accompagnent, mais ne racontent pas vraiment. En fait j'ai l'impression qu'on essaie ici de surfer sur le succès de Le Monde sans fin dans la forme. On suit une série de réflexions, des constats, des explications qui prennent parfois des allures de conférence. Et si tout cela est intéressant, ça reste froid. Trop souvent, le texte l’emporte, étouffe le visuel. Il manque ce souffle narratif qui pourrait transformer le propos en expérience. Je repense à L'Oasis, du même auteur que j'avais beaucoup aimé et dans lequel le message (certes moins riche) passait sans qu’on s’en rende compte. Une histoire, une émotion, et à la fin, des idées qui s’imposaient presque naturellement. Ici, c’est différent, tout est frontal, je ne trouve pas de liant. Il y a pourtant du potentiel. On devine une sincérité, un engagement, une vraie volonté de faire réfléchir. Mais le résultat ne me touche pas autant qu’il pourrait. Peut être parce que je pense avoir déjà bien potassé le sujet au préalable, mais j'ai l'impression finale de sortir sans ce souvenir marquant qu’on peut garder d’une bonne histoire bien racontée. En tous cas ce n'est pas ce que j'attends du format BD. Je ne pense pas être le bon public pour ce livre.

07/01/2025 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Je me retrouve en très grande partie dans l’avis de Mac Arthur (et dans la remarque d’Alix concernant l’absence de sources, d’appareil critique justifiant les chiffres et autres informations donnés dans cet album). C’est à la fois une leçon de choses et une invitation à réfléchir et à agir. Car après les constatations/explications/rappels historiques (toujours ludiques, clairs et précis) viennent quelques pistes dans le dernier chapitre. Avec une multitude de choses faisables par la plupart d’entre nous (et un salutaire rappel sur les énormes méfaits en matière de consommation d’eau et d’énergie des réseaux sociaux, des messageries et autre internet). Je trouve par contre que l’on n’insiste pas assez ici sur l’incompatibilité entre le capitalisme financier et libéral (bien aidé par ses relais médiatiques et politiques) et la réaction collective nécessaire pour sauver ce qui peut l’être de la vie et des conditions de vie sur Terre. J’aime bien le dessin de Hureau, je le trouve fluide et agréable. Très simple mais chouette. Une lecture à compléter – pour rester dans le domaine de la BD, par Le Monde sans fin (pourtant critiquable sur plusieurs points) ou Alpha... directions / Beta... civilisations (surtout le premier tome, qui évoque les premières extinctions). Pour finir, si l’album peut être considéré comme « tout public », je l’ai trouvé quand même épais et très dense, avec beaucoup de textes, c’est peut-être un peu trop pour de jeunes lecteurs.

21/12/2024 (modifier)
Par Alix
Note: 4/5
L'avatar du posteur Alix

J’adore le travail de Simon Hureau, et j’ai des goûts similaires à Mac Arthur. Son avis a donc forcément attiré mon attention, et je ressors satisfait de ma lecture. J’applaudis la quantité incroyable de connaissances transmises dans cet album : changement climatique, biodiversité, impact de l’être humain (et notamment de ses déplacements) sur l’environnement, et évolution du climat depuis l’apparition de la vie sur Terre. C’est ce dernier point qui m’a le plus fasciné, car mes connaissances en la matière étaient limitées, et les explications sont claires et instructives. Le chapitre sur les solutions que nous pouvons envisager à titre personnel est excellent. D’abord, parce qu’il propose une vision un peu plus positive de la crise. Ensuite, parce que si certains gestes sont bien connus (recycler, éteindre les appareils en veille etc.), d’autres le sont beaucoup moins. Enfin, la narration de cette partie est judicieuse, avec ces grandes planches remplies de petits phylactères proposant une solution précise. Ces doubles planches mériteraient d’être imprimées en grand format et affichées dans les écoles, les bibliothèques et autres lieux publics. Maintenant, le professeur universitaire un peu académique que je suis a un gros reproche à faire : l’absence totale de bibliographie, de références pour vérifier et valider les chiffres « choc » mentionnés (par exemple « un apport de 10% de produits ultra-transformés dans notre régime se traduit par une hausse de 12% de risque de cancer », page 46), et les déclarations souvent acerbes, voire parfois surprenantes (la disparitions des dinosaures ne serait pas due à la chute d'une météorite). Je ne dis pas que tout ceci est faux, mais pourquoi ne pas avoir inclus les références vers les articles universitaires, les études scientifiques ? Ce manque est souvent la marque de fabrique des conspirationnistes et autres climatosceptiques déversant leurs « propres recherches » sur les réseaux sociaux. Cet album étant destiné aux jeunes, je trouve dommage de ne pas avoir montré l’exemple, et rappelé qu’il faut toujours questionner et vérifier la validité d’une information. Ces références auraient pu être listées en fin d’album afin de ne pas alourdir la narration. Bon, à part ce gros coup de gueule, j’ai beaucoup aimé, je recommande la lecture de cette chouette BD… aux jeunes, mais aussi aux moins jeunes !

