Vénus Privée - La Première Enquête de Duca Lamberti (Venere Privata)

Note: 3/5
(3/5 pour 3 avis)

Giorgio Scerbanenco au panthéon du roman noir. Vénus privée est la première histoire des quatre que comprend la série, adaptée avec brio par Paolo Bacilieri.


1961 - 1989 : Jusqu'à la fin de la Guerre Froide Adaptations de romans en BD Auteurs italiens Italie Les petits éditeurs indépendants Maisons closes et prostitution

Périphérie de Milan, années soixante. Alberta, une jeune vendeuse, est retrouvée morte. Au même moment, à sa sortie de prison, Duca Lamberti est contraint d’accepter le premier travail qu’on lui propose : condamné pour avoir euthanasié une femme en phase terminale, cet ancien médecin est appelé par un riche industriel pour désintoxiquer son fils alcoolique. Les deux événements ne tardent pas à s’entremêler lorsque Lamberti découvre que le jeune homme s’est mis à boire parce qu’il se croit coupable de la mort de la jeune fille…

Scénario
Oeuvre originale
Dessin
Traduction
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 03 Mai 2024
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Vénus Privée - La Première Enquête de Duca Lamberti © Ici Même 2024
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 3 avis)
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21/06/2024 | Cacal69
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Par Blue boy
Note: 2/5
L'avatar du posteur Blue boy

Je n’irai par quatre chemins : cet ouvrage m’a déçu alors que j’en attendais le plus grand bien. Cela ne remettra évidemment pas en cause l’estime que j’ai pour l’éditeur Ici Même qui nous fait toujours des propositions originales avec des auteurs intéressants. A ce titre, Paolo Bacilieri n’est pas un jeune premier, ses premiers ouvrages ayant été publiés en France dans les années 80 par Casterman (Le Trésor des Imbalas) et L’Echo des savanes (Le Bavard), sous le pseudo Baciliero. Les premières pages de « Vénus privée », adaptation d’un roman de l’auteur italien Giorgio Scerbanenco (compatriote de Bacilieri donc), nous avaient mis pourtant en appétit. Sur fond d’enquête policière à propos d’un féminicide, l’histoire débute par la rencontre entre Auseri, un riche industriel et un médecin légiste qui sort de prison, mis en cause dans une affaire d’euthanasie. Et on peut le dire, c’est plutôt intrigant. Auseri confie au médecin la tâche ardue de guérir son fils devenu alcoolique, qui se sent responsable de la mort de la jeune femme. Et le fils à papa en question, Davide Auseri, on le découvre d‘abord à travers le portrait pas très reluisant dressé par le paternel. Puis lorsqu’il apparaît de plein pied, comme s’il venait de se prendre une brique sur le crâne, on se dit qu’on a affaire un sacré morceau, dont on se demande ce qui peut bien se tramer dans sa tête. Le gars est taciturne et semble rétif à envisager toute relation avec une femme, et son seul plaisir semble se limiter à la bibine et à son coupé Alfa Roméo dont il aime faire rugir le moteur sur les autostrades italiennes. Est-ce un psychopathe ou une victime ? C’est ce que l’histoire va nous révéler… Le point fort de l’objet, c’est avant tout le dessin noir et blanc, dans le style des comics alternatifs US, avec moult hachures, croisillons et diverses trames. Le trait est semi-réaliste, les visages sont expressifs (malgré un léger problème d’identification), et on appréciera également les scènes urbaines dans le Milan des années 70. Quant à l’histoire en elle-même, elle ne s’avère au final qu’une enquête policière assez traditionnelle, pour ne pas dire ordinaire. Tant mieux pour les amateurs sans doute, mais d’autres comme moi qui auraient tendance à privilégier les peintures psychologiques en ressortiront quelque peu frustrés. Il y avait pourtant du potentiel avec plusieurs protagonistes à la forte personnalité, mais qui restent néanmoins quelque peu stéréotypés. Toute cela aurait pu faire de « Venus privée » une œuvre honnête, mais c’est lorsqu’on en vient à la fluidité de lecture que tout se gâte. Paolo Bacilieri aurait-il un souci avec les phylactères ? J’ai voulu vérifier des extraits de ses autres productions, et leur conception très particulière, qui les font parfois ressembler à de longs tuyaux reliant une pléthore de bulles entre elles, empiétant très souvent sur le dessin, ou alors de gros boyaux pointant vers la bouche des personnages, semble être une marque de fabrique chez lui. Le problème, c’est que très souvent ici, on ne sait pas qui parle vraiment, ce qui nécessite un effort dont on se passerait bien. Et le fait qu’il y en ait à profusion, parce qu’en plus c’est très bavard, finit par provoquer une asphyxie mentale. On en arrive alors à se désintéresser complètement de l’intrigue et de ce qui peut arriver aux protagonistes. Et pourtant, « Vénus privée » semble avoir eu de l’intérêt pour certains, puisque le livre était en sélection officielle pour le Fauve polar lors du dernier festival d’Angoulême. N’ayant pas lu l’œuvre originale, je ne peux pas véritablement me prononcer sur sa qualité, mais cette adaptation pesante ne me paraît pas lui rendre hommage, si tant est que cela soit le but. Ce qui amène à la conclusion suivante : les phylactères qui savent se faire oublier constituent l’un des critères essentiels pour une bande dessinée réussie. A bon entendeur !

