Die! Die! Die!
Nous vivons dans un monde dangereux. Heureusement, il existe, au sein du gouvernement américain, un groupe au-dessus des lois qui missionne des assassins pour influencer les événements et rendre le monde plus vivable.
Image Comics Tueurs à gages
Attention si vous faites quelque chose de mal ou simplement si vous êtes au mauvais endroit au mauvais moment, on pourrait bien décider de donner l'ordre de vous éliminer.
Scénario | |
Dessin | |
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Editeur
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Genre
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Public
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Type
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Date de parution | 22 Janvier 2020 |
Statut histoire |
Série en cours
(prévue en 2 tomes)
1 tome paru
Dernière parution :
Plus de 3 ans
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Les avis
Cette série commence sur une base qui m'a rebuté. Elle est dans une mouvance qui a marqué pas mal de comics depuis une trentaine d'années, celle des comics défouloir où la violence gore et le politiquement incorrect se tirent la bourre, comme dans la majorité des séries de Garth Ennis par exemple. Nombre d'entre elles jouent la carte de la dénonciation de la domination des élites sur le reste de l'humanité, et la banalisation des meurtres et des complots sanguinaires pour asseoir cette domination ou à l'inverse pour la combattre. Peu friand de ce genre, il me rebute d'autant plus quand il est utilisé de manière trop facile ou gratuite. C'est ce qui m'a dérangé dans les premiers chapitres de Die! Die! Die! : les héros y sont des tueurs à gages et autres espions mercenaires qui sèment la mort sur leur passage avec une facilité extravagante, leurs employeurs sont des salauds manipulateurs à la tête du pouvoir américain tellement au-dessus du monde que tout leur est permis, et rares sont les planches sans effusions de sang et membres déchiquetés. Toutefois, le sérieux relatif des premiers chapitres se voit peu à peu réhaussé de touches d'humour et d'une loufoquerie qui va devenir de plus en plus prégnante. Il va même s'y mêler des doses de science-fiction qui auraient paru incongrues si elles avaient été insérées dans les premières parties de l'histoire. A tel point que le dernier chapitre (non encore publié en France) tient même carrément de la SF désinvolte à la Invincible du même Robert Kirkman. Et c'est grâce à cette touche d'humour et d'une part d'humilité qui vient compenser les capacités trop exceptionnelles des protagonistes que j'ai pu finalement apprécier la série et y voir le divertissement qu'elle était. Ce n'est pas vraiment ma came mais j'ai lu l'intégrale avec un certain intérêt, notamment grâce à la bonne qualité de son dessin et grâce à sa narration impeccable quoique parfois un peu bavarde.
Une tarte à la rhubarbe - Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre, qui peut aussi se concevoir comme une première saison, sans assurance qu'il y en aura une seconde. Il comprend les huit épisodes initialement parus en 2018/2019, coécrits par Robert Kirkman & Scott M. Gimple, dessinés par Chris Burnham, et mis en couleurs par Nathan Fairbairn. À Shrewsbury en Angleterre, des chiens sont en train de faire une course dans un stade, les parieurs guettant anxieusement leur progression. Un homme en bouscule un autre et ramasse le ticket de pari qu'il a fait tomber, et le rend à l'homme âgé. Ce dernier se rend compte que ce n'est pas son ticket de pari, mais qu'il porte le nom du chien gagnant à mille contre un. de son côté, Paul a enfourché sa moto et s'en va à toute allure, sans casque. Il constate dans le rétroviseur qu'il est suivi par un Hummer et qu'on lui tire dessus, une balle cassant son rétroviseur droit. Il riposte avec un pistolet en vain. le Hummer percute l'arrière de la moto à 2 reprises et Paul finit par voler dans les airs. Il retrouve son arme à feu dans le talus et continue de se défendre, abattant trois poursuivants. Il arrive encore à en maîtriser 2 autres, mais se fait neutraliser par derrière par Stan qui lui sectionne le nez avec son couteau, puis qui l'assomme avec un coup porté par le manche sur la tempe. de par le monde, il existe des individus animés d'intentions mauvaises qu'ils mettent à exécution. Au sein du gouvernement des États-Unis existe une cabale secrète qui utilise les assassinats dirigés pour