Billionaire Island
Imaginez un monde où la plupart des changements climatiques seraient la faute des plus fortunés, mais qu'au lieu d'y remédier, ces derniers se contenteraient de détourner le regard et de plébisciter la création d'œuvres d'art virtuelles.
Imaginez maintenant un monde où les médias, de la chaîne de télévision au journal local, seraient démantelés ou rachetés, permettant à ces mêmes milliardaires de vivre impunément de leurs trafics en tout genre. Imaginez enfin que, pour assurer leur propre prospérité, de riches industriels testent leurs produits nocifs sur des populations sans ressources, incapables de se protéger. Imaginez alors que ces personnes les plus riches, pour échapper à la vindicte mondiale, s'échappent sur l'île sanctuaire qu'ils auront pris le temps de construire. Eh bien, n'imaginez plus ! Ce monde existe… bientôt.
Scénario | |
Dessin | |
Couleurs | |
Traduction | |
Editeur
/
Collection
|
|
Genre
/
Public
/
Type
|
|
Date de parution | 26 Août 2022 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Quand Golden City rencontre Idiocracy. Freedom Unlimited est une île artificielle et mobile pour milliardaires tandis que le reste du monde se casse la gueule. Les riches se foutent de la gueule de la plèbe, c'est-à-dire les pouilleux qui ont moins d'un milliard de dollars et vivent en autarcie en attendant que la population humaine meurt dans sa propre bêtise. Ici tout est traité sur le ton de la dénonciation politique et du sarcasme à tendance loufoque. Sur le ton et au niveau graphique, ça rappelle un peu Transmetropolitan avec sa critique du monde moderne et de vers quoi il pourrait tendre de pire. Et le dessin est du même niveau, très maîtrisé techniquement, avec des visages entre réalisme et caricature, avec beaucoup de détails en arrière plan et une mise en scène un peu déjantée. Sauf que ce serait un Transmetropolitan très basique et bas de plafond. La critique est tellement outrée qu'elle en devient bête. Ça se fout d'un peu tout le monde, dans des thématiques très figées dans leur époque : on y sent la fin des années 2010, l'époque avant Covid et Ukraine, avec des réseaux sociaux et des dénonciations de cette époque, celle de Facebook et de Mark Zukerberg, des MAGA (malheureusement remis au goût du jour avec les élections américaines actuelles) et d'autres sujets qui donnent l'impression d'être déjà presque désuets. On est dans une ambiance entre le récit d'action SF et le délire à la MAD où tout est prétexte à la déconne et à la surenchère. Ca désamorce complètement la partie aventure de l'histoire tout en n'étant pas forcément drôle d'un autre côté. Oh oh, le gars qui avait trouvé la solution miracle de taxer les plus riches pour sauver la Terre entière se fait éjecter par le millardaire égoïste : trop bien vu, ça ose dénoncer... Mouairf... J'ai quand même rigolé deux ou trois fois sur quelques bonnes idées mais pour le reste je me suis assez ennuyé devant la platitude et le convenu de ce délire satyrique qui dénonce trop facilement.
À sens unique - Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre, qui n'appelle de suite. Il regroupe les 6 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2020, écrits par Mark Russell, dessinés et encrés par Steve Pugh, avec une mise en couleurs réalisée par Chris Chuckry. Il commence avec une introduction d'une page de Brian Michael Bendis expliquant que cette histoire a la propriété de prédire un futur proche qui va advenir exactement à l'identique. Elle est suivie par une autre introduction d'un page de Russell, qui explicite son propos sur l'alternative à ce qu'il décrit. Les couvertures ont été réalisés par Pugh et le tome comprend également les couvertures alternatives de Pia Guerra et de Darick Robertson. Sur la chaîne télé Caviar, le milliardaire Rick Canto, PDG de Aggrocorp Foods, présente l'île pour milliardaires appelée Freedom Unlimited, une île artificielle naviguant dans les eaux internationales, n'accueillant que des milliardaires, et le personnel nécessaire pour assurer tous les services attendus. C'est également un refuge pour milliardaire pour fuir l'agressivité du commun des mortels qui estime qu'ils sont responsables de tous les maux de la Terre. Mais l'accès est contrôlé avec un détecteur de fortune qui affiche la réalité du compte en banque à l''entrée. L'île est défendue et patrouillée par des drones très puissants, et sans aucun impôt. Dans sa chambre luxueuse de son appartement de Floride, Corey Spagnola