16/10/2024 (modifier)
L'avatar du posteur Mac Arthur

Rarement un livre m’a semblé aussi essentiel. La lecture de ‘Le Vivant à vif’ devrait être imposée dans toutes les écoles, son étude devrait être suivie de tables de réflexions, de travaux pratiques, d’actions sur le terrain. Son constat devrait influencer les politiques menées par nos dirigeants, avec une vision mondiale. Car ‘Le Vivant à vif’ supprime toutes les frontières, son sujet concerne chacun d’entre nous. Nous provoquons une catastrophe sans précédent, nous le savons et nous sommes pourtant incapables d’agir, de nous brider, de nous unir, de nous sauver. Ce livre pourrait être profondément déprimant s’il n’y avait la dernière partie qui redonne un peu espoir en éclairant les petites actions que déjà certains d’entre nous mènent au quotidien, et d’autres que nous pourrions tous mener à notre tour. Mais de quoi est-ce qu’on cause ? Le Vivant à vif est l’adaptation au format bande dessinée du roman de Bruno David « A l’aube de la sixième extinction ». Adapté pour être compris d’un très large public, il explique de manière didactique pourquoi et comment nous, l’humanité dans son ensemble et les pays riches en particulier, sommes responsables de la future extinction de masse. Un futur qui a déjà commencé, un futur qui nous concerne tous et qui pourrait (devrait ?) nous être fatal. Par son propos, cette bande dessinée peut être rapprochée de « Le Monde sans fin » de Blain et Jancovici. Je trouve toutefois son contenu encore plus pertinent car celui-ci ne se limite pas au seul réchauffement climatique. Même s’il montre parfois une décroissance idyllique (qui ne rêve pas d’une belle maison avec un beau potager, une alimentation saine à base de produits locaux, une mobilité douce en vélo), il n’occulte pas les aspects négatifs ou moins réjouissants de cette absolue nécessité d’arrêter d’épuiser la terre. J’ai particulièrement apprécié le fait que les auteurs soulignent le caractère énergivore des réseaux sociaux. Mieux encore, pour la première fois j’ai lu dans une bande dessinée grand public que ne pas avoir d’enfant était un acte responsable (rahhhh, que ça fait du bien dans ce monde occidental où ne pas avoir 1,7 enfant par ménage est considéré comme de l’égoïsme à l’état pur !) Et puis Dieu sait si j’ai déjà lu pas mal de documentaires traitant de l’impact positif du végétarisme… mais c’est le premier qui me fait vraiment réfléchir à la pertinence de sauter le pas (le chapitre sur la pêche et les ressources marines m’a particulièrement marqué). La mise en scène de Simon Hureau est soignée. Si elle destine prioritairement cette lecture vers un jeune public, elle demeure accessible à tous. Le trait de l’auteur apporte toujours autant de fraicheur à ses planches, et ses qualités de naturaliste ne sont plus à démontrer (même si ici, il reste très en deçà du travail méticuleux réalisé sur L'Oasis). Le moins que l’on puisse dire est que c’est une lecture qui m’a marqué. Et du fait que je trouve son message essentiel, sa forme adaptée à un très large public et sa conclusion incitante, je me laisse aller pour un « culte ». A lire A faire lire A relire A partager … et puis agir…

19/06/2024 (modifier)