Invisible Woman - Agent trouble (Invisible Woman: Partners in Crime)

Note: 4/5
(4/5 pour 1 avis)

En travaillant pour le S.H.I.E.L.D, la Femme invisible a laissé derrière elle son passé d'espionne, mais son ancien partenaire de l'époque a besoin d'elle. Black Widow vient la soutenir dans cette mission.


Auteurs italiens Marvel Séries avec un unique avis

Une chance pour Sue ! Pour la première fois de sa longue carrière de super-héroïne, la Femme Invisible a sa propre mini-série. On la retrouve dans une aventure inattendue signée par Mark Waid (Fantastic Four, Avengers).

Scénario
Dessin
Couleurs
Traduction
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 30 Septembre 2020
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Invisible Woman - Agent trouble © Panini 2020
Les notes
Note: 4/5
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15/07/2024 | Présence
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Par Présence
Note: 4/5
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Espionnage et code moral - Ce tome contient une histoire complète qui ne nécessite pas de connaissance particulière du personnage. Il comprend les cinq épisodes de la minisérie, initialement parus en 2019, écrits par Mark Waid, dessinés, encrés et mis en couleurs par Mattia De Iulis. Les couvertures ont été réalisées par Adam Hughes, en pleine forme. Les couvertures variantes ont été réalisées par Steve McNiven, Stéphanie Hans, Jack Kirby, Amanda Conner. Il y a 10 ans à la frontière de la Hongrie et du Bahzelstan, un groupe d'une dizaine de personnes se présente pour passer la frontière. Ils sont menés par un homme (Aidan Tinteach) et une femme brune qui présentent les papiers en ordre aux gardes frontaliers dont un qui s'est un peu réchauffé en buvant discrètement. Il s'écarte un peu pour reprendre ses esprits et bute contre une personne invisible. Tintreach s'empare de l'arme de l'autre garde et ouvre le feu pour créer une diversion et attirer l'attention. Il confie un pistolet à Sue Storm et lui dit de faire passer le transfuge. Elle se met à courir avec le réfugié et saute dans le champ de neige en contrebas, les rendant tous les deux invisibles. Malheureusement la neige tombante rend visibles les contours de leur silhouette. Elle réagit en rendant invisible le fusil du militaire qui n'arrive plus à viser. Ils se remettent à courir poursuivis par le soldat. Celui-ci est estourbi par derrière par Aidan Tintreach. Ils parviennent à atteindre la voiture qui les attend et Nick Fury démarre en trombe en souhaitant la bienvenue au professeur, et en indiquant à ses 2 agents qu'ils sont en retard sur l'horaire prévu. De retour à New York, Aidan et Sue se disent au revoir à l'aéroport et Sue part rejoindre l'équipe des Fantastic Four. Au temps présent, Sue porte le double nom de Storm-Richards et remplit les rôles de mère pour Franklin & Valeria, d'épouse pour Reed, de grande sœur pour Johnny, et d'amie pour Ben. Sans parler de ses aventures cosmiques avec cette équipe. Mais aujourd'hui elle apprécie l'une des plus belles choses de l'univers : une tasse de café en se promenant à Central Park. Elle reçoit un appel lui demandant de se rendre à Langlay en Virginie, dans le quartier général de la CIA. Elle y est reçue par le directeur Balenthorpe qui l'informe que 6 étudiants américains (Christopher Joyner, Kristen O'Neil, Lori Rushcraft, Robert Nathan, Arjun Minhak, et Michel Irving) sont détenus dans en Moravie, un pays hostile aux États-Unis. Dans le même temps, au cours d'une mission sans rapport avec ces détentions, l'agent Aidan Tontreach a été capturé par l'armée de la Moravie. Il est détenu quelque part mais pas à l'intérieur du pays. Il a réussi à faire parvenir un message réduit à un seul mot : Stormy. Le directeur exige de Sue Richards que surtout elle n'intervienne pas, pour ne pas faire empirer la situation. De retour au Baxter Building, elle prépare un des avions pour aller enquêter. Elle a la surprise d'être attendue dans le hangar par Nick Fury junior. Quand il annonce cette minisérie, l'éditeur Marvel précise qu'il s'agit de la première fois que Invisible Woman (personnage créé en 1961) en a une qui porte son nom. Le lecteur suppose qu'il va découvrir une histoire où elle combat un supercriminel en provenance des ennemis des Fantastic Four. En fait, Mark Waid reprend une idée qu'il avait introduite en 2015 dans l'épisode 4 de la série S.H.I.E.L.D. : du fait de ses pouvoirs, Sue Storm-Richards a été recrutée par les services secrets des États-Unis pour réaliser des missions ponctuelles d'espionnage. Avec le recul, ce choix permet au scénariste de raconter une histoire dans laquelle Sue Storm-Richards est indépendante de ses coéquipiers, de la mettre en scène comme personnage autonome dans une aventure spécifique pour ce personnage, à l'opposé d'une enquête ou de combats génériques au cours desquels l'identité du héros n'a pas beaucoup d'incidence. Avec la séquence introductive, Mark Waid établit en 8 pages la relation préexistante entre Sue Richards et un autre agent secret, et montre en quoi les pouvoirs de cette superhéroïne sont des compétences pertinentes dans le métier d'espion. Il parvient à trouver le bon équilibre entre l'utilisation de l'invisibilité et des champs de force, et les capacités des êtres humains, de manière que Sue Richards ne donne pas l'impression d'avancer sans coup férir. Mattia De Iulis réalise ses planches à l'infographie en conservant un trait de contour pour