a été attaché en pyjama sur son lit, par Trent Arrow qui le tient en joue. L'agresseur explique qu'il faisait partie d'une association d'aide humanitaire qui distribuait de la nourriture en Angola, des sacs de maïs dont il a appris par la suite qu'il avait été génétiquement modifié par Aggrocorp, et qu'il contenait un virus de stérilité. Sa famille l'avait accompagné et ils avaient mangé avec les réfugiés du camp angolais, la nourriture qu'ils distribuaient. Sa femme et sa fille avaient fait une crise d'allergie mortelle à ce maïs modifié, risque connu par Aggrocorp, mais passé sous silence. Arrow assassine Spagnola et s'approprie ses papiers d'identité. Le lendemain, Shelly Bly pénètre dans le bureau de Rick Canto pour l'interviewer. Elle lui demande pour quelle raison il a souhaité racheter Agrrocorp. À la télé, les informations évoquent le décès de Corey Spagnola. Dans le grand bureau paysager, l'assistant robotique de Canto lui fait remarquer qu'il s'agit peut-être d'un assassinat. Shelly a encore une question à lui poser sur un programme d'aide alimentaire en Angola. Comme il doit partir, il lui propose de l'accompagner sur l'Île des Milliardaires. Elle accepte. Une fois sur place, il lui propose de l'attendre dans la pièce d'à côté, pendant qu'il règle un ou deux détails. Elle ouvre la porte et pénètre ans la pièce plongée dans la pénombre. La porte se referme en se verrouillant. À l'intérieur se trouvent déjà quatre prisonniers : Mike le comptable, Flynn le hipster, une jeune cadre supérieure et un jeune homme en costume-cravate. Mike identifie tout de suite Shelly comme étant une journaliste. Il explique qu'il s'est retrouvé enfermé à la suite d'un processus similaire à ce qu'il vient de lui arriver : il a découvert des irrégularités comptables qu'il a évoquées avec Canto et ce dernier lui a demandé d'attendre dans la pièce d'à côté. La jeune cadre supérieure en tailleur déclare que sa situation n'a rien de comparable car elle excellait dans toutes les épreuves professionnelles. La discussion s'interrompt car des employés font passer de la nourriture par une trappe. C'est le deuxième récit que le scénariste réalise pour l'éditeur Ahoy Comics, après Second Coming (2019) avec Richard Pace. Cette fois-ci, sa verve est dirigée contre les milliardaires du monde entier, en fait surtout les américains. Dans l'introduction, l'auteur explique que son point de départ est le rythme alarmant de la dégradation de l'environnement, et le questionnement sur le comportement des individus les plus riches de la planète qui continuent à accumuler de manière compulsive, sans que leurs milliards ne servent à améliorer la situation. Comme à son habitude, le scénariste raconte avant tout une histoire. Une journaliste se retrouve prisonnière dans une pièce qui est littéralement une cage à hamster, mais pour humains, avec de la sciure au sol, un point de distribution de nourriture, un autre pour l'eau, et même une roue d'exercice. À partir de là, le lecteur est invité à suivre trois fils narratifs : l'évasion de Shelly Bly, la tentative d'assassinat de Rick Canto par Trent Arrow (ayant usurpé l'identité de Corey Spagnola) et Rick Canto gérant les affaires auxquelles il doit faire face. Bien évidemment, le lecteur soutient immédiatement la journaliste, mais il succombe également immédiatement au charme de Rick, Canto. Ce dernier a toujours le sourire. Il trouve une solution politiquement incorrecte à tout immédiatement. Il traite les autres au mieux comme de simples objets, au pire comme des déchets sans valeur. C'est un individu calme, toujours souriant, avec une assurance aussi extraordinaire que la manière dont il maîtrise toutes les situations. C'est également un vrai plaisir de retrouver Steve Pugh. Tout commence avec cette couverture qui ressemble fort à un hommage aux œuvres de Banksy, dans sa sensibilité anticapitaliste. La couverture de l'épisode 2 utilise des silhouettes icônes pour un commentaire sur la valeur d'un être humain, en dollars bien sûr. Les 4 autres sont des peintures plus classiques, avec un humour tout aussi décapant. L'artiste représente les lieux et les individus en les détourant d'un trait encré fin et précis, pour une apparence réaliste et consistante. Bien évidemment, l'île aux milliardaires est un personnage à part entière et l'horizon d'attente du lecteur comprend le fait de pouvoir l'admirer. le dessinateur lui en donne pour son argent et comble son horizon d'attente : un dessin en pleine