éliminer ces individus nuisibles et toxiques pour la société. Stan essuie son couteau et s'assure que ses assistants encore vivants ; ces derniers emmènent Paul toujours inconscient. Dans son bureau plongé dans le noir, la sénatrice Connie Lipshitz s'enfile trois rails de coke en pensant au secrétaire d'état à l'environnement David Atkinson qui est un pédophile. Elle pense à tous les moyens de le neutraliser, mais aussi aux conséquences de son élimination, et aux moyens pour contenir ces effets secondaires. Nate Lipshitz fait irruption dans son bureau, constatant qu'il y a un homme nu sur le canapé. Connie Lipshitz place devant lui une petite boîte en lui demandant de l'ouvrir. À l'intérieur il découvre un nez. La sénatrice lui explique que c'est celui de Paul (un de ses agents) et qu'il faut le récupérer. Elle part déjeuner avec Anita Chavez. Elle l'asticote tant et plus avec un mélange de chantage et de rudesse que Chavez finit par lâcher le morceau : Paul va être vendu au plus offrant, dans une mise aux enchères spéciale. Dans une riche demeure, un individu ressemblant comme 2 gouttes d'eau à Paul se gare dans l'allée, salue son assistant Martin et se place devant le tableau des armes à feu pour choisir celle pour sa prochaine mission. Au beau milieu d'une forêt, un hélicoptère se pose, Nate Lipshitz en descend et hèle l'individu habitant la cabane en bois au bord de la clairière : John. Difficile de résister à la curiosité en voyant un nouveau titre écrit par Robert Kirkman, le scénariste de The Walking Dead et Invincible, même si ici il ne fait que coécrire le titre. En outre, l'artiste Chris Burnham a réalisé des histoires remarquables comme Batman Incorporated avec Grant Morrison, Nameless également avec Morrison, Nixon's Pals avec Joe Casey. Scott M. Gimple a plus travaillé pour Bongo Comics, sur la série des Simpson. La couverture promet une boucherie, un carnage sanglant, et un nez sectionné. Les auteurs ne font pas attendre le lecteur, et après cette page avec le ticket de pari gagnant, le premier combat s'engage. Chris Burnham dessine de manière descriptive et détaillée pour un bon niveau de réalisme. Son découpage de planche accentue les mouvements, et son plan de prise de vue est conçu sur mesure, provoquant l'immersion et l'implication du lecteur. Dès la quatrième page, des balles traversent des crânes, avec giclée de sang à la sortie de la boîte crânienne. le tranchage de nez est montré en gros plan, plus sanglant que gore, mais très cru. Pas de promesse mensongère : la série s'intitule Meurs répété trois fois avec point d'exclamation, et le récit tient cette promesse : visage couvert du sang d'un ennemi, balle en plein front à bout portant, couteau enfoncé avec force à travers le crâne, automutilation, nez cassé, tranchage de gorge. Il n'y a pas tromperie sur la marchandise. Le lecteur constate que les auteurs (scénaristes et dessinateur) n'hésitent pas à apposer une petite touche d'humour noir. Difficile de ne pas sourire à cette femme enfonçant une dague effilée dans l'arrière du crâne de son amant avec la pointe qui ressort par le front (Quelle force dans le coup porté !), devant une dizaine de personnes. Kirkman, Gimple et Burnham s'en donnent également à cœur joie dans le mauvais goût comportemental et graphique. le lecteur peut donc voir la sénatrice Connie Lipshitz sniffer des rails de poudre de blanche, un type se faire dans sa culotte au point que son pantalon s'en trouve tout marron, une femme en train de se faire lécher sous le bureau. Par certains côtés, ce genre de scène peut faire penser à des moments Ennis, mais ils restent dans une la zone de plausibilité, sans aller jusqu'à l'absurde. Ils sont révélateurs d'un trait de personnalité de l'individu qui les perpétue, restant à la frontière du mauvais goût assumé et d'un moment Ennis. Ce genre d'éléments peut dégoûter certains lecteurs, tout comme la violence sanglante peut également en écarter d'autres. Là encore, la couverture annonce la couleur et le lecteur peut se tenir à l'écart d'un tel type d'ouvrage. Le lecteur est donc servi en termes de violence et de provocation, avec une narration graphique détaillée, donnant de la consistance et de la personnalité à ces horreurs. le lecteur observe des individus réalistes, avec des mouvements de combattants aguerris, des destructions et des blessures plausibles et spectaculaires. Il est frappé par la présence de Connie Lipshitz. L'artiste fait en