25/03/2025 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

C’est une lecture sympathique, mais j’en suis quand même sorti un peu moins enthousiaste que Cacal69 (je suis par contre d’accord avec lui pour trouver la couverture un peu laide). Disons que ça laisse lire facilement. La narration est fluide, c’est du polar un peu poisseux, et le dessin est très lisible. Cela peut tout à fait convenir aux amateurs de polars « classiques ». Parce que c’est un là que le bât blesse je trouve. Ça manque un peu de surprise. Certains personnages que j’aurait vu plus utilisés ne le sont qu’à la marge, l’enquête est un peu mollassonne et convenu. Et j’ai trouvé qu’au moment où ça s’emballait un peu, eh bien c’était fini, tout est bouclé brutalement – trop je trouve. Au final, on se retrouve avec une banale « traite des blanches », sans les à côtés plus ou moins glauques, poisseux, drôles, que sais-je encore qui peuvent pimenter un plat un chouia trop « ordinaire ».

13/11/2024 (modifier)
Par Cacal69
Note: 4/5
L'avatar du posteur Cacal69

Une jolie trouvaille que cet album à la couverture souple pas franchement ragoûtante. L'adaptation d'un roman de Giorgio Scerbanenco, auteur italien que je ne connaissais pas, par Paolo Bacilieri. Un thriller à l'intrigue classique mais qui se démarque par son personnage principal, Duca Lamberti. Il ne fait pas partie de la police et il a une personnalité singulière, cela devient à la mode après l'excellent Röd i Snön. Duca Lamberti, radié de l'ordre des médecins pour homicide, vient de passer trois ans en prison pour euthanasie. Il va être engager par un riche industriel, il doit surveiller et essayer de sortir le fils de celui-ci de son alcoolisme. La cause de cette addiction va le mener sur le meurtre d'une jeune fille. Une intrigue sombre dans le Milan des années soixante qui va explorer le monde de la prostitution. Un scénario bien construit qui repose sur Duca Lamberti, un homme aux méthodes qui sortent de l'ordinaire et à son tempérament tantôt flegmatique et tantôt sanguin, un sacré cocktail. Un polar noir qui avance intelligemment mais dont je trouve la conclusion un brin expéditive, mais cela n'enlève en rien à mon plaisir de lecture. Les phylactères jouent un rôle important, ils sont entremêlés et prennent beaucoup de place, ils cachent parfois volontairement certaines parties des dessins. La partie graphique en noir et blanc dans un style semi-réaliste est très agréable à regarder. Petites hachures et petits points (façon informatique) sont omniprésents et donnent un effet rétro à l'ambiance du récit. Les personnages sont facilement reconnaissables et leurs trognes très expressives. Notre Duca Lamberti a un petit air de Bruno Cremer. La mise en page fait très polar années 50/60 avec ses nombreux gros plans et ses magnifiques vues urbaines. Une BD que je conseille aux inconditionnels du genre et c'est avec plaisir que je lirai une nouvelle enquête de Duca Lamberti. Le soixantième titre des éditions Ici Même.

21/06/2024 (modifier)