page lors de l'arrivée de Trent Arrow et Ty Leavenworth en drone géant, la zone d'extension de l'île, la demeure luxueuse de Rick Canto avec sa piscine privée et sa zone d'atterrissage pour drone, sans oublier la cage à hamster avec sa roue. Les auteurs surprennent régulièrement le lecteur, par exemple avec cette séquence se déroulant littéralement sur fond vert. Les personnages sortent également de l'ordinaire, une partie tout du moins. Shelly Bly est une jeune femme bien faite de sa personne et pleine de vitalité, sans que l'artiste n'ait recours à un jeu d'actrice dans le registre de la séduction. Trent Arrow est un homme avec une silhouette parfaite, sans musculature extraordinaire, un héros d'action assez générique. En revanche, les individus inféodés au système capitalisme, quel que soit leur niveau, valent le détour. Outre le sémillant, presque pétulant Rick Canto, le lecteur tombe également sous le charme de la jeune cadre supérieure dans un tailleur impeccable, avec un visage et silhouette avenante (là encore sans la ravaler à l'état d'objet), sous le charme différent du hipster avec sa belle barbe et sa chemise à carreaux (sans oublier les bretelles), le créateur d'applis et son stetson démesuré, les quatre autres propriétaires de Freedom Island, sans oublier son PDG très particulier. Les dessins insufflent de la vie dans chacun de ces personnages, font apparaître leur personnalité et leur caractère, en phase parfaite avec le scénario et intègre les éléments comiques avec élégance. En effet, cette histoire appartient au registre de la satire mordante, sur le plan socio-économique, comme la précédente collaboration entre ces deux auteurs : The Flintstones (2016/2017). Mark Russel & Steve Pugh raconte une solide histoire, et brossent le portrait d'un capitalisme entretenu par des esclaves consentants. Les milliardaires ont soit bâti leur fortune sur le travail des masses laborieuses, soit en ont tout simplement hérité et la font fructifier. Leur objectif est d'amasser toujours plus de richesse : un processus qui s'auto-alimente, sans rien donner en retour. Mais quand même les emplois générés ? le lecteur voit bien les employés au service de leurs patrons capricieux, s'impliquant de leur mieux en espérant ainsi décrocher un (petit) bonus. Les auteurs se montrent particulièrement convaincants en montrant des individus (les quatre prisonniers) totalement consentants dans cette forme d'esclavage : ils ne reçoivent que des miettes, ils sont prêts à consacrer toute leur vie pour en recevoir un peu plus (grimper dans les échelons en perpétuant le même système de domination), incapables d'envisager une vie qui ne soit pas ainsi asservie au profit, à la production et à la consommation de richesse. Il y a en a aussi pour les PDG dont finalement le flair pour les affaires repose sur un chien. Tout du long de ces 6 épisodes, les auteurs intègrent des petites piques pénétrantes, aussi bien pour la qualité de l'observation que pour appuyer là où ça fait mal : les prisonniers excités parce qu'ils reçoivent des billets de banque (dont ils ne peuvent rien faire, une sorte de réflexe pavlovien), la mention de Bill Cosby (hypocrite d'un niveau extraordinaire), l'angoisse de l'effondrement d'un système pourtant si inhumain, la forme d'avarice de ces milliardaires, le président des États-Unis, totalement inféodé aux intérêts privés. Au fur et à mesure, le lecteur relève d'autres détails révélateurs. Dans la résistance à la torture de Trent Arrow, il peut voir une métaphore de la résistance du peuple. Il peut aussi reconnaître plusieurs personnalités caricaturées à commencer par Kid Rock (Robert James Ritchie) dans le rôle du président des États-Unis, ou Steven Seagle dans un des propriétaires de l'île. Mark Russell & Steve Pugh sont en pleine forme pour une satire très réussie sur le thème de l'effondrement vu par le prisme de la rapacité des milliardaires. L'artiste donne à voir des lieux aussi plausibles qu'originaux, et des personnages attachants, malgré leurs défauts, leur aveuglement. le scénariste met en scène un aspect du capitalisme ne s'attachant pas à l'obscénité de l'existence de milliardaires, mais au capitalisme, l'accroissement de richesse personnelle étant devenu une fin en soi, plutôt qu'un moyen.
Site réalisé avec CodeIgniter, jQuery, Bootstrap, fancyBox, Open Iconic, typeahead.js, Google Charts, Google Maps, echo
Copyright © 2001 - 2024 BDTheque | Contact | Les cookies sur le site | Les stats du site