sorte qu'elle ne soit jamais réduite à un objet du désir : il montre une femme forte et dure, marquée par l'âge, svelte et tonique, une femme impressionnante et intransigeante qui n'est jamais une victime qui a l'habitude de satisfaire ses plaisirs, tout en ayant conscience du prix qu'elle paye, des répercussions sur son caractère et sa personnalité. de la même manière, le sénateur Barnaby Smith est très réel avec ses grosses lunettes rondes, sa calvitie, son sourire amical, sa frêle stature, sa petite taille, et son horrible sourire carnassier quand il tombe le masque. Alors qu'au départ, Nate Lipshitz n'est qu'un individu avec un forte carrure, un sourire enfantin et de beaux cheveux blonds, il s'humanise au fur et à mesure du récit, l'artiste réussissant à faire apparaître des expressions nuancées quand il regarde sa fille ou dans la vie civile. Chris Burnham sait également faire apparaître les différences de caractère entre John, Paul et George, à la fois dans leurs expressions de visage, et dans leur langage corporel. Très rapidement, le lecteur ressent le fait que les auteurs ne sont pas juste en train de bourriner dans un récit d'action plus violent que la moyenne. Pourtant, au départ, l'intrigue débute de manière basique : un groupe d'agents opérant pour une branche officieuse du gouvernement des États-Unis et se livrant à une guerre des services. Il y en a un qui s'est fait choper et ça dégénère. Il y a une lutte d'influence au sein de ce service officieux qui dégénère en guerre intestine. La cheffe (Connie Lipshitz) mène une vie dissolue, avec orgies, abus de pouvoir, et maltraitance d'une partie de ses collaborateurs, un vrai homme de pouvoir en quelque sorte. Elle ne ressort comme une personne sympathique, que parce qu'en face d'elle Barnaby Smith est pire. Mais dans l'épisode 3, un dialogue entre Lipshitz et Smith attire l'attention du lecteur. Les coscénaristes optent pour une mise en scène très artificielle : les deux personnages sont à l'arrière d'une voiture et chacun son tour bénéficie d'une double page pour exprimer ses convictions profondes (dans un langage fleuri), avec une case occupant les deux tiers de la hauteur de la page et s'étalant sur la double page, avec 8 petites cases de la même taille alignées sur la bande inférieure. La forme du discours manque de naturel, mais le credo ainsi exposé dépasse le simple discours de circonstance pour faire avancer le récit, pour nourrir l'antagonisme. Les paroles prononcées sur ces quatre pages constituent une profession de foi d'adulte quant à ses responsabilités dans la société en fonction de ses compétences, sans une trace d'angélisme ou de romantisme, avec un pragmatisme des plus concrets. Avec ce passage, le récit acquiert une épaisseur inattendue. L'humour noir et la provocation ne disparaissent pas, la violence non plus. Les motivations des personnages deviennent plus adultes et sortent du manichéisme. Les auteurs mettent en scène le fait que la fin ne justifie pas tous les moyens et que ces derniers ne doivent pas dicter tous les objectifs, ou pire encore devenir des objectifs en eux-mêmes. le récit reste bien dans un sous-genre mélangeant ultra-violence, organisations secrètes, combats spectaculaires et sanglants, avec des missions impossibles à exécuter avec des combats spectaculaires, tout en bénéficiant en plus de personnages étoffés avec leurs propres motivations, leur propre histoire personnelle, leur propre caractère, et d'une réflexion sur la nécessité d'interventions de combat pour lutter à armes égales contre des criminels faisant usage de ces mêmes moyens. Les auteurs épatent également le lecteur par la capacité à faire usage d'un humour sarcastique, cynique, méchant, sans pour autant que le récit ne sombre dans une vision dépressive et sans espoir, un beau numéro d'équilibre. Le titre de la série annonce un carnage, et il a bien lieu, les auteurs tenant leur promesse, à la fois avec l'intrigue et avec les dessins. Ce récit de genre pour lecteur au cœur bien accroché (deux sectionnements de nez par exemple) ne se limite pas à un usage des conventions dudit genre. Les auteurs font preuve de plus d'ambitions, à la fois sur le recours à des agents secrets mettant à mort leurs cibles, à la fois avec des personnages différenciés, et avec un humour saignant sans être morbide. Une première saison extraordinaire et satisfaisante pour elle- même.
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