détourer les formes. La séquence sous la neige est magnifique : il joue sur les nuances de gris et les effets spéciaux pour les flocons de neige, rendant compte de la semi-invisibilité compromise par la neige. Ayant ainsi établi Sue Storm-Richards comme un personnage indépendant et autonome, Mark Waid peut montrer l'enquête pour retrouver Aidan Tintreach. Il met à profit plusieurs personnages de l'univers partagé Marvel évoluant dans le monde l'espionnage : la brève apparition de Nick Fury et de Nick Fury junior, et de deux autres espionnes. Il ne s'en sert ni comme de faire valoir bon marché en inondant le récit avec, ni comme de professionnels qui viennent remettre Sue Richards à sa place. Il utilise plusieurs conventions du genre espionnage : les interventions en pleine rue au nez et à la barbe des civils, les ordres hypocrites de la hiérarchie pour conserver un degré suffisant de dénégation plausible (allant de On ne savait pas, à Ce n'est pas l'ordre qu'on avait donné), la rencontre avec des individus exotiques en marge de la société (un beau concours de descente de shots d'alcool), des agents doubles et une technologie d'anticipation. Mattia De Iulis réalise des planches évoquant celles d'Adi Granov, avec une puissance moindre. L'artiste a choisi de représenter Sue Storm-Richards comme une femme d'une trentaine d'années, athlétique sans être musculeuse. Il lui a donné une coupe de cheveux qui lui arrivent jusque sur la poitrine et qu'elle n'attache pas. Il n'exagère jamais ses courbes, qu'elle soit en costume civil ou en tenue moulante. Il ne s'agit pas pour lui de la faire défiler pour mettre en valeur sa garde-robe. Il l'habille des tenues adaptées aux circonstances en fonction du climat et de son activité : parka lorsqu'il neige, jean et débardeur pour a promenade dans le parc, tenue moulante et long imperméable pour une mission d'infiltration, magnifique robe de soirée pour une réception. Mattia De Iuli réalise des dessins sophistiqués, de type naturaliste et descriptif avec une mise en couleurs riche venant apporter la majeure partie des informations visuelles pour nourrir les éléments détourés d'un trait très léger. Il ne s'agit pas de photoréalisme du fait de textures parfois trop lisses. Il sait conférer une sorte de chaleur aux personnages, évitant un rendu trop froid et sec. Il adopte une direction d'acteurs naturaliste pour les scènes en civil, sans appuyer la dramatisation ce qui rend les personnages plus adultes. Il privilégie les cases de la largeur de la page pour donner une impression d'espace plus ouvert, tout en revenant à des bandes de plusieurs cases quand la séquence le requiert. Pour les décors, il utilise aussi bien un logiciel de modélisation 3D, qu'un dessin plus traditionnel, ou des fonds de case remplis par des camaïeux. À l'instar de la route sous la neige en ouverture, le lecteur peut se projeter sur l'allée de Central Park où se promène Sue Storm-Richards, dans une rue ensoleillée de Barcelone, dans le bureau sombre du directeur Balenthorpe, dans un tripot de Madripoor, dans le parc d'une luxueuse résidence à Rome, etc. Le lecteur attend également de découvrir comment les pouvoirs de Sue Storm-Richards sont représentés. Le dessinateur met à profit les possibilités de l'infographie pour trouver un rendu plus réaliste que dans les comics qui délimitent les champs de force par des traits pointillés. L'invisibilité est rendue soit par l'absence totale de représentation du personnage ou de l'objet, soit par en rendant le personnage translucide, dans des teintes de gris clair. Il en va de même pour les champs de force : soit le lecteur n'en voit que l'effet, soit il s'agit d'une surface transparente, cette fois-ci dans des teintes plus bleutées. Alors qu'il pouvait craindre de tomber sur un produit vite fait à l'économie, le lecteur éprouve la bonne surprise découvrir une vraie histoire dans un registre moins évident que celui du superhéros : de l'espionnage. Il apprécie que le scénariste sache faire exister Sue Storm-Richards indépendamment de ses coéquipiers, dans un domaine de compétence évident a posteriori. De même, les responsables éditoriaux ont affecté un artiste de qualité réalisant des planches de bonne facture tout du long des 5 épisodes, ce qui est rarement le cas dans ce genre de projet. Le récit ne se contente pas d'enfiler les retournements de situation (et d'allégeance des agents doubles) et les affrontements physiques. Au fil des épisodes, il se dessine un questionnement moral sur les moyens à employer. D'une certaine manière, Sue Storm-Richards est un agent contractuel qui refuse de compromettre ses valeurs pour réussir coûte que coûte. Cette attitude morale ne passe pas inaperçue et constitue par elle-même une forme de critique inconfortable pour certains avec une position morale différente. Venu avec l'a priori de trouver une histoire anecdotique ou prétexte, le lecteur commence par apprécier les magnifiques couvertures d'Adam Hughes en se disant que c'est toujours ça de pris. Puis il découvre que Mark Waid n'a pas cédé à la facilité de montrer Invisible Woman luttant contre un supercriminel interchangeable, mais qu'il a conçu une vraie histoire dans un genre inattendu. Il bénéficie d'un excellent dessinateur qui lui non plus ne se contente pas d'un travail industriel réalisé à la va-vite, qui donne à voir des individus plausibles et qui propose une interprétation visuelle intéressante des pouvoirs de Sue Storm-Richards.

15/07/2024 (modifier)