Claude Gueux
Adaptation d'un court roman de Victor Hugo dénonçant les conditions de détention au XIXe siècle, ainsi que la disproportion des peines infligées aux condamnés.
1816 - 1871 : De la chute du Premier Empire à la Commune Adaptations de romans en BD École européenne supérieure de l'image La BD au féminin Peine de mort Prisons Séries avec un unique avis Victor Hugo
Claude Gueux, honnête ouvrier, est arrêté pour de petits larcins destinés à faire vivre les siens. Enfermé à la prison de Clairvaux, celui-ci gagne le respect des autres prisonniers et se lie particulièrement d'amitié avec l'un d'entre eux, Albin. Mais décidé à les briser, le directeur du pénitencier va les séparer et mener au drame.
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Date de parution | 09 Juin 2021 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Claude Gueux est un court roman de Victor Hugo qui a pour vocation à critiquer la société de l'époque et en particulier son système judiciaire et l'injuste des conditions de détention des prisonniers. Claude est un ouvrier pauvre mais instruit, vivant avec une femme et sa fille. En plein hiver, alors que sa fille meurt de faim, il vole un pain et du bois, sachant pertinemment que cela ne leur tiendra que trois jours à peine et lui vaudra cinq ans de prison. Il arrive au bagne résigné à subir son sort mais les rations de nourriture y sont trop faibles pour un gabarit de sa taille. Heureusement il y rencontre Albin, un jeune homme chétif mais gentil qui accepte de partager son pain en échange de l'amitié de Claude. Celui-ci se prend d'affection pour lui jusqu'au jour où le directeur de la prison, jaloux de l'influence de Claude sur les autres prisonniers, le sépare d'Albin, entrainant la lente colère du prisonnier, jusqu'au drame. C'est une oeuvre de Victor Hugo que je ne connaissais pas mais qui est tout à fait dans l'esprit des Misérables ou du Dernier Jour d'un condamné. L'écrivain y représente une France du XIXe siècle sans concession où la société écrase le pauvre et condamne à de terribles peines de pauvres gars qui volent un simple pain pour manger. Le dessin de Benoit Springer est très bon et plonge très vite le lecteur dans les lieux de l'époque. L'histoire ici racontée est simple et relativement courte. Mais elle ne manque pas de finesse dans la représentation de ses personnages, en particulier ce fameux Claude Gueux qui est à la fois représenté en tant que criminel, prêt à voler et à tuer, en tant que victime car l'auteur montre qu'il n'avait guère d'autre choix, et en tant que personne éclairée, instruite et sage, pesant le pour et le contre de ses actes et écoutant la voix des autres avant de prendre une décision. La BD le représente ici en tant que bonne personne, dont les crimes ne sont qu'une défense de la dernière extrêmité face à l'implacable fatalité qui s'abat sur lui. La dénonciation des faits est sans conteste possible. Je ne saurai dire s'il était vrai qu'à l'époque un simple vol de pain pouvait entrainer une telle peine de prison, de la même manière que le sort de Jean Valjean dans les Misérables paraissait démesuré là aussi pour un simple pain. Si c'était bien le cas, je comprends bien les dénonciations répétées de Victor Hugo envers cette disproportion. A l'inverse, sa dénonciation de la peine de mort est ici un peu trop manichéenne dans le sens où le directeur de la prison qu'il met en scène est un vrai pourri, un mauvais homme qui fait souffrir par jalousie et sans aucune compassion pour les prisonniers qu'il méprise. Cet aspect là parait moins fin que la représentation des autres personnages et la dénonciation est plus grossière : forcément, on est dans le camp du héros dans de telles circonstances. On notera aussi avec un peu de surprise la relation entre Claude et Albin qui, telle que représentée dans cette BD ressemble beaucoup à un amour homosexuel certes, a priori platonique. Une telle représentation m'aurait surpris dans l'esprit de Victor Hugo et de l'époque, mais il me semble à lire le résumé du roman que cette relation se limitait à de l'amitié dans l'oeuvre de l'écrivain. Dans tous les cas, le message d'ensemble passe bien et on comprend qu'à l'époque un tel récit, comme beaucoup d'autres de Hugo, aient pu ouvrir le débat et amener la réflexion sur le système judiciaire français et le sens de la justice des hommes en général.
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