Borboleta
Bien que descendante d'immigrés portugais, l'autrice ne connaît pratiquement rien du pays. Son père refuse obstinément d'en parler, et surtout pas de son enfance sous la dictature de Salazar. Elle se renseigne alors auprès des amis de son père et commence un périple, de la région parisienne à Lisbonne.
Autobiographie Immigrants La BD au féminin Les petits éditeurs indépendants Portugal Séries avec un unique avis
« Hé, Madeleine, ça se voit que t’es portugaise, t’as le M de Macdo à la place des sourcils. » Madeleine est sans cesse ramenée à ses origines ; et pourtant, ses connaissances sur le Portugal se limitent à Cristiano Ronaldo, aux blagues xénophobes sur les « Guesh » et à la langue, tout de même, que son père lui a transmise. Mais ce dernier, qui est arrivé en France à douze ans, refuse obstinément de parler de son pays natal et de son enfance sous la dictature… Résultat, c’est à peine si Madeleine sait que Salazar était un dictateur, et pas seulement un méchant sorcier dans Harry Potter. Mais la jeune femme a besoin de renouer avec ses racines, et puisque son père ne veut pas parler, elle ira chercher des réponses ailleurs. À commencer auprès de ses amis, immigrés portugais, qui ont eux la langue bien pendue. De la région parisienne à Lisbonne, Madeleine recueille leurs récits de vie. Peu à peu, elle remonte le fil de l’histoire du Portugal et, à travers elle, tente d’en apprendre plus sur elle-même.
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Date de parution | 03 Avril 2024 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Borboleta est une chouette BD, pleine de bonnes intentions et de qualités. A commencer par son dessin qui ne comblera toutefois pas les plus exigeants des BDphiles. Pour ma part, je le trouve très touchant, et malgré côté approximatif assumé, il est très expressif. Les pages sont pleines de vie. Finalement, le plus gros reproche concernera les choix de colorisation, un peu terne alors que le Portugal est plutôt a priori un pays de soleil. Est-ce un choix volontaire afin de ne pas ensoleiller le totalitarisme ?... La narration est habile et emmenée par un bon rythme qui ne connait aucun temps mort. Passé et présent s'entremêlent avec fluidité. Les scènes se succèdent sans connaître aucun problème de compréhension, et les dialogues sont bons, dans le jus, et étayent le côté très réaliste. La fin est chouette et très ouverte, laissant augurer une sorte de "réconciliation" entre l'autrice et son père. On en apprend un peu plus sur cette dictature qui figea le pays jusqu'à une date finalement pas si éloignée de nous. Et si certains étaient tenter de le croire, ce ne fut pas une dictature soft, loin de là. Comme dans tout régime autoritaire, on torturait allégrement, on désinformait à tire-larigot, on faisait régner la peur, on retenait la population à l'intérieur de ses frontières, on mobilisait la jeunesse pour mener des guerres coloniales, et autres joyeusetés du même acabit. On réalise aussi ce que fut la difficile condition des réfugiés portugais qui sont parvenus à fuir le pays. A ce stade de l'affaire, après avoir égrainé tant de points positifs, on peut se demander pourquoi dès lors je ne lui fais pas bénéficier d'une meilleure note. Et bien parce que d'une part, je m'attendais à davantage de souvenirs personnels de la part de l'autrice. J'aurais aimé saisir avec plus de force en quoi cette histoire tragique a d'une certaine manière façonné Madeleine Pereira. Au lieu de cela, on a une succession de témoignages, certes très significatifs et plein d'émotions, mais émanant de personnes finalement peu liées à l'autrice si l'on veut bien faire exception de celui de Tia (tata) Joana. D'autre part, j'aurais également aimé en apprendre plus sur cette période douloureuse, avoir plus de détails historiques. Oui, je boude un peu mon plaisir, et je me sens un peu minable de venir critiquer cette tranche d'existence, moi qui ai été bercé dans un pays où "tout allait bien" (ah ah). Mais c'est la dure dure loi de l'ouest. Ce qui fait qu'on rate une marche tient parfois à peu de choses ; un ensemble de petites choses en fait, qui mises bout à bout fait rétrograder l'ouvrage. Disons que j'aurais mis un très honnête 3,5/5. (Quelques jours plus tard) : allez, 4 !
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