Ma déconversion

Note: 3/5
(3/5 pour 1 avis)

Se convertir au judaïsme entre 5 et 20 puis se déconvertir. Un père pied noir décide à la suite d'un voyage en Israël de convertir ses enfants de mère non-juive, au judaïsme.


Israël Les petits éditeurs indépendants Séries avec un unique avis Spiritualité et religion

Né d’un père juif et d’une mère non juive, j’étais, enfant, considéré comme juif par les non-Juifs, car je porte un nom juif, et non-juif par les Juifs : la religion juive se transmet par la mère. C’est sans doute pour mettre fin à cette contradiction que mon père a souhaité que je sois converti au judaïsme Le livre : Le narrateur a six ans lorsque son père décide de le convertir au judaïsme, avec son frère aîné, après un voyage passé en famille en Israël. Sa mère ne s’y oppose pas Benjamin Taïeb nous plonge dans la réalité et parfois l’absurdité de toutes les orthodoxies et ses pratiques rencontrées dans son parcours de conversion. Il questionne la nuance souvent fragile entre identité, culture et religion Libéré du carcan familial et religieux, il ne remet cependant pas en cause son identité ou son appartenance à la culture juive. Se définissant comme Juif athée, il privilégie une démarche culturelle plutôt que cultuelle et plaide pour un régime d’incohérence consciencieuse en matière de pratique religieuse A l’heure où les Juifs orthodoxes du Consistoire ont la mainmise sur le statut personnel des juifs de France, « Ma déconversion » prône un judaïsme ouvert et apaisé. Quand les croyances détrônent le savoir, subsiste l’humour…

Scénario
Dessin
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 27 Octobre 2023
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Ma déconversion © Les Enfants rouges 2023
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 1 avis)
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23/06/2024 | Canarde
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Par Canarde
Note: 3/5
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Vous me connaissez, je suis intriguée par la religion juive, même si je n'ai pas vraiment d'explication à cela. Sans doute au moment de mes études où j'ai planché sur l'architecture médiévale, (en particulier sur "l'art religieux au XIIIème siècle" d’Émile Male) j'ai du m'intéresser à la religion chrétienne (celle de mes 4 grands-parents, mais que mes 2 parents n'ont pas jugé bon me transmettre) et aux symboles souvent montrés en miroir entre ancien et nouveau testament. Mais j'ai toujours été troublé par les liens de filiation entre judaïsme et christianisme, et comment du même livre sont nés deux frères longtemps ennemis. Cette bande dessinée ne répond pas à mes interrogations ni à la promesse de son titre : Ma déconversion. Elle raconte comment un juif pied noir revient d'Israël dans les années 80 avec des idées pro-palestiniennes et la ferme intension de convertir ses deux fils dont la mère n'est pas juive. Ce père exalté va donc demander à sa famille de se conformer à son désir en changeant tout leur mode de vie, en s'interdisant toutes sortes d'activités pendant le shabbat, en monopolisant de nombreuses heures par semaine dans l'étude des textes sacrés, en modifiant leur alimentation, bref une expérience de 15 années dans le respect quasi absolu de ce choix. La mère acceptant sans signe de réticence ou encore moins de rébellion toutes les contraintes de cette nouvelle vie. Le point de vue et celui du plus jeune frère, et le sens du choix paternel n'est pas interrogé plus que ça, c'est le quotidien qui est décrit : une enfant en conversion à qui on demande plus qu'aux juifs nés d'une mère juive, plus qu'aux goys. C'est détaillé et instructif. Toutes les étapes sont décrites même dans les situations peu confortables. J’interprète le choix du père comme un don de ses deux fils à la communauté en échange d'une tribune pour parler du droit des palestiniens à la sortie de la synagogue ; et cela explique aussi la sévérité dans laquelle sont tenus ces enfants lors de leur parcours de conversion. La déconversion quant à elle est expédiée dans les dernières pages. Le dessin au trait semble assez lisse de prime abord, mais en réalité je l'ai trouvé particulièrement délicat : il est fin et précis, avec une tendance au pointillisme parfois, des trouvailles de mise en scène (le temps de l'ennui de l'enfant représenté comme une couche de sable qui recouvre la pièce au cours de la matinée...) et des rechapées belles dans le monde biblique ou les précisions biologiques qui ouvrent vers des horizons esthétiques à explorer. Bref, c'est beau à regarder et instructif, mais cela ne parle pas de la déconversion et donne envie d'une histoire du père et de ses motivations...

23/06/2024 (modifier)